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sur 1985 notes
Une vie française /Jean Paul Dubois / Prix Femina 2004
Ce très beau roman débute par un drame familial passé : Paul Blick se souvient de ce jour de septembre 1958 précédant de quelques jours le retour du Général de Gaulle, il avait alors 8 ans, c'est à dire il y a 46 ans, où il découvre ses parents effondrés dans le couloir de leur domicile à Toulouse, venant d'apprendre par téléphone la mort de leur fils Vincent âgé de 10 ans victime de complications opératoires. Paul venait de découvrir une facette tragique de la vie. Avec de Gaulle en toile de fond…
Aujourd'hui Paul vit seul, voit épisodiquement ses deux enfants Vincent et Marie et son petit fils Louis. Il se souvient…
Parmi les personnages qui ont marqué son enfance, il cite Marie Blick, sa grand-mère paternelle détestée dont il a souvent souhaité la mort. Et puis François Lande son grand-père maternel tant aimé, autrefois berger dans les Pyrénées, et sa femme Madeleine vendeuse de quatre saisons à Toulouse. Victor est le père de Paul : garagiste, il ne s'est jamais remis de la perte de Vincent, sa femme Claire non plus. Ils vivent depuis ce jour comme des zombies, chacun plongé dans son travail, Victor vendant des voitures et Claire corrigeant les écrivains.
Paul replace tous ces événements dans le contexte politique de l'époque national et international, ses premières expériences sexuelles, ses idées politiques et leurs conséquences dans sa relation avec son entourage, ses folles amours, ses pensées secrètes et ses fantasmes, ses peines…Au début, c'est la période De Gaulle, puis ce sera Pompidou, Giscard d'Estaing, Mitterrand et Chirac.
Pour moi lecteur qui suis né six ans plus tôt que Paul (et que Jean-Paul Dubois), je retrouve avec émotion et plaisir des souvenirs et des anecdotes quelques fois un peu estompés par le temps auxquels le récit redonne des couleurs.
Paul est sans pitié avec sa famille : « Telle était ma famille de l'époque (années 50 et 60), déplaisante, surannée, réactionnaire, terriblement triste ; en un mot, française. Elle ressemblait à ce pays qui s'estimait heureux d'être encore en vie, ayant surmonté sa honte et sa pauvreté. Un pays maintenant assez riche pour mépriser ses paysans, en faire des ouvriers et leur construire des villes absurdes constituées d'immeubles à la laideur fonctionnelle. »
Paul n'a jamais prié, ni compris ces simagrées consistant à mettre un genou en terre et à supplier quand il n'y a nulle oreille pour vous entendre. Paul n'a jamais cru en quoi que ce soit et voit la vie comme un exercice solitaire, une traversée sans but.
Il se découvre toutefois au fil des années une passion pour les arbres ce qui nous vaut quelques très beaux chapitres sur la meilleure technique pour les photographier.

Et puis cette phrase terrible qui clôt les 400 pages de cette saga familiale palpitante de cinquante années au coeur d'une société française, magnifiquement évoquées par Jean Paul Dubois dans un style somptueux non dénué d'humour et d'ironie quand le thème s'y prête : « La vie n'était rien d'autre que ce filament illusoire qui nous reliait aux autres et nous donnait à croire que, le temps d'une existence que nous pensions essentielle, nous étions simplement quelque chose plutôt que rien. »

