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Dicks tome 1 sur 3
EAN : 9782809431797
176 pages
Panini France (03/07/2013)
2.67/5   3 notes
Résumé :
En 1997, avant que Preacher ne le projette sur le devant de la scène, Garth Ennis crée avec son complice John McCrea (Saint of Killers), un duo de crapules, des natifs de Belfast qui ont ouvert une agence de détectives privés. Vous allez enfin pouvoir découvrir l?un des premiers chefs-d?oeuvre du maître Ennis, un petit bijou d?irrévérence et d?humour corrosif sur deux individus peu recommandables mais hilarants.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Ce tome est le premier d'une série de 3. Il comprend les 4 numéros initialement parus en 1997, publiés par Caliber Press, et réédité une première fois par Avatar Press en 2002, puis une seconde fois en 2012. Ce tome contient la version colorisée de ces épisodes, écrits par Garth Ennis, dessinés et encrés par John McCrea, et mis en couleurs par le studio Digikore.

L'histoire se déroule à Belfast, alors que Dougie Patterson est au volant de sa voiture, et qu'Ivor Thompson occupe le siège passager et lui demande d'aller plus vite car il doit absolument passer aux toilettes pour couler un énorme bronze. Il s'arrête donc chez Oncle Shuggie pour se soulager, et ce dernier leur demande de prendre soin d'Eve, son serpent apprivoisé pendant qu'il doit s'absenter. Ivor Thompson le prend en charge mais il ne peut pas s'empêcher de s'en servir comme d'un accessoire pour une blague en le collant dans le slip de Big Billy, lors de leur arrêt au pub. Ce dernier leur en veut à mort. le lendemain, Igor retourne chez Oncle Shuggie et il finit par lâcher le morceau : quelqu'un a écrasé Eve en lui roulant dessus. L'oncle en fait une attaque et meurt sur le coup. Pas de bol, Mister Bell arrive sur ces entrefaites et demande à Igor où se trouve la livraison de poitin (alcool à base de pomme de terre, issue d'une distillation maison). Igor lui promet de s'en occuper dans les plus brefs délais. Il est ensuite question du mariage proche de Dougie Patterson, et de la cérémonie prévue dans quelques jours.

Par la suite, Ivor Thompson se fait remarquer par sa vulgarité lors du repas de noce, et le père de Valerie Patterson (la mariée) le prend méchamment en grippe. Dougie est violemment malade pendant son voyage de noces, devant se rendre aux toilettes très rapidement et très fréquemment de toute urgence. Peu de temps après il finit par se faire mettre à la porte par son épouse. Igor a l'idée de monter une agence de détectives privés, certain d'avoir de la clientèle, car il n'y pas d'agence de ce type à Belfast. Par un concours de circonstances navrant, les 2 compères se voient remettre un chargement cocaïne qui ne leur était pas destiné. Ivor y voit immédiatement l'occasion de se renflouer et de distiller le poitin dont il doit une livraison à Mister Bell. Ils ne sont pas au bout de leurs déboires car ils découvrent que Big Billy travaille pour Mister Bell, et est accessoirement le vrai père de l'enfant de Valerie. Mais le père de cette dernière en veut toujours mortellement à son gendre de quelques jours. Etc.

En 1997, Garth Ennis a déjà quelques années de carrière derrière lui, ayant produit des scénarios pour Judge Dredd (publié dans l'hebdomadaire 2000 AD), des histoires pour la série de John Constantine (voir Garth Ennis présente Hellblazer tome 1 et suivants) et ayant débuté en 1995 la série qui l'a rendu célèbre Preacher avec Steve Dillon. Il a également réalisé 18 épisodes de la série The Demon (1993/1994) avec John McCrea. le lecteur sait donc que ce scénariste sait générer un humour très noir et irréconciliable avec le politiquement correct, dans des scènes d'anthologie qui marquent les esprits les plus blasés. S'il a lu les épisodes de The Demon, il sait également que John McCrea a choisi un registre graphique qui s'éloigne de plus en plus du réalisme pour la caricature et l'exagération comique. La couverture de ce tome montre qu'il est à fond dans ce registre, et un feuilletage rapide confirme qu'il est à bloc dans la parodie comique. S'il reste un doute au lecteur, il lui suffit de regarder le titre de la série, et de se souvenir qu'il est possible de la traduire littéralement par Détectives Privés, mais aussi par un terme vulgaire désignant la verge, ou encore comme une insulte pour personne se comportant comme un abruti vulgaire.

