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sur 564 notes
Ils sont catholiques, bourgeois, traditionnels, militaristes, ce sont les Bourgeois, qui à l'aube du 20e siècle vont croître et se multiplier tout en maintenant au cours du siècle les valeurs chrétiennes, morales et rigoristes qui sont les leurs.
Dix enfants, qui chacun à leur manière perpétuent ce qui caractérise leur famille : le sens du devoir, avant tout, le sérieux, la dignité et une sollicitude tout en retenue et qui seront malgré tout rattrapés par les évolutions de la société , la place de la femme, de la famille, de la religion ou de l'armée
A la lecture des Bourgeois, on a l'impression de feuilleter un album photos en noir et blanc émaillé de femmes en noir et corsetées, au regard doux et triste comme dans l'Elégance des veuves, un de ses premiers romans, d'enfants sages, de pater familias figés, de militaires rigides : les derniers acteurs et conservateurs d'un modèle familial disparu, d'un siècle oublié et enterré par la modernité, d'un siècle où les femmes mouraient en couche et les enfants à la guerre et où il fallait garder sa dignité et ne pas épancher des sentiments que l'on considérait comme vulgaires.
J'ai lu à peu d'intervalle « Cherchez la femme » et « Les Bourgeois », en m'amusant de la malice avec laquelle Alice Ferney parvenait à retracer avec une précision incroyable des approches de la vie et du mariage si différentes.
Quant à moi, j'ai aimé les Bourgeois qui ont éveillé des réminiscences familiales…
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On se laisse prendre par cette excellente chronique qui s'étale sur un siècle et où l'on suit non pas l'évolution d'une famille mais au contraire la permanence de ses valeurs chahutées par les forces profondes, multiformes et souvent violentes qui ont caractérisé le XX° siècle.

C'est la fin d'un modèle qu'Alice Ferney décrit, un modèle patriarcal sur lequel elle pose un regard qui n'est ni critique, ni inquisiteur et encore moins moralisateur, mais un regard qui fait toucher du doigt ce qu'on ignore du présent quand on le vit...De ce qui en fait la trame, comme on peut le ressentir en feuilletant les pages d'un album de famille, où se détachent des silhouettes connues et dont remontent les souvenirs auxquels elles se rattachent.

Il faut lui rendre grâce également d'avoir su aborder avec autant de tact et d'intelligence les grands débats du siècle passé qui continuent, aujourd'hui encore, de susciter des réactions passionnées où "comme souvent, les principes remplacent les questions" : Vichy, les guerres de décolonisation, la condition des femmes, la place de la religion catholique, l'argent etc... Elle le fait avec une neutralité de sociologue qui sait mettre en perspective les ressorts du réel, mais, à la différence de ce dernier, non pas avec une froideur scientifique, mais au contraire, avec toute l'humanité que permet l'oeuvre romanesque.

Enfin, c'est pour beaucoup, un roman où chacun retrouve l'écho d'un passé familial aujourd'hui révolu, l'écho de ce milieu clos où se dessinait une manière de vivre et se partageaient des valeurs somme toute assez conventionnelles.
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Friande de fresques familiales, j'ai été très déçue par ce roman. La quatrième de couverture indique " sur cette vertigineuse ronde du temps, Alice Ferney pose un regard de romancière et l'historienne." In fine, la vision de l'historienne prend le pas sur celle de la romancière et dessert l' ouvrage. Composé de courts chapitres et d' incessants allers retours entre les différents membres de la famille Bourgeois, de surcroît en mêlant les différentes époques et générations, la lecture n' est pas fluide et on ne s' attache in fine à aucun des personnages. L' ensemble est certes bien écrit mais totalement désincarné: la qualité de l'écriture ne peut compenser l' absence de souffle romanesque. Dommage !
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Une lecture un peu pénible, je dois l'avouer ...
Je trouve qu'Alice Ferney analyse très bien et très finement la structure et l'organisation familiale des Bourgeois, cette famille catholique traditionnelle française dont on suit la généalogie sur tout le XXème siècle.
Mais voilà, ce sont bien les parties de faits historiques qui furent particulièrement ennuyeuses à ma lecture ... On décroche à chaque fois de la trame familiale et j'ai trouvé cela vraiment dommage.
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Saga familiale, le roman Les Bourgeois d'Alice Ferney, relate l'histoire d'une grande tribu française traversant le XXème siècle : 10 enfants et pas moins de 40 petits enfants.
Famille aisée, de droite et même royaliste, les Bourgeois sont tous attachés à leur pays, à ses traditions, à l'Eglise Catholique. Mêlant l'histoire de cette famille conventionnelle mais engagée à l'histoire du XXème siècle, Alice Ferney ne plaque pas un discours simpliste sur les périodes agitées de ce siècle. Les deux guerres mondiales, Vichy, la décolonisation, la place des femmes, autant de sujets sensibles traités sans manichéisme ni partis pris, au rythme des événements vécus par les membres de la famille.
Un roman pétri à la fois de la chaleur humaine d'une grande famille soudée et solidaire, et des idéaux qui l'animent. Les aller-retour dans le temps et entre les différents personnages, permettent d'apporter un éclairage et de donner du recul.
Une lecture que j'ai beaucoup appréciée, sauf peut-être la toute dernière partie que j'ai trouvée un peu succincte : la période couvrant de 1968 à nos jours est très courte, et j'aurais attendu davantage d'analyse et de finesse pour ces 50 ans où tant de bouleversements sociétaux ont profondément modifié le paysage français. Simple bémol qui n'ôte rien au plaisir de ma lecture et à l'envie de découvrir d'autres ouvrages de cette auteure talentueuse !
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On peut regretter que les personnages de cette famille à travers les générations ne soient que positifs. Malgré leur particularité, chacun fait avec les défauts qu'on ne peut imputer qu'à son époque et (ou) sa condition sociale : la place de la femme dans la société, le militarisme...

