Charlotte

Charlotte Salomon était une fille et une petite-fille, une jeune femme vive, une artiste peintre, une amoureuse, une future mère. Elle était multiple. Mais pour les nazis elle était principalement juive. Si elle a pu se réconforter de son physique « aryen », cheveux châtains et yeux clairs, cela n'aura pas suffit.
A l'Académie des Beaux Arts de Berlin, elle n'a pas pu remporter le premier prix – on lui a préféré une camarade blonde. En raison des lois antisémites, son père a préféré l'envoyer dans le sud de la France pour la protéger – elle sera malheureusement dénoncée en 1943 alors que lui, resté en Allemagne puis émigré aux Pays-Bas survivra à la guerre. Libérée d'un camp dans les Pyrénées où elle avait été envoyée avec son grand-père, puis sauvée d'une rafle par un allemand compatissant, elle mourra dans les chambres à gaz d'Auschwitz le jour même de son arrivée, le 10 octobre 1943, car elle était enceinte de cinq mois.
La vie de Charlotte n'a pas été joyeuse. Au-delà de sa fin tragique, c'est toute son histoire familiale qui est marquée par le drame. Sa tante, également prénommée Charlotte, s'est suicidée par noyade, sa mère s'est jetée d'une fenêtre et sa grand-mère s'est pendue. Amoureuse d'Alfred quand elle vivait encore à Berlin – il fut le répétiteur de sa belle-mère cantatrice – elle le perd de vue quand elle doit gagner la France. Elle rencontre Alexander, un réfugié autrichien, un an avant leur mort. Ils ont à peine le temps d'être heureux, de se marier et de penser à fonder une famille. Alexander ne survivra à Charlotte que de quelques mois car il mourra d'épuisement le 1er janvier 1944.
Avant de mourir, sentant probablement l'étau se resserrer, elle écrit « Vie ? Ou théâtre ? » – journal des années 1940 et 1942, mêlant récit, croquis et peinture – qu'elle lègue à l'amie américaine qui l'avait protégée à son arrivée en France.
David Foenkinos a produit ici un sublime hommage à Charlotte Salomon. Cette biographie a reçu le prix Renaudot et le Goncourt des Lycéens en 2014. le style est très particulier : il passe à la ligne à chaque phrase. On lit donc ce livre comme on lirait un conte. Cela donne un rythme saccadé, propice à la lenteur et à la découverte de cette lumineuse jeune femme. L'écriture est pudique, éminemment respectueuse. On sent l'auteur touché et sous le charme de son héroïne. Et surtout, il a choisi d'écrire au présent. Il ne pouvait pas mieux faire pour la rendre actuelle et présente.

Une petite pépite !
Foenkinos a enquêté sur cette artiste allemande, Charlotte Salomon. Il nous raconte son histoire et n'hésite pas, par touches très discrètes, à s'impliquer dans le récit, lui, l'auteur qui est parti sur les lieux, sur ses traces pour mieux s'imprégner de cette artiste.
Foenkinos nous retrace la vie (ou plutôt le destin tragique) de Charlotte Salomon, artiste peintre, arrêtée en 1943 par les nazis à 26 ans alors qu'elle était enceinte. Dès sa naissance, à Berlin en 1917, le tragique est ancré au vu des nombreux suicides qui touchent la lignée maternelle. Bien après la nuit de Cristal du 9 au 10 novembre 1938, elle devra fuir l'Allemagne et laisser derrière elle son amour Alfred, son père Albert, éminent médecin et sa belle-mère, Paula, célèbre cantatrice. Charlotte se réfugiera dans le Sud de la France à Villefranche-sur-mer.

Histoire racontée sobrement mais avec intensité. On se demande même comment l'auteur peut nous captiver en racontant seulement l'essentiel de toute une vie. Et pourtant, dès le début, j'ai été hypnotisée par cette vie hors-du-commun.
Un style particulier : une phrase, une ligne. L'auteur nous explique d'ailleurs la raison de cette particularité : ""J'ai tenté d'écrire ce livre tant de fois.
Mais comment ?
Devais-je être présent ?
Devais-je romancer son histoire ?
Quelle forme mon obsession devait-elle prendre ?
Je commençais, j'essayais, puis j'abandonnais.
Je n'arrivais pas à écrire deux phrases de suite.
Je me sentais à l'arrêt à chaque point.
Impossible d'avancer.
C'était une sensation physique, une oppression.
J'éprouvais la nécessité d'aller à la ligne pour respirer.
Alors, j'ai compris qu'il fallait l'écrire ainsi."
Je ne connaissais pas cette artiste mais après lecture, j'ai envie d'en savoir plus sur Elle. Son histoire est tellement ... touchante... le mot est si faible.

David Foenkinos retrace dans ce roman-biographie la vie et le destin de Charlotte Salomon, artiste-peintre juive-allemande. On est témoins de sa tendre enfance mêlant amour et mélancolie, puis de sa jeunesse empreinte à la fois de passion et de détresse. S'ensuivront la description des dures années de l'antisémitisme en Allemagne, puis de la guerre en France, qui bouleverseront un génie exceptionnel.