Effectivement dès la première page, il est question de passer aux toilettes pour se soulager d'une déjection monumentale, et par la suite Igor sort tous les stéréotypes les plus misogynes possibles sur l'institution du mariage et sur les femmes. Amis du bon goût, ne vous contentez pas de passer votre chemin, mais fuyez en prenant les jambes à votre cou. Garth Ennis ne fait pas les choses à moitié et débite des grossièretés et des obscénités à un rythme effréné qui ne faiblit jamais, même pas sur une seule page. le lecteur doit donc se préparer à la vulgarité la plus crasse : du vomi sur gâteau, des blagues scatophiles, des adultes mâles qui montrent leurs fesses avec un énorme gros plan sur le trou associé (un dessin en pleine page quand même), des coups de pied dans les bijoux de famille, du cocufiage, des insultes racistes et homophobes, un personnage avec un bras droit anormalement développé du fait d'une pratique immodérée de la masturbation, des jets de fluide corporel, des blagues graveleuses, une parodie de Predator (tiens ? qu'est-ce que ça vient faire là ?), des assassinats à bout portant pour un humour bien gras, etc. Ça n'arrête pas une minute ! Si le lecteur est allergique à cet humour scatophile et bien gras, ou si plus simplement ça ne le fait pas rire, inutile d'ouvrir cet ouvrage.

Les dessins de John McCrea sont totalement en phase avec l'exubérance crade du scénariste. L'artiste est dans l'exagération comique à chaque case, avec également une verve qui laisse pantois. Il a conçu des trognes inoubliables pour chacun des personnages, avec une méchanceté caractérisée pour tous les protagonistes masculins, tous plus bêtes ou répugnants les uns que les autres. le visage de Dougie Patterson respire la comprenette limitée, malgré une mise qui présente plutôt bien. Ivor Patterson est vulgaire à souhait, totalement à l'aise dans son manque de tact, de propreté, d'hygiène et de savoir-vivre, absolument insensible au regard des autres, et d'une bonne humeur qui n'a d'égale que son manque de retenu en tout. Les autres personnages sont tout aussi bien croqués que ce soit l'oncle Shuggie énorme, Big Billy et sa carrure de footballeur américain, avec un cou de taureau et pas une once d'intelligence dans son regard, Mister Bell en caricature d'italien mafieux, etc. McCrea joue à merveille des déformations morphologiques, pour accentuer les émotions sur les visages, ou pour les gestuelles un peu caoutchouteuses, évoquant celles de personnages de dessin animé.

John McCrea adapte sa manière de représenter les décors, pour être cohérent avec celle de représenter les personnages. Ils sont donc simplifiés comme dans des dessins animés pour la jeunesse, avec souvent des courbes en lieu et place de lignes droites pour augmenter la parodie visuelle et aboutir à des dessins plus dynamiques. le scénario étant tout feu flamme, McCrea peut s'en donner à coeur joie dans plusieurs registres. Il y a une moitié d'épisode qui évoque la jeunesse d'Ivor et Dougie encore enfants, fréquentant la même école, et John McCrea joue avec des représentations super-déformées sans leur donner le côté mignon que l'on peut trouver dans les mangas utilisant ce registre. le dessinateur n'hésite jamais à en rajouter dans l'exagération crade, à commencer par les cervelles qui giclent hors de leur boîte crânienne défoncée par une balle, ou les giclées de liquide séminal d'une abondance qui défie les lois de la nature. Dans le même temps, il ne joue pas sur la nudité féminine (même pour la péripatéticienne ne résistant jamais à la proposition des 3 partenaires masculins à la fois), ne la limitant qu'au strict nécessaire alors que la nudité masculine est régulièrement source de raillerie. le lecteur aura bien du mal à oublier, s'il y arrive un jour, ce dessin en pleine page et en gros plan de l'anus d'Ivor (excusez-moi, il faut que j'aille rendre).

