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4,5

sur 5088 notes
Je (re)découvre Dumas et ce n'est que du bonheur !

Point n°1 : La plume est belle, vraiment belle !
Certes, c'est truffé de descriptions et de digressions pour étoffer son récit étant donné qu'à l'époque les écrivains étaient payés à la page !

Point n°2 : L'histoire de cette vengeance est extraordinaire !
Dantès arrive à placer ses pions sur l'échiquier avec une finesse exemplaire ! Nous voyons ses ennemis se faire doucement cerner par les griffes du comte sans qu'ils ne s'aperçoivent de rien !
Tout est pensé et réfléchi, chaque geste, chaque mot !



Tout est génialement orchestré !

Point n°3 : Les personnages sont très attachants que ça soit Dantès, Valentine, Maximilien, le majordome du Comte et de sa jolie Grecque !
Et détestables que ça soit le baron Danglars, le comte de Morcef ou M. de Villefort !

C'est une histoire très manichéenne : il y a des gentils et des méchants bien marqués ! Et ce n'est pourtant pas ce que j'apprécie.
Mais le héros de l'histoire sort tellement du chemin du héros par excellence que j'en oublie ce détail !
C'est l'anti-héros par excellence pour moi qui cherche à mener à bout une vengeance préparée depuis 20 ans au point qu'il se fiche éperdument de vendre son âme au diable !

J'aime ça !
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Neuf cents pages, de belles illustrations dans cette édition grand format parue chez Omnibus et plus de deux kilogrammes de papier dans les mains. Parvenu à la dernière page, sentiment mêlé de satisfaction, d'un peu de tristesse et de soulagement ! le comte de Monte-Cristo prend le large et sans doute pour longtemps.

Alors avant que son élégante goélette ne disparaisse à l'horizon de ma mémoire, que dire de ce roman ?

Le comte de Monte-Cristo est une fresque romancée à partir de faits plus ou moins réels de la première moitié du XIXème siècle. Située en France, en Italie et dans une petite île de Méditerranée, l'action se déroule entre la fin de l'épopée napoléonienne et le règne de Louis-Philippe. Elle est donc contemporaine d'Alexandre Dumas.

Le récit est construit comme chacun sait sur l'histoire d'un jeune homme totalement innocent qui sera victime d'une machination terrible et qui lui fera passer pas moins de 14 années dans un cachot sordide. Heureux bénéficiaire de circonstances à peine croyables, il pourra revenir dans la société d'où il a été scandaleusement éliminé et, devenu miraculeusement richissime, organiser une vengeance implacable contre ceux qui ont ourdi cette terrible injustice.

Alexandre Dumas va demander au lecteur de le suivre le long des nombreux méandres d'une épopée à rebondissements qui va permettre à l'infortuné Edmond Dantès, devenu comte de Monte-Cristo, de retrouver ses bourreaux et de laver son honneur. Ainsi, lorsque tous les éléments de ce plan seront enfin en place, le héros passera à l'acte et les têtes tomberont sans pitié. du grand art littéraire, des pièges dignes des meilleurs polars et bien sûr des raffinements à foison. N'est pas Alexandre Dumas qui veut.

Voilà pour le décor.

Mais sur le fond, de quoi s'agit-il ?

Un peu à la manière des Misérables, l'auteur utilise le prétexte de cette histoire pour donner à voir toute une société : ses valeurs, ses travers, ses préoccupations. Des valeurs qui sont aussi les siennes, naturellement : Tout le monde parle d'argent chez Dumas. Encore et toujours d'argent. Les plus démunis comme les richissimes, les journalistes comme les repris de justice, les « fils-de » comme les indigents, les magistrats comme les banquiers, les mères, les épouses, les beaux-parents. Tous en souhaitent toujours d'avantage. A l'instar d'Alexandre Dumas lui-même qui fera fortune avec ce roman feuilleton, se fera construire un château à Marly près de Saint Germain en Laye qu'il appellera non sans malice « Monte-Cristo » et qui dilapidant aussitôt toute sa fortune, fera faillite en moins de deux ans. C'est donc autant sa vie et ses propres turpitudes qu'il décrit que celles de la société bourgeoise qui se met en place après le Premier empire. Toute création n'est-elle pas irrémédiablement autoportrait ?

