Le discours

Sur cette histoire au concept assez simple, Fabrice Caro s'éclate et, grâce à son humour, éclate le lecteur. On s'amuse (presque) du désespoir d'un Andrien qui traverse une mauvaise passe. Celui-ci se raconte tout au long de ce repas et décrit ce qui le rend pathétique à ses yeux... mais attachant. Il évoque aussi, sans le dire, notre époque et les galères qui l'accompagnent. Un livre drôle et plus intelligent qu'il n'en a l'air.
Lien : https://www.instagram.com/p/..

Je connais Fabcaro pour ces BD. J'adore ces histoires absurdes, mais tellement proches de la réalité. Et je me suis laissée embarquer dans ce roman, qui m'a beaucoup amusée.
Je venais de finir deux romans un peu rude, j'avais besoin de légèreté et de divertissement : c'est réussi. Et sous couvert d'humour, les relations humaines, celles qu'on connait tous sont décortiquées... je suis sûre que tout lecteur doit se reconnaitre au moins une fois dans ces pages.
C'est tout de même assez réaliste, comme ses BD finalement.

« Le discours » aurait pu s'intituler « Le dîner ». C'est en effet autour d'un repas familial qu'est construit le roman de Fabrice Caro.
Quant au speech dont il est question, il se réfère à une demande formulée par Ludo, le futur beau-frère d'Adrien. « Tu sais, ça ferait très plaisir à ta soeur si tu faisais un petit discours le jour de la cérémonie » lance le fiancé.
Une angoisse saisit le narrateur, non seulement parce qu'il est d'une timidité maladive, mais aussi parce que sa compagne vient de le quitter pour faire une pause et qu'il lui a envoyé un SMS stupide, alors qu'il s'était promis de s'abstenir. Mais l'amour était plus fort et, avec lui, le désespoir de l'abandon.
Avec son humour un brin absurde qui vise toujours juste, Fabrice Caro a le don de s'emparer d'un homme ordinaire, dont la maladresse donne lieu à des quiproquos cocasses, pour se moquer gentiment de la famille, cette communauté étouffante qui fonctionne selon des règles immuables.
Il fait d'un dîner de famille une pièce de théâtre où chacun joue un rôle et dans laquelle personne ne s'écoute ni ne se comprend.
« Le discours » est une lecture délicieuse qui, mine de rien, pointe du doigt la profonde solitude de son antihéros, un loser magnifique victime de l'ignorance de ses proches de ce qu'il est vraiment, quelqu'un qui donne le change pour cacher son mal-être et le désamour dont il est l'objet. Et dire qu'on trouve ça drôle ! Il est vrai que le malheur des autres a quelque chose de réjouissant. Surtout quand il est mis en scène par Fabcaro.

EXTRAITS
J'ai quarante ans et j'achète des Tic Tac pour cacher à mes parents que je fume, voilà où on en est.
Il découvrait qu'il y a pire qu'un échec amoureux : l'échec d'un échec amoureux.
Lien : http://papivore.net/litterat..

Après le mur d'Hadrien, le monologue d'Adrien, « tombé dans une faille spatio-temporelle, bloqué à table avec (ses) parents, (sa) soeur et (son) futur beau-frère, pour l'éternité, à redire les mêmes phrases, à reproduire les mêmes gestes… ».

Adrien est là, sans l'être. Il ne dit rien de lui, à ce repas "huis-clos". Anti-héros insignifiant si l'on en croit les trois catégories qui divisent le monde, selon sa mère : « ceux qui ont un cancer, ceux qui font construire et ceux qui n'ont pas d'actualité particulière », écrasé par le « vide du présent » comme « le trop plein du passé », il égrène ses angoisses : le silence de Sonia, sa compagne, qui « fait une pause » depuis plus d'un mois, l'absence de tics tacs dans sa boite à gants alors qu'il vient à 40 ans de fumer en cachette de ses parents, le discours que son futur beau-frère lui a demandé, pour le mariage qui approche, un « geste messianique » impossible puisque sa soeur est comme une étrangère ou presque.