J'ai non seulement pu découvrir une artiste qui m'était inconnue, mais grâce à l'écriture de David Foenkinos, j'ai ressenti une profonde intimité avec elle. Charlotte Salomon n'a été à aucun moment de sa vie épargnée par le destin, mais elle a pu, malgré ou grâce à cette succession d'évènements tragiques, créer une oeuvre exceptionnelle et avant-gardiste.
David Foenkinos a choisi un style d'écriture très particulier pour nous livrer avec beaucoup d'humilité l'histoire de Charlotte Salomon. Il explique d'ailleurs au cours du livre son choix stylistique, ce qui donne encore davantage de force au roman. Les raisons qui ont poussé David Foenkinos à choisir ce style, sont les mêmes qui m'ont accrochée au texte aussi intensément. C'est un livre que je ne parvenais pas à quitter mais que j'avais la sensation de livre trop vite, de ne pas lui réserver le respect qui lui était dû. J'aurais voulu prendre le temps de déguster chaque mot, de m'y arrêter pour les savourer mais j'étais incapable de ralentir le rythme de ma lecture tant j'était happée par l'histoire et par le style.
Et, au-delà de tout cela, l'auteur m'a donné envie d'en savoir plus sur l'oeuvre de Charlotte Salomon. Pour cette raison, je pense que c'est pari gagné M. Foenkinos.

Un livre touchant au travers duquel l'auteur nous partage sa fascination pour Charlotte Salomon, une artiste ayant vécu pendant la Seconde Guerre Mondiale. La forme - des phrases très courtes et tout autant de retours à la ligne - surprend au départ, mais devient très vite une évidence. Comme autant de traits pour dépeindre le portrait de Charlotte. Cet ouvrage s'éloigne de ce que j'ai l'habitude de lire, mais cela ne m'a pas empêchée de le terminer très rapidement, partagée entre l'envie d'en découvrir plus sur l'histoire de l'héroïne et l'envie de faire durer un peu le plaisir.

Charlotte, c'est le portrait saisissant d'une femme exceptionnelle, évocation d'un destin tragique, Charlotte est aussi le récit d'une quête. Celle d'un écrivain hanté par une artiste et qui part à sa recherche. David Foenkinos le dit lui même, il est obsédé (dans le bon sens du terme) par Charlotte Salomon et n'a qu'une envie avec son roman : faire découvrir cette artiste peintre pour laquelle il voue une admiration sans borne.

De l'auteur, je n'avais lu jusqu'à présent que La délicatesse, un roman agréable à lire mais qui ne m'avait pas laissé un souvenir impérissable, ce ne sera pas le cas de celui-ci que j'ai beaucoup aimé et qui m'a profondément émue.

Je ne connaissais pas Charlotte Salomon avant d'entamer ma lecture et grâce à David Foenkinos, cette erreur est réparée. Dans ce roman à deux voix (je pour l'auteur, elle pour Charlotte) écrit en vers libres, l'auteur se mue en détective en se rendant sur tous les lieux emblématiques de la vie de son héroïne, pour s'imprégner des murs mais aussi découvrir le moindre détail de son existence, essayer de retrouver des témoins qui l'auraient connu.

Il retrace la rencontre de ses parents au coeur de la première guerre mondiale, sa naissance, son enfance, ses amours et les évènements marquants de sa courte vie, jusqu'à sa mort en déportation alors qu'elle était enceinte et âgée de 26 ans seulement.

Il explique à merveille le contexte historique de l'époque, j'ai appris d'ailleurs bon nombre de choses que j'ignorais totalement, mais aussi le contexte familial de Charlotte : sa famille maternelle est marquée par un certain nombre de suicides depuis plusieurs générations, ce qu'elle apprendra très tardivement mais qui la marquera sans aucun doute.

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C'est avec passion, que David Foenkinos a recomposé l'histoire de cette jeune femme juive.
La nouvelle édition comporte des reproductions de tableaux de toute beauté.
Charlotte Salomon a beaucoup de talent, mais doit fuir sans cesse devant la menace nazie.
Le style du roman est un peu étrange, car l'auteur va à la ligne à chaque phrase.
Cela se traduit par une lecture saccadée et oppressante comme la vie mouvementée de Charlotte.

J'ai attendu longtemps avant de me décider à lire ce livre malgré les critiques positives mais l'écriture en vers libres me rendait perplexe. J'avais peur d'être déçue et de m'ennuyer au fil des pages. Quelle erreur !
Les phrases brèves, enchaînées sous forme de courts chapitres retranscrivent à merveille l'émotion de l'auteur en touchant également le lecteur. Et surtout, on évite de tomber dans le pathos tout en accentuant la tension qui règne en maître tout au long de la biographie de Charlotte.

Que dire de l'histoire, qui est poignante et bouleversante ?

