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sur 9834 notes
Impossible de lire Petit pays sans y investir sa sensibilité personnelle. J'ai pourtant essayé. Sachant que ce roman s'inscrivait dans le contexte des abominations commises au Rwanda en 1994, j'étais bien décidé à le lire en me tenant à distance, afin de me protéger de pages dont je prévoyais qu'elles pourraient être insoutenables.

Et je me suis fait avoir ! Car le début du livre est délicieux, drôle, touchant ; l'écriture est fluide, limpide, lumineuse. J'ai baissé la garde, comme anesthésié. La toile de fond dramatique des événements n'est apparue que peu à peu. A l'instar des personnages du roman, c'est de façon presque insensible que je me suis trouvé embarqué dans une spirale d'émotions « en tour d'écrou », pour paraphraser Henry James : appréhension, inquiétude, incrédulité, effarement, accablement, ... et par moment l'horreur !

Au début de l'histoire dont il est le narrateur, Gaby n'a pas encore onze ans. Il vit alors à Bujumbura, capitale du Burundi. Papa, un entrepreneur français, a les cheveux clairs et les yeux verts. Maman est native du Rwanda, l'état voisin. Elle est très belle : « une beauté svelte, à la peau noire ébène »... Un physique de Tutsi, l'une des ethnies peuplant cette région de l'Afrique des Grands Lacs.

Les Tutsi constituent une caste dominante au Burundi. Au Rwanda, ce sont les Hutu, plus nombreux, qui sont au pouvoir. Hutu et Tutsi se haïssent. Ils se haïssent tellement que les meurtres inter ethniques sont fréquents et massifs. Jusqu'au génocide de 1994, où en trois mois, près d'un million de Tutsi seront victimes de l'acharnement des Hutu à les exterminer. S'en suivront, dans la région, des représailles à n'en plus finir. Des événements tragiques qui ont fait la une de nos journaux, d'autant que les forces d'interposition françaises s'étaient retrouvées quelque peu en porte-à-faux…

Les événements et leur enchaînement en 1993 et 1994, Gaby les découvrira au fil des mois au travers des témoignages de ses proches. Terrifiant ! Un rude apprentissage de la réalité, auquel il cherchera à résister avec candeur. Il sera finalement contraint de s'y soumettre, comme tous les petits garçons qui se façonnent dans les épreuves qu'ils traversent... ainsi que dans les bêtises où les copains les entraînent...

Comme bêtise entre garçons, il y a le « t'es pas cap'... ». Comme de sauter du grand plongeoir ; classique pour un gamin challengé par les copains. Mais s'il faut lancer un Zippo allumé sur une voiture arrosée d'essence, c'est ... autre chose !... Sortie brutale du cocon de l'enfance, de l'innocence, de la neutralité insouciante ! Même les enfants sont amenés à choisir leur camp. de gré ou de force.

Jusqu'à alors, Gaby avait vécu dans une sorte de jardin d'Eden, une impasse tranquille, arborée et fleurie d'un beau quartier de Bujumbura. Des villas habitées par des familles d'occidentaux expatriés et de notables africains. Gaby et ses copains y vivaient en marge de l'existence rude de la population africaine. L'impasse : un symbole de havre de paix fermé aux passages non désirés.

Lors de la guerre civile, tout va changer. Gaby verra son impasse profanée, sa famille fracturée, son paradis perdu. La spontanéité des Burundais, qui les amenait à se laisser aller sans retenue à la gaité, à l'amitié, à la fête, les fera basculer sans plus de retenue vers la colère, la haine et la violence.

Vingt ans plus tard, Gaby est resté marqué par le symbole de l'impasse. C'est ainsi qu'il qualifie son pays d'accueil, la France : une immense impasse, une sorte d'oasis tranquille où les bruits et les fureurs du monde ne parviennent qu'assourdis.

Perdure l'envie de retourner à Bujumbura ! L'occasion se présente : récupérer un ensemble de livres légués par une vieille voisine qui l'avait initié à la littérature. Départ en forme de quête, à la recherche de l'impasse, des parents, des amis, de l'enfance perdue...

Et une dernière scène qui m'a bouleversé aux larmes : dans le fond d'un bar, une vieille femme, qui n'a plus toute sa raison, évoque en radotant des taches au sol qui ne partent pas... Des propos incompréhensibles pour ceux qui l'écoutent – et qui d'ailleurs ne l'écoutent pas ! – mais qui m'ont replongé dans l'une des pages les plus poignantes du livre... Gaby repartira-t-il de sitôt ?

