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sur 1962 notes
L'écriture de Jérôme Ferrari nous ligote, nous transporte au fil de phrases magnifiques dont le parcours nous ensorcelle. La vigueur, l'émotion, le déclin et l'espoir, la famille, la France et la Corse, l'histoire, même en Afrique, la mythologie nous hypnotisent avec des sensations haletantes dont quasiment tous les chapitres (sauf le dernier) proviennent des sermons d'Augustin. Les règles, les codes, les traditions, les ascendances et leurs descendances heurtent, provoquent ou bouleversent les relations sentimentales, politiques, historiques, familiales de nations et de populations. Jérôme Ferrari possède une écriture habitée, notamment par le sang, la virulence et la réalité, qui lui a valu le prix Goncourt totalement mérité en 2012. le sermon sur la chute de Rome a même conduit à des effets inattendus, en changeant le regard porté sur la littérature corse jusqu'alors...
A lire, relire et transmettre !
Livrement vôtre
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Le bar local d'un petit village Corse est le théâtre d'un curieux défilement de gérants tentant à la fois de reconstruire leur vie et de maintenir une certaine animation dans ce lieu fortement isolé.
Chacun échoue lamentablement, jusqu'à ce que deux jeunes hommes originaires du pays décident de s'y installer, abandonnant du même coup leurs études à Paris.

Les efforts qu'ils concèdent à l'entreprise et surtout l'idée maîtresse d'embaucher de jolies et "entreprenantes" serveuses font que l'opération se transforme vite en succès. le bar ne désemplit pas, y compris hors saison, certains clients n'hésitant même pas à faire plusieurs dizaines de kilomètres pour boire le même pastis qu'ils pourraient trouver n'importe où ailleurs. La nuit, les esprits sont chauds mais la violence bien que palpable est toujours contenue.

En parallèle à ce récit principal, nous découvrons au fil des pages une histoire familiale multi-générationnelles, intrigante et complexe.

Le décor est planté. Et le récit est servi par une langue magistrale et singulièrement claire. Jérôme Ferrari annonce sa tragédie peu à peu.

La conclusion de ce très beau roman laisse la place au sermon de saint Augustin sur la chute de Rome qui résonne comme un écho très lointain (pas dans l'espace mais bien dans le temps) au destin inéluctablement tragique des hommes qui bâtissent des cités sur du sable et n'embrassent que le vent.

