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sur 1050 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"A force d'avancer les uns contre les autres [soldats Allemands et Français], jusqu'à se retrouver sans plus pouvoir, de part et d'autre, étendre ses positions, il devait arriver que cela se figeât en face-à-face : ça s'est figé dans un grand froid, comme si celui-ci gelait soudain le mouvement général des troupes, sur une longue ligne allant de la Suisse à la mer du Nord. C'est quelque part sur cette ligne qu'Anthime et les autres se sont retrouvés paralysés, cessant de bouger pour s'engluer dans un vaste réseau de tranchées reliées par des boyaux. Tout ce système, en principe, avait été d'abord creusé par le génie mais il a aussi et surtout fallu le creuser soi-même, les pelles et pioches qu'on portait sur le dos n'étant pas là pour décorer latéralement le sac. Ensuite, en essayant chaque jour de tuer un maximum de ceux d'en face et de gagner un minimum requis de mètres au gré du commandement, c'est là qu'on est enfouis."
Difficile d'extraire un passage de ce roman, tant tout y est fulgurant, ciselé, concis, à l'image de son titre. L'art d'Echenoz au plus près de ces anonymes dont on suivra essentiellement deux individus, broyés avec stupéfaction par cette guerre. Bien que documenté, comme en contrepoint à cette boucherie, aucune d'emphase, pas de descriptions détaillées (tout a déjà été dit confesse l'auteur), mais une douce ironie, un style distancé, une construction précise et minimaliste, qui donnent au livre une profonde mélancolie.
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Encore un livre sur la guerre de 14-18 ?
Tout a été écrit sur cette guerre. L'originalité de l'opuscule de Jean Echenoz tient dans la manière de traiter avec sobriété (124 pages), à près d'un siècle de distance, le début d'un des conflits les plus sanglants et absurdes de l'histoire moderne.
En usant d'un apparent froid détachement.
Ce livre fait d'une certaine manière écho au roman biographique de Marc Dugain, paru en 1999, "La chambre des officiers".

14, la Grande Guerre. Pour les critiques, les sceptiques, les survivants aujourd'hui disparus jusqu'au dernier. Avec le recul (pas celui des mortiers), ce fut la Grande Absurdité, la Grande Foutaise, la Grande Boucherie.
Au bout de laquelle les 1 385 000 tués et deux millions de blessés côté Français, avaient gagné quoi ? le droit d'une génération sacrifiée à voir ses fils recommencer vingt et un ans plus tard, dans une autre "drôle de guerre".

Avec une ironie décalée, - point n'est besoin qu'elle soit féroce, la guerre s'en charge - Jean Echenoz signe un pamphlet qui ne manque pas de talent.
Morceau choisi : "Tout cela ayant été décrit mille fois, peut-être n'est-il pas la peine de s'attarder encore sur cet opéra sordide et puant. Peut-être n'est-il pas bien utile non plus, ni très pertinent, de comparer la guerre à un opéra, d'autant moins quand on n'aime pas tellement l'opéra, même si comme lui c'est grandiose, emphatique, excessif, plein de longueurs pénibles, comme lui cela fait beaucoup de bruit et souvent, à la longue, c'est assez ennuyeux."

14 : à lire au moins autant par la génération qui aura encore peu lu ou entendu sur cette guerre, et n'en perçoit l'ineptie et la fureur qu'assourdies près d'un siècle plus tard.
14 constituera une sorte de préambule à la longue liste d'ouvrages de référence sur ce terrifiant épisode de notre histoire.

