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sur 609 notes
La femme quittée qui devient folle...Un thème récurrent, il me semble, chez Elena Ferrante. Soit en personnage secondaire (Mélina dans l'amie Prodigieuse), soit en personnage principal, comme ici. Et Olga, la narratrice, se souvient elle-même d'une femme abandonnée devenue folle dans le Naples de son enfance, jumelle de Mélina de l'Amie prodigieuse...
Un soir, donc, sans signe annonciateur particulier (mais peut-être que si, à bien y réfléchir), Mario, le mari d'Olga, lui annonce qu'il part-et le fait. Mais alors vraiment. Et il laisse tout, le bougre. Les enfants, en particulier, comme s'ils n'étaient plus les siens. Sacrés bonshommes. Il part rejoindre une autre dame, pour lui faire d'autres enfants, sans doute...Bref, ce n'est pas vraiment le sujet du livre. Que les enfants lui soient laissés et que le père disparaisse de leurs vies n'est pas ce qui perturbe en premier lieu la narratrice. C'est la rupture, l'abandon, la trahison et le mensonge qui la déchirent, comme un grand coup de hache porté sur elle, sur tout son corps et sur sa tête en particulier. Olga essaie de retenir les morceaux d'elle-même qui se font la malle, mais c'est compliqué. Elle a perdu ce qui la maintenait dans son identité, et perd littéralement la boule. Voilà qui est intéressant. Les réactions d'Olga pour survivre à ce monde intérieur qui s'écroule sont violentes, haletantes, parfois insupportables (le chien ! le mignon chien !! Une médaille pour le chien !!!), mais j'étais accrochée à mon livre comme un marin en pleine tempête, en pleine dérive.
Dans l'Amie Prodigieuse, Lenù parle de l'écriture de Lila, qui rend les choses vivantes sur le papier. Et qu'elle lui a pris cela. Voilà, ici aussi, dans les Jours de mon Abandon, les choses sont vivantes et hallucinatoires. Et toi aussi, mon beau chien, beau chien !
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Très belle plongée dans le désespoir qui suit le départ d'un conjoint! C'est poignant, désespérant et on frôle souvent la folie! J'ai souvent eu la tentation de fermer le livre et d'oublier Olga, ses enfants et son voisin violoncelliste. .. Mais la plume d'Elena Ferrante, que j'ai découverte avec "L'amie prodigieuse" m'a portée jusqu'au bout et je ne le regrette pas!
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L'histoire commence ainsi : "Un après-midi d'avril, aussitôt après le déjeuner, mon mari m'annonça qu'il voulait me quitter". Ce mari pour qui Olga a sacrifié beaucoup d'elle-même et particulièrement sa passion, l'écriture. Quinze ans de vie commune, 2 enfants, un bel appartement, une existence sereine et confortable, tout cela est pulvérisé du jour au lendemain. L'homme avec qui elle se voyait vieillir ne veut plus d'elle. Olga n'existe plus. Elle devient juste "une poverella", une femme abandonnée, une femme brisée, comme cette voisine d'enfance dont le désespoir la hante encore. Elle sombre. C'est une longue chute dans le chagrin, la dépression, la folie. Elle entame une descente aux enfers durant laquelle les évènements eux-mêmes semblent se liguer contre elle : son petit garçon tombe malade, sa fille lui tient des propos blessants avant de la mutiler avec un coupe-papier, son chien meurt empoisonné, tandis que les objets se transforment en ennemis : le verre devient coupant, les serrures se bloquent, le téléphone ne fonctionne plus... le sang jaillit, plusieurs fois. Elena Ferrante décrit avec beaucoup de profondeur et de subtilité cet état de crise où la moindre difficulté prend des proportions gigantesques et durant laquelle la révolte, la fureur, la violence et l'obscénité prennent possession d'une femme jusque là parfaitement normale et éduquée. Ah, la génialissime scène où elle se déchaîne contre son mari en pleine rue... L'auteur fouille sans aucun tabou l'âme d'Olga, cette femme qui se débat face à la perte et les années qui passent, face à son désespoir, ses désirs, ses aspirations et ses angoisses. Cette femme qui fait semblant d'être forte, qui ne veut pas sombrer, qui perd pied mais qui s'accroche. Car Olga n'est pas brisée. Olga assume ses enfants, sa solitude, ses journées vides. Olga se relève. Olga analyse son couple, ses sentiments, remonte le fil, cherche à comprendre. Et finit par réaliser qu'il n'y a rien à comprendre, que la vie suit son cours, que les gens qui s'aiment peuvent ne plus s'aimer, qu'elle reste entière et finalement beaucoup plus libre et forte que son mari qui n'a pas eu a traverser ce long désert.
Le texte est d'une grande justesse, le rythme haletant, les images très fortes : la longue et terrible journée où le désespoir et la folie d'Olga atteignent leur paroxysme est aussi celle qui verra sa délivrance. Un magnifique roman que j'ai lu très vite, qui m'a bouleversée et puis étrangement apaisée, comme la vague qui laisse le sable lisse en se retirant.
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Olga, mariée, deux enfants, femme au foyer, mène une vie paisible au coeur de Turin jusqu'au jour où Mario, son mari, lui annonce qu'il la quitte pour une autre femme...