On partage et, même, on vit la souffrance de Charlotte qui manque cruellement d'affection et d'amour que ce soit au sein de sa famille, de la société d'alors ou avec l'amour de sa vie.
Charlotte tente de se construire au sein d'une famille très fragile psychologiquement, marquée par de nombreux suicides côté maternel. Mais cette faille, elle ne la connaît pas, les vivants préfèrent cacher cette vérité blessante et dérangeante.
Rien n'est pire que de grandir dans l'ombre d'un secret familial.

Pleine de mélancolie et réservée, Charlotte doit également affronter la montée de l'antisémitisme jusqu'à l'exclusion des juifs au coeur de Berlin. Si elle a eu l'exceptionnelle autorisation d'intégrer l'Académie des Beaux-arts de Berlin grâce à son talent et au soutien sans faille d'un de ses membres, elle a dû renoncer à la remise d'un prix bien qu'elle ait été désignée comme lauréate. Il serait insensé de remettre un prix à une Juive en pleine montée du nazisme !

Enfin, elle rencontre l'amour de sa vie, Alfred. Ils sont attirés l'un par l'autre et se désirent fortement. Mais Alfred est très particulier et ne se laisse pas aller. Il veut maîtriser ses émotions et ne lui autorise aucune visite. C'est lui qui doit venir la voir et non l'inverse.

Tourmentée par tous ces événements, elle s'exprime par la peinture. C'est son refuge et sa vie. A tel point que, se sachant en danger, elle a confié ses oeuvres à une personne de confiance.
Grâce à cet acte, elle nous a laissé un souvenir fort et émouvant.

Je n'ai pas du tout adhéré au maniérisme stylistique mis en place par l'artiste avec ces retours incessants à la ligne, cette apparente prose... cela dessert totalement le propos et la découverte de l'artiste peintre et donne au final un résultat en demi teinte de pseudo bluette / fascination d'un écrivain pour une peintre. C'est fort dommage.

Ce n'est pas encore cette année que je vais faire lire à mes élèves autre chose que des romans autour de la seconde guerre mondiale...

Je connaissais Foenkinos pour ses "Souvenirs" et sa "Délicatesse", mais ce n'est qu'avec Charlotte que je découvre pleinement son potentiel. J'ai trouvé ce roman beau, touchant et fort. Plusieurs choses participent au fait que ce roman est bouleversant : le fait qu'il soit biographique, d'abord et surtout, et l'écriture très particulière à mi-chemin entre passé et présent, entre héroïne et narrateur et aussi ce besoin de respirer entre les phrases. Pépite absolue!

Livre singulier, Charlotte de David Foenkinos est le récit romancé et remarquable de la vie de Charlotte Salomon, jeune berlinoise née en 1917 et disparue à Auschwitz en octobre 1943. Elle avait 26 ans.
Est-on tout à fait maître de son existence ? Et si elle est, quelle est la part de prédestination qui échoie à chacun ? Ce sont les questions qui reviennent sans cesse tout au long de ce roman.

Depuis sa jeune enfance, Charlotte Salomon doit composer sa vie avec celle de sa famille, les non-dits, les silences les plus enfouis. Charlotte c'est d'abord le prénom de sa jeune tante (la soeur de sa mère). Elle est belle et rayonnante. Les deux soeurs ne se séparent jamais. Elle décide pourtant un soir de se donner la mort en se noyant. le désarroi dans la famille et les proches est immense.
Le temps passe, 1914, l'Allemagne rentre en guerre. Franziska fait la rencontre d'un jeune étudiant en médecine. Il se nomme Albert Salomon. Ils s'éprennent l'un de l'autre et décident plus tard de se marier. C'est en octobre 1917 que naît ce qui sera leur seul enfant. C'est une fille. Contre l'avis de son père, Franziska lui donne le prénom de sa soeur disparue, Charlotte.
Mais Franziska ne s'intéresse pas à sa jeune enfant. Elle la délaisse, sombrant dans la dépression. L'entourage s'inquiète. Un jour, échappant à la vigilance de ses proches, la jeune mère se défenestre.

Charlotte grandit aux côtés de son père. Devenu enseignant-chercheur à la faculté de médecine de Berlin, celui-ci est souvent absent. Il lui présente un jour Paula, cantatrice de renommée internationale. Charlotte et la nouvelle venue dans le foyer se découvrent très vite une même sensibilité et ne tardent pas à s'apprécier énormément. Pour les besoins de sa voix, Paula a recours aux services d'un jeune professeur fantasque mais très doué. Alfred, c'est son prénom, et Charlotte se rapprochent l'un de l'autre. Leur amour est en train de naître. Charlotte se découvre alors une passion pour le dessin...

Dans une écriture toute en équilibre et en tension, David Foenkinos relate avec une très belle maîtrise, la vie (doit-on dire le destin ?) de Charlotte Salomon. le désespoir compose toujours avec l'espoir, la pénombre avec la lumière, le présent avec le passé et l'amour avec la solitude. Reste avec ce roman le souvenir de la vie de Charlotte Salomon mais aussi ses très beaux dessins, lumineux et colorés, tous à voir.

«Charlotte» est un livre sincère et touchant dont je recommande très vivement la lecture.