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sur 562 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Voilà 20 ans qu'après « L'élégance des veuves », je suis une inconditionnelle d'A.Ferney .
Cette fois c'est une chronique familiale qui nous est contée , et ce sur plus d' un siècle .
le patronyme de cette famille est Bourgeois , et ça tombe bien , ce sont des bourgeois.
Peut -être sous couvert de cette famille, A.Ferney nous parle t 'elle de la sienne, car les grandes fratries lui sont familières.
C'est à partir de l'enterrement de l'un de ses membres et en compagnie d'un des survivants de la première fratrie Bourgeois, que revient en mémoire le destin de chacun .
Et c'est avec énormément de délicatesse et un infini respect que l'auteur dessine tous les destins individuels de ces bourgeois catholiques , conservateurs, toujours en écho avec L Histoire , des prémices de la Grande Guerre à nos jours.
Henri et Mathilde Bourgeois ont eu 10 enfants , et 40 petits enfants.
Ce qui peut paraître déraisonnable de nos jours , pour certains, en général ne l'était pas pour l'époque, et c'est là toute l'intelligence d'A.Ferney, c'est qu'elle est toujours dans le temps des événements et non avec le regard actuel.
Il en est ainsi des guerres, de la Résistance, de l'Algérie plus tard, jamais revues a l'aune du futur mais de l'instant, ce qui éclaire les évènements d'une manière différente de celle imposée par les livres d'Histoire.
Le sens du devoir, est une valeur partagée par tous les Bourgeois, ils font de belles carrières dans l'armée, la marine, les affaires, la médecine , la justice.Ils sont bien vivants , acteurs de l'Histoire.Ils font le lien entre les époques et les esprits avec une adaptation (parfois relative pour certains). Les femmes ont beaucoup d'importance dans cette saga familiale, on y voit tout doucement leur émancipation , chacun jugera selon son propre parcours si ces femmes qui ne faisaient qu'enfanter et s'occuper de leur famille étaient des malheureuses.
Le maillage du roman est une mosaïque de souvenirs , de vies multiples immortalisées sur photos. Un très grand roman ; A. Ferney semble de plus en plus talentueuse au fil des années .

Il faut nous rendre à l'évidence, le passé est derrière nos yeux, notre mémoire est nécessaire
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Bourgeois par le patronyme, bourgeois par le statut social.

Alice Ferney observe à la loupe le fonctionnement d'une grande famille catholique, aux naissances dans l'entre-deux-guerres. La tribu Bourgeois de 8 garçons et 2 filles, sorte d'ectoplasme fusionnel, mouvant et autosuffisant, est un vaste sujet d'étude par ses composantes de personnalités, de mentalités, de trajectoires.

Inséparable du contexte social et historique sur plusieurs décennies, ce focus sur la famille bourgeoise aisée, évoque les valeurs éducatives et chrétiennes, la rigueur de bon ton où on doit savoir se tenir droit dans les grandes joies et les drames. Un mode de fonctionnement disparu, jugé archaïque et réactionnaire, en socle de pater familias.

Un récit exclusivement narratif en voix off, où se mêlent les anecdotes et, en creux, une réflexion sociologique passionnante. Collé à l'histoire du siècle, l'album-photo suit chaque génération en accompagnant l'évolution des moeurs et des mentalités. Une forme très proche de L'élégance des veuves et de la superbe adaptation cinématographique qui en a été faite (Eternité-2016 par Tran Anh Hung).

L'auteur pousse au plus loin ses réflexions sur la vie, la confiance en l'avenir, la mort, le souvenir, le statut des femmes, l'éternel recommencement des choses, une génération en remplaçant une autre.
Car " les grandes familles ne finissent pas de mourir...comme si elles payaient la rage qu'elles avaient eue à proliférer "

Je me demande comment Alice Ferney arrive à exprimer aussi clairement des ressentis qui font écho en moi et que je suis bien incapable de formuler. le parfum de nostalgie passéiste qui imprègne ce récit de souvenirs est touchant, universel, sans jugement ni concession. Une vie passe si vite...