Que de cris, que de larmes, que de grossièretés ! J'ai failli laisser là cette tragédie de papier tant l'overdose était proche. Ressasser ainsi la fuite du mari et le naufrage du couple, décortiquer dans le moindre détail l'état du moment et jour après jour confinent à la nausée.
Bizarrement je n'ai pas abandonné la lecture, j'attendais la résurrection ! Mais je dois être franche et souligner que j'ai fait de larges coupes dans le récit. Une lecture en diagonale en somme !
Le style m'a beaucoup gêné (ou est-ce la traduction ?). Je l'ai trouvé plutôt impersonnel et froid alors que c'est la narratrice qui raconte elle-même son désenchantement. J'ai eu l'impression qu'Olga regardait de haut un pantin désarticulé et agitait les ficelles sans trop savoir que faire. Mais d'un autre côté c'est bien l'impression qu'a voulu donner l'auteure, non ? Je me dis que ce n'est pas le désamour qui perturbe la narratrice, elle accepte plutôt rapidement cet état et d'ailleurs ressent la même chose, mais elle ne supporte pas l'abandon, la fin du rôle qui lui appartenait, elle qui avait sacrifié ces jeunes années à la réussite de son mari. Il lui devait presque la vie en somme et sa dette était immense...
En décortiquant ainsi les émotions et sentiments d'Olga, je ne la trouve évidemment pas sympathique. Elle est dans l'hystérie, la folie. D'ailleurs, je n'ai éprouvé aucune empathie pour elle. D'autant moins qu'elle se sert de son voisin (amoureux transi) d'en-dessous pour avoir la possibilité d'avoir quelqu'un sous sa coupe, encore une fois. Elle ne l'aime pas, le manipule, le trouve bête et laid, et finit par en tomber amoureuse (?) lorsqu'elle découvre par hasard que c'est un musicien talentueux...

Excessif ce personnage et autocentré ! Alors oui, la résurrection est bien là mais on peut se demander pour combien de temps.
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Lorsque Mario, le mari d'Olga la quitte pour vivre avec Carla une femme bien plus jeune, qu'elle a connu dans le passé, c'est tout son univers qui s'écroule. Seule avec ses deux enfants, son esprit demeure complètement habité d'images des deux amants dont elle ne peut se départir. Des jours et des mois durant, perturbée et hantée par sa solitude et son statue de femme abandonnée, Olga multiplie les erreurs, oublie tout, n'arrive à rien de concret, en deux mots, la folie la guette au tournant de sa vie solitaire qui vire immanquablement au désastre avec ses deux enfants, son chien loup Otto et son voisin Carrano un violoniste pour lequel elle éprouve des sentiments très particuliers.

Que dire de cette lecture de Eléna Ferrante si ce n'est qu'elle m'a littéralement épuisée, déstabilisée par la longueur de la description bien trop pesante de son mal être et la vulgarité de l'écriture durant pratiquement la majeure partie du livre que j'ai d'ailleurs failli abandonner. Pourtant je ne parvenais pas à m'en détacher totalement, allez savoir pourquoi !

Pour faire court, j'ai tenu bon et je me suis vue récompensée par une chute plutôt bâclée à mon sens.
Mon avis reste mitigé par cette lecture bien trop obscène à mon goût.
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Olga et Marco sont ensemble depuis quinze ans, ils ont deux enfants. Ils s'accordent, ont appris à se compléter. Un soir, dans la cuisine et sans préambule, il lui annonce qu'il la quitte. Incompréhension, douleur et rancoeur, elle se trouve prise dans un tourbillon qui l'isole, des autres et d'elle-même. Ses pensées lui échappent, fragments de passé et de présent se font écho, tentent de s'expliquer, d'instaurer une cohérence, voire une causalité, oblitérant toute projection dans le futur. Une spirale infernale qui l'emmène vers une folie en sourdine, une horreur intime.