Tous restent dignes et droits dans leurs bottes, tous sont plutôt sympathiques. Pas de salauds dans cette pourtant très nombreuse famille, jamais de "traîtres", ne serait-ce qu'à sa condition, et le personnage de Nicolas qui pourrait faire office d'exception, semble lui aussi rentrer dans le rang après le drame qui s'abat sur lui. Il reçoit lui aussi la médaille qui reconnaît ses mérites, et ses "travers" humanistes et sociaux sont traités presque sur le ton de l'anecdote : tout ça ne peut être bien sérieux.

Il reste pourtant de ce récit à travers un style et un rythme efficace des passages très intéressants sur les guerres postcoloniales, où les questionnements se font jour sur la sempiternelle "grandeur de la France". le doute s'insinue enfin chez certains d'entre eux. Et surtout il ressort de ce texte une mélancolie grave, presque désabusée face à l'absurdité de l'existence, à son déterminisme, son "continuum" inexorable : " Moins d'une année passe et la machine à aimer s'est remise à tourner, c'est au tour de Louise. Parce que les filles se marient plus jeunes que les garçons..."(p236). " Jules épousa Clotilde.La cérémonie religieuse eut lieu à la fin de janvier, en l'église Notre-Dame-De Grâce de Passy, là où la vie et la mort ne cesseraient de rassembler les Bourgeois. C'était le même escalier, la même porte, les mêmes colonnes, le lieu même où Henri et Mathilde s'étaient unis au sortir de la guerre... Les marches sur lesquelles Mathilde avait timidement posé ses souliers légers s'offraient maintenant aux pas de Jules alors que Mathilde n'était plus. Les marches étaient éternelles, le tapis rouge avait peut-être été renouvelé, la mariée d'antan était morte..."(p165)

Une façon très maline d'agencer le récit, racontant des journées de ci de là en passant d'une époque à une autre sans toutefois perdre le lecteur grâce à beaucoup d'habileté. On ne s'ennuie jamais, ça tourne comme une mécanique bien huilée. Bref, un roman mêlant petite et grande histoire, des personnages lisses mais attachants, voilà une lecture tout à fait recommandable, qu'on ne s'empressera pas d'oublier sitôt le livre refermé.
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Une histoire de famille qui s'inscrit dans le temps de l'Histoire. Une sorte de sociologie d'un monde en voie de disparition. Les Bourgeois portent bien leur patronyme. Ils sont du côté des nantis. En choisissant de construire cette fresque au long cours sur plus d'un siècle, l'auteure ne pouvait pas nous intéresser à chacun. Elle brosse un très large portrait qu'on pourrait imaginer élaboré à partir d'une photographie, comme si toute la descendance d'Henri et de Mathilde posait, étagée par génération sur le perron de la propriété de famille. Certains se distinguent plus que les autres, peut-être en raison de leur taille, de leur maintien ou de leur personnalité. D'autres sont plus flous, sous un mauvais angle, ou caché par d'autres visages. Il m'a semblé que la narratrice ne voulait oublier personne, qu'elle s'attachait à tous les nommer, mais qu'elle ne dissimulait pas non plus ses affinités. La figure de Claude se détache un peu de celle des autres car il semble être celui des dix enfants d'Henri qui n'est pas totalement dans le moule. Cette famille a eu ses joies et ses malheurs, elle a produit des militaires (3 sur 8 fils) c'est ce qui permet à la narratrice de revenir sur les guerres de 14/18et 39/45 et également sur des périodes moins connues comme la guerre d'Algérie et la guerre d'Indochine. La narratrice essaye de se mettre à la place des uns et des autres en tenant compte de l'héritage familial.
L'auteure a choisi de raconter en faisant des va et vient entre passé plus ou moins lointain et présent, datant chacune de ses évocations. Cette construction m'a semblé habile pour renouveler l'intérêt du lecteur. Cela m'a fait penser à un kaléidoscope. J'ai vu dans ce livre une sorte d'hommage/témoignage, un travail peut-être né d'une envie de laisser la trace sensible d'un univers désormais « dépassé »
Qu'est-ce qu'une famille ? L'auteure nous propose sa réponse, parfois touchante, et qui mérite le respect.


