Auteur de Bandes Dessinées Samuel Figuière a choisi ce mode d'expression pour parler de son père, René.
Artiste-peintre René a travaillé comme ouvrier-agricole afin d'assurer le quotidien. En retraite, alors qu'il se consacre exclusivement à son art, son état neurologique se dégrade. le diagnostic tombe il est atteint de démence sénile, la leucoaraïose.
Dans la deuxième partie de sa BD Samuel reprend son projet d'adapter les souvenirs d'Algérie de son père. En 1961 - c'est la guerre d'Algérie - René est appelé sous les drapeaux. Comme il considère qu' être artiste est incompatible avec le fait de tuer un homme il opte, non pas pour le statut d'objecteur de conscience ce qui entraînerait une condamnation à plusieurs années de prison, mais pour le refus de porter une arme. Il sera infirmier de parachutistes. La hiérarchie militaire lui fera payer son choix. (sanctions, punitions, jours de prisons).
L'admiration de Samuel pour son père en sort grandit "Plus que mon père, j'ai trouvé un homme courageux qui a lutté pour rester fidèle à ses idéaux de non violence".
Beaucoup d'amour et de tendresse filiale dans cet ouvrage et de l'émotion pour la personne qui le lit.
Bien que n'étant pas une spécialiste de la Bande Dessinée, j'ai apprécié le graphisme, le choix du noir et blanc et le dessin de la page de couverture.
Mes remerciements à Babélio et aux éditions Warum de m'avoir adressé cet ouvrage.
Commenter  J’apprécie         80
J'ai reçu cette bande dessinée (roman graphique ?) dans le cadre de la dernière Masse Critique et je remercie Babelio et les éditions Lapin / Warum ? Wraoum ! pour cette découverte.
Sur l'image de couverture, on voit les représentant de 3 générations qui apparaissent dans ce livre autobiographique puisque l'auteur parle de sa relation à son père qui, en vieillissant est atteint de démence sénile et retombe dans certains états similaires à ceux de la petite enfance, symbolisée par le fils de l'auteur. L'oiseau en arrière-plan servira de fil rouge, à la fois sujet d'étude artistique et ombre du souvenir des périodes sombres mais également symbole de la maladie qui attaque l'esprit du père.
La particularité de cet ouvrage est dans le rapprochement de deux thèmes qui auraient chacun pu faire l'objet d'un livre à part entière : d'une part le témoignage de l'auteur sur la dégénérescence cognitive de son père et d'autre part les souvenirs de la guerre d'Algérie extraits des carnets de ce dernier.
C'est en tout cas un remarquable hommage à cet homme, artiste méconnu, objecteur de conscience obligé de partir malgré tout mais refusant de porter les armes, fidèle à son pacifisme, confronté à l'horreur et l'absurdité de la torture, la barbarie, la violence gratuite et la haine ordinaire.
Commenter  J’apprécie         70
René est atteint de Leucoaraïose, maladie voisine de l'alzheimer. Progressivement, ses mains se mettent à trembler, il ne peut donc plus peindre. Il commence à avoir des visions... ses personnages, la télévision, les photos lui parlent et le renvoient en 1961, en pleine guerre en Algérie. Appelé sous les drapeaux, il refusera de porter une arme car : "être artiste est incompatible avec le fait de tuer un homme" ... L'auteur nous raconte la vie de son papa. C'est émouvant, poignant !!! un superbe hommage à ce père disparu ! Moi-même, je viens de perdre ma grand-mère qui souffrait d'une maladie dégénérative appelée maladie à corps de Lewy ... Très semblable à celle dont souffrait René ! Des hallucinations horribles renvoient nos aînés dans leurs plus grandes peurs et nous, nous sommes impuissants ! La fin est étonnante et pleine d'espoir ... car derrière cette "folie" se cache LA personne que nous avons aimée !! fidèle à elle-même ! J'ai pleuré en terminant ce roman graphique hier soir ... J'ai beaucoup aimé les comparaisons de l'auteur entre le bébé qui apprend et le papy qui oublie ... Un magnifique ouvrage !!
Commenter  J’apprécie         55
C’est l’éternel questionnement de notre place dans l’histoire du monde et dans l’histoire de notre famille, celle qui donne le vertige mais qui est essentielle à la construction de chacun.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Bien servi par un dessin en noir et blanc propice à l’évocation du passé ou de l’imaginaire, et un découpage alternant dynamisme de l’action et moments où l’auteur se concentre sur des phases plus intimes, l’ouvrage fait mouche.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
- Mon fils est né peu de temps après le déclenchement de la maladie de mon père.
Quand il apprenait à marcher... Papa perdait sa capacité à conduire.
(au bébé) : c'est bien pousse avec le bras pour rentrer dans la manche.
(au papa) : Mais ... comment as tu fait pour enfiler un tee-shirt sous ton pantalon !
(au bébé) : Bravo ! avec ta cuillère !
(au papa) : Attends, je vais découper ton steak.
- Le bébé : Ma ... ma
Oui ! super !
- Le papa : Je ... avec ... Bien ...
je ne comprends pas ce que tu veux dire.
Quand l'un apprend... L'autre oublie. Ils se sont pourtant rejoints sur un point, le sourire. Un sourire pur et innocent.
Malgré tout, à chaque retrouvailles, je ne pouvais m'empêcher de scruter son visage pour y traquer avec angoisse de nouveaux signes de vieillissement.
p.23
Même dans ce monde où tout semble partir à la dérive, il y a un certain nombre de vérités premières qu'il faut garder à l'esprit.
Ce matin, le capitaine m'a assuré que j'ai les idées d'un adolescent romantique qui a encore besoin de mûrir. Pourtant, je ne suis pas dupe. J'ai pu éviter le port d'arme uniquement parce que la France n'a jamais déclaré la guerre. Sinon, ils m'auraient fusillé.
Ni Alzheimer, ni Parkinson, jusqu'au bout les célébrités l'auront boudé. Papa était atteint de Leucoaraöse, une banale démence sénile.
Mais l'horreur est souvent ordinaire. Avec l'âge, le cerveau se met à dysfonctionner. Impossible de savoir comment ça évoluerait.
(...)
Est-ce que c'était toujours mon père ?
Je veux dire, amputé d'une partie de sa mémoire, était-il toujours la même personne ou déjà un étranger ? (p.63)