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3,81

sur 1051 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un bijou de la littérature sur la Première Guerre Mondiale !
Tout a pourtant été écrit sur cette guerre, les batailles, les souffrances, mais...
Ce roman apporte pourtant des éléments nouveaux dans la manière de raconter les choses. Les pages les plus belles sont sans doute celles qui décrivent le paquetage porté par les soldats ainsi que celles qui décrivent les combats, dans toute leur violence et toute leur absurdité.
Et à l'arrière, une femme attend le retour des soldats...
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Loto gagnant

5 comme le nombre de héros de l'histoire.
Anthime, jeune comptable dans une fabrique de chaussures: Discret, timide, rêveur et amoureux en secret. Charles, son frère ainé, jeune contremaître, à l'avenir prometteur dans la même fabrique: Sûr de lui, un brin condescendant, passionné de photographie et aimé. Padioleau, Bossis et Arcenel : trois noms sans prénoms, tous camarades d'Anthime. le premier est garçon boucher, le second équarrisseur et le troisième bourrelier.

1 comme la seule femme du récit.
Blanche est son prénom. Borne son nom. Elle est la fille du propriétaire de la fabrique de chaussures. Au moment où commence l'histoire, elle ne sait pas encore qu'elle porte la vie.

14 comme l'année où commencent les évènements.
Nous sommes au début du 20ème siècle, dans les premiers jours du mois d'août. Quelques jours plus tôt, un prince est mort à 1500 kilomètres de là ! Mais pas de fresque historique ici, le récit nous plonge dans les petites histoires des gens simples, involontairement entraînés dans les tourments de la Grande Histoire. Nous sommes en 1914, dans les tous premiers jours de ce qu'on appellera "la Grande Guerre".

90 comme le nombre de page de ce court roman, de cette longue nouvelle.
Le récit relate, de manière croisée, la guerre. Pour les hommes, la frénésie du front des Ardennes. Pour la femme, l'attente à l'arrière en Vendée. Pas de grands actes héroïques, pas de récits épiques, encore moins de belles histoires d'amour, pas même un grand personnage historique en vue. La vraie vie, racontée comme un journal intime, écrite comme une lettre à un bien-aimé.

Le narrateur, spectateur comme nous, relate les scènes de l'horreur quotidienne de 6 personnages. D'un côté: la pénurie, l'absence de nouvelles, la peur quotidienne de la mort d'un être cher. de l'autre: les tranchées, les pilonnages, la vermine et la peur quotidienne de ne pas revoir l'être cher. Au départ il y eut l'euphorie de la "guerre éclair". Vite remplacée par les doutes lors de l'enlisement. Puis la rébellion à mesure que l'injustice et l'arbitraire dominaient les décisions des généraux. Les scènes de guerre sont dures, crues et agressent les sens. L'odeur de la crasse et de la pisse. le bruit des obus qui tombent sans discontinuer. On patauge dans la boue jusqu'aux mollets. On voit la mort qui s'abat sur le camarade de tranchée juste à côté de soi. Sans comprendre la raison de ce miracle personnel. Combien d'entre eux rentreront ? En vie ? Entier seulement...?

Et cette femme, abandonnée, dont le ventre s'arrondit tous les jours un peu plus. Qui est le père de son enfant ? Lui qui est parti sans lui proposer de fiançailles, sans lui promettre le mariage. Que deviendra-t-elle, si le père ne rentre pas ? Quand recevra-t-elle une lettre ?

Dans son 15ème roman, Jean Echenoz nous propose d'entrer dans l'intimité, le quotidien, les émotions de ces gens simples qui ont survécu sans héroïsme mais dignité à l'horreur de la Guerre de 14. L'écriture est sobre, sèche, sans fioritures stylistiques. Chaque scène est racontées avec un zèle d'historien des armées. On sait tout de l'équipement du soldat: de la cervelliere sous le képi qui coupe le cuir chevelu...vite remplacée par un casque métallique laqué bleu, tellement poli qu'il brille au soleil... les pantalons rouges garances qui offrent une cible de choix aux coups de feu de l'ennemi... le paquetage de 35 kg détaillé ustensile par ustensile. On connaît tout de la vie quotidienne mais aussi des grandes étapes de ces 4 années de guerre.

Il réussit divinement à faire vibrer nos 5 sens : la chaleur du soleil d'août, les odeurs du foin moissonné, le son des cloches à la déclaration de guerre, le froid humide des tranchées, les odeurs âcres de la fumée, le goût écoeurant du "singe", le son des fanfares à l'armistice. Et enfin, la chaleur des étreintes lors des retrouvailles. Mais aussi les douleurs imaginaires de ceux qui rentrent, brisés moralement et physiquement.

"14" raconte une infime partie de la Grande Guerre mais qu'elle est forte, bouleversante et poignante. Mais qu'elle est trop courte cette histoire ! Qu'ils sont attachants ces personnages ! Une fois refermé, on n'a qu'une envie: reprendre le livre du début pour revivre l'émotion... une fois encore !









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Echenoz je ne l'avais jamais lu.
J'aperçois ce titre "14" en fouillant dans une bouquinerie, l'achète par hasard avec tant d'autres puis après un long repos dans ma bibliothèque, un dimanche, cherchant un roman court pour lézarder au soleil, je me plonge dedans sans conviction.
Et là c'est la claque !
Dans une écriture limpide, à la fois ironique et sensible, Echenoz nous plonge dans le chaos des tranchées à travers les trajectoires tragiques de 5 hommes et une femme.
Un petit bijou d'une centaine de page, digne du Voyage !