Gaël Faye, l'auteur, est un brillant poète et rappeur – qui me fait penser à Stromae. Il a le même âge que Gaby. Comme lui, il est né au Burundi, d'un Français et d'une Rwandaise. Il précise qu'il n'a pas vécu ce qu'a traversé Gaby. Il aurait pu. Il l'a imaginé dans Petit pays, son premier roman, magnifiquement écrit. Un témoignage sur le vif. de l'émotion à l'état pur.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Il y a plusieurs semaines de cela, j'ai lu sur Babelio des citations extraites de ce livre dont j'avais déjà entendu parler en raison de l'immense succès - ô combien mérité - qu'il a connu dès sa parution.
Immédiatement conquise, j'ai donc cessé, séance tenante, de lire toutes les publications s'y rapportant et me suis offert le livre. Je tenais à conserver un oeil neuf afin que la découverte soit totale.
Et, bon sang, que cette découverte fut belle !
Moi qui, habituellement, suis relativement hermétique aux questions géopolitiques, je me suis plongée sans réserves dans cette histoire, et cela dès les premières lignes. Comme quoi, dès lors que les choses nous sont relatées clairement - dépouillées de ces rébarbatifs jargons d'experts - on peut comprendre et par conséquent s'intéresser à tout.

L'écriture de Gaël Faye est fluide, simple tout en étant de qualité. Sa narration est enlevée, il nous raconte, nous parle, nous emmène et on le suit.
Il ne suffit pas de savoir écrire pour être un grand auteur, il faut aussi savoir transmettre. Et, ce don qui requiert autant de générosité que d'intelligence et d'humilité... Gaël Faye, il l'a !
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« le génocide est une marée noire, ceux qui ne s'y sont pas noyés, sont mazoutés à vie »

C'est un petit coin du monde magnifique avec des collines et de la verdure partout, près d'un lac, en équilibre instable sur le Rift qui peut le secouer de façon violente et inattendue. C'est l'histoire d'une haine absolue, réprimée comme sous un bouchon de lave qui peut exploser d'un coup en un abominable génocide.

À Bujumbura, au Burundi, à deux pas du Rwanda, le pays de sa maman, Gaby et ses copains ont onze ans et partagent des jeux dans leur petit monde doré, une société faite d'expatriés plus ou moins racistes, de toutes les nations d'Europe et de métissages divers, rwandais, zaïrois, Hutus et Tutsis.

Entre plongeons au club nautique, cueillette des mangues, anniversaires et fêtes de quartier, se profilent la fin de l'enfance et d'un monde heureux. Une violence latente laisse augurer l'orage qui arrive.

Gaël Faye nous raconte avec une intense passion et une langue magnifique ce moment de bascule, la fin de l'innocence, où un monde d'insouciance s'écroule dans un flot de sang sur les lames des machettes.

C'est vraiment un très beau roman douloureux, entièrement dans la retenue sur l'indicible, peuplé d'un million de fantômes, une musique triste et pudique sur l'identité, l'entre deux, le deuil, la culpabilité et l'exil.
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« Je suis une semence d'exil d'un résidu d'étoiles filantes. »

C'est poétique et tragique, c'est le chant de Gaël qui résonne dans ma tête.
C'est le destin d'un gamin favorisé dans un Petit Pays d'Afrique qui chavire.
Cette fois sont les petits à gros nez contre les grands à nez fins.
Ce sont les Hutus contre les Tutsis.
C'est un génocide, le début de la souffrance, la fin de l'enfance pour Gaby et Ana…


Parfois, j'en ai assez des exactions, des morts, des guerres, des pogroms et des génocides.
Et pourtant je ne m'en lasse jamais vraiment, j'y retourne sans arrêt :
Avec les khmers qui exterminent les cambodgiens dans « Avant la longue Flamme rouge » de Guillaume Sire.
Avec les polonais assassinés par les allemands dans « Une si petite extermination » d'Anna Janko.
Avec l'agonie de milliers d'arméniens dans « Erevan » de Gilbert Sinoué.

C'est comme une démangeaison, qu'y a-t-il de plus agaçant que d'avoir envie de se gratter ?
Qu'est ce qui est meilleur que le soulagement de l'arrêter ?

J'ai besoin de savoir pourquoi et comment on peut continuer à vivre malgré les cauchemars qui doivent les habiter.

