Cette fois, Dumas met de côté l'Histoire pour explorer les profondeurs d'un homme anonyme emporté dans une trame extraordinaire.
Le Comte de Monte-Cristo raconte ainsi une métamorphose qui transformera Edmond Dantès en machine punitive infernale.
Ce long roman, qui défile comme une nouvelle tant l'intrigue est parfaite, nous conte la lente maturation de cet étrange et fantastique comte qui, brisé par un odieux complot va, aidé par un compagnon d'infortune et mentor, à force de patience obsessionnelle et d'ascétisme, se réincarner en vengeur impitoyable.
Ce roman est une peinture de la vengeance dans toute son acception. Vengeance punitive, jouissive certainement, mais en même temps destructrice, telle une drogue, la même dont se nourrit cet antihéros. Cette vengeance, à laquelle on adhère tout d'abord, installe progressivement un malaise car elle implique le sacrifice de soi. le « juge » Monte-Cristo lui-même finit par douter, mais ne fléchit cependant pas. Figure romantique par excellence, il est marié à la douleur : celle qu'il subit autant que celle qu'il inflige.
Il n'est plus un homme : c'est une faux venue chercher les âmes maudites qui l'ont symboliquement tué en l'enfermant quatorze ans dans une prison sordide pour de vils motifs.
Une de ces lectures dont on ne ressort pas indemne et dont on ne peut faire l'économie, cette dernière proposition étant, je l'admets, très subjective !