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De part sa précision et sa concision, ce roman est probablement le plus impressionnant que j'ai lu sur cette horreur qu'a été la der des ders. Je suis toujours "soufflée" de voir une telle maîtrise, à faire passer par les mots les ressentis les plus forts. Jean Echenoz y parvient très bien et même dans les descriptions les plus effroyables, la douceur et la poésie sont présentes.
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Quel régal ! moi qui ai lu "paroles de poilus", j'ai retrouvé le même ton dans ce roman. Comme si je lisais le témoignage d'un poilu. Tout y est : l'euphorie du début et, très vite, l'impression qu'on n'en réchappera pas. Un concentré d'émotions. Comme quoi, le nombre de pages ne fait pas la grandeur d'un roman.
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Pensez vous qu'on puisse parler de perfection pour un livre ? Peut-on dire de lui qu'il est parfait, accompli, ideal ? Selon moi, 14 est un roman qui a toutes les qualités requises, pour utiliser l' expression consacrée. Quand on ferme le livre, on a un peu l'impression que l'auteur a eu le génie de trouver La façon de créer une histoire, qui en une centaine de pages, synthétisera ce qu'il faut retenir d'une guerre.


14 raconte le destin de deux jeunes hommes du jour où on fit sonner le tocsin, jusqu'à la fin de la guerre, ici de 14-18. Schéma simple, mais remarquablement bien utilisé pour aborder l'amitié, l'amour, la vie, la mort, le destin, l'honneur. Mais là où j'y ai vu quelque chose qui me permet de parler de chef d'oeuvre, c'est que ces grands sentiments, mille fois utilisés, sont ici sous-entendus, comme s'ils étaient évidents, et permettent à Jean Echenoz d'écrire aussi un livre d'histoire passionnant, et qui , soyez-en certain vous apprendra quelque chose.
Grande et belle littérature donc, qui me laisse muette d'admiration, juste assez de voix pour recommander ce livre à chacun, toutes générations confondues.
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Défi ABC 2023-2024
14: tout est dit dans la brièveté du titre. Sans effets oratoires. Les faits. le tocsin. le brut. le vacarme. L'horreur. Brute. La guerre par les mots, par les phrases, par les faits à l'enchaînement implacable. Cent ans après, un livre essentiel, dépourvu du lyrisme qui met à distance l'épouvante: bouleversant.
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La 4eme de couverture est sobre, 5 hommes( Anthime, Charles son frère, sur de lui et de son avenir industriel, Padioleau, Bossis, Arcenel, des camarades de pêche) sont mobilisés au son du tocsin pour faire la guerre 14-18. Une femme enceinte de Charles, Blanche Borne, fille unique de l'industriel de l'usine Borne-Sèze attendra son retour .
La fièvre patriotique anime la Vendée, d'où ils sont originaires, et cette affaire de 15 jours tout au plus (car Dieu était avec les Français, ne l'oublions pas) , va très vite se calmer et faire douter les ardeurs combattantes.
C'est ce que nous montre Jean Echenoz illustrant en quelques mots précis l'impréparation, la logistique défaillante, les commandements dépassés, bref... Ça va se transformer en bourbier.
Et puis, ce sont les tranchées, les obus par milliers de tonnes, les gaz assassins, une tuerie de masse, la peur, la mort, la folie, la fin de l'humanité dans ces trous à rats puant le vomi, la merde, la décomposition des cadavres, envahis de poux parasites, et cette idée de tout abandonner...
En peu de mots, 124 pages, Echenoz réussit admirablement à nous faire partager les destins de ces jeunes gars qui incarnent évidemment le sort des ces poilus et ce qu'on sait de cette infâme guerre (pour les profits d'industriels).
La langue d'Echenoz est belle, posée et directe à la fois, avec ce recul nécessaire sur le cheminement dramatique. Cette qualité d'écriture nous implique, lecteurs : juger la guerre et ses horreurs, démystifier le patriotisme cocardier boosté par le clergé catholique, dénoncer le mépris, la morgue, des officiers qui amenèrent ces jeunes à se faire massacrer pour l'honneur et la patrie pas très reconnaissante.
C'est, pour moi, un livre qui a sa place au panthéon des listes sur la guerre 14-18.
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Il y a des phrases de Jean Echenoz que j aimerai retenir tant elle sont simples et belles. 14 n échappe pas à la règle. Les détails de la vie qui disent la vie, créent l histoire. Mises bout à bout, savamment orchestrées par l auteur, on mord dedans comme dans sa pâtisserie préférée.
La guerre de 14 façon Echenoz, c est le chemin de 5 jeunes qui vont se perdre dans les Ardennes, qui vont mourir pendant que Blanche, attend à l arrière. En 124 pages, on est hypnotisé, on sourit, on apprend, on se laisse totalement emmené, pris par la main (droite ou gauche !?) Anthime, un des protagonistes, aura du mal à répondre à cette question..
un superbe Echenoz.
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La grande guerre, un livre court, condensé, complet.
En 100 pages, Jean ECHENOZ réussit à dresser, avec talent et beaucoup de recul, l’image de 4 ans de guerre : le départ triomphant des 1ers appelés, leurs marches vers les Ardennes dans leurs magnifiques uniformes au pantalon rouge « pétant », les premières peurs en arrivant au front, les premiers morts déchiquetés par les obus et la vie à l’arrière qui continue dans un monde sans hommes. Et puis cette blessure, assez grave pour amener à la démobilisation mais causant la perte d’un bras. Le retour à la vie civile, le décompte des morts, des blessés, la désillusion et puis, la vie qui retrouve ses droits.
Un livre profond.
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