Un livre à la fois intime et social de l'ordre bourgeois, dans lequel on se projette aisément, dans un fonctionnement familial qu'on a pu connaître, de près ou de loin.
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Que voulais-tu qu'on dise?
Fait remarquer Louise aujourd'hui.
Nous ne pouvions pas parler de maman, nous n'en parlions pas.
Page 117 du roman les Bourgeois d'Alice Ferney.
Je suis bouleversé par ces mots, qui résonnent de façon si troublante, dans mon propre passé, ce déni des moments perdus, cette difficulté à respirer nos deuils, pour retrouver notre mémoire.


Ces mots, comme ces heures encagées dans le silence du père, Henri même remarié ne vibre plus à l'unisson de ses enfants ; "dans le deuil Henri n'eut pas un mot" page 117.
Alice Ferney avec une délicatesse de maman, évoque, dénombre, raconte les blessures les plus vives, les plus inconsolables, celles qui marquent à jamais l'enfant qui sait mais qui ne comprend pas, et à qui, on ne dit rien. Ils sont plusieurs entre 3 et 10 ans à se rassurer, se réchauffer, ce sont Louise, Claude, Jérôme, Guy.


La mort de Mathilde, à sa 10 ème grossesse, marque un tournant essentiel dans le déroulement du roman, un deuil que la guerre ne fera qu'amplifier, déstabilisant toute la famille.
Les sourires s'étaient couchés comme le soleil, personne n'entendra plus la voix de Mathilde quand ses doigts se posaient sur les touches noires et blanches


Dans la première partie ce sont les souvenirs de la guerre 14/18 qui dictent le tempo du texte, et les photographies, font remonter les visages, et présentent déjà une nombreuse famille, campée dans une tradition catholique immuable, La famille est plutôt très bourgeoise, conservatrice voire maurrassienne. C'est aussi une famille qui voit dans l'engagement militaire une vertu et un devoir que les enfants et petits-enfants d'Henri et de Mathilde suivront.


Avec l'avènement d'Hitler, les idéaux et les options des enfants d'Henri se fissurent, certains iront vers la résistance, d'autres resteront fidèles à Pétain, ils sortiront meurtris du procès fait à l'homme de Verdun.
L 'engagement militaire de plusieurs des enfants d'Henri, après la libération de Paris, ouvre une épopée familiale qui s'égraine de l'Indochine à l'Algérie sur toute la période de la décolonisation.


C'est par ce biais, que l' histoire, récente de la France s'écrit dans ce roman, « les Bourgeois « devient le témoignage des militaires engagés, soutenus ou injuriés au gré des hommes politiques devenus fébriles .
Le rôle du général de Gaule et ses décisions arrogantes ou incomprises, seront largement commentées, notamment les morts de la rue d''Isly , et l'abandon des harkis.


Cette fresque mérite d'être lue avec attention, les positions parfois divergentes des enfants devenus militaires éclairent ces moments tragiques.
Alice Ferney n'a toutefois pas oublié de nous parler des familles, Claude et Jérôme sont sans doute ceux que nous allons connaître le mieux. Claude qui a vécu l'accident dramatique de Jérôme, dans cette famille forte en thème, a du mal à trouver sa voie, quand un certain Jean Emile Guggenheim lui offre un avenir. Jérôme lui sera cette figure attachante, il séduit, il amuse avec cette fantaisie et ses bras qui guérissent, et ses brins d''humour et de compassion.


Comme dans tous les autres livres Alice Ferney entretient cette grâce, cette légèreté de la plume, cette élégance des mères, cette passion pour les enfants qui m'enchante.
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On se laisse prendre par cette excellente chronique qui s'étale sur un siècle et où l'on suit non pas l'évolution d'une famille mais au contraire la permanence de ses valeurs chahutées par les forces profondes, multiformes et souvent violentes qui ont caractérisé le XX° siècle.

C'est la fin d'un modèle qu'Alice Ferney décrit, un modèle patriarcal sur lequel elle pose un regard qui n'est ni critique, ni inquisiteur et encore moins moralisateur, mais un regard qui fait toucher du doigt ce qu'on ignore du présent quand on le vit...De ce qui en fait la trame, comme on peut le ressentir en feuilletant les pages d'un album de famille, où se détachent des silhouettes connues et dont remontent les souvenirs auxquels elles se rattachent.