Ensuite, bien-sûr, il s'agit d'une étude de caractères, à l'instar de ce que seront le chef-d'oeuvre de Victor Hugo dont je parlais et les grands romans De Balzac. Toutes les strates de la société y sont présentes, tous les archétypes et toutes les complexités de l'âme humaine. Dantès c'est Jean Valjean, Mercédès c'est Fantine, Valentine c'est Cosette, le juge de Villefort c'est Javert… les correspondances sont incroyablement nombreuses. Hugo aurait-il copié Dumas ?

Le tableau est-il réussi, emporte-t-il le lecteur ? D'une certaine manière, oui. Comme tout roman épique, chacun veut en connaître la suite. L'intrigue fonctionne plutôt bien même si de nombreuses longueurs viennent ralentir l'ardeur du bibliophile ! Mais, à la réflexion, on se demande si la fiction de 1844 est encore le chef d'oeuvre qu'il a longtemps été en 2022 ?

Sur le plan littéraire, Alexandre Dumas cède facilement à la tentation de la facilité.

Tous ses personnages répondent à des archétypes simplistes.
Edmond Dantès – le personnage central - devient au fil du temps une sorte de surhomme à lui tout seul. Il guérit les maladies, « ressuscite » la pauvre Valentine, sauve la veuve Mercédès et libère Haydée, l'esclave orpheline, il commande aux hommes avec une justesse telle que tous consentent sans rechigner à une obéissance aveugle ; il comprend tout et sait tout... Il connaît le fonctionnement du télégraphe optique, la haute finance et la bourse, la chimie des poisons et des contre-poisons, la navigation, le milieu des malfrats de Rome, les codes de la vie mondaine de Paris, parle le français, l'italien, le grec et l'arabe sans accent et sans jamais avoir fait d'études… Superman n'a qu'à bien se tenir.

Evidemment, en 1844, le caractère très stéréotypé des personnages de romans feuilletons passionnait les foules. le succès fut énorme. Une certaine production littéraire utilise encore aujourd'hui ces mêmes ressorts pour vendre du papier.

Pourtant, presque deux cents ans plus tard, ces stéréotypes affaiblissent, l'intérêt des personnages et de la lecture elle-même. Chacun sait que tout homme recèle sa part d'ombre et que les génies parfaits n'existent que dans les superproductions hollywoodiennes. C'est dommage.

Cela ne va d'ailleurs pas échapper à l'auteur. Sentant sans doute le danger, Alexandre Dumas, par un contre-pied intéressant, va donner à la fin du roman une tournure inattendue.

Ayant conduit d'une main de maître sa vengeance légitime, on l'a dit, Edmond Dantès va finalement comprendre que trop de gens sont morts, que trop de malheurs se sont abattus sur des victimes que l'on qualifierait aujourd'hui de « collatérales » et qui, au fond, n'y sont pas pour grand-chose dans le drame dont il fut victime. Monte-Cristo va se montrer alors sensible au doute qui naît en lui et opérer un virage qui va modifier le cours des événements. Contre toute attente, l'incroyable épopée se termine donc sur une note quelque peu nuancée : la vengeance légitime fait ainsi place au pardon.

Hugo, qui avait peut-être lu cette saga feuilletonnée d'Alexandre Dumas, rependra cette même thématique lors de la fin sublime de ses Misérables. Jean Valjean, au seuil de la mort, se demandera s'il a « assez » fait le bien au regard du bien dont il a lui-même reçu de l'évêque de Digne. Monte-Cristo fait de même.

C'est par là que l'on pourrait conclure : Alexandre Dumas nous embarque dans une formidable fiction romanesque dont le dénouement semble « accidentellement philosophique ». Hugo, dans le tourbillon de son immense génie, nous enserre dès les premières pages dans les plus grandes et plus belles interrogations métaphysiques des hommes et demande : Pouvons-nous devenir meilleurs ? le pardon gratuit peut-il engendrer la rédemption ? Dumas soulève ces mêmes questions mais à la toute fin seulement de son oeuvre.

Sans doute, la littérature du XIXème pouvait-elle légitimement faire une place égale aux deux démarches. Sans doute aussi les deux siècles qui ont passé depuis ont-ils changé notre regard.

