Quand on retrouve des auteurs qu'on aime bien, on a tendance à les associer à des thèmes ou des ambiances. Shin'ya Komatsu est le seul auteur que j'associe à une saison, en l'occurrence l'été car son éditeur français, Imho, a toujours sorti ses textes à cette époque-là.
C'est donc dans un désir de complétude, après avoir beaucoup aimé ses oneshots précédents que furent
Un été à Tsurumaki,
Souvenirs de la mer assoupie et
Tohu Bohu, que j'ai eu envie de découvrir ce première tome d'un recueil de petites histoires courtes rythmant au fil des saisons le quotidien d'une héroïne pourtant à juste titre le nom de Hibino Awako, ce qui signifie «
l'écume des jours ». Un hommage à
Boris Vian qui ne peut que me parler.
On retrouve en effet la douce folie de l'auteur français dans ces brefs moments d'une vie onirique un peu loufoque et enfantine mis en scène très brièvement dans des histoires de 4-5 pages par Shin'ya Komatsu, dans ce trait très rond qui la caractérise. Ce sont des histoires qui se lisent et s'oublient aussi sec mais qui mettent le baume au coeur à l'instant où on les lit car on prend plaisir à entrer dans l'imaginaire surréaliste de l'auteur.
L'ambiance est partout bon enfant et la mangaka tord le cou à tout ce qui pourrait mal tourner pour le rendre drôle et savoureux. Tout est prétexte à s'évader, s'amuser, se moquer, même de soi-même et prendre la vie du bon côté. Au fil des saisons, elle nous fait suivre le quotidien loufoque de son héroïne, qui se perd en suivant un drôle de chat comme dans le royaume des chats de Miyazaki, qui va dans une horlogerie manger des montres fondues comme chez
Dali, qui va aller à la découverte d'une boulangerie en mode Minipouss dans la campagne, ou qui va découvrir un parapluie magique lui faisant voir le monde autrement. C'est beau, c'est joli, c'est souvent enfantin et c'est terriblement poétique. Cela apprend à garder ses yeux d'enfant.
J'ai été un peu déçue de découvrir que le titre n'était qu'en noir et blanc, j'aurais adoré retrouver la douce couleur de l'auteur dans ces pages évoquant les saisons. J'ai aussi été un peu frustrée par le format avec ces histoires très courtes qui ne se suivent pas et ont peu de personnages fil rouge en dehors de l'héroïne et sa collège Delacage. J'ai préféré les précédents travaux de l'auteur arrivés chez nous même si celui-ci est un des plus récent s'étalant entre 2014 et 2017 dans sa parution japonaise.
Joli moment décalé savourant le passage des saisons dans un quotidien digne d'un conte de fée moderne revisité à la sauce fantastique japonaise, Les bâillements de l'après-midi porte bien son titre car tel un songe, il nous invite à nous immerger dans notre imaginaire d'enfant et à garder ce regard pur sur le monde, même celui parfois morose de la vie d'adulte. Une parenthèse enchantée mais parfois un peu trop éphémère.
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