Il faut lui rendre grâce également d'avoir su aborder avec autant de tact et d'intelligence les grands débats du siècle passé qui continuent, aujourd'hui encore, de susciter des réactions passionnées où "comme souvent, les principes remplacent les questions" : Vichy, les guerres de décolonisation, la condition des femmes, la place de la religion catholique, l'argent etc... Elle le fait avec une neutralité de sociologue qui sait mettre en perspective les ressorts du réel, mais, à la différence de ce dernier, non pas avec une froideur scientifique, mais au contraire, avec toute l'humanité que permet l'oeuvre romanesque.

Enfin, c'est pour beaucoup, un roman où chacun retrouve l'écho d'un passé familial aujourd'hui révolu, l'écho de ce milieu clos où se dessinait une manière de vivre et se partageaient des valeurs somme toute assez conventionnelles.
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Saga familiale, le roman Les Bourgeois d'Alice Ferney, relate l'histoire d'une grande tribu française traversant le XXème siècle : 10 enfants et pas moins de 40 petits enfants.
Famille aisée, de droite et même royaliste, les Bourgeois sont tous attachés à leur pays, à ses traditions, à l'Eglise Catholique. Mêlant l'histoire de cette famille conventionnelle mais engagée à l'histoire du XXème siècle, Alice Ferney ne plaque pas un discours simpliste sur les périodes agitées de ce siècle. Les deux guerres mondiales, Vichy, la décolonisation, la place des femmes, autant de sujets sensibles traités sans manichéisme ni partis pris, au rythme des événements vécus par les membres de la famille.
Un roman pétri à la fois de la chaleur humaine d'une grande famille soudée et solidaire, et des idéaux qui l'animent. Les aller-retour dans le temps et entre les différents personnages, permettent d'apporter un éclairage et de donner du recul.
Une lecture que j'ai beaucoup appréciée, sauf peut-être la toute dernière partie que j'ai trouvée un peu succincte : la période couvrant de 1968 à nos jours est très courte, et j'aurais attendu davantage d'analyse et de finesse pour ces 50 ans où tant de bouleversements sociétaux ont profondément modifié le paysage français. Simple bémol qui n'ôte rien au plaisir de ma lecture et à l'envie de découvrir d'autres ouvrages de cette auteure talentueuse !
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Roman d'une époque courant de la fin du XIXème siècle à 2016, d'une famille bourgeoise (à l'instar de leur patronyme), catholique, aisée, parisienne, conservatrice sans être pour autant autant intolérante. Une fratrie énorme, dix enfants nés entre 1920 et 1940, entre "une hécatombe et un génocide". Nous retrouvons des personnages d'un précédent roman de l'auteur "l'élégance des veuves" et la fonction quasi exclusivement reproductrice des femmes.
Pourtant aucun jugement dans les mentalités, aspirations, choix de ses membres qui sont le reflet de leur classe sociale et surtout de leur époque. En effet échapper au déterminisme social est difficile mais le déterminisme temporel pèse sur nous davantage encore : nous sommes le reflet d'une époque.
Structure éclatée sans chronologie pour créer des liens entre les époques.
Comment juger de choix ou de façons de penser quand nous connaissons l'avenir ?
Un roman historique, familial, social mêlant petite et grande histoire. Passionnant pour qui aime L Histoire, la sociologie, les sagas familiales.
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Un tour de force littéraire!
Passionnant et instructif.
Certes, la lecture n'est pas facile, la construction chronologique est complexe, l'arbre généalogique sacrément ramifié. Mais il faut tenir, avancer avec cette famille, apprécier de la découvrir à travers le temps qui passe. L'aspect historique et l'étude sociétal sont d'une richesse incroyable. Il n'y a jamais de parti pris, mais une observation méticuleuse . J'ai plongé dans un monde qui est loin d'être le mien, et j'ai tellement appris, tellement aimé apprendre. C'est là toute la prouesse du livre et le souhait de l'auteure, de garder son lecteur "accroché".
Il y eut des moments où je me perdais ( famille à rallonge), je posais le livre, revenais un peu en arrière et reprenais la lecture.
Je salue l'immense travail et le talent de conteur hors pair de cette d'écrivaine, combien de temps pour écrire un livre pareil!???
J'ai découvert cette auteur avec grâce et dénuement, puis ai lu la conversation amoureuse. Tous deux grandement appréciés. Je laisse "passer" un livre et mon prochain sur la liste est l'élégance des veuves .