Janvier 2014
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Un excellent roman, qui m'a tout d'abord décontenancée en raison du style de l'auteur : phrases très longues, descriptions développées, peu de dialogues. Il faut se laisser embarquer, adopter une cadence de lecture propice aux sensations que veut nous faire partager Ferrari.
Nous suivons le destin de plusieurs personnages : Marcel, le grand-père ; Matthieu, son petit-fils ; Aurélie, sa soeur et Libero, l'ami d'enfance de Matthieu. La Corse tient également une place importante dans le roman, une Corse tout autant séductrice qu'impitoyable, qui retient, envoûte et emprisonne. C'est la Corse de Mérimée et de Colomba – l'action se déroule d'ailleurs dans un petit village, tout à côté de Sartène - celle du drame, de la tragédie annoncée.
Chacun ici est aux prises avec ses désirs et ambitions. Marcel, né juste après la première guerre, enfant souffreteux dont on ne pariait pas la longévité, rêve de quitter la Corse, de découvrir le monde, d'être reconnu dans ses compétences. Son engagement dans le conflit de 39-40, puis dans l'administration coloniale aurait dû lui permettre d'accéder au destin auquel il rêvait. Las, tout le ramène vers son village natal.
Matthieu, comme le jeune Pagnol, rêve durant l'hiver parisien aux prochaines vacances ensoleillées, synonyme de liberté et d'amitié dans l'Alta Rocca. Comme tous les petits citadins (beaucoup se reconnaitront), le village, berceau familial, est un lieu désiré toute l'année. On se languit des vacances, on espère y vivre toute l'année pensant ainsi renouer avec ses attaches, y trouver l'essence dont on fait un destin. C'est ainsi qu'avec son ami Libero, alors que tous deux font de brillantes études de philo, ils décident de tout abandonner pour prendre la gérance du bar du village.
On comprend, au fil des pages, que Matthieu entreprend le chemin contraire de celui emprunté par son grand-père : loin de fuir, le jeune homme vient chercher au village un sens à son histoire.
Aurélie, archéologue ( le métier n'est pas anodin), réconcilie passé et présent. Elle est la plus à l'aise avec les espaces, les époques, elle entretient des relations équilibrées entre ce qui a participé à la construire (le village, sa famille) mais aussi avec le reste du monde – elle part faire des fouilles en Afrique mais sait revenir quand c'est nécessaire.
Tous essaient, plus ou moins adroitement, de trouver leur place, de faire des choix, d'exister au plus près de ce qu'ils ambitionnent. Pourtant, on pressent que si chacun lutte, personne ne peut totalement maitriser les voies prises par le destin.
C'est assez époustouflant à vrai dire de maîtrise de style, de montée en intensité ; la construction du récit qui alterne les passages sur la vie de Marcel, puis nous ramène au présent, nous tient haletant.
En vacances en Corse, tout à côté du lieu où se déroule l'action, j'ai complètement été happée par l'histoire, relu plusieurs fois certains passages, et vécu un vrai beau moment de lecture.
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J'écris très tardivement mon avis sur ce livre, qui a déjà rencontré un grand succès auprès du public - le prix Goncourt y étant peut-être pour quelque chose ! Oui, je veux bien: ce roman a des qualités. L'idée de mettre en scène ces deux apprentis philosophes choisissant d'ouvrir un bar dans leur village corse est a priori plaisante. Le récit des diverses étapes de leur (més)aventure est agréable à lire, dans l'ensemble. Les considérations sur les familles des deux héros m'ont semblé manquer un peu d'intérêt, mais c'est sans doute pour planter le décor. Le style de l'auteur est abusivement emphatique, ses phrases sont souvent trop longues et le lecteur sent bien que c'est très "fabriqué" mais, après tout, pourquoi pas ? cela donne une couleur particulière à ce texte.

Cependant, ce qui me semble être une vraie "escroquerie", c'est le titre du livre, ainsi que ses pseudo-considérations philosophiques sur la décadence de l'Empire romain… alors que le sujet est seulement l'ouverture d'un bar dans un coin paumé de la Corse ! Tout le monde - y compris ma concierge, par exemple - sait bien que, dans la vie, il y a des gens doués pour les affaires et d'autres qui "boivent le bouillon". Pour faire comprendre ça, il n'y a pas besoin de faire appel à Saint Augustin et à Leibnitz. C'est surtout cela, bien plus que le reste (y compris le style ampoulé de l'auteur) qui me semble insupportablement prétentieux - ce qui m'a empêché d'aimer ce roman
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Chronique familiale sur plusieurs générations ? Oui, mais pas seulement. Chronique sur l'impossibilité de vivre sa vie rêvée ou de rêver sa vraie vie ? Également. Chronique sur l'inéluctable fin des mondes ? Aussi. Il y a tout ceci dans « le sermon sur la chute de Rome » avec en plus et non des moindres, le style de l'auteur. Certaines descriptions sont superbes.

« Mais nous savons ceci : pour qu'une monde nouveau surgisse, il faut d'abord que meure un monde ancien. Et nous savons aussi que l'intervalle qui le sépare peut être infiniment cours ou au contraire si long que les hommes doivent apprendre pendant des dizaines d'années à vivre dans la désolation pou découvrir immanquablement qu'ils en sont incapables et qu'au bout du compte, ils n'ont pas vécu. »

Cette phrase résume la vie des protagonistes de cette histoire.

