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Roman superbement bien écrit dont on ne peut se détacher qu'une fois la dernière page tournée à regret. Tout y est savamment bien dosé , les descriptions, les couleurs, les odeurs, les sentiments, la narration servie par un style riche et poétique.
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Cela aurait pu être une belle balade dans les environs de Manosque, bercé par le chant des oiseaux que René Frégni sait bien nous montrer. Il faut attendre que tout bascule pour que ce livre prenne aux tripes.

Dans Les vivants au prix des morts, l'auteur se met en scène. Il décide d'écrire son journal pendant qu'Isabelle, sa charmante compagne, exerce son métier d'institutrice. Comme pour toutes les bonnes résolutions, il débute cela un 1er janvier. « J'observe les hommes, je fréquente les arbres », note celui qui a longtemps donné des cours aux personnes détenues dans la prison des Baumettes, à Marseille.
Justement, le 11 janvier, il reçoit un appel de Kader, un ancien de son atelier d'écriture qu'il voyait chaque lundi, derrière les barreaux. Kader est en cavale. Il lui demande de l'aide mais c'est un danger : « Un danger qu'avaient forgé, heure après heure, jour après nuit, pendant plus de vingt ans, ces forteresses de béton, d'acier et de violence que l'on aperçoit de loin… »

René Frégni parle de ce qu'il connaît avec précision et émotion. Toutes les souffrances, tous les dégâts causés par l'enfermement sont bien décrits. « En prison, pendant des années, on regarde les murs, il y a toujours un mur à quelques mètres. le paysage, l'horizon, ça n'existe pas. »
Les confidences de Kader sont là pour étayer la réalité de ce qu'il décrit. Il combat aussi les inepties qui se racontent : « C'est pas les salafistes qu'il faut combattre, René, c'est la pauvreté, c'est l'injustice. » Pourtant, héberger Kader n'est pas une sinécure et René se tue au travail pour évacuer le stress jusqu'à une issue qui n'échappe pas au désir profond de liberté.

Dans ce livre, la nature qu'elle soit sauvage ou modelée par l'homme, est très présente, décrite avec beaucoup de talent mais c'est l'analyse de l'enfermement des êtres humains et ses conséquences qui ressort et doit faire réfléchir.


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C'est fait ! moi aussi j'ai lu mon premier Frégni. Je dois avouer que ce n'est pas un franc coup de coeur, mais je me suis régalée quand même en découvrant cette improbable histoire d'amitié et de cavale. Si l'on en croit le narrateur à la première personne, c'est lui, Roger Frégni, le personnage principal de cette aventure. Il vient en aide à Kader qui tente d'échapper à la police après une énième évasion. le fugitif va solliciter l'écrivain bien tranquille, promeneur admiratif de son arrière-pays, contemplateur attentif de la nature et de la beauté de sa femme, et des femmes en général. Ils se sont connus alors que Roger Frégni animait des ateliers d'écriture dans les prisons, ne s'étaient pas recontactés, mais avaient sympathisé à l'époque. Pourtant, aussi touchant et intéressant que soit Kader, il reste un truand dangereux qui va entraîner le narrateur bien loin de ses sentiers habituels…
***
J'aime bien l'aventure de ces deux-là, l'écrivain et le truand : la confiance et l'admiration que Kader porte à son hôte, la bienveillance et la considération que Frégni accorde au taulard. On a l'impression, dans les premiers mois de cette aventure qui durera presque un an, que les choses ne pouvaient pas se dérouler autrement, que forcément, le premier ne pourrait qu'aider le second, sorte de truand à l'ancienne, avec un certain code moral… Plus que la qualité de cette histoire, c'est le style de Frégni qui me poussera à continuer à le lire. J'ai beaucoup aimé les descriptions de son coin de Provence, sa manière poétique, à la fois détachée et profonde, de considérer le monde et les êtres qui l'entourent (Isabelle ! une perle), d'évoquer les sons et les couleurs, de faire partager la chaleur du soleil ou l'épuisement causé par une journée de travail au jardin. Je me suis fréquemment retrouvée plongée dans les paysages ou les ambiances décrites grâce à la sensualité de l'écriture et à son pouvoir d'évocation. J'ai moins apprécié la fin de l'aventure : y aurait-il une suite à venir ou faut-il laisser les personnages où ils sont ?
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Mince alors….la magie Frégni n'a pas fonctionné avec moi !

Cet ouvrage m'avait été recommandé par une babeliote et je vois que cet auteur originaire de Marseille, bien que discret dans les médias, développe un vrai « fan-club ».
Les vivants au prix des morts est un jeu de miroirs entre réalité et fiction : le narrateur vit à Manosque comme l'auteur et s'appelle René Frégni ! Il a le même âge, manifestement le même vécu et comme l'auteur, intervient dans une prison de Marseille pour des ateliers d'écriture. Il est contacté par un truand en cavale avec qui il a fait des ateliers pour l'aider à trouver une planque. Son acceptation va le projeter dans un enchaînement d'événements qui le dépassent et bouleversent son existence tranquille.

