En bon politique, Charles II évitait de se mettre entièrement entre les mains d'une faction ou de l'autre. Il tentait, non sans difficultés, de tenir la balance à peu près égale entre les ultra-royalistes et ceux qui voulaient éviter les excès d'une réaction mal vue de l'opinion publique. Son sincère désir de tolérance religieuse s'étendait à la politique, dans la mesure où était respectée sa prérogative royale.
Mais, de plus en plus, il apparaissait qu'il était loin de faire de la politique, comme son cousin Louis XIV, le centre de sa vie. Les femmes, le jeu, la chasse l'occupaient bien davantage, selon tous les observateurs. « La cour est tout entière adonnée à l'amour, ce qui est l'effet de l'oisiveté et de n'avoir rien d'autre à faire », notait avec sévérité le pittoresque Pepys, oubliant opportunément ses propres frasques bien peu édifiantes.
Je vous rappelle que ni les libertés ni les propriétés ne sont en sécurité lorsque les justes prérogatives de la couronne sont violées et que le gouvernement est affaibli [...]. J'attends que vous fassiez du respect des lois du royaume la règle de votre conduite, comme il est la règle de la mienne.
« Le papisme est une chose qu'on ne peut appeler une religion. On ne peut pas en parler avec la courtoisie qui est normalement de règle quand on parle de la diversité des opinions humaines » (Andrew Marvell). « Je veux bien croire que les papistes sont des hommes comme les autres, mais je ne peux concevoir comment on peut être assez dépourvu de raison et de bon sens pour embrasser leur religion » (l'évêque Tillotson). « C'est du papisme qu'est venue l'idée du pouvoir arbitraire et de l'armée permanente. Abattez le papisme, il n'y aura plus de gouvernement arbitraire » (Henry Capel).
Quérir la couronne à la pointe de l'épée, il ne demandait sûrement pas mieux. Mais cette perspective était, après la bataille de Worcester, plus éloignée, voire plus chimérique que jamais. Cromwell, débarrassé de l'hypothèque écossaise, établissait son pouvoir en Angleterre sur des bases de plus en plus autoritaires. L'Écosse perdit officiellement son indépendance.
Il est vrai que, dans des sphères moins prestigieuses, Paris ne manquait pas de jeunes femmes accueillantes pour le souverain en exil. Il eut plusieurs maîtresses, dont nous ne connaissons pas tous les noms. L'une, au moins, Elizabeth Killegrew, lui donna une fille, qu'il reconnut. Mais tout cela reste du domaine de l'anecdote.