J.M. Erre est un professeur de français à Sète (près de Montpellier).
le mystère Sherlock est son quatrième roman. Reçu, il y a quelques jours, j'ai aussitôt commencé à le lire et je me suis faite happée à tel point que je ne l'ai plus lâché. Tous les ingrédients d'un roman réussi y sont : des personnages haut en couleurs (ou en peinture pour certains ;)); du policier du vrai avec un huis clos meurtrier dans un hôtel de Suisse bloqué par la neige qui a un petit côté Shinning; du burlesque; de l'humour.
L'une des caractéristique de l'auteur (et où on sent qu'il est professeur de français) c'est le maniement de la langue. Sans sortir du registre de langue courant frisant parfois le soutenu, vous allez partir tour à tour dans un match d'insultes ou dans des considérations très analytiques sur le lecteur et l'écrivain de romans policiers.
J.M. Erre a un style inimitable qui associe les expressions les plus improbables pour faire renaître la langue. Comme j'ai l'impression que je n'arrive pas bien vendre mes arguments, je vous mets deux citations qui parleront d'elles-mêmes.
"En elle bout une envie de meurtre à l'état brut dont on ne trouve guère d'équivalent que chez la hyène hypoglycémique ou le supporter de football à qui un arbitre coprophage enfanté par une péripatéticienne a volé un penalty."
" - Je renouvellerai simplement mon étonnement face à l'incompréhensible attrait des êtres de sexe masculin pour des glandes féminines destinées à abreuver des nourrissons avant de subir les conséquences fatales de la loi de l'attraction terrestre.
- Eh bien, soupira Dolorès, vous savez parler aux femmes, vous..."
Ce que j'ai adoré dans ce roman, c'est la scène où les universitaires viennent à tour de rôle, faire une visite pas très catholique, dans la chambre du professeur Bobo, pour savoir si oui ou non ils ont une chance d'obtenir la fameuse chaire d'holmésologie... J'ai eu un fou rire à la lecture de ce passage, un grand merci à l'auteur et au Bultex cela faisait longtemps que je n'avais pas autant ri en lisant un livre.
Dans ce roman, j'ai également beaucoup aimé l'analyse sur tout ce qui a trait à
Sherlock Holmes et les lectures à multiples niveaux qui peuvent en être faites. L'auteur s'est appuyé sur une solide bibliographie. Étant moi-même fan des aventures du célèbre détective, on retrouve parsemé dans tous les recoins, des anecdotes, des citations ou des hommages à l'oeuvre de
Conan Doyle. Mais, au delà du sérieux que l'on perçoit, l'auteur a pris un malin plaisir à faire dire les théories les plus farfelues possibles à nos universitaires holmésophiles convaincus... Ce qui donne lieu là aussi à des passages très savoureux. Et on se demande si M. Erre ne serait pas lui-même en train de briguer la chaire d'holmésologie... A tout le moins, a-t-il dû atteindre le niveau 7 en écrivant ce roman ;).
D'un point de vue de l'intrigue, le roman n'est pas en reste. J'ai été une "naïve volontaire" parfaite et me suis laissée bernée jusqu'au bout ou presque par la narration. Même si j'avais tout de même quelques doutes juste avant la toute fin du roman. Je cherche désespérément quelque chose qui m'aurait déplu, mais j'ai beau faire, rien ne vient à l'esprit. Pour une fois, la quatrième de couverture ne ment pas, c'est parfait "pour lutter contre la déprime ambiante"! Bonne lecture !
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