un chant - des strophes plus ou moins longues - la sensation de la ville de la mer, des populations, rendue sensible
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le plus beau, c’est la nuit – vue du balcon, juste avant de fermer les volets de fer – la mer est toujours claire sous l’horizon – avec des masses plus sombres : ce sont les îles – on se cramponne aux barreaux – l’obscurité autour donne le vertige, surtout quand on lève la tête – le ciel est sans étoiles, à cause des fumées
c’est l’été qui règne dans les images – la pierre blanche à goût de craie – le corps qui roule, épuisé dans tout ce blanc – la côte durement grimpée jusqu’aux immeubles, la dalle de béton qui brûle les semelles – on aime le bleu dur de la mer, resserré, compact – un bleu antique – un bleu austère – la mer du balcon, l’été, comme peinte : fixe à jamais, un empâtement bleu en relief sur la toile
on est d’une ville forte – une ville comme une pâte à rêves – une ville qui agite, qui fabrique en nous – rien qu’à la regarder – être devant elle, en silence – et cela monte – nous emplit – on ne pense rien, on ne pense pas : juste, on est pris
on trouve quelque chose de triste, à ce blanc incandescent, ce bleu lourd de l’été : le silence – le père dit : le tragique – les fleurs dans les terrains vagues se fanent, l’herbe se dessèche, il n’y a pas d’ombre
on était fiers, étrangers de personne, nous,
simplement – dans la ville aux grand bras, qui nous serrait, nous tenait soudés les uns aux autres