Je tire mon chapeau à cette écrivaine
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Gros coup de coeur pour ce roman remarquablement construit. Nous découvrons l'histoire d'une famille nombreuse à travers tous les grands événements qui ont marqué le XXe siècle. Passionnant.
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"Les Bourgeois" retrace l'histoire d'une famille portant le nom de leur classe sociale... À travers les dix enfants d'Henri et Mathilde (oui, oui ceux évoqués dans "L'élégance des veuves") dans une construction alambiquée mais maîtrisée de va-et-vients historiques, la narratrice esquisse la fin de plusieurs époques, évoque le point de vue domestique des grands événements du XXe siècle. Alors oui les Bourgeois sont catholiques, riches, va-t'en-guerre, de droite et bien éloignés de mes valeurs mais ils sont loin d'être monolithiques, ils vivent, réussissent, échouent, se trompent et deviennent humains grâce à la plume tendre mais sans concession d'Alice Ferney.
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J'aime l'écriture d'Alice Ferney. J'avais adoré « La conversation amoureuse », puis l'étonnant « Paradis conjugal ». J'avais été intéressé par les thèmes abordés dans « le règne du vivant », en prise avec la défense des espèces menacées. C'est une autrice dont j'aime suivre les publications et je ne pouvais qu'être curieux de sa dernière production.

Alice Fernay raconte l'histoire de la famille Bourgeois – c'est son nom – appartenant justement à cette grande bourgeoisie aux avants postes de l'Histoire (tous ou presque feront carrière dans l'entreprise, l'armée, la religion, la justice...). Je viens de terminer ce livre dense et il me reste une sensation de vertige à la lecture de la relation de toutes ces vies et de tous ces évènements qui se déroulent sur plus d'un siècle.

Pour avoir effectué moi-même des recherches généalogiques, je sais que ce n'est pas simple de raconter à quelqu'un d'autre le fruit de ce travail. On prend vite le risque de se perdre dans toutes les dates, toutes les ramifications se démultipliant au fil des générations. Dans ce livre, Alice Fernay réussit un tour de force en nous racontant sur une longue période, de la première guerre mondiale à nos jours, la vie familiale des patriarches Bourgeois, Henri et Mathilde, de leur huit garçons et deux filles, ainsi qu'une bonne partie de leur descendance jusqu'à nous.

Ce livre de quelques 350 pages est une suite de journées particulières, découpant le temps long, racontant des tranches de vies de 1869 à 2016 avec des moments d'aller-retour.
Au final je ne suis pas sûr de savoir qui est la narratrice – si une lectrice ou un lecteur de cet article le sait, je suis preneur. Est-ce Alice Fernay elle-même qui raconte son histoire familiale ? Réelle ? Romancée ? Est-ce totalement fictif, comme je le pense, mais d'un milieu social bien connu de l'autrice, le sien ? La petite fille de la couverture est-elle Alice elle-même ? Je le pense mais rien ne vient le confirmer... Au fond ce n'est pas grave car on n'en reste pas au niveau de la saga familiale à partir de Valentine, la mère d'Henri, qui sera 24 fois grand-mère ! Là où ce livre est intéressant, c'est bien dans les destins individuels et leur imbrication dans l'Histoire. Il y a un véritable travail historique, les évènements nous étant contés dans le détail, avec la même minutie que la description de chacun des personnages : la première guerre mondiale et la seconde, la guerre d'Algérie, les guerres coloniales, mai 68 et même l'attentat de Charlie Hebdo en 2015...