Quoiqu'il en soit, on ne regrettera pas que Dumas complète Hugo qui lui-même complétera Dumas.
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S'attaquer au comte de Monte Cristo c'est s'attaquer à plus de 1400 pages de lecture. Je comptais suivre le rythme mais au final, je n'ai lu que le premier tome (le second sera lu en fin d'année).
Le début a été un peu laborieux pour moi : si je suis tombée sous le charme de la plume de l'auteur, j'ai eu du mal avec la naïveté persistante du personnage d' Edmond Dantès. Quelle crédulité ! Un vrai Candide ! Je me suis demandé si le “sketch” allait durer longtemps.
Force est de constater que j'ai bien fait de continuer puisque j'ai avalé la suite très vite : le Comte de Monte-Cristo est un personnage absolument fascinant. Auréolé d'un gigantesque voile de mystère, il déplace ses pions dans l'échiquier comme un grand maître. La vengeance est un plat qui se mange froid et elle est jouissive quand elle est bien faite.
La profusion de personnage demande parfois un peu de concentration pour essayer de rassembler les pièces du puzzle, mais le charme opère et l'on tourne les pages avec réjouissance en se demandant quelle nouvelle découverte va être faite au chapitre suivant.
Si j'avais peur d'avoir des personnages trop gentils ou trop méchants, Dumas m'a très vite rassuré avec ce personnage principal à la psychologie plutôt très travaillé même si ce n'est pas le cas de tous.

Malgré la peur engendré par la taille du livre et son classement en classique de la littérature, je serais tentée de vous dire que si vous avez peur de vous lancer dans ce genre, le chef-d'oeuvre de Dumas sera potentiellement celui qui vous réconciliera avec le reste tant la plume est belle et l'histoire incroyable.
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Voilà un monument ! le Comte de Monte-Cristo s'apparente dans la représentation collective aux Misérables de Victor Hugo : une oeuvre fleuve incontournable du XIXe siècle entrée dans l'imaginaire national. L'histoire d'Edmond Dantès, condamné à tort, qui revient se venger de ceux qui ont brisé sa vie, est ainsi l'un des grands mythes de la littérature populaire française.

Reste que si le récit de Dumas a été adapté sous de multiples formes et plagié des centaines de fois, le roman-feuilleton originel de plus de 1 600 pages peut effrayer par son ampleur. Cela serait une erreur car ce monstre livresque est d'une passionnante richesse et propose des heures jouissives de lecture.

Paru sous la forme de feuilleton entre 1844 et 1846, il est inspiré de l'histoire vraie d'un cordonnier injustement accusé d'être un espion pour le compte des Anglais. Dumas va reprendre ce fait et le transcender pour créer son mythe.

Je me contenterai ici d'un passage en revue du 1er tome qui sera suivi d'un second billet sur la suite de cet imposant chef-d'oeuvre.

Dans la première partie, Dumas utilise une toile de fond historique pour construire son intrigue : la Restauration et le spectre du retour de Napoléon exilé à l'Île d'Elbe. Une époque confuse, propice à l'arbitraire et au déni de justice, qui permettra aux ennemis de Dantès de l'accuser d'être un conspirateur à la solde de l'Empereur déchu et de le faire emprisonner sans autre forme de procès dans le terrible château d'If.

Le roman débute ainsi par une intrigue politique qui navigue avec brio des faubourgs et des docks de Marseille aux lustres feutrés des salons du roi Louis XVIII aux Tuileries. La petite histoire (le destin tragique d'Edmond Dantès, jeune homme au coeur pur et à l'avenir brillant) et la Grande se mêlent (les 100 jours de Napoléon) dans un récit qui va à toute vitesse et est peuplé de personnages iconiques comme l'ivrogne Caderousse, l'envieux et calculateur Danglars, le torturé et ambitieux Gérard de Villefort ou le bon et pur Maximilien Morrel. La construction est savamment orchestrée et les jeux de pouvoirs et de jalousie s'enchaînent dans une terrible mécanique pour la mise à mort d'Edmond Dantès.

S'ensuit le plus grand morceau de bravoure de ce premier tome, l'emprisonnement au Château d'If et la rencontre avec l'Abbé Faria. du récit politico-historique, le roman devient alors un pur récit d'aventures. Il est à couper de souffle, tant il est chargé de tension et d'émotion. Ces pages sont d'ailleurs à ce point fortes qu'aujourd'hui le château d'If propose de visiter les geôles de Dantès et de l'Abbé Faria, deux personnages de fiction qui ont tant marqué la réalité qu'ils s'y sont fait une place !