Alors, je bois les mots de ces auteurs, je vibre avec leurs phrases, je m'imbibe de leur chagrin, la goutte au nez. Ni gros, ni fin, juste humide de la larme qui dégouline de l'insoutenable.
C'est beaucoup plus fort que les infos balancées au gré des priorités journalistiques du vingt-heures quand pourtant tu manges ton gratin de pâtes devant tant de misère.

La pudeur de Gaël Faye m'a ému quand on perçoit le malheur l'assaillir.
Son refuge, la lecture, va l'aider à vivre son quotidien qui se délite.

L'écriture, la musique et le chant vont devenir ses exutoires.
Il lui en aura fallu du talent pour exprimer la perte, la fuite, la peur, le courage et l'émoi.
L'avoir condensé dans ce livre, c'est juste ce qui t'emporte dans une explosion de frissons.



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Comme un mirage, Petit Pays trompe d'abord son lecteur par la séduction, le charme, le plaisir qu'il distille à chaque page.

Je me suis bêtement dit : « Ouf ! Plus de suicides, de meurtres, de fait divers sordide, de déluge punitif, voilà un récit d'enfance qui va me dépayser et me divertir un grand coup, au milieu du flot de titres particulièrement sombres de cette rentrée littéraire 2016! ».

Hélas, les enfances trop paradisiaques on attend toujours qu'un archange courroucé les chasse de leur Eden, manu militari, et les envoie se colleter avec la réalité.

Il ne manquait que le génocide à la déjà longue liste des atrocités de cette rentrée flippée…Avec Petit Pays, c'est chose faite.

Mon mirage s'est donc dissipé bien vite, en même temps que se fissurait le « petit pays » de cocagne et de joyeux brigandage de mangues entre potes- petit pays que cette petite impasse des « enfants gâtés » de Bujumbura, elle-même enclose dans le « petit pays » du Burundi, où des réfugiés de tout poil, issus du Rwanda ou du Zaïre, se mêlent aux fonctionnaires français , allemands, grecs ou belges, expatriés de longue date et le plus souvent mariés à de belles Tutsies.

Nous sommes en juin 1993 à la veille de l'avènement de la démocratie au Burundi après « trente années de règne sans partage de l'UPRONA », le parti militaire au pouvoir, et au moment du premier vote libre…mais ce n'est pas l'UPRONA qui gagne les élections. Une ère nouvelle commence, dans l'euphorie, même si certains restent réservés, voire méfiants…

Ils n'ont pas tort : la fête démocratique va tourner, quelques mois plus tard, au cauchemar, quand, après qu'un même avion abattu a vu mourir les présidents respectifs du Rwanda et du Burundi, le volcan de la haine se rouvre à nouveau dans ces deux pays. .

Au Rwanda, d'abord, se rallument les guerres ethniques, séquelles d'une colonisation qui a toujours joué des antagonismes tribaux pour mieux régner, déclenchant un génocide atroce, sauvagement excité par la radio des Mille Collines : les Hutus massacrent les populations Tutsies, tandis qu'au Burundi, « petit pays » jusque là tranquille, accueillant et plein de réfugiés rwandais, même les enfants des quartiers favorisés s'organisent en « gangs », troquant leur argent de poche contre des kalachnikovs ou des grenades, pour défendre leurs maisons, leurs familles, leur ethnie, tutsie, massacrée de l'autre côté de la frontière.

L'embrasement est général, et dans cette soudaine éruption de violence, sombre toute l'innocence, la joyeuse insouciance de l'enfance. Ceux qui, comme Gaby, le narrateur, petit français métis de mère rwandaise, ne se sentent ni d'un camp ni de l'autre, sont sommés de choisir. Et avec quelle férocité !

Les amitiés à la vie à la mort se défont brutalement, les familles se désagrègent, les domestiques familiers et amicaux, disparaissent dans la tourmente, les parents ne sont plus ni des garants ni des protecteurs mais des cibles, ou de pauvres créatures, folles de douleur, en état de choc permanent.

Dans l'impasse, les enfants « gâtés » (mais cette fois comme on parle d'un fruit corrompu par la violence de la grêle) ont été pour la plupart envoyés en France où ils vont tenter de se reconstruire.

Il reste au petit Gaby, trop vite mûri, les souvenirs, puissants, magiques, d'une Afrique pleine de saveur et de lumière, peuplée de rires heureux, de musique et d'escapades intrépides, qu'il dresse de toutes ses forces contre le chaos pour s'empêcher de sombrer, il lui reste les lettres à la petite correspondante française qu'il n'a jamais vue mais qui le fait fantasmer, et surtout restent les livres, cet antidote au cauchemar de la réalité, le meilleur rempart de Gaby contre toutes les absences, toutes les barbaries et toutes les trahisons..