Nous sommes en Corse. Marcel, vieil homme aigri, égrène ses souvenirs lui qui n'a jamais pu réaliser son rêve de s'élever dans la société, ni fonder une famille. Il y eut toujours un obstacle insurmontable et il restera définitivement en marge de sa vie. Son retour au Pays n'est pas ce qu'il aurait voulu et il passe son temps à contempler une vieille photo sur laquelle il ne figure même pas. le vide est sa vie, lui qui n'a pas su retenir sa jeune femme morte après avoir donné naissance à un fils qu'il a lâchement, mais non sans bon sens, abandonné à sa soeur Jeanne-Marie. le souvenir de la scène avec la putain, crue et pleine de désespoir suivra Marcel comme une trace honteuse. C'est presque un résumé de sa vie, toujours cette honte qu'il traînera.

Par contre, il sera le coup de pouce et permettra à son petit-fils de revenir s'établir dans la Corse que ses parents, cousins germains, ont fui. Matthieu et Libero prennent un bar dans leur village. A partir de cet instant, à eux la belle vie avec des serveuses accortes, l'alcool coulant à flots….. Puis le livre s'enflamme et tout va crescendo jusqu'au coup de pistolet final.

Voici ce qu'ils étaient devenus, alcooliques, fêtards, je-m'en-foutismes, égoïstes, cyniques…la nuit de veillée du jeudi saint les dépeint très bien: « Ils étaient restés debout toute la nuit, au bar, pour ne pas avoir à se réveiller, ils s'étaient lavés les dents dans l'évier du comptoir, mâchaient maintenant des chewing-gums à la menthe fraîche pour que leurs haleines alcoolisées ne troublent pas la piété de cette nuit de deuil »

Matthieu croyait servir son rêve alors que, comme le dit sa soeur Aurélie « il demeurerait pour toujours la petite merde en laquelle il s'était métamorphosé en un temps record, avec un talent qui forçait l'admiration, elle était prête à le reconnaître et personne ne pourrait plus l'aider car il serait trop tard, et les jérémiades lui seraient interdites, comme le confort des regrets… »


Pour clore ce livre le sermon de Saint Augustin que Jérôme Ferrari nous rend si facile et agréable à lire. Il permet une focalisation sur la fin des mondes, la faillite des vies de Matthieu et Marcel, entres autres. Ce sermon garde toute sa modernité alors que, soi-disant, nous serions à la fin d'un monde.

Un livre fort, un style différent et peu banal avec, à certains moments, des phrases très longues, mais faciles à lire. Je n'avais pas de résumé, ne suis pas allée à sa recherche et ce fut, de bout en bout, une bonne découverte.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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L'Histoire est fait de mondes qui naissent, vivent avec plus ou moins d'éclat et meurent de la même façon, c'est-à-dire en silence, même si certains événements qu'on qualifie alors d'historiques nous font croire le contraire. En réalité, l'avènement même de ces événements est inhérent à l'état de pourrissement qui contamine déjà ces mondes.

S'il en va ainsi de l'empire romain dont saint Augustin commente sobrement la chute - et plus exactement, la prise de Rome par Alaric en 410 -, il en va de même pour l'empire colonial français, disparu dans le formidable mouvement de décolonisation post Seconde guerre mondiale, et il en va ainsi pour tous les mondes que chaque personne peut se créer, bulle bien familière et bien rassurante dans un monde - plus global - que l'on ne comprend pas toujours. Il en va donc ainsi du monde de Mathieu Antonetti et de Libero Pintus, deux jeunes étudiants en philosophie à Paris, qui abandonnent justement leurs études pour reprendre un bar dans un haut village de Corse.
La splendeur de la vie quotidienne dans cet oasis de vie au milieu des montagnes corses s'apparente sûrement à ce que les historiens ont appelé, pour l'histoire de l'empire romain, la décadence. Les beuveries, les relations charnelles, bientôt la violence - verbale et physique -, l'humiliation et puis, bien-sûr, la mort achèvent le monde de bêtise et de liberté - pourtant pensé comme le meilleur monde possible - construit par les deux amis.