Le réalisme du début du roman laisse place au conte merveilleux et Dantès devient le Comte de Monte-Cristo : une sorte de super-héros vengeur, sombre et inquiétant. le roman joue ici avec la mode de l'orientalisme en vogue à l'époque et l'on bascule dans l'exotisme et la fantaisie purs. Dumas se permet même de flirter avec la frontière du fantastique, notamment dans un trip halluciné après l'absorption de confiture de haschich.

Une troisième partie, moins enlevée à mes yeux, se situe à Rome et sert de prémices à la vengeance de Monte-Cristo, avant son arrivée à Paris pour terrasser ses ennemis.

J'ai dévoré les six cents premières pages de ce roman-fleuve ébouriffant. Ainsi, même en connaissant les tenants et aboutissants du récit, j'ai été totalement pris par le rythme haletant de l'ouvrage et par son génie pour manier les genres, pour monter des histoires et pour construire des personnages hauts en couleurs. La magie de la chose est que le texte, bien que complexe et épais, reste un objet purement ludique et populaire, peuplé de figures et d'aventures saisissantes.

Un mot sur la langue, superbe, de Dumas. À la fois précise et simple, elle est un régal. Les dialogues – nombreux – sont d'une incroyable efficacité et le style, sans jamais être pompeux, est capable de belles envolées notamment grâce à des métaphores magnifiquement imagées.

En un mot, voilà un chef-d'oeuvre qui mérite amplement sa réputation.



Tom la Patate
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Marseille, 1815. Edmond Dantès, 19 ans, a tout pour être heureux. Mais le jour de ses fiançailles, sa vie bascule.

Le Comte de Monte-Cristo, c'est un classique du roman d'aventures, une histoire souvent passionnante. Comment ne pas être fasciné par le terrible destin d'Edmond, par son incroyable chute ? Alexandre Dumas fait preuve d'un art consumé de l'intrigue, balade son lecteur en distillant les rebondissements. Il construit une galerie de personnages inoubliables, du héros éponyme à l'énigmatique Mercédès en passant par le lâche Caderousse... Et fait vivre le tout avec un style très efficace.

Évidemment, publié à l'origine en feuilleton, cet ouvrage a aussi les défauts du genre. À la fin de ce premier tome, l'auteur multiplie ainsi les digressions, tirant à la ligne d'une manière incroyablement agaçante.

Bref, en terminant ce premier tome, une seule envie : lire le deuxième et découvrir la vengeance du Comte…
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Comment dire... ce roman est tout simplement génial! Malgré un ou deux passages que j'ai trouvés un peu long (notamment l'histoire du brigand Vampa) tout le reste du temps ça bouge, il y a de la tension car le lecteur sait qui se cache derrière l'identité du comte; donc lorsqu'il se trouve en présence de personnes qu'il a connu dans sa vie précédente, on ne peut s'empêcher de trembler. C'est tout le génie de Dumas d'avoir mis très tôt et de façon subtile, le lecteur dans la confidence. D'ailleurs, il prend souvent le lecteur à partie avec des formules telles que "Rappelons nous que nous avions laissé un tel.." par exemple. Je trouve ce procédé très chouette pour créer une connivence entre l'auteur et le lecteur.
Quant à l'histoire à proprement parler, c'est de la dentelle, tout est tellement millimétré, calibré; à partir du moment où on laisse Edmond Dantès pour suivre le comte de Monte Cristo, on voit les choses se mettre progressivement en place; chacune de ses visites à telle ou telle personne apporte une pierre à l'édifice, sert sa stratégie. Et à la fin de ce premier tome, on a qu'une envie, que le tonnerre éclate, que tous les pions qu'il a mis en place entre en action...
C'est pourquoi je vais de ce pas m'attaquer à la suite !
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Que pourrais-je dire de ce livre qui n'ait déjà été dit ? Avec ses environ 175 ans d'ancienneté (les premiers épisodes de ce qui était alors un « feuilleton » ayant été publiés dès 1844) et le succès énorme que ce roman épique a connu depuis ses débuts, et qui ne se dément pas malgré son âge, ma voix ne va pas apporter grand-chose de nouveau à (l'analyse de) cette oeuvre !
Pour la petite histoire (vous savez que je commence presque toujours mes commentaires par poser le contexte de ma lecture), c'est la toute première fois que je m'attaque à ce livre. Et pourtant, qui ne connaît Edmond Dantès et sa vengeance orchestrée avec une froide détermination calculée qui donne bien envie de ne jamais être son ennemi !? Pour ma part, avec un mari escrimeur et passionné de cape et d'épée (les seules fictions qu'il lise jamais, d'ailleurs, même si, ici, il est assez peu question de combats singuliers ou autres duels…), je n'ai pu échapper au visionnement du film à plusieurs reprises – celui de 1954, car c'est celui-là que mon mari préfère, et qu'il a depuis fort longtemps en format VHS. Je ne suis pas certaine d'avoir jamais vu une quelconque autre version, mais en tout cas ce film est plutôt plaisant, après tout Jean Marais est bel homme ! (clin d'oeil) Tout ça pour dire que je connaissais l'histoire dans les grandes lignes, mais avais quand même oublié bien des détails, et je n'avais donc jamais lu la moindre ligne de ce roman.