Si sa mère savait, elle lui dirait « tiens bois du jus d'orange ». Magie de l'humour décalé de Fabcaro. Même si l'exceptionnel « Broadway » est encore plus drôle.

LE DISCOURS DE FABRICE CARO

Ça faisait longtemps que j'avais lu un livre aussi désopilant à en avoir les larmes aux yeux. Je le recommande chaleureusement.

Cinq personnages à table et des pensées qui virevoltent dans toutes les directions, en particulier vers une amoureuse ayant besoin d'une pause. Un discours qui ne parvient pas à prendre forme en prévision du mariage de la soeur du protagoniste. Voilà qui pourrait également faire l'objet d'une pièce de théâtre.

J'aimerais retrouver ce genre d'humour plus souvent dans mes lectures. Des suggestions ?

Ça démarre très fort en éclat de rire, c'est drôle puis drôle puis ça s'essouffle un peu en terme de fou rire mais c'est tout même plaisant et sympa à lire, comment faire un roman avec le postulat de départ: mon beau frère me demande de faire un discours à son mariage... Belle perf !

j'ai beaucoup aimé découvrir l'écriture de Fabrice Caro a travers son fameux discours. il est vraiment vraiment drôle son roman ! c'est rare que je rigole autant devant un livre. mais à côté de l'aspect humoristique il y a également une petite pointe de philosophie sur la vie.

On m'a offert ce livre en me disant " le personnage principal m'a beaucoup fait penser à toi ".

Je l'ai donc lu et je suis un peu partagé.

D'un coté j'ai trouvé le livre assez juste et drôle à de nombreux moments,bien écrit et touchant.

J'ai aimé ce personnage principal du nom d'Adrien qui porte un regard lucide et sarcastique sur le monde et son entourage.

Et puis je me suis rendu compte que Adrien appliquait un peu la logique du " tous des cons sauf moi " et que s'il se plaignait beaucoup dans ses pensées (et auprès du lecteur) ça ne lui venait jamais à l'esprit de dire à son entourage ce qu'il ressentait.

Dès lors comment vouloir de leur part qu'ils se comportent différemment ?

Tu détestes le fait qu'à chacun de tes anniversaires ta soeur t'offre une encyclopédie,que tu ne vas jamais lire parce que tu détestes ça ?

Mais dis le bon sang sinon bien sur qu'elle va continuer surtout que ça l'arrange !

Ton beau frère te saoule à vouloir que tu fasses un discours de mariage alors que tu n'en as pas du tout envie,que tu te mets dans des états pas possibles parce que tu n'as aucune idée de ce que tu vas dire et que tu ne veux pas ruiner le mariage avec un discours de m.... ?

Mais dis lui bon sang de bois !

T'en as marre de ton père qui raconte toujours les mêmes anecdotes inintéressantes et de ta mère qui ne comprend rien à ta douleur ?

Là encore si tu fermes ta gueule ça risque pas de changer !

Mince tu es en couple depuis 1 an et ils ne sont même pas au courant !

D'ailleurs parlons en de ce couple :

Tu es avec une fille qui a décidé de faire un break sans te donner aucune explication,dont tu n'as pas de nouvelles depuis plus d'un mois, et quand tu lui envoie un sms pour prendre de ses nouvelles elle ne te répond pas.
Et cerise sur le cake quand tu fais des crises en pleine nuit qui vont à un point ou tu as vraiment peine à respirer et ou tu souffres sincèrement,elle te sort le lendemain au petit déjeuner " tu es pénible si tu vivais en Afrique tu saurais ce qu'est la souffrance ".

Mais bon sang fuis pauvre fou ! Cette fille est une garce doublée d'une égoïste qui se fiche bien de ce que tu peux ressentir !

Mais non faut que tu lui envoies un texto,puis que tu trouves une excuse bidon pour lui en envoyer un autre,que tu te tortures pendant tout un repas de famille à te demander pourquoi elle te répond pas et à te dire que c'est parce que t'a mis le mauvais point à la fin de ton texto ...
Et quand enfin sa majesté daigne te répondre tu en conclu que ça y est c'est reparti comme en 40 ...

Désolé de te dire ça mais tu es pathétique.

