Qu'est-ce que l'écologie industrielle ?
Ce qu'entend
Suren Erkman par "écologie industrielle" est la remise en question du modèle industriel linéaire ressources > produits > déchets (appelé écosystème de type I) au profit d'un système inspiré par le mode de fonctionnement cyclique des écosystèmes biologiques (type III, le type II correspondant à une étape entre les 2 autres). Dans ce système, "il est impossible de distinguer les ressources des déchets, car les déchets d'un organisme constituent une ressource pour un autre organisme. Seule l'énergie solaire constitue un apport extérieur". Les cycles dont ils dépendent sont donc très largement interconnectés. C'est précisément vers ce modèle que doit tendre la société industrielle pour préserver son environnement et assurer sa survie.
En quoi l'approche end of pipe (type II) est-elle critiquable ?
Aux yeux de
Suren Erkman, la stratégie de gestion des déchets en fin de vie comporte plusieurs problèmes principaux :
- elle est cloisonnée par département : le traitement d'une pollution pouvant très bien n'être que son déplacement vers un autre secteur ;
- elle est incrémentale : elle coute de plus en plus cher pour éliminer une proportion de plus en plus faible de polluants ;
- elle n'offre pas de vision globale : la spécialisation croissante du traitement des déchets renforce les barrières entre les disciplines.
Suren Erkman propose par son approche d'écologie industrielle d'ouvrir les méthodes de prévention à une perspective plus vaste qui se base sur l'ensemble du processus et de sa relation avec la Biosphère.
En pratique, ça donne quoi ?
Afin d'optimiser les flux de ressources et d'énergie de manière globale, il conviendrait de créer des associations caractéristiques entre différentes entreprises pour procéder à une valorisation systématique des biens échangés. Par exemple, "l'électricité produite par une centrale [à charbon] ne représente que 40% de l'énergie totale libérée par la combustion. Il existe donc une quantité d'énergie considérable, disponible sous forme de vapeur, qui pourrait être exploitée dans le cadre d'activités symbiotiques". Pour compléter l'éco-restructuration du sytème, d'autres attentions doivent être portées sur la minimisation des énergies dissipatives (dues au frottements notamment), des efforts doivent être faits pour dématérialiser les produits et les activités économiques et pour décarboniser l'énergie.
Quelles implications pour l'architecture et la ville ?
"L'écologie industrielle remet en cause le dogme traditionnel du zonage, basé sur la séparation des activités" car elle prône sur une interaction locale entre les différents secteurs auto-bénéfiques. Elle invite à "repenser la forme des agglomérations urbaines pour minimiser les stocks d'infrastructures", pour "diminuer les consommations de ressources induites par la structure et l'étalement du tissu urbain". Il faut "rendre l'« écosystème urbs » aussi compact et auto-suffisant que possible".