Lecture commune de notre bookclub, nous allons rencontrer l'autrice à la fin du mois (septembre 2002).
Si j'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire (la tristesse ambiante ? la rentré des classes ? la fin de l'été ?), j'ai tout de suite apprécié l'écriture très poétique, évocatrice, qui nous immerge pleinement dans l'atmosphère du pays. Si la narratrice relit son histoire depuis la France où elle est rentrée, on plonge avec elle dans ses souvenirs jusqu'à les ressentir soi-même ou du moins leur puissance évocatrice a fait remonter chez moi d'autres souvenirs de voyages. A la seconde moitié du livre, bien que le roman soit triste et qu'on sent venir le drame, je ne l'ai plus lâché, car je voulais comprendre ce qui s'était passé, le pourquoi et surtout le comment. On regrette de ne pouvoir échapper à la fin à la dureté et la fatalité de la vie dans ces pays de misère, j'aurais aimé une "happy end" pour couronner cette relation si forte entre la femme et l'enfant, mais cela aurait été sûrement bien trop loin de la réalité, de la vraisemblance, hélas!
Le roman retranscrit bien la rencontre entre les cultures, le décalage qui existe même s'il semble parfois -trompeusement- s'estomper avec la complexité de ces relations entre expatriés et "locaux", mais c'est aussi un bel hommage à l'universalité de l'amour maternel, au-delà des cultures et des couleurs de peaux. Ellen, l'héroïne et narratrice, se laisse prendre au piège des sentiments et y laissera un morceau de son coeur et ne sera plus jamais la même, ce qui -je crois- est assez inévitable quand on séjourne longuement dans un autre pays que le sien, encore plus s'il y a un grand décalage entre ce pays et celui d'origine. Si j'ai parfois eu envie de la secouer un peu, j'ai trouvé le personnage d'Ellen touchant et attachant.
Je ne suis jamais allée à Madagascar, j'en ai seulement beaucoup entendu parler par des expatriés en VSI, mais certaines scènes m'ont fait penser à Haïti où j'ai passé un mois et demi dans les bidonvilles, notamment les scènes dans les rues, les enfants abandonnés, la mendicité, l'insécurité prégnante ... ou à l'Inde aussi.
En bref : avec une certaine pudeur mais sans fard, le roman évoque la dureté de la vie dans certains pays en voie de développement et la difficile place à trouver pour chacun dans ce monde comme plombé, que l'on soit étranger ou "local", ... On se laisse porter autant par la mélancolie de l'histoire et la poésie de l'écriture.
Un premier roman que je trouve réussi, dans l'expression des sentiments
Une envie aussi d'en apprendre plus sur l'histoire malgache que je ne connais pas
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