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J'ai découvert Jean-Paul Dubois à l'occasion du livre pour lequel il reçut le prix Goncourt en 2019, "Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon" et je pense être devenue, depuis, une inconditionnelle. Dans "Une vie française", Jean-Paul Dubois retrace la vie d'un homme à travers le prisme des mandats présidentiels sous la Vème République. Ces deux dimensions, la Grande Histoire et la petite histoire, donnent au récit un charme désuet, qui personnellement, m'a beaucoup plu. Comme toujours chez Jean-Paul Dubois, le personnage principal, Paul, est un antihéros, un homme tout à fait ordinaire, attachant, auquel le lecteur peut parfaitement s'identifier. L'auteur aborde des thématiques qui lui sont chères et que l'on retrouve dans d'autres ouvrages : les voitures, la piscine, la vieillesse, la maladie. le récit est à la fois triste, mélancolique et parfois drôle. A travers son personnage, Jean-Paul Dubois dresse un portrait critique de notre société. Les hommes politiques ne sont guère épargnés. C'est ce mélange savamment dosé par l'auteur entre tristesse et causticité qui confèrent à ce livre tout son charme.
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Suite aux chroniques que j'ai rédigées sur les deux seuls romans de l'auteur que j'ai lus, certains lecteurs m'ont conseillé de lire Une vie française qui, selon eux, est le meilleur roman de Jean-Paul Dubois. C'est chose faite.
Pendant une bonne partie de ma lecture, je n'ai pu m'empêcher de penser que l'auteur nous faisait un cours d'Histoire mondiale plutôt que nous raconter une histoire. Je vais encore faire ma chipoteuse mais ça m'a agacée de voir tous ces événements de la vie de Paul qui arrivent pile au moment ou la veille d'un grand événement national ou international. Mort du frère, avortement, d'autres morts plus tard. Les passages politico-socio-économiques sont souvent longs et n'apportent pas grand-chose, comme ce trop long passage en Roumanie dont le seul but est de continuer le déroulé des événements mondiaux et de placer la révolution roumaine. D'autre part, le tout est régulièrement agrémenté de sexe ou d'anecdotes sexuelles qui n'apportent pas plus, comme cette histoire récurrente de rôti farci qui peut faire sourire une fois mais dont il ne faudrait pas abuser. Et qui intéressera seulement les gens qui cherchent une idée nouvelle et originale de préparation du rôti dominical et qui donnera des idées aux ados en quête de sensations tout aussi originales. Mais je doute qu'ils lisent ce roman.
J'aurais préféré que l'auteur me parle plus de Paul et de sa famille plutôt que de passer très vite sur certaines périodes de sa vie pour avoir le temps de nous parler de tout ce qui est arrivé dans le monde pendant ce demi-siècle. de plus, il me semble (mais je me trompe peut-être) que la grande Histoire est un prétexte pour que l'auteur nous donne son avis sur tous ces présidents, premiers ministres et autres personnages célèbres. Franchement, je m'en fous.
Et puis, juste avant et juste après le redouté bug de l'an 2000 qui se devait d'avoir sa place, c'est la vie de Paul qui se met à bugger affreusement. Evénements très marquants à une date marquante encore, mais passons. C'est seulement à partir de ce moment-là que je me suis raccrochée au roman. Il était temps. Et il a gagné une demi-étoile supplémentaire pour ces dernières pages émouvantes. Malgré mes reproches, je tiens quand-même à dire que j'ai apprécié la façon dont sont traités la vie de couple, la vie familiale, le départ des enfants du nid, la vieillesse et la mort.
Je suis toujours fan de l'écriture de Jean-Paul Dubois, mais ce roman me laisse un arrière-goût de déception. J'en attendais peut-être trop. J'ai de loin préféré La succession. Contente malgré tout de l'avoir lu pour continuer ma découverte de l'auteur.
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Difficile de mieux résumer l'histoire que ce qui en est dit en quatrième de couverture, que je viens juste de découvrir. Je vais donc faire court !

L'histoire de Paul Blick s'inscrit parfaitement dans ce qu'on a appelé les Trente Glorieuses, un certain confort matériel dans une famille de niveau moyen (père concessionnaire SIMCA, mère correctrice d'auteurs) mais avec des racines plongées dans la terre pyrénéenne.

Une aubaine, un mariage avec Anna, la fille d'un chef d'entreprise prospère (Atoll, fabricant de piscines ! Un rêve!), Anna, qui va devenir à son tour une patronne avertie et exigeante, réduisant Paul au rôle de papa poule ce qui finalement lui va très bien. Digne fils de mai 68, il professe un souverain mépris pour le capitalisme galopant, le travail imbécile et affiche des idées libertaires en conflit total avec son mode de vie. le profit, quelle honte, mais si on peut vivre dans le confort des années bénies, cela me va ! Nous suivons notre héros au long des différents mandats des présidents de la Vème république. Une vraie piqûre de rappel des années passées.