John McCrea et Garth Ennis arrivent quand même à maintenir un fil conducteur que l'on peut qualifier d'intrigue dans chaque épisode, et des correspondances de continuité d'un épisode à l'autre. L'intérêt du lecteur reste donc entretenu par une progression dramatique dont il n'aurait pas soupçonné l'existence a priori. Il lui est difficile de se projeter dans de tels personnages, mais en même il ne peut pas s'empêcher de reconnaître que parfois (pas souvent quand même), il lui arrive de ne pas se montrer beaucoup plus futé qu'eux (mais pas souvent). Il se rend compte que McCrea & Ennis ont réussi à trouver le ton juste pour pousser la parodie jusqu'à l'absurde (quant aux blessures, aux péripéties à la bêtise) pour un humour dévastateur qui fonctionne parfaitement. Ce n'est pas une mince réussite que de savoir se montrer provocateur du début jusqu'à la fin avec un humour potache, bien gras qui tâche, de débiter les pires énormités, sans que jamais le lecteur ne puisse s'y tromper sur le fait qu'il ne s'agit à aucun moment de premier degré. C'est énorme du début jusqu'à la fin. Contre toute attente, la narration s'avère parfois instructive, que ce soit pour les stéréotypes sur les irlandais qui sont passés à la moulinette, ou pour le rendu des accents régionaux, parfois un défi à la lecture et à la compréhension, mais très savoureux. D'ailleurs, Ennis a pris la précaution d'intégrer un lexique de 8 pages à la fin de l'ouvrage et ça a dû être un défi à la traduction.

Il est impossible de recommander cette lecture à n'importe qui, et il ne suffit pas d'être un lecteur averti, il faut encore être consentant. Sous cette réserve de taille, le lecteur peut apprécier une verve comique et absurde d'une grande richesse tant dans les situations que dans les visuels, avec une inventivité dans le crade et la provocation difficile à croire, qui ne tarit jamais. Garth Ennis & John McCrea osent regarder l'humanité dans ce qu'elle a de plus vulgaire et réussissent à en faire une bande dessinée qui tient la longueur et qui est énorme de bout en bout. 5 étoiles pour les lecteurs avertis et consentants.
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Ce comics n'a réellement aucun intérêt scénaristique. C'est même assez vulgaire. En guise de divertissement, on aura droit à des choses très scato pour ne pas dire anti-catho. Peut-on tomber plus bas entre les losers et les alcooliques ? Je ne le pense pas.

Je crois que je ne suis pas assez réceptif pour ce genre d'histoire : c'est bien le cas pour autant qu'on puisse avoir un cerveau en bon état de fonctionnement. Grâce et élégance sont totalement absentes.

On pourrait également penser que mon avis est typiquement un avis abusif car il fallait réussir à aller jusqu'au bout. Cette lecture fut pénible entre crado et humour potache. Retenter une lecture pourrait même être perçu comme un véritable supplice. Ne surtout pas m'enterrer avec !

Au niveau du graphisme, c'est plutôt un dessin grossier au niveau du trait et assez simpliste avec par exemple des décors vides ainsi que des personnages dont les visages sont aussi moches les uns des autres.

Dicks est tout simplement ce qu'on pourrait appeler une oeuvre de mauvais goût. Cependant, il faut bien se rendre compte qu'il faut de tout pour faire un monde.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
L'ennui dans ce monde, c'est que les idiots sont sûrs d'eux et les gens sensés pleins de doutes.
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Vidéo de Garth Ennis
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