Le grand-père de Mathieu, Marcel, ancien fonctionnaire colonial, a lui aussi connu la fin du monde. L'empire colonial français a disparu ; il y a perdu sa femme, morte peu après son accouchement, et son fils qu'il a confié à sa soeur aînée. Dans cette marge de l'empire, Marcel a tenté de sauver les apparences avec un gendarme et un médecin, tous deux alcooliques, mais l'empire était déjà moribond.
Le texte peut sembler fataliste. Rien ne semble pouvoir arrêter ce rouleau compresseur qu'est le temps, pas même les illusions humaines dans ce qu'elles ont de grandiloquent ou de futile. Les textes constitutionnels d'un Etat, d'un Empire ne valent pas mieux que la bonne humeur exigée au sein d'un bar de village : rien ne résistera. Pas même l'amour, ce lien intemporel et qui ne s'encombre pas de géographie : Aurélie, la soeur de Mathieu, perd, en s'illusionnant, ses deux amants et amoureux. Ce qu'il y a de fataliste dans la fin de nos mondes, de nos mondes du 20ème et 21ème siècle, c'est peut-être l'absence d'espoir. Saint Augustin commentait à Hippone, à ses fidèles inquiets venus cueillir sa parole respectée, la mise à sac de la Ville Eternelle. L'espoir, dit-il, réside dans la vie éternelle promise par Dieu. le monde est périssable, soyez-en sûr : mais si vous placez vos espoirs en Dieu, alors vous ne le serez pas. C'est cette lumière qui manque donc à notre monde, à nos mondes contemporains.

Malgré ce pessimisme qui imprègne le texte, celui-ci tire sa force et son aura de l'écriture de Jérôme Ferrari. C'est une écriture hypnotique qui laisse peu de répit au lecteur. Les phrases, longues, se déroulent avec une grande fluidité. Si l'auteur a un message sombre à nous faire passer, il nous prend par la main de telle manière qu'on ne saurait résister. Les pages défilent, et tout s'effondre, pour chacun des personnages, sans que l'on veuille réellement que cela se passe autrement, car cela ne se passe jamais vraiment autrement dans la réalité.
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"Le sermon sur la chute de Rome", (Actes Sud, 2012) est le premier livre de Jérôme FERRARI que je lis. Etrange écriture que ces constructions de longues phrases, 'virgulées' à souhait pour permettre une respiration, un retour en arrière, un arrêt sur image, une interrogation quant au sens exact de ce qu'elles veulent dire. Lecture complexe donc, à l'image, peut-être, de la prétention que certains auront du mal à pardonner à Jérôme FERRARI (Goncourt 2012) qui nous entraîne, à la fois, dans deux, voire trois, histoires et dans une réflexion métaphorique sur la fin de toute construction humaine.

Les histoires, croisées tout au long du récit, sont belles. Tristes, mais belles parce que humaines! Marcel, né en 1918, à la fin et le début d'un monde. Il n'a rêvé que d'existence hors de sa Corse natale, il a voyagé mais c'est au pays qu'il termine sa vie dans une amer combat contre la destruction de son propre corps. Avec son ami Libro, issu d'une famille de paysans corses, Matthieu, petit-fils de Marcel, étudie la Philosophie à Paris. Pour des raisons différentes, ils abandonnent leurs études et retournent dans leur Corse d'origine pour, au coeur d'un trou perdu situé au milieu d'à peu près nulle part, transformer un modeste débit de boissons en "meilleur des mondes possibles" voulant, par là, se montrer fidèles aux enseignements de Leibniz. Et puis, troisième histoire, celle de Aurélie, la soeur de Matthieu qui n'a jamais pu vraiment trouver trouver le lieu où vivre un amour et qui, finement, analyse les relations et tensions qui président aux destinées de la famille et trouve sa place auprès du Grand-Père.

En plus de l'histoire, qui sent bon le choc entre le côté rugueux des paysans montagnards et la versatilité d'une certaine jeunesse 'citadine', il y a, dans ce "Sermon sur la chute de Rome", une réflexion philosophique sur toute construction humaine. Faisant constamment allusion aux écrits de St Augustin tâchant de faire comprendre que la chute de Rome n'était somme toute que la fin d'un empire devant en annoncer un autre, une construction humaine devant, par essence même, avoir une fin, l'auteur, dans cette relance d'un café au coeur d'un village qui se meurt, métaphoriquement souligne la même réalité philosophique. Un temps se meurt, l'Homme relance, un nouveau monde se crée, se développe, atteint son apogée, se détruit et meurt... Il en va de même pour les différentes histoires d'amour des personnages. L'homme n'est pas dieu. Même s'il se croit démiurge, capable de créer quelque chose d'important, d'unique et d'éternel, il ne fait que de jouer sa partition au sein d'une histoire qui le dépasse, qui a commencé avant lui et lui survivra.

