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Jane Fillion (Traducteur)
EAN : 9782070494187
219 pages
Gallimard (28/02/1994)
3.17/5   3 notes
Résumé :
Les cadavres, on les entassait dans des camions, à la tombée de la nuit, pour les jeter dans des fosses hâtivement creusées. Pourtant, il y avait un cadavre de trop, ce jour-là, à Budapest... L'inspecteur Nemetz mène son enquête, tranquillement, malgré l'insurrection qui fait rage autour de lui, ou peut-être pour n'avoir pas à prendre parti, pour se garder une raison de vivre. Mais quand il pressentira la vérité, il tentera l'impossible pour sauver l'assassin.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Anecdote révélatrice : sur la couverture de la première édition de "The Fifth Woman" de 1963, il n'y a pas de Maria Fagyas, mais juste M. Fagyas, comme si le "Crime Club" des États-Unis, qui est à l'origine de la publication du livre, craignait qu'un thriller écrit par une femme n'allât pas vendre ! L'ironie veut qu'elle a raflé le Prix Edgar-Allan-Poe avec cette oeuvre.
Et, dans les années 1960, il y avait déjà une certaine Agatha Christie !
Mon exemplaire acheté à une brocante sort de la Bibliothèque de Fallsington, Pennsylvanie, et bien que fort abîmé, constitue de nos jours une réelle rareté.

C'était le premier livre de la pauvre Maria, née à Budapest en 1905 et qui s'était mariée à Berlin à l'âge de 20 ans avec le cinéaste viennois Ladislau Bush-Fekete, pour partir ensemble aux États-Unis en 1937. À ce moment, elle ignorait encore la langue anglaise. C'est cependant dans cette langue qu'elle a rédigé ses 6 ouvrages, parmi lesquels son chef-d'oeuvre, le thriller historique "Le lieutenant du diable" en 1970. Un best-seller et un succès cinématographique dans la réalisation de John Goldschmidt de 1984, avec entre autres Claudine Augier, décédée en décembre dernier.

Récemment, le12 juin 2020, j'ai fait un billet de son roman historique "Draga" relatif â l'assassinat du couple royal serbe, Alexandre 1er et son épouse la reine Draga, en 1903.

Maria Fagyas a situé son roman dans sa ville natale au cours de ce que les historiens ont appelé "l'insurrection de Budapest" du 23 octobre au 10 novembre 1956. Une protestation populaire, lancée par les étudiants, contre les apparatchiks mis au pouvoir en Hongrie par Moscou. En 18 jours la révolte fut brutalement écrasée par l'armée soviétique, faisant plus de 2.500 morts du côté hongrois et environ 700 Russes.

Le samedi 27 octobre 1956, le commissaire Lajos Nemetz du bureau des homicides, 59 ans, se rend à son bureau à travers les décombres, les morts et les flaques de sang que le passage des chars russes a laissé. le bâtiment de la police est vide à l'exception de sa vieille secrétaire Irène.

À peine installé derrière son bureau, l'élégante Anna Toth, 33 ans, se pointe pour solliciter la protection de la police contre son mari qui lui a promis de la tuer. Son mari est le chirurgien Zoltan Halmy, 37 ans, qui a l'intention de s'évader en Autriche avec sa maîtresse. Après avoir signé sa déposition, elle part, plutôt déçue.

Lorsque Nemetz rentre vers 10 heures et demie chez lui, il repasse devant la boulangerie, où en allant au boulot, il avait vu le corps de 4 femmes, victimes du feu des soldats ennemis, rangés sur le trottoir du Boulevard du Musée. Or, maintenant il y a 5 corps et lorsqu'il retourne le dernier corps, il constate avec horreur qu'il s'agit... d'Anna Halmy-Toth !

Le commissaire est fâché sur lui-même qu'au bout de 36 ans de service au bureau des homicides son fameux sixième sens l'a manifestement trahi : il n'a absolument pas perçu les signaux d'une tragédie imminente.

Je vous laisse découvrir l'enquête de Lajos Nemetz qui est à présent un homme doublement ou triplement motivé.

