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Avec «La Douce», Dostoïevski nous livre une étude grattée jusqu'au sang, un huis-clos étouffant où la question «Pourquoi?» devient un cri de désespoir.
D'entrée, le décor planté est déchirant : Un homme veille la femme qu'il aimait et qui vient de se suicider. Pourquoi? Suit un soliloque où l'introspection est poussée à la limite. Deux écrivains ont su créer des personnages dont on a l'impression qu'ils existent et qu'ils ont une vraie conscience : Shakespeare et Dostoïevski. Je suis d'ailleurs persuadé que Dostoïevski a voulu souvent dans ses romans challenger Shakespeare, ici c'est le thème de la mort d'Ophélie qui est questionné : Pourquoi!
Les personnages : Un usurier encore bel homme, se marie à une très jeune femme et la sauve de la misère. Malgré une certaine bonne volonté de part et d'autre, rien n'y fera, ils ne pourront absolument ni se comprendre, ni s'aimer… Pourquoi? On voudrait envisager les causes classiques : Différence sociale, différence d'opinions, de préjugés, cela semble jouer mais rapidement Dostoïevski nous embarque dans un monologue de l'usurier qui repasse le film de sa vie avec elle. Il se rappelle toutes ses impressions, toutes ses réflexions pendant leur vie commune. Alors se dessine dans son point aveugle, les souvenirs où elle avait un comportement qui paraissait étrange, mais où en fait se révélait la vérité, la vraie cause : Une différence de caractères, une différence radicale. Ils ne pouvaient réussir l'impossible, sonder l'insondable différence de l'Autre, et c'est là que leur amour a fait naufrage.
Lui : Constamment il analyse ses faits et gestes et a tout faux parce qu'il projette sur elle sans cesse son mode de pensée introverti et basé sur le sentiment.
Elle : La différence de caractère entre eux est une évidence et cela la terrifie, elle n'a absolument aucun moyen de concevoir ou de se comporter avec cette différence. La douce est par ailleurs directe et sans compromis, à cent lieues des ratiocinations de son mari.
Ce décalage tragique, n'est-ce pas une démonstration de la réalité de la diversité des caractères humains. A cause de cela, l'amour peut être cette maladie incurable, la conscience peut être ce miroir déformant. N'est-ce pas l'histoire sans cesse recommencée des ratages de l'amour : Je me construis une image illusoire où je ne vois pas les vrais raisons inconscientes qui me font tomber dans la maladie d'amour, pas plus que les vraies raisons conscientes parce que ma conscience est différente de l'autre. de ce système malade, je crois être capable d'aimer et d'être aimé en retour! de plus l'être aimé est dans le même état de confusion! Faut-il s'étonner qu'ensuite vienne la guerre, la destruction.
Dostoïevski met en abime et en question son propre caractère qui peut avoir l'illusion de tout comprendre… La conclusion est que même les plus doués peuvent se tromper lourdement. Dans cette histoire la vérité surgit trop tard : il ne voyait rien d'elle…
Le film de Robert Bresson qui met en scène la nouvelle dans «Une Femme Douce» suggère une dimension métaphysique que l'on peut être tenté de rajouter à cette histoire : Etrangeté de la vie, déréliction, terreur de l'autre. L'actrice Dominique Sanda irradie le mystère de cet amour impossible qui est filmée avec un raffinement génial. Pourtant, au final je reste sur une interprétation plus empirique : Dostoïevski nous livre une démonstration terrible sur l'amour qui doit intégrer la différence de l'autre, sauf s'il n'est qu'illusion et souffrance...
Comment l'Amour est possible? Ce récit poignant ne le dit pas, cela reste subtil et mystérieux, inconnu ou indicible…
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Veillant sur le cadavre de son épouse qui vient de se suicider, le mari raconte l'histoire de leur rencontre. Prêteur sur gage, notre homme a l'habitude des gens qui viennent le voir avec beaucoup, énormément d'humilité et de déférence ; aussi, la jeune fille qui vient régulièrement lui apporter des objets la tête encore haute l'intrigue. Fort de sa position, il n'hésite d'ailleurs pas à punir ces accès de fierté en lui faisant sentir la différence de leur situation respective.

Quand il apprend que cette femme est sur le point d'être donnée en mariage à un marchand par la famille qui cherche à se débarrasser d'elle, il n'hésite pas une seconde et fait une proposition plus avantageuse pour remporter sa main.