Jusqu'au moment où les drames finissent par déstabiliser notre gauchiste invétéré. Après celui qui a marqué définitivement la famille, à savoir la mort de son frère aîné Vincent pour cause d'appendicite opérée trop tard, viendront le krach boursier, la faillite, la mort d'Anna, la schizophrénie de Marie. Les événements s'enchaînent et obligent Paul à chercher un travail, lui qui n'a quasiment jamais gagné sa vie. Devenu jardinier, il s'emploie à tondre des pelouses, infiniment.

Pourtant, il aura découvert son vrai talent avant de l'abandonner : photographier des arbres, en chercher la grâce et la magie, en France puis dans le monde entier, apprenant les vertus de la patience, l'attente de la belle lumière et de l'instant magique. Ses livres lui auront assuré un train de vie agréable, deux livres seulement et l'opulence est là : est-ce bien conforme aux idées de notre héros ?
Le personnage agace pas mal avec ses convictions un peu faciles mais le livre fait l'effet d'une madeleine de Proust aux papy-boomers, une expérience au final agréable d'autant que l'écriture est souvent plaisante.
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Très bon roman de Jean Paul DUBOIS qui croise la vie d'une famille et l'histoire contemporaine de 1958 à 2002. D'espoirs en désillusions l'auteur nous entraine dans le parcours de vie de Paul BLICK.
"la vie n'était rien d'autre que ce filament illusoire qui nous reliait aux autres et nous donnait à croire que, le temps d'une existence que nous pensions essentielle, nous étions simplement quelque chose plutôt que rien."
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Ch.de Gaulle, G. Pompidou, V.Giscard d'Estaing, F. Mitterrand, J.Chirac...
"Une vie française" c'est cette traversée de le Vème république et tout le tremblement qui va avec.
Déclinés sous le mode de l'humour -noir le plus souvent- les 'thèmes récurrents" de Jean-Paul Dubois -alias Paul Blick dans le livre- toujours pas phraseur pour deux sous, sont tous là !
Sympa à lire.
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le narrateur, Paul Blick, nous raconte cinquante de sa vie, entre Charles de Gaulle et Jacques Chirac, Mai 68 et la guerre en Irak. Fils d'une correctrice de presse et d'un concessionnaire de Simca, il passe son enfance dans l'obsession de son frère décédé à l'âge 10 ans d'une peritonnite. Quelques amourettes, de vagues études de sociologie (obtenue à une époque où les diplômes n'étaient pas sanctionnés par des examens - le rêve !) et de brèves ambitions musicales font passer sa jeunesse. Il finit par épouser la fille d'un grand entreprenneur, devient père au foyer, puis photographe, et enfin jardinnier. du premier baiser à ses quelques maîtresses, le narrateur nous partage un morceau d'existence avec ses illusions, ses souffrances et ses ennuis.

C'est le premier roman que le lis de Jean-Paul Dubois, et j'ai été très heureuse de découvrir son univers au fil des pages. L'auteur mêle parfaitement l'anecdotique et le politique, le particulier et l'universel. le contexte politique et sociologique du moment est toujours très présent, mais il parvient à nous faire entrer dans l'intimité d'une famille, d'un destin, et finalement, à nous toucher. Si les personnages n'ont rien des héros, leur aspect commun et presque banal nous lie étroitement à leur sort.

"La vie n'était rien d'autre que ce filament illusoire qui nous reliait aux autres et nous donnait à croire que, le temps d'une existence que nous pensions essentielle, nous étions simplement quelque chose plutôt que rien."