Pire : j'ai essayé dans ma jeunesse de lire, au moins 2 ou 3 fois, « Les trois mousquetaires », l'autre monument populaire de l'auteur… Or, sans que je me rappelle pourquoi, je ne suis jamais arrivée au bout, ce qui m'a laissée toutefois assez frustrée, au point d'entamer ce pavé-ci un peu à reculons. Mais voilà : il avait été proposé en lecture commune sur l'un ou l'autre challenge (mais finalement ça ne s'est pas fait, ou alors je l'ai laissée filer sans la rejoindre ?), si bien que j'avais installé ce livre désormais libre de droits sur ma liseuse. Plus récemment, d'autres challenges littéraires me demandent de lire des classiques et/ou un livre de plus de 1.000 pages. Or, celui-ci rassemble les deux critères, j'ai mûri (du moins je l'espère) depuis cette jeunesse évoquée et l'échec des Trois mousquetaires : c'était donc l'occasion ou jamais de m'y lancer.

Et, surprise : c'est tellement passionnant que je l'ai dévoré, ce livre !
Oh ! certes, plusieurs aspects ont indéniablement vieilli, et feraient sans doute hurler les puristes du politiquement correct d'aujourd'hui. Je pense en premier lieu à une vision de la femme quand même très ancienne, certes réaliste et propre à cette époque, mais qui n'en a pas moins un petit quelque chose (et même plus) de choquant pour une femme de notre siècle actuel, d'autant plus qu'Alexandre Dumas ne se pose visiblement aucune question à ce sujet, et je présume que c'est « normal », mais c'est aussi gênant, désormais. Plus d'une fois j'ai brièvement levé les yeux au ciel, et j'ai carrément fait une pause à ce passage – qui n'est pas pire que d'autres, mais c'était sans doute celui de trop, à 68% de l'intégrale : « Il était évident que Mme Danglars était sous l'influence d'une de ces irritations nerveuses dont les femmes souvent ne peuvent se rendre compte elles-mêmes, (…). » Sérieusement ?...
Pareillement, les allusions aux peuples non français (ah la remarque sur la cuisine italienne comme « l'une des plus mauvaises cuisines du monde » !), et pire encore quand il s'agit des Orientaux (y inclus les Grecs, pourtant bien considérés comme occidentaux, aujourd'hui…) ou des « Nubiens », tomberaient aujourd'hui sous le coup d'une condamnation pour racisme affiché, de ce racisme ordinaire qui se voudrait presque bienveillant, mais qui est désormais plus que malvenu.