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Dans son cas, le choix de la forme est tout à fait pertinente car il atteint une espèce d'apothéose dans l'écriture objective, s'il y a quelqu'un qui ne s'adresse pas au lecteur c'est bien lui, il a une écriture autonome et indépendante, libre de clichés et de pensée unique qui glisse à la lecture comme la bonne parole ! S'il est des livres dans la rétroaction ce sont bien les siens… car son écriture fait sans cesse appel à notre ratio. Si quelqu'un parvient à trouver dans ces pages un seul jugement, un seul procès d'intention, qu'il me le dise car après avoir dévoré tous ses romans je n'ai jamais trouvé le moindre jugement de valeur. C'est là que réside toute l'originalité de cet écrivain, il n'est pas simple, il faut le dire, d'écrire sans juger, pas plus qu'il n'est guère simple d'écouter sans juger. de plus, il n'est guère facile d'écrire sur un sujet dont on a tant écrit, tant dit, tant filmé, tant montré. le titre dit déjà tout : nous sommes dans la parcimonie heureuse ! Dans la musique du début à la fin… le phrasé se tient depuis la couverture : 14… sans siècle sans temps… guerre intemporelle où tout est dans la durée alors que le temps n'y passe pas ! Bref, je pourrais écrire des pages et des pages sur ce roman qui d'ores et déjà aura marqué cette année 2014, la mienne. C'est donc dans le vécu de cinq hommes partis à la guerre que nous allons vivre cette guerre, il y a aussi une femme. Leurs prénoms sont curieux et d'époque. Leurs histoires banales et loin de l'Histoire m'ont conquise. Mais je ne vais pas vous le raconter car il faut savourer ce roman qui nous laisse toute liberté d'imaginer leur vie et leurs émotions. Ce que j'aime dans cette écriture c'est non seulement le choix de chaque mot de chaque point de chaque virgule mais aussi et surtout la musique magique qui en découle.
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14, de Jean Echenoz


Une chronique d'Eric




Bientôt nous entendrons la musique commémorative retentir sur les places publiques, et les noms de « ceux qui sont morts au combat pour la France » seront égrenés in memoriam au nom de la patrie reconnaissante.



Loin de ces fanfares et de la parole des édiles souvent emphatiques, Jean Echenoz vient nous rappeler la part modeste de chacun dans cette guerre où l'horreur n'avait d'égale que l'insignifiance, la puanteur, la mort banale dans les pires souffrances. Car Anthime et ses camarades de village ne sont pas des héros, ils partent sur le front pour un délai que tous ou la plupart considèrent comme bref ; ils reviendront pour les trois quart les pieds devant, la gueule cassé, moitié vivants moitié morts et les vieux rêves oubliés. Car ce que l'auteur pointe en premier c'est l'insouciance de ces jeunes hommes malgré cet instant grave qui les frappe au coeur du quotidien puis le départ presque allègre avec les copains de garnison : « c'était plutôt gai ce défilé, chacun droit dans son uniforme s'efforçait de regarder droit devant lui .Le 93e a traversé l'avenue puis les grandes rue de la ville, au bord desquelles se massait la population qui ne lésinait pas sous les acclamations ,les jets de fleurs et les encouragements .Charles s'était naturellement débrouillé pour occuper le premier rang de la troupe, Anthime suivant à mi-longueur du régiment de Bossis toujours mal à l'aise dans son vêtement d'Arcenel qui ne cessait de se plaindre de son derrière (il a des hémorroïdes ) et de Padioleau dont la mère avait eu le temps de pincer la capote aux épaules et de raccourcir ses manches. Comme il marchait tout en blaguant à mi-voix avec les autres ,tâchant cependant de mesurer fièrement son pas, Anthime a cru distinguer Blanche sur le trottoir à gauche de l'avenue. » (page 19)

Un peu plus loin, le romancier dépeint l'ambiance ainsi :

« ça avait été plutôt pas mal on avait dévoré les provisions, chanté toutes les chansons possibles, conspué Guillaume et toujours bu nombre de coups »(page 28)