Le voici aux anges, persuadé d'être honoré par une épouse reconnaissante d'avoir été tirée de la boue, et respecté par le voisinage pour avoir fait une aussi belle bonne action. Seulement voilà, on peut acheter un corps, mais pas un esprit ; tout ce que le nouveau marié récolte, c'est du mépris, qui se mue en haine au fil des discrètes piqûres de rappel sur la situation passée. S'ensuit alors une spirale infernale faite de menaces sourdes et de coups humiliants sur les points sensibles des deux époux.

Quinze jours après avoir refermé cette courte nouvelle, je reste surpris de la violence de mes propres sentiments envers cet homme, qui, sur le papier, ne semble pas particulièrement dangereux. Mais Dostoïevki a un don certain pour peindre ses personnages, et dans cette nouvelle, pour extraire toute la cruauté qui peuvent se cacher dans des remarques a priori anodines. Les dernières pages viennent adoucir un peu le portrait de l'époux, mais bien trop tard pour que je puisse changer d'opinion à son sujet.

En terminant ces 80 pages de pur plaisir littéraire, je me demande ce qui m'a pris de délaisser la littérature russe depuis aussi longtemps !
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Après l'excellente découverte des Carnets du sous-sol, j'ai souhaité approfondir mon expérience avec cet auteur. Alors que le premier volume de Crime et châtiment m'attends gentiment dans ma bibliothèque, j'ai voulu y aller en douceur, préférant pour le moment des nouvelles, dont La douce (puis Un coeur faible dont vous aurez bientôt une chronique). La douce n'a fait qu'amplifier mon appétit littéraire pour Dostoïevski et la littérature russe que je connais encore trop peu. À la lecture de cette nouvelle, j'ai retrouvé les mêmes impressions et sentiments que j'avais eu pour Les carnets du sous-sol. Un monologue captivant, des émotions profondes, un ton tranchant et un style envoûtant, voilà ce que vous réserve les oeuvres de Dostoïevski.

Un homme, prêteur sur gages, va nous raconter par un long monologue, l'événement tragique qui l'assaille depuis le début de cette journée : le suicide de sa femme. Il arrive à comprendre son geste sans l'accepter. Il n'arrive qu'à remettre l'entière faute sur ses épaules à elle, en jurant à son public imaginaire qu'il l'a toujours aimé mais que malheureusement ces deux êtres n'étaient peut-être pas faits pour être liés. Dès le début, nous connaissons la fin de l'histoire, ce qui n'empêche pas de rester accroché au récit grâce au style de Dostoïeveski qui parvient à attirer et accrocher son lecteur dès les premières phrases pour le relâcher qu'à la dernière ligne. Au lieu d'actions, il nous présente la psychologie de ces deux personnages, leur union. Une vie de couple faite d'une multitude de silence, de froideur, de peur, de haine pour l'une et d'amour pour l'autre.

Ce monologue intérieur recèle une profonde humanité, un langage parfaitement retranscrit et stylisé. C'est un classique, comme tant d'autres, intéressant à lire, nullement ennuyant et soporifique. L'intemporalité de ce texte, comme d'autres nombreux de cet auteur, est réellement présente et produit une fascination encore aujourd'hui pour Dostoïevski et pour ses oeuvres. Je pense maintenant que je ne vais pas attendre longtemps avant de commencer Crime et châtiment, un des livres les plus reconnus de cet auteur avec le joueur et L'idiot.
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[Livre audio lu par Gabrièle Valensi]

« Mais c’est bien vrai que j’étais incompréhensible. »

Dostoïevski 1 – Lectrice 0

Je me suis pourtant accrochée. Ai écouté certains passages au moins trois fois. Me suis jetée dans l’empoignade. Mais survient toujours un moment où je n’y comprend plus rien. Je n’arrive pas à saisir les attentes et les motivations des personnages. Ce qui nait de leur interaction.

Gabrièle Valensi est pourtant en harmonie avec le texte. Elle va puiser douceur et tendresse sous les tourments et propose une lecture neuve. En l’écoutant, je n’ai plus peur de Dostoïevski. Je l’apprécie même, dans sa puissance à transcender mes propres errements.