Enfin, Dieu, la main de Dieu, la vengeance au nom de Dieu etc., de même que le regret d'avoir été plus loin que Dieu et d'être devenu Satan, c'est une thématique quand même très présente aussi – même si, ouf ! notre cher comte parle un moment donné très clairement de son libre-arbitre (sous l'oeil de Dieu, mais quand même !). Cela aussi, c'est très « dans l'air du temps » de l'époque de l'auteur, mais c'est quand même très orienté, si l'on peut dire, et dans un pays où la liberté de culte était alors en cours (on insiste sur cela à l'une ou l'autre reprise), l'athéisme ne faisait vraisemblablement pas partie de ces libertés…

Tout ceci montre que ce livre s'inscrit parfaitement dans son temps : Alexandre Dumas écrivait pour les lecteurs de son époque, point. S'attendait-il seulement à être encore lu avec passion près de 200 ans plus tard ? si tous les écrivains l'espèrent sans doute un peu, il a quant à lui clairement fait le choix de s'ancrer dans son époque – ou, tout du moins, dans le début du XIXe siècle, où commence l'intrigue. Ainsi, outre les éléments évoqués plus haut, il fait référence à des événements politiques bien réels, que nous autres lecteurs de deux siècles plus loin, avons appris au cours d'histoire… mais peu ou prou oubliés (à moins d'être spécialiste et/ou passionné par le sujet).
Pour ma part en tout cas, ça fait très longtemps que j'ai vaguement étudié ces épisodes historiques, et de toute façon sans grand approfondissement, car en Belgique, on n'étudie pas l'Histoire de France à la loupe ! Ainsi, cette « guéguerre » entre bonapartistes et royalistes, dans le contexte explosif de la Restauration après l'exil de Napoléon et ses velléités de retour au pouvoir, ça paraît presque désuet aujourd'hui… et pourtant il faut bien se rendre compte, et Dumas le fait avec brio : que de victimes, que de vies bouleversées, pour avoir voulu croire en une Révolution plutôt qu'en un Roi, en un Roi plutôt qu'en un Empereur, en un Empereur plutôt qu'en la démocratie !
La triste histoire d'Edmond Dantès, qu'il ne pourra comprendre lui-même (puisqu'il a été jeté en prison, dans ce terrible château d'If, sans qu'on lui expose jamais le moindre chef d'inculpation !), est entièrement basée là-dessus, ce qui le poursuivra jusqu'au bout, en y ajoutant diverses guerres et autres conflits plus ou moins régionaux auxquels la France a pris part dans les quelques années suivantes.

Tant que j'en suis aux « faiblesses » (mot que j'ose à peine prononcer en parlant d'un tel livre !) de ce roman, on notera quelques facilités scénaristiques, qui contribuent à une certaine ambiance… mais quand on y réfléchit, on se rend compte qu'Alexandre Dumas a quand même pris le risque de ne pas être tout à fait crédible. En effet, le livre commence de façon très réaliste : on a vraiment l'impression d'être avec Edmond Dantès en train d'accoster à Marseille après un long voyage, il y a là dès le début un sens du dialogue (à ce moment-là, encore très simple) qui fleure bon le Midi, j'avais presque l'impression de lire Pagnol ! (qui est bien postérieur à Dumas… mais qui l'a précédé dans mes propres lectures). On ressent le bonheur du jeune homme d'être rentré au pays en menant à bon port le bateau malgré le décès du capitaine, on est ému de son empressement à retrouver son vieux père, on vibre avec lui quand il rejoint sa fiancée si amoureuse… et on tombe avec lui de Charybde en Scylla quand il est (bien injustement, puisque le lecteur est dans la confidence) arrêté… jusqu'à tout perdre, et de façon aussi terrible qu'irrémédiable !
Bref, c'est un début extrêmement prenant, très prometteur, et ces premiers jours, premières semaines insensées en prison, où notre jeune héros passe par tant et tant d'émotions qui déchirent le coeur et préparent le lecteur, d'ores et déjà, à « accepter » une future vengeance – alors que, à ce moment-là, on le croirait bel et bien perdu à jamais, si on ne connaissait la suite de l'histoire…