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Alice Ferney nous livre ici un roman sur toute une génération de Bourgeois de leur nom patronymique, on va suivre leur évolution avec d'abord les parents qui auront des enfants et leur vie, la guerre, leurs rencontres et de nouveau des naissances et des nouveaux Bourgeois.

Bref une lecture assez fastidieuse pour moi, trop de personnages, trop de récits sur chacun d'entre eux, trop de détails sur leur vie, on s'y perd!!
Il faut rester concentrer afin de ne pas perdre le fil, mais très vite la longueur du récit épuise la mémoire.
Bon vous l'aurez compris pour moi cela na la pas fait, très peu de passage qui ont réussi a m'accrocher, dommage je me faisait une joie de le découvrir mais la déception a détrôner l'ensemble.
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Ce roman sur une famille française est un prétexte pour revisiter l'histoire de la France au 20 ème siècle. Au travers de cette famille Bourgeois, 10 enfants, des convictions nationales et chrétiennes, nous revivons la deuxième guerre mondiale, celle d'Indochine et d'Algérie, les modes de vie de l'époque, la condition de la femme, la place de la religion dans les familles bourgeoises, la vie d'une famille nombreuses.
Plus un récit, une réflexion sur notre société qu'un roman à proprement dit, ce livre est passionnant pour celui qui souhaite avoir une vue d'ensemble sur la France de 1919 à aujourd'hui.
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Ce roman n'est pas un ouvrage facile. le lecteur devrait se méfier de la couverture vintage et bucolique, qui laisse entendre que nous avons affaire à une tendre histoire d'enfance. Pas du tout. "Les Bourgeois" fait parti de ces romans réservés aux esthètes, complexes, singuliers et viscérales, qu'Actes Sud nous propose parfois. C'est le cas de "Les Parisiens" d'Olivier Py, rentrée littéraire de 2016.

Dès les premières lignes, nous avons tendance à oublier que l'auteure de ce roman est une femme, car l'écriture d'Alice Ferney est très « masculine ». Elle nous plonge avec aplomb et ténacité, dans l'arbre généalogique des Bourgeois, une famille qui porte bien son nom. Nous suivons le rythme infernal des naissances – dix enfants ! – au fil des années, et surtout, des guerres. C'est alors une fresque à la fois familiale, historique, politique, économique et sociale que nous offre Alice Ferney. Entre les naissances nombreuses et les décès qui font partie de la vie, l'auteure part des racines, pour aller jusqu'aux jeunes pousses, dans ce colossal arbre généalogique.
Nous avons alors l'impression que l'auteure veut tout nous dire, ne rien omettre de cette famille, de ses grands combats, – Première et Seconde Guerre mondiale – de l'éducation bourgeoise et religieuse des enfants, en passant par leurs tourments, leur inquiétude, leur mariage et leur bonheur. "Les Bourgeois" est donc un roman qui, à lui seul, est une performance littéraire.

Quand on regarde bien, il ne se passe finalement pas grand chose dans ce livre, et tellement à la fois. Tout est concentré autour de cette gigantesque famille aisée et pieuse. Toutefois, Alice Ferney use de redondances qui peuvent freiner notre lecture. Entre les faits historiques, détaillés comme un manuel d'Histoire et les liens qui unissent chacun des membres de la famille, jusqu'à nous perdre ; il faut savoir s'accrocher ! En somme, ce roman tourne en rond, et il n'est pas facile de comprendre la démarche de l'auteure.

Enfin, même si ce roman demeure somme toute ennuyeux, car même s'il raconte beaucoup, il divertit peu, il arrachera des larmes au lecteur. Car au-delà de parler des naissances abondantes et de l'affirmation sociale d'une famille sur le déclin, il est aussi question de la mort. Qui dit naissance, dit mariage et décès. Alice Ferney traite donc avec poésie et une remarquable philosophie, de notre approche de la mort. Ses mots sont poignants, les scènes bouleversantes et les émotions sincères. C'est alors un véritable retour sur soi qu'elle nous propose et une réflexion sur nos moeurs, notre vie, notre rang social, nos aspirations, nos propres peurs. Car tous, peu importe qui nous sommes, riches ou pauvres, familles nombreuses ou carriéristes, nous allons tous nous retrouver au même endroit. La mort elle, ne fait pas d'exception. Et c'est peut-être l'une des rares choses qui relie les êtres humains entre eux, malgré toutes leurs disparités. Alice Ferney se charge de nous le faire comprendre, avec grandiloquence, sagesse et recul.
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