Le sujet est donc plutôt bien trouvé et j'espère pour l'auteur qu'il s'agit bien d'une fiction !

Mais en ce qui me concerne, ce roman a manqué de « mordant », si je puis m'exprimer ainsi. le narrateur se décrit comme un grand contemplatif amoureux de la nature et de sa femme. Il enchaîne les catastrophes avec une passivité qui m'a un peu agacée. Trop plat pour moi dans le style aussi et je me suis un peu lassée de la description des seins de sa femme ou des promenades autour de Manosque.

Ce fut une lecture plutôt agréable mais de là à s'extasier, il n'y a qu'un pas que je n'ai pas franchi. J'en suis un peu désolée car l'auteur semble éminemment sympathique.
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Je découvre la plume de René Fregni par la lecture de son onzième roman ! Sensible à la beauté du titre, je n'ai pas hésité en le dégottant dans les travées de la bibliothèque où je m'alimente. Dès les premières pages, je me suis sentie « à la maison » (famille maternelle marseillaise !!) par l'évocation des collines provençales ou les rues sales du Vieux Port. Il m'a donc été simple de laisser couler l'histoire de René, le sage philosophe des collines amoureux de sa belle Isabelle, aux prises avec les démons de ce monde d'aujourd'hui plein de violence et à qui personne n'échappe. René a érigé une barrière protectrice contre le tumulte du monde : une maisonnette au bout d'un village, une liasse de pages écrites chaque matin dans une reliure rouge carmin, un code de conduite irréprochable basé sur la patience, la fidélité et la droiture. Pourtant, l'évasion de Kader que René a connu lorsqu'il animait un atelier d'écriture en prison va faire voler en éclat la vie si bien rangée de son ami. Parce qu'il veut donner une chance à Kader de retrouver une vie paisible hors de l'univers carcéral, parce qu'il croit voir en cet homme une victime de cette société broyeuse de vie humaine mais aussi parce qu'il est un homme d'honneur, fidèle à lui-même, René ira loin, très loin pour le sauver jusqu'à sacrifier des pans entiers de sa propre vie. Une écriture claire et limpide qui file comme l'eau d'un ruisseau avec des accents poétiques aux voyelles bien appuyées sert un récit original et bien mené. Je comprends l'addiction de bon nombre de Babeliotes pour ce romancier sympathique et dépaysant ! Une belle découverte.
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René Frégni a une longue expérience de la prison en tant qu'animateur d'ateliers d'écriture. de puis des années, il ouvre la porte des mots et des phrases à de jeunes détenus, la plupart du temps issus des quartiers pauvres de Marseille, ceux dont les médias nous rebattent le yeux et les oreilles à longueur de documentaires. Comment peut-on être jeune à Marseille ? Enfant des cités lui-même, il comprend, essaie de rassurer, d'ouvrir des horizons, de faire oublier les barreaux, ceux des Baumettes comme ceux des cités.
Jusqu'au jour où il est appelé au secours par Kader, évadé de sa prison où il purgeait une longue peine. Ce n'est pas la première fois, Kader c'est l'évadé permanent. Un caïd, oui, qui vole, attaque, trafique, mais qui n'a pas tué. Que peut-il bien se passer dans la tête de René pour que, cédant à l'empathie, il aide au-delà de toutes limites le jeune délinquant ?

Bien sûr, René porte un regard sévère sur la prison, véritable école du crime, lit de la désespérance et de la violence qui ne peut qu'en découler. IL regarde avec empathie ces jeunes des cités auxquels la société n'a guère prêté attention, avant de les jeter dans des geôles. Aucun besoin selon lui des rencontres de prison pour devenir un terroriste, la cité s'en est déjà chargée.

On a le droit de ne pas être d'accord avec lui, de le trouver trop bienveillant. Mais on peut aussi se demander si des gouvernements qui annihilent des années d'efforts des travailleurs sociaux et de la police de proximité, ont bien soupesé les conséquences de leurs décisions.

Quant à lui, il pousse le bouchon un peu loin quand, comme séduit par Kader, il devient son complice dans la cavale, jusqu'à l'irréparable. L'inimaginable.

Il va tout laisser derrière lui, la tendre Isabelle qui partage sa vie, les délicats ou puissants paysages de Provence, l'enchantement des marches en montagne. Avec la précision d'un botaniste, l'esthétique d'un paysagiste, il nous fait découvrir dans ses pas une région que manifestement il adore.