« Je voulais qu’elle reste en prière devant moi pour mes souffrances et j’en étais bien digne. »

Mais pourquoi le narrateur se marie-t-il ? Quel est ce jeu du chat et de la souris, cette envie de domination qui flatte son orgueil mêlée d’une aspiration à un amour absolu ? Je suis passée à côté.

« La douce », un jour, j’aurai ta peau !
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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Extrait : L'idée que je me faisais des classiques (assez naïvement) tant français qu'étranger était qu'il y avait une sorte de formalisme dans toutes les oeuvres et que ce sens, elles se ressemblaient par la forme et différaient par le sujet. Pour les classiques, je pensais à une certaine dose de description, la bonne proportion de dialogue et d'action, etc… Et suivant le sujet, le résultat pouvait être pompeux ou non !

Mon entrée dans la lecture des classiques russes fut Anna Karénine de Tolstoï si je me souviens bien ! le classique russe s'il en est dont je ne garde pas un grand souvenir sinon d'avoir lu une oeuvre assez pompeuse, lourde. Rien de plus !

Et cette apriori, ce sentiment s'est maintenu lorsque j'ai lu mon premier Dostoïevski, Crimes et châtiment. Incontestablement, mes idées reçues sur les classiques m'ont fait passé à côté du style unique de Dostoïevski à cette première lecture. C'est en lisant une de ses oeuvres plus courte (comme La douce) que je me suis rendu compte de l'incroyable fluidité du texte et son extrême proximité avec un rythme naturel de la pensée…
Lien : http://livrepoche.fr/la-douc..
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Cette nouvelle est en fait un long monologue du mari face au cadavre de sa femme. L'auteur est un habitué des monologues, notamment dans Les carnets du sous-sol que je vous recommande au passage. Comme point de départ, je vous concède qu'il y a plus gai comme sujet, mais les romans russes du 19è sont rarement drôles. Ce long monologue, enfiévré et délirant, nous raconte l'histoire de cet homme et de sa jeune femme suicidée. le narrateur est un soldat exclu de l'arme car il n'a pas voulu se prêter à un duel. Il va connaitre la faim et la misère et décide de faire contre mauvaise fortune bon coeur en devenant prêteur sur gage. L'homme n'a qu'un but : amasser 30 000 roubles dans les 3 ans afin de laisser sa caisse d'usurier pour un état plus convenable. Avare, il l'est assurément, mais ça ne l'empêche pas de tomber amoureux d'une de ses voisines, une jeune fille d'à peine 16 ans, orpheline et sans ressource, maltraitée et asservie par deux vieilles tantes. Il achète sa liberté contre monnaie sonnante et trébuchante car il souhaite l'épouser et surtout faire son bonheur. Malheureusement, tout ne se passera pas comme prévu, et la jeune fille profitera d'une de ses absences, pour se jeter par la fenêtre.
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Lien : http://deslivresdeslivres.wo..
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Dostoïevski a écrit ce livre en 1869. Hanté par le problème du suicide, il s'est inspiré d'un fait divers : une couturière seule à Petersbourg, désespérée d'être sans travail, s'était jetée par la fenêtre.
« Une femme douce » c'est avant tout l'histoire d'une mésentente conjugale, décrite avec beaucoup d'acuité et d'intensité, et qui va conduire à un geste irrémédiable..
Le personnage masculin principal est un noble d'une quarantaine d'années, qui a été chassé du régiment pour avoir refusé de faire un duel.
Il trouve une jeune femme orpheline et décide de l'épouser.
Pensant qu'elle sera douce et lui fera une vie agréable.
Mais force est de constater que cette jeune fille « douce » a en fait son caractère et va s'opposer rapidement à son mari.
Celui-ci exerce la profession de « prêteur sur gages », profession profondément méprisée dans la Russie tsariste ;
Petit à petit, l'incompréhension s'installe entre les époux, la « femme douce » participant aux activités professionnelles de son mari mais avec une approche « plus humaine », moins centrée sur le gain.
Elle va par ailleurs sympathiser avec un ancien camarade de régiment de son mari, ce qui va créer chez lui des réactions de jalousie…
Tension dans le couple, affrontements, tout cela va conduire à un geste désespéré.
Un récit court mais intense, qui expose clairement les difficultés d'un couple, une oeuvre où Dostoïevski se montre encore une fois en avance sur son époque.
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La Douce est une magnifique petite tragédie, assez peu connue, du célèbre écrivain russe Fédor Dostoïevski, et qui mérite amplement d'être découverte.

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