Le décor est ainsi planté, le bataillon en marche, du départ du village en fanfare au retour des rescapés et des éclopés, en passant par le trajet en train (qui rappel le voyage du héros de Julien Gracq vers les Ardennes pour une guerre autre dans « un balcon en forêt »), la découverte d'une aviation empirique (ça plane mais la réception est difficile), les marches forcées, les combats, les tranchées ,la peur. L'auteur de « l'équipée malaise » aborde toujours les questions épineuses avec beaucoup d'humour, d'un trait léger sans masquer la gravité et la douleur des choses. Cette génération d'auteurs des éditions de minuit s'inspirent très clairement des techniques cinématographiques : parlant de l'avion modèle biplace Farman F37 mené par deux hommes, l'auteur nous décrit d'abord « ce gros insecte qui grossit peu à peu » obéissant à la technique du cadrage en nous renvoyant ainsi à des images cinématographiques ancrées dans l' inconscient collectif de l'image- presque naissante avec l'armée et ce début de 1ère guerre mondiale, et qui révèle en nous comme la trace d'une blessure cachée parallèlement à la littérature de l'époque des « Croix de Bois » de Dorgelès ou (édité il y a peu) des « Parole de poilus ».

.

Pour l'infanterie, c'est la marche qui occupe le soldat, et de l'aube au crépuscule la poursuite de points stratégiques plus ou moins définis par des officiers empêtrés dans des cartes sibyllines suscite la marche automatique du contingent en lui donnant l'impression d'avancer : tête et corps ainsi utilisés, avec de l'eau de vie par dessus on oublie sans se figer dans le froid des forêts et de la camarde qui attend tapie dans un recoin.

L'autre point sur lequel l'auteur insiste c'est le rôle des animaux dans cette guerre, pénibles nuisibles jetant leur dévolu sur les corps moribonds de leurs compagnons de tranchée (cafards, rats, et autres immondes bestioles), ou encore la viande venue agrémenter « le singe en boîte » ordinaire : « oie déboussolée, chiens et chats privés de maître après l'exode civil, oiseaux en cage, volatiles d'agrément comme les tourterelles, voire purement ornementaux tels les paons par exemple » ou compagnons de ces temps blessés : chevaux, renard aperçu au loin, mascotte de passage.

« Il arriva même que, poussé par la faim, techniquement assistés par Padioleau qui retrouvait plaisir à exercer sa vocation bouchère, Arcenel et Bossis taillassent quelques côtes à même un boeuf vivant sur pied, le laissant ensuite se débrouiller seul. » (page 89).

De fait chacun s'habitue peu à peu à son sort comme on s'accommode de tout : « aux tâches quotidiennes-celle pour Anthime des travaux de nettoyage, de transport de matériaux, de séjours dans les tranchées, des relevés nocturnes et des jours de repos de l'air empesté par les chevaux décomposés, de la putréfaction des hommes tombés puis de la merde et de la pisse et de la sueur et de la crasse sans parler des effluves rances de moisi de vieux etc » ; c'est ce quotidien monocorde qu'Echenoz s'emploie à décrire impitoyablement sans plus de grandeur et de perspective qu'un avenir sordide et puant.

Il arrive aussi qu'au hasard des circonstances une bonne nouvelle se produise : après l'amputation d'un bras, on se retrouve à la maison et l'on peut reconquérir le coeur de l'être aimé promis à un autre .C'est ainsi que les hommes vivent et leurs rêves au loin les suivent.. .

Bien sûr, un bras vous manque, mais que voulez vous : on ne peut pas tout avoir…



Eric Furter
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14 de Jean Echenoz