Cela étant je suis là à donner des leçons mais au final est-ce que je ne fais pas justement ce que je reproche à Adrien ?

Est-ce que je n'agirai pas pareil si j'étais à sa place ?

Si on m'a dit que je lui ressemblais c'est qu'il devait bien y avoir une raison ?

Et puis quand on voit le malaise que crée une banale réflexion sur une pâte à tarte pas suffisamment tourée on peut comprendre pourquoi Adrien ne l'ouvre pas davantage vis à vis de sa famille.

Et puis si on disait tout ce qui nous passait par la tête on serait seul et haï de tous.

Donc voilà je suis partagé mais ça reste un bon livre et je suis content de l'avoir lu.

J'avais dans un premier temps été tenté d'aller voir le film au cinéma mais je me suis dit que lire le livre avant serait sans doute mieux. Résultat : j'ai beaucoup apprécié le livre et plus vraiment envie de voir son adaptation au cinéma.

Le style de narration très particulier m'a tout de suite accroché grâce à un style qui fait mouche à presque chaque phrase. J'ai complètement adhéré à cet humour que j'aurai vraiment du mal à qualifier. de même que je vais avoir du mal à vous en dire plus sur ce roman, si ce n'est que je vous le conseille très vivement.

Et je n'ai pas vraiment l'intention de regarder le film car à la vue de la bande annonce, et des échos que j'en ai eu, c'est un simple copié-collé du livre.

- Un discours ! un discours ! un discours !
- Bon, mais je vais faire court parce qu'il ne faudrait pas déborder sur les nombreuses autres critiques de ce livre, parce que convenez-en c'est souvent chiant un discours, et que j'ai une envie furieuse d'aller fumer une clope.
C'est donc le livre de Fabcaro qui nous réunit aujourd'hui.
Tu permets que je t'appelle Fabcaro ?
C'est donc qu'il me faudra parler ici d'une histoire d'amour qui se meurt, de l'attrait pour les encyclopédies et d'un certain dégoût pour le poivron !
Et d'Adrien, naturellement ...
Qui n'a pas été un peu, à un moment ou à un autre, comme Adrien dans sa vie ?
Coincé qu'il est entre une rupture mal digérée et un discours mal formulé.
Qui n'a jamais été celui dont on ébouriffe les cheveux ?
Adrien est immature, il est un peu lâche.
Pensez- donc, à quarante ans passés, il a dans sa voiture une boîte de tic-tac pour cacher à ses parents qu'il fume !
Mais la vie n'est-elle pas finalement faite que de petites lâchetés ?
Adrien vient de se faire larguer comme une vieille paire de chaussettes par Sonia qui a décidé de faire une pause.
Il est stressé, il attend une réponse au message qu'il vient de lui envoyer ...
Sache-le, Adrien, la vie est une mobylette à laquelle on a retiré sa béquille !
Dès les premières pages de ce livre, Fabcaro entre dans l'intimité de son personnage principal "Adrien".
On peut même dire qu'il s'est insinué dans son cerveau pour y saisir la longue suite de ses angoisses et de ses espoirs, de ses réflexions intérieures et de ses pensées vagabondes.
Il semble qu'il ait découvert un portail qui mène, non pas dans la peau de John Malkovitch, mais dans la tête d'Adrien.
C'est assez fantaisiste, souriant mais finalement très humainement contemporain.
C'est habile, drôle et efficace.
Mais Fabcaro a aussi instillé dans son petit récit introspectif un suspens insoutenable.
Va-t-elle répondre oui ou non ?
Va-elle revenir ?
Est-elle partie pour un bellâtre ténébreux à guitare ?
Autant de questions que tous autant que nous sommes, réunis autour de nos critiques de ce livre, nous nous sommes un jour posées.
Le récit est aussi finement articulé par de petits et judicieux renvois qui sont comme une suite de tendres clins d'oeil un peu moqueurs à l'encontre de son personnage.
C'est bien vu et bien écrit.
Bref, au regard d'un chagrin d'amour, chacun fait c'qui lui plait !
Et mes cigarettes sont toutes fumées dans le cendrier !
Il ne me reste plus qu'à aller boire un verre de jus d'orange ...