Mais alors, sa rencontre tellement improbable avec l'abbé Faria, le fait qu'ils parviennent à creuser une galerie entre leurs deux cellules, avec quasi rien, au nez et à la barbe de leurs geôliers, c'est quand même très, très fort ! (ou alors Dumas prenait lesdits geôliers pour de vrais benêts sans cervelle ? simples exécutants d'un système qui broie les hommes, y compris les geôliers eux-mêmes, qui en perdent toute acuité) Pire encore : cette fortune colossale que Faria aurait découverte et qu'il lègue à notre ami Edmond, c'est carrément trop beau pour être vrai… mais il fallait bien que ça existe, sinon le tout nouveau comte de Monte-Cristo n'aurait pu élaborer une triple vengeance aussi sophistiquée !
Bref, ce sont deux postulats de base, sur lesquels repose l'essentiel de l'intrigue, qui sont quand même très farfelus, si on veut bien y réfléchir… et pourtant ça marche, on accepte d'y croire ! Et de là, tout coule de source, et on ajoute les petites cachotteries des uns et des autres – qu'on se demande comment Dantès a pu en apprendre autant au sujet de chacun (l'histoire de Benedetto par exemple ! c'est quand même un peu surréaliste), alors qu'il était soit en prison, soit en train de voyager et/ou de peaufiner son éducation initiée avec l'abbé Faria ?!

Quoi qu'il en soit, comme je disais, le lecteur accepte tout et « ça marche », car bien au-delà de ces petits creux irréalistes dans la narration, Alexandre Dumas est un formidable conteur, qui parvient à capter encore et toujours l'attention du lecteur, malgré les facilités, malgré les longueurs aussi – c'est qu'on n'écrit plus aujourd'hui comme on écrivait à l'époque, certains passages seraient désormais sans aucun doute élagués – s'il s'agissait d'un roman contemporain - sans que ça enlève rien à l'intrigue !

Un formidable conteur qui maîtrise parfaitement son propos. Pour ne citer qu'un exemple (celui qui aurait pu le plus « m'inquiéter ») : on a beau ne pas trop connaître le système bancaire de ce milieu du XIXe siècle (ni celui de nos jours, d'ailleurs !), dans l'histoire de Danglars s'entend, l'auteur parvient à rendre les choses suffisamment claires pour qu'on mesure le poids autant que le caractère aléatoire de sa fortune, puis toute l'intensité de sa déchéance, comme si c'était naturel et qu'on avait toujours eu affaire à un tel système ! Ainsi, une histoire potentiellement compliquée à saisir, est rendue avec un souci didactique qui ne semble pourtant jamais lourd, et avec une telle fluidité, qu'on en saisit les différentes subtilité sans difficulté.

De même, quand il digresse – et il digresse souvent, pour amener l'un ou l'autre élément qui sera déterminant par la suite, je pense notamment à toute l'histoire (longue !) du bandit romain Luigi Vampa : ça prend des pages et de pages, on se demande tout à coup ce que ça a à voir avec notre comte de Monte-Cristo… et pourtant on se prend à cette histoire dans l'histoire, car elle est habilement contée, avec un souci réaliste et visuel qu'on ne peut s'empêcher de souligner quand on le trouve dans l'un ou l'autre roman contemporain, alors qu'ici il s'inscrit dans la narration de façon tellement naturelle ! malgré un langage qui a bien quelques aspects désuets (et c'est normal !). On a vraiment l'impression d'être aux côtés de ce malheureux pâtre transi d'amour pour sa belle, et qui ne trouvera d'autre voie que le banditisme, mais un banditisme avec tous ses codes d'honneur, et en plus « cultivé », puisque notre Luigi lit des classiques !

Et bien entendu, un autre aspect qui fait la réussite de tout roman : on éprouve des sentiments forts pour les personnages : un attachement évident et spontané pour les « bons », autant qu'on a envie de voir Monte-Cristo aller au bout de sa vengeance envers ceux qui ont provoqué son terrible emprisonnement, pour des raisons tellement viles en plus !
On s'attache d'emblée à ce jeune marin prometteur qu'est Edmond Dantès, on aime le lien presque paternel qui existe de la part de l'armateur Morrel, on a envie que la belle Mercédès reste fidèle envers et contre tout comme elle a « promis » et on s'indignerait presque (si ce n'est cette part en nous qui se dit que la vie continue, malgré tout…) qu'elle ait finalement cédé à son autre, si mauvais prétendant ; on adore l'abbé Faria et sa douce folie bien intelligente en fait, on se lie d'amitié pour les différents bandits corses et autres contrebandiers. Et, bien entendu, on admire et on craint bien un peu l'insaisissable comte de Monte-Cristo ; on retient son souffle quand on le voit aussi bien jouer la comédie avec ceux qu'il a déjà condamnés à son tour, autant qu'on s'émeut, profondément, quand de-ci de-là il se laisse quand même aller à une bribe de bonheur, notamment en compagnie des jeunes Morrel.

