Chaque livre, chaque auteur, nous apprend quelque chose. Ce fut le cas avec "
Canada" de
Richard Ford. Je l'ai lu il y a quelques années et je ne me souviens plus de tout, je me souviens de cet adolescent qui m'avait touché, son histoire et celle de sa famille. Ce que
Richard Ford m'a appris avec "
Canada", c'est la patience. J'ai chassé les préjugés des lecteurs qui trouvaient le livre "ennuyeux et long" et j'ai écouté mon coeur de lectrice, l'envie de découvrir un nouvel auteur. J'ai appris à prendre le temps, à m'accrocher, à laisser l'intrigue se dérouler. Et j'ai été récompensée! Tout comme avec "Le chant de Dolorès" de
Wally Lamb que j'ai lu il y a peu de temps, je me suis rendue compte que j'ai failli passer à côté d'un livre que j'ai aimé, grâce à cette patience et la récompense fut de découvrir une nouvelle histoire, une belle écriture: simple mais évocatrice, chaque détail minutieusement choisi pour exprimer le caractère et le lieu du récit, tout en laissant assez de place à l'imagination du lecteur. Une autre récompense fut de découvrir une belle histoire qui m'a émue, tenue en haleine jusqu'à la fin du récit. Je m'attachais de page en page au narrateur, m'intéressait à son sort. J'ai été agréablement surprise et émue, j'ai lu un livre qui m'a captivée du début à la fin, que demander de plus?
Outre le style et la plume de
Richard Ford, j'ai aimé l'histoire: le narrateur, Dell
Parsons, remonte le temps sur cinq décennies jusqu'en 1960, année où sa mère et son père ont braqué une banque dans une petite ville des plaines de l'est du Montana. D'après le ton de Dell - parfois tendre, parfois ironique mais toujours doux et réfléchi - on est presque sûr qu'il s'en va bien s'en sortir, malgré les crises qu'il a traversées pendant tant d'années et tant d'épreuves.
Richard Ford raconte le braquage de la banque dès la première page du roman, mais il maintient un brillant équilibre entre l'intrigue et les faits qui se déroulent autour de l'incident. Il revient notamment sur les moments où ses parents auraient pu faire demi-tour sans les juger, malgré le fait que cette énorme bêtise va le séparer d'eux mais aussi de sa soeur jumelle! Car c'est aussi le portrait d'une famille que l'auteur nous dessine avec brio, le père, Bev
Parsons, un rêveur, qui quitte l'Air Force et installe sa famille à Great Falls, croyant que son charisme le mènera à un succès facile, loin de la structure rigide de l'armée. Neeva, sa femme, menue, peureuse, le regard fuyant,ne lève les yeux que rarement de ses occupations ménagères. Leurs enfants sont aussi différents que leurs parents - la fille, Berner, est maladroite, ne se trouve pas jolie et n'a que peu de confiance en elle, ressemble à sa maman, tandis que Dell a hérité du physique et de l'esprit de son père. Ils sont élevé avec amour mais sans grande stabilité.
J'ai aussi aimé les descriptions du paysage, du voyage de Dell, pas seulement son déménagement au
Canada mais ce voyage intérieur,ses réflexions, cette mélancolie lorsqu'il repense aux conséquences dramatiques qu'à eu ce braquage, sa vie à Great Falls, en Saskatchewen, dans une petite ville fantôme où il va vivre dans un petit monde d'adultes marginaux.
SI je devais choisir quelques mots pour décrire
Canada, je choisirais actes, conséquences, réflexions, frontières (frontières aussi étroites que celle qui sépare les Etats-Unis et le
Canada ou que celle qui sépare le bien et le mal), mélancolie, souvenirs, regrets, passé et... espoir!