En équilibre entre l'histoire et la réflexion, comme lecteur j'ai avancé dans le récit, me suis perdu, retrouvé. J'ai partagé certains points de vue de l'auteur, en ai rejeté d'autres ... mais, toujours, j'ai été pris par ce roman. Et même si l'écriture est quelque fois énigmatique, difficile à suivre, et dans son rythme, et dans ses références... j'ai apprécié les idées émises avec justesse, pertinence et, parfois, drôlerie.
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Mon parcours avec ce livre commence par un malentendu. Je m'attendais à un roman très érudit et je me retrouve dans une chronique familiale. L'érudition de Jérôme Ferrari ne doit cependant pas être remise en cause par mes propos, ni même la pertinence du parallèle entre la chute de Rome et la chute de toute entreprise humaine.
Ce parallèle est toutefois très pessimiste. Soit Jérôme Ferrari a peu confiance en l'humanité, soit il partage la vision (mais aussi peut-être les ultimes doutes) de Saint-Augustin en opposant à la fatalité terrestre, un optimisme mystique que je goûte fort peu.
A propos de l'écriture, pour faire simple, Jérôme Ferrari aime les phrases à rallonge(s) quand il veut donner de la profondeur à son texte et des phrases courtes quand il évoque la trivialité. du point de vue littéraire, les premières sont plus intéressantes que les secondes. La poésie de Jérôme n'est pas tant dans ses mots que dans son rythme. Certains passages du roman n'ont fait penser à Jón Kalman Stefánsson (excellent écrivain islandais traduit par Eric Boury) : des phrases qui avancent, puissantes et inexorables, des phrases qu'aucune tempête de neige ou de l'Histoire ne peuvent arrêter.
Il y a beaucoup de personnalités dans ce livre et toutes n'ont pas la place qu'elles méritent , non pas parce qu'elles sont sympathiques mais parce qu'elles sont révélatrices de la mosaïque des caractères humains. Ces personnages sont aussi parties prenantes de bouts d'histoire qui servent d'étais à l'intrigue principale, quant à elle relativement triviale et même presque irréaliste dans son dénouement. Ces bouts d'histoire sont, elles, bien plus profondes et intéressantes, comme autant de livres en devenir pour une vraie saga familiale en dix tomes.
J'ai hésité entre 3 et 4 étoiles mais la comparaison de la chute de Rome et d'une chute plus banale est vraiment une bonne idée. Je n'irai cependant pas jusqu'à qualifier l'écriture de somptueuse comme l'éditeur au risque de manquer d'épithètes pour d'autres auteurs autrement habiles avec la langue française.
Et pour finir, je me demande si le véritable héros de cette histoire ne serait pas Vincent Léandri ? Si vous avez un avis sur cette dernière question, je suis preneuse !
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Quel dommage! Je ne suis pas sûre que le style de Ferrari dans le Sermon de la Chute de Rome ait eu pour but de communiquer la lenteur et la monotonie de vies usées, ou si il s'agit simplement de son style (j'avoue n'avoir pas lu d'autre oeuvre de l'auteur).
Après avoir lutté pour m'engager dans les présentations des vies rêvées et réelles du grand-père, du père et du fils Antonetti, le style ne m'est devenu fluide que pour quelques dizaines de pages avant de me renvoyer dans un mantra ma foi fâcheux pour tout lecteur : "Allez, plus que x pages".