Céline
Lien : http://enlivrezvous.typepad...
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Cette vie française c'est celle de Paul Blick, né à Toulouse en 1950. Cette vie, et cette histoire va se confondre dans la narration avec l'histoire française, puisque les différents chapitres vont s'intituler du nom du président qui correspond à l'époque narrée. le lecteur suit l'enfance de Paul, l'absence de son frère, puis ses études, ses premiers amours, son mariage, la naissance des enfants, et puis les mauvais côtés, le couple qui va mal, le chômage...
Toute une vie racontée avec beaucoup d'émotion , de subtilité, et d'humour, et un vrai travail intéressant sur la contexte social et historique.
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Le dimanche 28 septembre 1958, les français adoptent la nouvelle constitution de la Vème république et c'est également le jour de la mort de son frère. Ainsi commence le début de ce roman. A l'aube de ses 54 ans, Paul Blick retrace son enfance, sa jeunesse, son mariage, sa vie de doux rêveur photographe d'objets inanimés. Paul Blick marche à côté de sa vie jusqu'au jour du décès de sa femme dans un petit avion de tourisme en compagnie de son amant. L'amant, passe encore, mais, il s'aperçoit que son entreprise de Jacuzzi qu'il croyait très prospère est en déliquescence complète et qu'il doit tout vendre. C'est également l'instant de son réveil à la vie car il doit se prendre en charge et ne plus se laisser aller au gré des évènements.

Certains passages sont très amusants. Si vous trouvez un drôle de goût à votre rôti, regardez du côté de votre fils pré-pubère !!!! Lorsqu'il nous parle du héros, à la vie, à la mort, de sa mère, les souvenirs remontent à la surface.

Sans nous fatiguer ni nous lasser, Jean-Paul Dubois nous dépeint la vie sociale et politique de la seconde partie du XXème siècle qui est celle du baby-boom (je n'aime pas ce nom) à travers sa vie et celle de sa famille proche, la vie d'une famille française bourgeoise.

Ce n'est pas un simple récit : j'ai fait ci, il m'est arrivé ça. Non Jean-Paul Dubois raconte l'histoire, nous parle de son époque, de cette génération que je connais très bien puisque c'est la mienne. Chaque évènement de la vie personnelle de Paul Blick se trouve lié à un évènement de la vie politique et sociale. Par certains points, je trouve qu'il me ressemble comme un frère, ses doutes, ses espérances, je les ai connus, J'ai marché à côté de lui. Nous sommes passés par les mêmes stades, je n'ai vu et n'ai ressenti aucune nostalgie dans cette lecture. J'ai aimé les titres des chapitres, ne se référant par à l'histoire de la vie de Paul Blick, mais à nos Présidents de la République : Valéry Giscard d'Estaing (27 mai 1974 – 21 mai 1981), François Mitterrand (1) (21 mai 1981 – 7 mai 1988).

Je voulais lire « une vie française » depuis fort longtemps et j'ai passé un très bon moment, passant du sourire à l'émotion. Plus je lis Jean-Paul Dubois, plus je l'apprécie. Il n'y a que « Vous plaisantez Monsieur Tanner » que je n'ai pu terminer, il faudra que je retente une lecture.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Raconter toute la vie d'un homme traversant les faits marquants de son époque est un thème souvent traité par des auteurs américains, mais cette fois-ci, il s'agit d'un Français avec des références bien françaises (les évènements survenus sous les différentes présidences de la 5ème République, les premiers pas sur la lune regardés à la télé...).

Ce livre est le récit, à la fois modeste et grandiose, d'une grande partie de la vie du narrateur, que nous visitons à la fois par le petit bout et par le grand bout de la lorgnette. Impression de déjà vu ? Oui, mais dans nos propres souvenirs, dans nos propres vies. C'est parfois drôle, et même très drôle. Puis, brutalement, au passage d'une anecdote, cela devient émouvant, et même très émouvant. Les différents passages de cette "vie française" sont tour à tour désopilants ou tragiques, toujours profondément humains, et sonnent juste. Mais comment faites-vous Monsieur Dubois ? Impossible de lâcher cette histoire. A lire d'urgence.
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