« Selon que vous serez, puissant ou misérable,… »
Avec «
Les portes étroites »,
Simon François nous propulse en immersion dans le monde du cinéma… ou plutôt, dans la mouvance qui gravite autour de ce miroir aux alouettes qu'est « le 7° Art »…
Les « ventouses », vous connaissiez ? Moi pas ! C'est le nom donné à ceux chargés de « garder les places sur les zones de tournage » afin que les camions des techniciens et les vans luxueux des stars puissent stationner sans problème… ou que des scènes puissent être tournées sans véhicule inapproprié intempestif.
Les petites mains, les « sans-noms »… c'est le métier que fait Didier depuis 20 ans. Didier, alias Gibson, pas pour l'acteur, pour la marque de guitare !
Musicien raté, père raté, mari raté, alcoolique et fumeur accompli, loubard et petit truand à ses heures perdues, Didier n'est pas un mauvais bougre mais il n'a jamais eu la chance de croiser la bonne personne… et puis son épouse, Corinne, est tombé malade… enfin plus exactement elle a subi un « dommage collatéral » suite à la prise d'un traitement qu'un labo pharmaceutique maintient sur le marché malgré plusieurs plaintes… et puis il a loupé la rencontre avec son fils, parti ailleurs explorer une passion qu'il ne partage pas… Beaucoup de ratés pour un seul homme.
Lorsque Ted, un jeune fraichement débarqué dans l'équipe pour servir de « ventouse », se retrouve au centre d'une sale histoire avec une accusation de meurtre sur le dos, il n'hésite pas longtemps et fonce dans le tas pour tenter de l'aider… une manière de se racheter de ne pas avoir soutenu son fils… ?
Voilà, vous avez le décor …
L'auteur nous embarque avec lui aux côtés des petites frappes de banlieue, des petits malfrats sans envergure, mais aussi des groupes financiers puissants et intouchables par leurs accointances avec les politiques !
Il utilise volontiers un langage parlé, plutôt familier, émaillé d'expressions et de mots issus des banlieues, qui nous permet une plongée totale dans l'univers de son personnage : Didier, musicien raté, père raté, mari raté, alcoolique et fumeur accompli, loubard et petit truand à ses heures perdues.
Un 1° roman réussi dans lequel j'ai plongé facilement ! Un auteur à suivre, sans hésiter 😊
Ah oui… j'oubliais :
Une « porte étroite » en jargon juridico politique, c'est un petit trou de souris par lequel on peut espérer se faufiler pour mettre à bas une loi et la faire annuler, un vide juridique qui permet de contourner, voire même de casser une loi, même après qu'elle ait été votée ! en déposant un recours auprès du Conseil Constitutionnel… Enfin, ça ne concerne ni vous, ni moi… juste une infime fraction de la population qui y trouve un intérêt, financier de préférence, et dont le bras est suffisamment long pour actionner ce type de levier ☹ Elle est pas belle, la vie ?