Le soucis, c'est bel et bien que j'aime le maniement des mots de Ferrari, le style, la fresque familiale, le parallèle entre les mondes des Antonetti et le sermon de la chute de Rome de Saint Augustin.
Mais je n'ai lu véritablement avec plaisir et sans arrière-pensée orientée vers le nombre de pages restantes (et le roman est si court!), que lors des cinquante dernières pages...

C'est donc un sentiment mitigé qu'il me restera de cette tragédie... pourtant lue sans regret !
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J'ai eu l'occasion de lire ce livre sans avoir à le réserver et à attendre des mois entiers à la bibliothèque.

Et j'ai bien fait, ce fut une lecture très satisfaisante! C'est plutôt rare chez moi, mais je comprends tout à fait que ce roman ait eu le Prix Goncourt et je suis d'accord avec cette distinction. J'ai adoré ce livre, qui fût un véritable coup de coeur!



Quelques mots d'abord sur le style : L'écriture est belle, fluide, intéressante…je suis stupéfaite à quel point cette plume m'a plu.
Pourtant, parfois elle est très dense, voir même compliquée…mais cela m'a fait du bien, elle m'a forcé à me concentrer sur les mots, leurs sens…dernièrement j'ai lu peu de livre aussi challenging…lire une écriture compliquée c'est génial si on aime l'histoire et le style.
On est fier d'avancer et on est ravi à la fin du livre.


L'intrigue est pourtant assez simple. Il s'agit d'un bar dans un village corse. Deux amis d'enfance abandonnent leurs études pour reprendre ce bar en main, en espérant trouver une paix d'un monde meilleur et plus simple.


le lecteur sait pourtant dès le début que cette affaire, montée avec tant d'innocence et d'espérance, va tourner court et mal finir.


Cependant, au début, tout va bien. C'est presque le paradis. le bar tourne, les gens viennent, les serveuses sont belles et jeunes, l'alcool coule à flot et ils sont les maîtres à bord de ce petit jardin d'Eden.


Le génie de Jérôme Ferari est d'avoir fait le parallèle entre cette situation et un des sermons de Saint Augustin sur la chute de Rome (d'où le titre d'ailleurs, que je trouve très bien choisi ; de toute façon j'adore les romans qui ont une facette religieuse, je trouve cela toujours très intéressant) : Il n'y a pas d'empire qui ne soit mortel.


Comme Saint Augustin le clame, il est logique que Rome arrive à sa fin, car rien n'est éternel, comme il est logique que l'expérience du bar tourne court. Tout comme le grand-père de Matthieu a vu la chute de l'Empire colonial français.


Une des questions qu'on peut se poser est pourquoi Marcel (le grand-père de Matthieu) permet à son petit-fils qu'il n'aime pas de réaliser son rêve : est-ce pour ne pas être le seul à avoir lamentablement raté sa vie ? Est-ce vraiment pour voir un autre « empire » couler comme il a vu le sien sombrer ?

Lui qui avait tellement de rêves et d'ambition et qui finalement, n'a jamais réussi à rien faire, voulait-il avoir un compagnon d'infortune ? Ou espérait-il que Matthieu réussisse là où lui avait échoué ?


J'ai beaucoup aimé le personnage de la soeur de Matthieu.
Très lucide, c'est la seule personne qui a compris (je trouve) comment fonctionne le monde. Elle a choisi sa voie et elle est prête à l'assumer (chose que Matthieu est incapable de faire). Elle assume aussi bien les avantages que les inconvénients.
Elle a choisi ce qu'elle a fait et elle se dirige vers l'inéluctable en le regardant bien en face.

Alors que Matthieu au contraire, joue plutôt l'autruche et ne veut rien voir ni entendre, croyant de toutes ses forces à son petit paradis. Il est incroyablement égoïste et stupide (je n'ai pas trop aimé ce personnage)… il a choisi sa voie et sa vie, mais est incapable de l'assumer.


————————————–

Ce livre fut un coup de coeur. J'en suis sortie presque émerveillée face au style. je vais sans hésiter m'intéresser de près à cet auteur. Je conseille vivement ce roman pour toute personne ayant envie de lire un beau livre, un peu difficile, mais très intéressant.
Lien : http://writeifyouplease.word..
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