Hélas, oui, il s'est dissipé, le mirage de cette enfance heureuse, de cette Afrique accédant sans effort à la démocratie, de cette réconciliation des peuples écoeurés par la guerre et le sang toujours recommencés : demeure un livre poignant, sincère, authentique.

A hauteur d'homme, à hauteur d'enfant devrais-je dire, et c'est justement ce qui fait sa force. Pour un premier roman, c'est une vraie réussite.
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Un père expatrié français, une mère exilée rwandaise, une petite soeur studieuse, une grande maison au fond d'une impasse d'un quartier résidentiel de Bujumbura...La vie est belle pour le petit Gaby dans ce petit pays qu'est le Burundi. Avec sa petite bande de copains, il écume le quartier à chercher les plus belles mangues à chaparder, à plonger dans la rivière, à fumer en cachette, à partager des moments de fête et d'insouciance. Bien éloignée des problèmes politiques qui agitent le pays, Gaby tente de prolonger l'enfance malgré les orages qui menacent : ses parents qui se séparent, les rumeurs qui arrivent du Rwanda, porteuses de menaces et de haine. Pourtant la réalité va venir le débusquer jusque dans le petit monde qu'il s'est crée. Ses amis s'éloignent, pris par le conflit qui oppose hutus et tutsis. Gaby ne veut pas prendre parti, ne veut pas s'impliquer mais la guerre n'épargne personne. Au Rwanda, le génocide, au Burundi la même haine qui se propage. Gaby doit quitter les livres dans lesquels il se réfugiait pour regarder en face son pays qui se désagrège, sa mère qui devient folle, son univers qui s'écroule.

Avec sa plume pleine de poésie et d'humanité, Gaël Faye met des mots sur les maux de la guerre qui tue l'innocence, l'enfance, la beauté des jours heureux. le génocide rwandais qui a contaminé le Burundi voisin est ici décrit par un enfant candide qui tente coûte que coûte de rester éloigner de l'horreur qu'il pressent aux portes de son monde. Malgré lui, il va découvrir la haine, la cruauté, la bêtise des hommes qui s'entretuent sans autre motif qu'une différence ethnique. Français, rawandais, burundais, métis, tutsi...Gaby ne veut pas choisir son camp mais les évènements se précipitent, pour lui comme pour ses voisins, ses amis, sa famille. Sa mère ne se remettra jamais du massacre de sa famille, c'est par elle que l'enfer entre dans la tête d'un Gaby désemparé qui souffre pour sa mère mais voudrait qu'elle s'en aille avec sa douleur, les scènes d'horreur qu'elle ressasse, la mort qu'elle porte en elle.
Récit émouvant d'une enfance brisée plein de douceur, de nostalgie et d'amour pour ce ''Petit pays'' a jamais disparu, pour cet ''avant'' au goût de mangue et d'insouciance. A lire et à faire lire.
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Pas fous les lycéens, qui lui ont octroyé leur Goncourt avec cette intelligence du coeur qui semble presque toujours inspirer leurs choix.

Roman nommé Petit pays, tout en simplicité, dès son titre.

Territoire nommé Petit pays, dont l'évocation commence au paradis et se poursuit en enfer, suivant la chronique pré-adolescente d'une drôle de vie de guerre, entre Rwanda et Burundi.

Par le regard de Gabriel, Gaël raconte son éden originel, l'horreur des affrontements ethniques, et son propre coeur qui saigne. Non sans humour sa plume poétique, précise et légère, confère pudeur et délicatesse à ce récit néanmoins bouleversant.

Petit pays, premier roman, gracieux, poignant, incontournable.



♫♪ Et en bonus, la chanson qui va bien
https://www.youtube.com/watch?v=XTF2pwr8lYk


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Gaby vit à Bujumbura, capitale du Burundi, avec sa soeur Ana, son père Michel, un français installé dans le pays, et sa mère Yvonne, une réfugiée tutsie rwandaise ayant acquis la nationalité française par mariage avec Michel. C'est le temps de l'insouciance. Gaby joue avec les copains de sa rue, Armand, Gino et les jumeaux, dans un quartier calme et prospère. Il découvre la lecture chez une voisine.
Mais la famille éclate ; la maman quitte le foyer conjugal. Un président d'opposition est élu au Burundi, puis renversé par un coup d'état militaire. La violence, insidieuse, gagne progressivement la rue, réveillant les vieilles haines entre entre Hutus et Tutsis. Puis un attentat tue le président du Burundi et celui du Rwanda, le prétexte choisi par les fanatiques hutus rwandais pour engager une véritable chasse aux Tutsis. le Rwanda bascule dans l'horreur.