Je ne vais pas faire toute la liste, j'en ai déjà beaucoup trop dit, mais est-ce encore divulgâcher, quand il s'agit d'une oeuvre aussi ancienne et, surtout, aussi connue ?
Un roman de presque 200 ans, qui accuse quelques rides certes (dont un certain sexisme ou racisme, propres à son époque), quelques facilités scénaristiques et longueurs peut-être aussi, mais il se lit toujours avec la même passion, grâce à son réalisme souvent visuel, les sentiments forts que suscitent les différents personnages, et surtout cet indéniable talent de conteur, une fluidité de tous les instants malgré un langage parfois désuet, qui me fait dire pour conclure : brave monsieur Dumas !
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Ce livre est un vrai petit bijou. Dumas nous à écrit la l'histoire de vengeance la plus recherchée, la plus poussée, la plus parfaite qui existe; rien à voir avec les histoires de vengeances habituelles qui ne consistent qu'a une série de meurtres et de reproches...Non le héros prend son temps, fait souffrir ses victimes, les plonge dans une abîme de détresse et ce, avec toujours un grand sourire. L'histoire est longue aussi; ce qui nous permet d'avoir plus de temps d'apprécier tout ça. Un livre a lire absolument!
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-Laissez-moi vous présenter le Comte de Monte-Cristo, des titres...
- Votre Excellence suffira !

Le Comte de Monte-Cristo, ou l'homme aux multiples appellations est un bien mystérieux personnage, fascinant au plus haut point. Son histoire hors du commun, racontée par une plume experte, laisse une vague impression de rêve dans la tête de ses lecteurs. Un mirage semble passer, se déplacer sous nos yeux, ce mirage s'appelant tantôt Simbad, Edmond, monsieur le Comte...
A.Dumas nous plonge ici au cœur du XIXe siècle, parmi les intrigues les plus palpitantes. Il nous montre le pouvoir de l'argent et la soif de vengeance qui anime les esprits les plus purs. Dantès n'en faisant pas exception, bien au contraire.
Tout au long du récit, à travers les majestueuses descriptions de lieux et de personnages, nous somme dans la confidence du Comte, de ses moindres actions, et devinons subtilement par certaines expressions ses moindres sentiments. Le Comte est un homme bon et calculateur qui, dans sa seconde vie cherche à réparer les torts causés dans la première. Le personnage d'Edmond est plus qu'intéressant, travaillé et surtout mystérieux. Les autres, comme Morcerf, Villefort et Danglars nous apparaissent comme des larves aux vues de la magnificence du Comte.
Ce premier tome se lit avec une fluidité impressionnante, Dumas parvient à captiver le lecteur, je ne peux qu'admirer cet auteur et son œuvre.
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Le comte de Monte-Cristo fait partie des oeuvres incontournables d'Alexandre Dumas. Elle compte aussi parmi les oeuvres les plus populaires de la littérature française et les plus adaptées dans le monde entier, notamment au cinéma.
Pivot de l'histoire, Dantès (alias le comte de Monte-Cristo) est un personnage qui séduit, intrigue et fascine tout à la fois. Dès les premières pages, on s'attache à ce jeune marin candide et idéaliste. Aussi, lorsqu'il se retrouve injustement emprisonné dans un cachot du château d'If, on ne peut que partager sa détresse. Et la compassion que l'on éprouve à son égard nous conduit dès lors à partager toutes ses émotions : sa joie lorsqu'il parvient à communiquer avec un autre prisonnier, sa colère lorsqu'il découvre qu'il a été victime d'un infâme complot, et même son désir de vengeance. Mais la vengeance peut-elle vraiment permettre de retrouver la paix intérieure ?
Le thème de la vengeance est donc ici à l'honneur, et il faut reconnaître que notre mystérieux comte de Monte-Cristo fait preuve d'une certaine intelligence et d'une grande habileté pour accomplir son dessein. D'autres thèmes tels que l'amitié, l'amour, le voyage, sont également abordés dans ce récit fertile en rebondissements et en coups de théâtre.
Alors, certes, ce volumineux roman comporte quelques longueurs et redondances, mais qu'importe ! Dumas excelle dans l'art de conduire une intrigue et son roman se dévore avec un immense plaisir.
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