« à la mémoire, à l'avenir, à la fraternité des temps ». Telle est l'épigraphe du roman. Ce n'est pas anodin car Alice Fernay trouve une sorte d'équilibre entre les silences, les erreurs de cette famille appartenant aux cercles dirigeants et l'Histoire qui a bel et bien tranché (on sait ce qui en est advenu et pas eux au moment de le vivre). Entre « mémoire » et « avenir »... Leurs choix n'étaient souvent pas les bons mais il était conforme à leur éthique, leur milieu social dont on ne s'extrait pas facilement. La perméabilité de chacun de nous aux idées novatrices est réduite, nous dit l'auteure.
« Et que pensa Mathilde de ses contemporaines qui réclamèrent le droit de vote ou l'égalité des salaires, et furent après la guerre renvoyées dans leurs foyers sans obtenir satisfaction ? Marguerite Durand par exemple, fut-elle aux yeux de Mathilde une actrice qui se prenait pour une femme politique ou bel et bien une figure du droit des femmes ? Les noms de marguerite Bodin ou d'Hélène Brion disaient-ils quelque chose à Mathilde ? Ces institutrices réveillèrent-elles chez la jeune femme l'idée d'une autre manière de penser et de vivre ? Quelle était la perméabilité de son milieu aux idées progressistes ? Un milieu n'est-il pas justement cet espace clos et obtus ? On peut avoir l'esprit fermé par tant de chose – l'habitude, la peur, la foi, l'orgueil, la certitude. »

Dans la famille Bourgeois, l'éducation vise à inculquer de vraies valeurs, Alice Fernay n'est aucunement d'un camp ou d'un autre, elle veut comprendre le point de vue de chacun dans le respect et la vérité. Comprendre l'autre n'est-ce pas déjà un début de la fraternité qu'elle mentionne dès la première page ?
« C'était sans violence mais sans laxisme, et loin d'être étriqué (cet adjectif qui sert si souvent à décrier les bourgeois), ce n'était pas débridé évidemment, c'était une quête de noblesse de coeur. Entre étriqué et débridé, il y a droiture : répondre par ce qui est juste, recevoir les évènements et les personnes en se tenant de face et debout. Les dix enfants Bourgeois étaient élevés ainsi : ils seraient consubstantiellement droits. »
« Se tenir droit à la face de Dieu et des autres, recevoir le sort tel qu'il vous est donné, ne pas se plaindre mais poursuivre, voilà ce que devait réussir un Bourgeois. »

Il y a aussi bien des interrogations (et des pistes de réponse) d'ordre philosophique : « A quoi menait la distinction morale de cette famille ? Etait-elle simplement l'habit d'une indifférence polie ? Est-ce une contradiction ambulante, comme si la morale consistait seulement à respecter la morale plutôt qu'à se préoccuper d'autrui ? Comme s'il s'agissait de servir ses valeurs supérieures et non les simples personnes qu'elles visent justement à protéger ? »
« le monde changeait mais les Bourgeois pas tellement. La religion était une force immense pour les tenir loin des révolutions et des révoltes. »

L'écriture est classique mais inventive et convoquant des images fortes : quand toute la famille est conviée à un anniversaire, cela donne « On entendait claquer les portières et les coffres, bruits typiques du voyage motorisé, comme dans une transhumance les cris des bergers et les aboiements des chiens. »
Il faut aussi lire ce livre pour apprendre des petites choses amusantes mais qui disent beaucoup, par exemple ce que signifie pendant la guerre d'Indochine, « aller au cinéma » ou encore « rouler en bikini »...
Ou encore lire pour l'inattendu, comme cela m'est arrivé à la page 217, quand le père emmène ses deux fils au cinéma voir « L'Epave » film de 1949 de Willy Rozier avec Françoise Arnoul, m'amenant à stopper illico la lecture, à rechercher sur internet ce film, à trouver une vidéo complète du film, à la visionner sans pouvoir stopper avant le mot fin, puis à tout regarder ou presque sur cette Françoise Arnoul – magnifique dans le rôle de la Perrucha... Avec Alice Fernay, le cinéma n'est jamais loin. Dans l'excellent « Paradis conjugal », il était au coeur du roman.

Il faut lire ce livre aussi car le passé devient souvent un grand résumé indistinct, là il prend corps. Nous oublions et c'est une grâce comme le dit la narratrice car ce serait fou de tout garder. Mais se souvenir est un bien précieux dont il ne faut pas trop se priver.

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