Une ode à la nature, une critique non dissimulée du système judiciaire pour les jeunes, un regard corrosif sur le système carcéral, mais aussi et surtout un vibrant hommage à l'art d'écrire, fût-ce modestement, dans un cahier bleu d'écolier comme celui qu'il remplit chaque jour.
Écrire pour dire l'indicible, écrire pour vibrer et se souvenir, écrire pour soigner ses blessures, écrire pour célébrer le beau et rendre hommage à l'homme. Écrire, tout simplement.

Tout semble vrai, tout l'est. Ou presque.
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L'avantage avec les livres comme ceux de René Fregni, c'est qu'on est en terrain connu.
On connait les personnages, Isabelle, Marilou…., on connait leur vie.
Du coup on a l'impression de retrouver de vieux amis et on se demande ce qui va leur arriver cette fois-ci.

Et bien, pauvre René, il est mal parti. Finie la douceur de la nature dans la maison d'Isabelle. Finis les weekends dans son appartement de Manosque.
En hébergeant Kader, un détenu évadé, il se met dans un sapré bourbier et se trouve dans des situations opposées à sa moralité.
Il en perd son sommeil et sa quiétude.

Toujours aussi sympathique monsieur Fregni.
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Les premières page du roman m'ont ramenée à la lecture précédente de cet auteur "Je me souviens de tous vos rêves" , même ambiance, même poésie, même calme et puis il y a un déclic qui bascule le livre dans une autre histoire. Une histoire de voyou échappé de prison et qui vient demander aide à l'auteur qu'il a connu comme intervenant en prison.

L'intrigue me parait peu crédible et un peu simpliste mais ce n'est pas ça qui fait le charme et le goût de ce texte. Ce sont les réflexions du narrateur, l'écriture, les paysages, l'amour pour sa femme, mille toutes petites choses et ses états d'âme .

Je me suis laissée porter par ces mots, par leur musique et j'ai passé un très bon moment de lecture. Je reviendrai vers cet auteur car il m'offre des lectures douces, poétiques et apaisantes.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Tout le monde dans le village sait qu'il écrit des livres et qu'il vit avec l'institutrice des tout-petits. Un cahier rouge offert et sans réfléchir il commence un journal, quelques mots jetés sur la page blanche chaque jour. Il fréquente les arbres et les oiseaux, observe les hommes. Il note sur son beau cahier rouge ce qu'il voit, ce qu'il entend lorsqu'il part randonner dans les collines.
Mais il suffit d'une simple sonnerie pour que le cours paisible de sa vie explose. Bien sûr dans ses romans il a tué beaucoup de gens, mais là, un homme est allongé sur le carrelage de son appartement, ses yeux à moitié sortis des orbites, sa langue noire qui pend au milieu de son visage. Qui se douterait au bistrot que cet écrivain silencieux, qui lit tranquillement le journal, vient d'enterrer un homme à quelque pas d'ici.
Ce roman commence comme un livre de Marcel Pagnol, bercé par la douceur des mots et la beauté des paysages de Provence. Et soudain tout bascule, la peur et la violence, remplacent le silence et la lumière, le roman naturaliste devient roman noir, et les morts se confondent avec les vivants. Tout sonne juste dans ce roman, l'auteur anime un atelier d'écriture aux baumettes, il connait donc bien le milieu carcéral, c'est aussi un amoureux des mots et de la nature. Et puis il a le talent de changer de style lorsque le récit se transforme en polar et Marcel Pagnol en Alphonse Boudard.

Lien : http://notreavis.canalblog.c..
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René vit heureux dans l'arrière-pays marseillais, il profite pleinement de la nature, de sa compagne Isabelle, jolie institutrice, et surtout il écrit.
Un jour il reçoit un appel de Kader, un détenu qu'il a connu quand il faisait des ateliers d'écriture en prison.
Ils avaient eu une relation privilégiée et Kader a pensé à lui quand il s'est évadé et qu'il cherchait un endroit où se cacher.
Conscient de la situation (il aide un prisonnier évadé à se cacher !), il lui propose d'occuper un petit appartement qu'il n'occupe pas.
Mais il a mis le doigt dans un engrenage, et peu à peu en aidant Kader il va vraiment se mettre hors la loi et mettre sa vie en danger…


C'est le premier livre de René Fregni que je lis (influencée par de bons articles sur Babelio) et en effet j'ai trouvé une douce poésie à ce style et un réel humanisme chez cet auteur.
Le début est certainement autobiographique, la suite sans doute inventée (c'est écrit « Roman »…) mais cela permet à l'auteur de militer pour la littérature, la lecture, l'écriture, même et surtout en prison, où écrit-il d'une très élégante manière, il « apporte les clés et personne ne s'évade ».
C'est une belle manière de mettre en valeur la tolérance et l'ouverture aux autres, sans angélisme non plus.
Et quelle belle leçon d'écriture et d'ode à la nature ! Un auteur à suivre donc.
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