Je viens de terminer le troisième et dernier volet de l'histoire du 20ème siècle vu par
Ken Follett au travers de l'existence mouvementée de plusieurs familles américaines, anglaises, allemandes et russes. Celles-ci vont vivre les horreurs du Mur de Berlin, la ségrégation raciale aux Etats-Unis d'Amérique, la guerre froide, la guerre du Vietnam, le phénomène hippie, l'irrésistible montée en puissance des drogues en tous genres et du rock and roll ! Voilà un programme bien chargé qui aura bien besoin des 1200 pages allouées à ces aventures qui couvrent une période comprise entre 1960 et 1988…
Cette oeuvre ambitieuse semble peu à peu perdre le souffle épique qui était le sien dans les deux précédents opus. Peut-être l'effet de la proximité des évènements avec notre propre vécu ?
S'il est vrai que l'on suit avec un certain intérêt les déboires et bonheurs des personnages maintenant bien connus du lecteur, la magie peine à opérer. Les éléments historiques sont de la plus grande authenticité et tout semble fait pour nous entraîner dans un univers dynamique et bien réel. Malheureusement, on se sent juste spectateur de scènes attendues et parfois excessivement caricaturées. Ainsi, la liaison secrète de la belle Maria avec John Kennedy, ou la proximité improbable de Dimka, jeune conseiller, avec les premiers secrétaires soviétiques successifs de la période, ou bien encore l'écrivain russe envoyé au Goulag qui fait passer à l'Ouest une oeuvre littéraire majeure qui n'est pas sans rappeler
Alexandre Soljenitsyne…
Certes,
Ken Follett est virtuose dans l'art de raconter des histoires et particulièrement l'Histoire. Il nous a régalé avec ses Piliers de la terre et son Monde sans fin. Il m'a enthousiasmé avec les deux premiers tomes sur les guerres mondiales (La chute des géants et l'Hiver du monde). Là, il me laisse sur ma faim. Je me suis même surpris à parfois m'ennuyer… Les évènements se succèdent trop vite, les situations sont préfabriquées et ça se voit. Les personnages manquent cruellement de profondeur et de souffle et ne sont que les éléments de décor du film historique qui se déploie au premier plan.
Bien aidé par ses conseillers en histoire,
Ken Follett a peut-être eu le tort de vouloir trop en faire avec des évènements dont je ne discute pas l'importance, mais sans commune mesure avec les deux guerres mondiales en ce qui concerne notre vision européenne voire franco-française du monde...
Néanmoins, j'ai beaucoup appris sur l'histoire récente des Etats-Unis et le fonctionnement de la Russie soviétique, même si cela ne m'a guère ému en tant que lecteur de romans. Au moins, à cet égard, je remercie pleinement et sincèrement
Ken Follett que je ne cesse d'admirer pour l'originalité de son oeuvre qui n'a guère d'équivalent.
Michelangelo 2014
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