L'originalité du récit de Maria Fagyas réside, bien entendu, dans le camouflage d'un (vulgaire) meurtre civil comme le résultat d'une malencontreuse opération militaire.
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De temps en temps il est bon de se replonger dans des romans parus il y a plus de vingt ans, en l'occurrence pour celui-ci en 1994 à la Série Noire (même si publié initialement en 1964). Ce roman nous plonge dans la révolution hongroise de l'automne 1956 qui a vu le peuple et plus particulièrement celui de Budapest se soulever contre l'oppression russe et le régime communiste en place. Dans cet environnement explosif, qui voit les chars russes attaqués au cocktail molotov par de jeunes résistants, des immeubles rasés et des maisons détruites ensevelissant leurs habitants sous les décombres, on fait connaissance avec l'inspecteur Nemetz qui découvre le « cadavre de trop » dans les ruines, le corps d'une cinquième femme qui apparait pour à nouveau disparaitre des décombres où il se situait. Pour l'inspecteur, cette affaire mérite des éclaircissements car il y a potentiellement meurtre. En effet la veille, cette même femme était venue lui demander protection contre son mari qui voulait l'assassiner afin de pouvoir s'enfuir en Autriche avec sa jeune maitresse. Mais, dans le contexte d'insurrection civile, de cette guerre fratricide, mener une enquête n'est pas de tout repos : le principal suspect, médecin de son état, est en effet indispensable à l'hôpital où il tente de soigner les blessés de tout bord, alors que la majorité des effectifs a fui à l'étranger, les éventuels témoins tentent surtout de sauver leur peau et il faudra beaucoup de patience et d'obstination à l'inspecteur Nemetz pour découvrir la vérité.

Un roman policier, témoin de son temps et des soubresauts de l'histoire : tel est le propos de ce livre écrit par une écrivaine américaine d'origine hongroise, ce qui explique sans doute que l'atmosphère particulière de ce mois de novembre 1956 à Budapest ait été si justement restituée. Un drame mêlant espoir et résignation, douleur et colère, avec en avant-propos cette enquête policière. Celle-ci ne tient que par la seule volonté de l'inspecteur Nemetz, dont la vie de solitaire n'a de sens que grâce au métier qu'il exerce. Sa qualité de policier suinte par tous les pores de sa peau mais il n'en reste pas moins empli d'humanité, compte tenu de la situation qui voit ses compatriotes, ses voisins, ses proches, disparaitre sous la force de frappe russe. L'écriture est fluide, le tempo parfaitement rythmé et l'auteure ne nous gâche pas le suspens trop tôt, la vérité n'éclatant au grand jour qu'en toute fin de livre. Mais est-ce finalement l'essentiel quand on découvre ce qu'il advient du coupable ?
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
À deux cents mètres de la boulangerie, Nemetz buta contre le corps d’un petit garçon étendu entre les cariatides qui s’étaient écroulées avec le balcon qu’elles soutenaient. L’enfant, tête nue, était bien chaussé et portait un blouson doublé de fourrure. Son béret bleu marine était à moitié enfoui sous les éboulis. Il avait une profonde blessure à la tempe et ses cheveux blonds étaient emmêlés et poisseux de sang coagulé. Il était couché sur le côté et il était bien difficile de dire s’il avait été tué par une balle ou par un moellon détaché du mur. Nemetz grava dans sa mémoire le numéro de l’immeuble afin de pouvoir le signaler au Bureau des Personnes disparues, au cas où ce bureau fonctionnerait encore. On n’allait pas tarder à se mettre à la recherche de ce petit garçon. En ce moment même, ses parents se disposaient sans doute à se mettre à table et sa mère se promettait de lui donner une bonne raclée pour lui apprendre à rentrer à l’heure.
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En fait, il n’aimait que son neveu et n’éprouvait pour sa nièce qu’un sentiment de devoir et de responsabilité. C’était une gosse insupportable, au physique ingrat, et qui cherchait par tous les moyens à attirer l’attention sur elle. Elle avait une peau terne, une bouche en coup de sabre, des lèvres minces et était entièrement dépourvue de grâce et de fraîcheur enfantine. À douze ans, on imaginait déjà ce qu’elle serait à cinquante. Le garçon, en revanche, avait le charme cocasse et la vitalité d’un jeune chiot. Il avait onze ans, des cheveux blonds aux reflets roux, et il était plutôt petit pour son âge.
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Dans une ville menacée par la famine, il fallait beaucoup d’ingéniosité et d’obstination pour se procurer des légumes frais ; on comprenait qu’une femme aussi énergique n’ait pas voulu perdre sa place dans la queue sous le simple prétexte qu’un blindé russe surgissait à l’angle de la rue. Lorsque le char avait ouvert le feu, il était trop tard pour fuir. Cette femme et ses trois compagnes n’avaient sans doute pas eu le temps d’avoir peur. Les balles avaient dû les faucher avant même qu’elles se rendent compte qu’elles avaient fait la queue pour rien.
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Il y a des gens qui se refusent à voir la vérité en face... Quatre mille chars et deux cent mille hommes ! Avec quoi les repousser ? Avec du vent ?( Vous savez ce qu’a dit hier le général Grebennik ? Qu’il ne retirerait ses troupes de Hongrie que le jour où les poules auraient des dents.
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Dans cette ville de fous ? On ne peut même plus aller acheter du pain sans risquer de se faire tuer ! Cette femme, elle a dû recevoir une balle, plus loin, au bout de la rue, et quelqu’un l’aura traînée jusqu’ici pour qu’on l’emmène avec les autres.
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