La banalité de la situation frappe le lecteur de plein fouet. Banalité, et pourtant la douleur est toujours inédite et s'étire. L'on assiste, impuissants et happés, au délitement du personnage. Olga ne laisse pas indifférent : on voudrait lui tendre la main ou la secouer selon les pages, elle touche à nos propres faiblesses, qui pourraient surgir sans prévenir. Elena Ferrante écrit avec délicatesse cet abandon et évite les écueils d'une pitié déplacée.
Lien : https://auxlivresdemesruches..
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Je viens de terminer ce livre et je suis mitigée concernant cette lecture. J'avais adoré l'amie prodigieuse mais je n'ai pas retrouvé Elena Ferrante de cette histoire. Une atmosphère trouble, des dialogue glauque et pesante se dégage de ce roman. Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé, mais ce n'est pas non plus le meilleur que j'ai lu.
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Mario quitte Olga. Elle a trente-huit ans et deux enfants en bas âge. Elle a abandonné ses rêves de carrière littéraire pour soutenir son mari; et elle, qui avait cru être une femme libérée, se retrouve vide de tout. Elle dérive et s'enfonce dans une folie qui l'écrase, qui l'asphyxie complètement. Elena Ferrante nous décrit à la première personne, dans un quasi huis-clos, l'histoire d'une femme qui perd pied...

Une analyse sans compromis de ce qu'est l'amour conjugal, de ce qui fait la vie d'adulte. J'ai adoré.
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Une auteur italienne que je découvre et que j'ai appréciée.
Comme beaucoup de femmes qui écrivent, elle a choisi de traiter un sujet sur l'amour, ici un drame conjugal. A priori, l'auteure ne cherche pas à verser dans l'originalité en choisissant ce thème : la séparation de 2 époux après plrs années de mariage. Or, on peut d'emblée noter ce paradoxe : le sujet est banal, fait écho à tant de drames conjugaux. Surtout que là, c'est le point de vue de l'épouse bafouée qui est mis en avant. On voit ainsi se dessiner la trame narrative : l'intrigue reposant sur l'évolution des états d'âme de l'héroïne et de ses relations avec son ex, ses enfants, son voisin. Amateurs d'action, passer votre chemin, tout est dans l'introspection comme pr Marie-Neuser.

Donc on voit l'héroïne passer par une palette variée de sentiments :
-d'abord l'incompréhension, les questions : son mari très concis ne s'est pas étalé sur les motifs de son départ. Elle passe alors en revue les années passées et subit les appels qui restent sans réponse...
- le poids du quotidien : comme il lui faut tout assumer dans ce nouveau contexte, elle se sent de plus en plus fatiguée, commet parfois des oublis, des maladresses.
- la vengeance : Par hasard, elle rencontre son mari en ville au bras de sa maîtresse, cette fois-ci identifiée, et sur le coup de la colère, lui vole dans les plumes. S'ensuit aussi le rapide échange sexuel avec son voisin.
- l'accident ou choc révélateur : un drame survient au cours d'une nuit où son chien et son fils tombent malades sans qu'elle sache pourquoi. Par symboles interposés, la clef perdue, une hallucination, l'appel au secours qui n'aboutit pas, le miroir qu'elle évite avant de l'affronter, l'auteur suggère une crise existentielle qui se termine par un dénouement double.
- la distance : elle décline les invitations à rencontrer d'autres hommes tout en recueillant des infos qui l'amènent à voir son mari sous un autre angle, bien plus critique.
- l'indépendance : elle trouve un emploi, assume ses enfants à la différence de son ex. avec lequel elle a un dernier entretien froid avant de revoir le voisin (qui l'avait déjà un peu aidée au préalable).
Bref, l'auteure transforme presque un drame courant en une sorte de parcours initiatique. Pas mal, assez bien vu : l'héroïne parvenant à dépasser la tragédie qui avait frappé une de ses voisines confrontée à la même situation qu'elle. Face à cette mère courage, on voit aussi en contrepoint se dessiner le portrait critique du père : adultère, abandon du domicile sans explication, tentation de la jeunesse, peu d'attention pour ses enfants. C'est sûr, on voit là la patte d'une écriture féminine qui exprime le point de vue de beaucoup de ses contemporaines, lasses de ces excès et de ces offenses qui se perpétuent encore en dépit des siècles qui passent et ce, malgré l'émancipation du sexe faible en Occident.
Enfin, j'ajouterais pour ma part, que j'ai surtout apprécié la scène devant la vitrine car c'est plutôt rare de voir une femme frapper un homme et le faire avec autant d'impétuosité : une vengeance qui, en plus, est méritée. Un bémol par contre sur la crise existentielle : même si c'est assez ingénieux et cocasse l'astuce du marteau et de la barre de fer pour réveiller le voisin, cette crise peut paraître superficielle ou du-moins, on peine à en voir le sens car les pensées restent enfermées dans les symboles qu'elles ne dépassent pas.



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Si vous avez quelque sensibilité littéraire et êtes ouvert(e) à un horizon qui ne trouve place dans aucune case préétablie, exprimant ici, parfois brutalement, parfois en suggestion, les affres d'une personnalité torturée, celles d'une femme en proie au séisme viscéral de l'abandon - voire vous reconnaitrez en elle?- alors n'hésitez pas, entrez dans l'univers d'Elena FERRANTE. Approchez-la du bout des yeux avant d'être conquis(e)....
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Elena Ferrante est le pseudonyme de Erri De Luca, le véritable auteur des romans.

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