Gaël Faye se met dans la peau de Gaby pour décrire, avec les yeux d'un enfant, les horreurs des luttes tribales entre Hutus et Tutsis. Elles accompagnent la sortie de l'enfance des petits héros de cette histoire.
L'auteur nous livre là une fiction qui se lit comme le récit d'une tranche de vie ; à moins que ce ne soit l'inverse, un bout de biographie qui se lirait comme un roman ?
Il y a beaucoup d'amour, de tendresse, d'amitié, mais aussi des déchirements, pas seulement entre les adultes, de la violence, et un racisme sous-jacent. On rit avec ces gamins, on a peur pour eux, on pleure avec les familles... le lecteur est immergé dans cette histoire, qui est aussi une tranche d'Histoire peu glorieuse pour l'humanité.
L'écriture est simple et fluide. Elle ne cherche pas d'effets de manche, se contente de soutenir la narration. le résultat est limpide, plutôt facile à lire, sans tomber dans le pathos... Un roman fort ! Et si on est un peu curieux, on a envie d'en lire plus sur la tragédie vécue par ces deux petits pays, par exemple en lisant La stratégie des antilopes de Jean Hatzfeld.

Pour moi ce livre est un vrai coup de coeur. Je ne cherche pas systématiquement à lire les livres primés (et celui-ci l'a été de nombreuses fois !), mais cela faisait quelques temps que celui-ci me tentait, et je l'ai déjà offert plusieurs fois.
Je le lis donc avec bientôt quatre ans de retard, mais je ne regrette rien. Il n'a pas pris une ride, et comme les bons vins se déguste avec encore plus de plaisir en vieillissant.
Pour terminer, je ne résiste pas à l'envie de partager avec mes lecteurs quelques bonnes pages sur la découverte de la lecture par un pré-ado, vue par Gaël Faye. Je ne sais pas s'il a lui-même vécu cette expérience, mais je la souhaite à tous nos enfants et petits-enfants.
Lien : http://michelgiraud.fr/2020/..
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Gabriel, vit son enfance au Burundi avec sa soeur Ana. Il vit entouré de son père, français et sa mère rwandaise.
Au début du roman, il décrit la vie là-bas au début des années 1990 dans un vrai paradis de nature, avec sa bande d'amis.
Avec eux, il se rend dans les villages où on parle un langage venu du fond des temps et empreint d'une grande poésie bien qu'il avoue ne pas tout comprendre.
Petit à petit, la situation se dégrade dans le couple avec la maman qui se sent menacée par les guerres au Rwanda.
Les guerres au Burundi, les massacres entre Hutus et Tutsis vont faire basculer le livre dans un ton beaucoup plus grave.
C'est vers l'âge de treize ans que Gabriel arrivera en France et sera étonné par la paix qui y règne mais aussi par l'immense solitude des grandes villes.
Le roman est magnifiquement bien écrit. J'y ai retrouvé une similitude avec le témoignage de Scolastique Mukasonga dans "Notre-Dame du Nil" bien que l'expérience soit tout à fait différente. Gabriel est fils de colon et d'une rwandaise. Il se situe entre deux cultures.
Son point de vue est donc très inédit.
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Gaël Faye, artiste burundais ,a écrit un roman pour témoigner de la violence génocidaire entre les Tutsis et les Hutus. Dans le livre, il n'aborde pas directement le conflit mais nous le fait vivre à partir du vécu et le ressenti d 'un enfant, Gabriel. On peut avancer que le génocide est suggéré par la lecture.
Ce livre a donné lieu un très grand nombre de chroniques toutes dénonçant cet horrible et révoltant génocide. Ma chronique est juste un témoignage sur l'horreur et le désastre humain provoqués par cette violence inouïe .
On ne peut que saluer l'auteur dont c'est le premier roman et peut-être qu'à l'avenir, il comptera parmi les grands écrivains africains.!
Je conclus cette modeste chronique par une citation du même roman : "La guerre sans qu'on lui demande, se charge toujours de nous trouver un ennemi".
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