"14", sans 18, ...juste ce numéro pour une évocation de la 1ère guerre mondiale.
Une histoire toute simple, 5 hommes partent à la guerre, et une femme attend le retour de deux d'entre eux...
Le style est précis, ultra condensé , aucun mot de trop, les phrases sont courtes, c'est ciselé au millimètre ...on passe d'une promenade en bicyclette en Vendée, au mois d'août, à une immersion dans cette 1ère guerre mondiale.
Les hommes sont jeunes, et s'enfoncent peu à peu dans cette boucherie ...
C'est un roman, mais aussi un récit très documenté sur cette période oh combien douloureuse...et les 125 pages suffisent largement pour nous distiller à la fois l'horreur de cette guerre, l'insouciance, la camaraderie, la peur, la fatigue, les souffrances, le courage, de ces hommes qui n'avaient pas demandés à être la, mais ne s'étaient pas dérobés quand le tocsin avait sonné la mobilisation.
Peu de pages, peu de mots, et un rythme rapide rendu par des phrases ou des demi phrases courtes, parfois sans verbe, appuient cette marche vers le front et les premiers combats
" Ne fût-ce qu'à cause de ces deux-là, le pou, le rat, obstinés et précis, organisés, habités d'un seul but comme des monosyllabes, l'un et l'autre n'ayant d'autre objectif que ronger votre chair ou pomper votre sang, de vous exterminer chacun à sa manière - sans parler de l'ennemi d'en face, différemment guidé par le même but- , il y avait souvent de quoi vous donner envie de foutre le camp. Or, on ne quitte pas cette guerre comme çà . La situation est simple, on est coincés : les ennemis devant vous, les rats et les poux avec vous et, derrière vous, les gendarmes . "
Un livre court pour un grand et beau texte.
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[...]Comme beaucoup, à l'annonce de la parution d'un nouvel Echenoz, j'ai commencé par sauter partout. Je vous l'avais dit il y a quelques temps, j'aime beaucoup Echenoz, et même s'il en traîne quelques romans dans ma PàL parce que je suis une grosse flemmasse, j'avais très envie de lire ce dernier titre paru.[...]
Lien : http://www.readingintherain...
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La quatrième de couverture n'explicite pas du tout le contenu de ce court roman, très dense.
J'en donne donc deux extraits, pour vous faire une idée.
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Anthime, Padioleau, Bossis, Arcenel et Charles s'en vont en guerre.
Ils sont comptable, garçon boucher, équarrisseur, bourrelier et contremaître.
Ils quittent leur village de Vendée dans l'allégresse, persuadés d'être de retour trois semaines plus tard.
Tout le monde connaît la suite, mais la façon dont Echenoz en parle est particulière. La douceur et la poésie de son écriture, qui n'est pas non plus dénuée d'humour, contraste avec la barbarie qu'il décrit.
Il ne parle pas de batailles.

"Tout cela ayant été décrit mille fois, peut-être n'est-il pas la peine de s'attarder encore sur cet opéra sordide et puant. Peut-être n'est-il d'ailleurs pas bien utile non plus, ni très pertinent, de comparer la guerre à un opéra, d'autant moins qu'on n'aime pas tellement l'opéra, même si comme lui, c'est grandiose, emphatique, excessif, plein de longueurs pénibles, comme lui cela fait beaucoup de bruit et souvent, à la longue, c'est assez ennuyeux. (page 79)"

Il dépeint le quotidien d'individus dépassés par les évènements dans cette guerre qui a été la première guerre industrielle, avec l'utilisation de l'aviation, des gaz...
On voit les soldats noircir leur gamelle trop brillante pour moins se faire repérer. On découvre la cervelière, une coiffe pesant son poids de métal, portée sous le képi et complètement inadaptée.
Le chapitre 12 consacré aux animaux de tout poil ou plume (chevaux, chiens, rats, poules, poux, puces...) au milieu de cette grande boucherie est hallucinant. Leur sort et celui des hommes se confondent.
Il se termine par ces lignes:

"Or, on ne quitte pas cette guerre comme ça. La situation est simple, on est coincés: les ennemis devant vous, les rats et les poux avec vous et, derrière vous, les gendarmes. la seule solution consistant à n'être plus apte, c'est évidemment la bonne blessure qu'on attend faute de mieux, celle qu'on en vient à désirer, celle qui vous garantit le départ, mais le problème réside en ce qu'elle ne dépend pas de vous. Cette bienfaisante blessure, certains ont tenté de se l'administrer eux-mêmes sans trop se faire remarquer, en se tirant une balle dans la main par exemple, mais en général ils ont échoué; on les a confondus, jugés puis fusillés pour trahison. Fusillé par les siens plutôt qu'asphyxié, carbonisé, déchiqueté par les gaz, les lance-flammes ou les obus des autres, ce pouvait être un choix. Mais on a aussi pu se fusiller soi-même, orteil sur la détente et canon dans la bouche, une façon de s'en aller comme une autre, ce pouvait être un deuxième choix. (page 94)"

La seule équité d'une guerre est qu'elle distribue blessures, souffrances, infirmité, mort sans distinction de classe.
Les cinq soldats seront touchés à des degrés différents.
Lesquels reviendront dans leur village de Vendée et en quel état. Est ce que Blanche retrouvera son amant?

14 a été pour moi un vrai coup de coeur de la rentrée littéraire. Ce n'est pas un livre de plus sur la grande guerre, c'en est un autre.
Le ton de celui ci m'a semblé extrêmement juste.
Même si le texte, à l'image du titre et de la 4ème de couverture, est court, le style est riche et les phrases ciselées. Tous les mots semblent choisis avec minutie (à commencer par le prénom des appelés).
Je n'avais jamais lu Jean Echenoz. Je réalise combien mes lacunes étaient grandes.
J'ai commencé à les combler et je compte bien poursuivre...

Lien : http://leslivresdechris.blog..
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Simple et évident comme tous les bouquins de Echenoz; mais derrière la simplicité le poids du bon bouquin
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Un condensé remarquable et surprenant, un immense roman de 124 pages !!
Quelle découverte !
Anthime se promène à bicyclette par une journée d'août. Les sons des cloches raisonnent. C'est le Tocsin.
Le lecteur va suivre cinq hommes (Anthime, Charles, Borcis, Arcenel et Padioleau), appelés lors de cette journée de mobilisation en août 1914.
Blanche attendra le retour de deux d'entre eux…
C'est lapidaire, impertinent, caustique. Jean Echenoz parvient à raconter, retranscrire des carnets de guerre, et décrire cette grande guerre avec un procédé déroutant mais tellement pertinent.
« …Puis, s'arrêtant aussi net qu'il avait surgi, le grondement enveloppant du vent a soudain laissé place au bruit qu'il avait jusqu'ici couvert : c'était en vérité les cloches, qui venant de se mettre en branle du haut de ces beffrois, sonnaient à l'unisson dans un désordre grave, menaçant, lourd et dans lequel, bien qu'il n'en eu que peu d'expérience car trop jeune pour avoir jusque-là suivi beaucoup d'enterrements, Anthime a reconnu d'instinct le timbre du tocsin - que l'on n'actionne que rarement et duquel seule l'image venait de lui parvenir avant le son.
Le tocsin, vu l'état présent du monde, signifiait à coup sûr la mobilisation. »
« Les épargnés se sont relevés plus ou moins constellés de fragments de chair militaire, lambeaux terreux que déjà leur arrachaient et se disputaient les rats, parmi les débris de corps çà et là - une tête sans mâchoire inférieure, une main revêtue de son alliance, un pied seul dans sa botte, un oeil. le silence semblait donc vouloir se rétablir quand un éclat d'obus retardataire a surgi, venu d'on ne sait où et on se demande comment, bref comme un post-scriptum. C'était un éclat de fonte en forme de hache polie néolithique, brûlant, fumant, de la taille d'une main, non moins affûté qu'un gros éclat de verre. Comme s'il s'agissait de régler une affaire personnelle sans un regard pour les autres, il a directement fendu l'air vers Anthime en train de se redresser et, sans discuter, lui a sectionné le bras droit tout net, juste au-dessous de l'épaule. »
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