Ce tome comprend les épisodes 59 à 66, les derniers de la série.
Au début de cette série, Jesse Custer avait décidé de retrouver Dieu qui avait abandonné sa création pour exiger de lui des réponses. le moment est venu. Custer commence par rattraper les 2 anges qui étaient chargés de veiller sur Genesis et il obtient d'eux les dernières informations nécessaires à la mise en place de son plan. Pendant ce temps, là Herr Starr se demande que faire maintenant qu'il lui manque un oeil, une oreille, ses parties génitales et que son crâne porte une marque infamante à tout jamais. Tout converge vers un affrontement final à plusieurs niveaux.
Et voilà, le temps est venu pour Garth Ennis de clore son récit. La tâche s'avère aussi risquée qu'intimidante : le lecteur a suivi, Custer, Cassidy et Tulip pendant déjà une soixantaine d'épisodes, en comptant plusieurs numéros spéciaux et une minisérie (regroupés en 8 tomes), la résolution peut-elle être à la hauteur des attentes ?
Oui, elle l'est. Tout d'abord, le lecteur a le plaisir de voir passer une dernière fois tous les principaux personnages dont les situations ont droit à une résolution satisfaisante : Herr Starr, Hoover (qui revient sur ses journées passées à compter des grains de sable), Featherstone, Arseface (Face de fion), le Saint des Tueurs, le spectre de John Wayne... et même Dieu. Ensuite Ennis ne dénature pas son récit, il l'achève sur le même ton que le reste de la série. Ceci veut dire que le lecteur retrouve les mêmes ingrédients, avec des moments Ennis toujours aussi énormes (dont 2 scènes exceptionnelles d'Herr Starr en train de se soulager) et explosant la limite supérieure sur l'échelle du politiquement incorrect. le dénouement principal et les dénouements des intrigues secondaires sont satisfaisants et logiques. Ennis partage également son credo vis-à-vis de la religion avec le lecteur, et son point de vue (une fois séparé des éléments du scénario) tient la route, sans être ni un lieu commun, ni une pensée absconse.
Comme dans les tomes précédents, les dialogues entre personnages virent parfois à l'échange de points de vues philosophiques sur leur vision de la vie, sur le sens de l'amitié, de l'amour et ils prennent un caractère théâtral (pas désagréable, mais artificiel au milieu d'une bagarre, ou étiré au-delà du réaliste). Parfois même, le lecteur constate qu'Ennis revient plusieurs fois sur le même thème et commence à se répéter. C'est la preuve parfaite pour le lecteur qu'il n'y a pas de regret à avoir :
Garth Ennis a développé chacun des thèmes jusqu'à son terme, jusqu'à ce qu'il ait dit tout ce qu'il avait à en dire. Tout est dit, il est temps de tourner la page.
Steve Dillon a dessiné tous les épisodes de ce tome, comme tous les autres de la série. Il utilise une dernière fois tout son savoir faire pour que les conversations soient le plus vivantes possibles : conception d'une véritable mise en scène avec changements d'angle de vue, sans pour autant tourbillonner hors de contrôle autour des personnages. Et il a fort à faire lors des dialogues ou des monologues, entre le déchainement d'Herr Starr se lançant dans une diatribe sur le mésusage des guillemets, la tension entre Cassidy et Custer accoudés dans un bar, l'amour intense embrasant Tulip et Custer au lit, l'impatience du Saint des Tueurs écoutant Custer, les aveux de Featherstone et ceux d'Hoover, etc. En fait, la narration d'Ennis est tellement forte qu'il est facile d'oublier à quel point Dillon aura su illustrer toutes les horreurs possibles et imaginables et donner des visages inoubliables à chacun des personnages. Et pourtant graphiquement, Dillon réussit à tout faire passer : Herr Starr sur les toilettes (une scène peu ragoutante), les émotions très dissemblables qui habitent Hoover et Featherstone, la réalité vue par Lorena Bobbs, etc.
Le tome se termine avec des illustrations bonus de
Dave Gibbons,
Amanda Conner (Tulip, parfaite),
Carlos Ezquerra, John Higgins,
Dave Johnson,
J.G. Jones,
Brian Bolland (Arseface et Lorena Bobbs, inoubliables) et
Bruce Timm.
J'ai longtemps hésité à lire ce dernier tome. J'avais peur qu'il ne soit pas à la hauteur de mes espérances et je ne voulais pas dire au revoir à ces personnages. J'ai eu le plaisir de lire une fin satisfaisante qui ne laisse aucun regret.