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EAN : 978B0C46YWB77
178 pages
(07/05/2023)
4.13/5   23 notes
Résumé :
Épouvante ? Thriller ? Roman de société ? C'est à vous d'en juger.
1959. Louis Thiviers, jeune carrier de 24 ans, est retrouvé au milieu des cadavres de sa famille, nu, couvert de sang et blessé par le fusil de son père. Déclaré irresponsable, il échappe à la guillotine et est interné à l'hôpital psychiatrique pour fous dangereux Saint-Mathurin, tenu d'une main de fer par l'autoritaire médecin-chef Georges Ducourret. Une nouvelle infirmière, Sophie Lachaux, s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
À la fin des années 50, le jeune Thiviers, éphèbe illettré carrier de profession, auquel on donnerait le Bon Dieu sans confession - c'est le cas de le dire - massacre subitement toute sa famille.
Est-il possédé par le démon, ou tout simplement schizophrène ?
À l'ère du rationalisme, c'est bien sûr la seconde hypothèse qui prévaut, et le voilà déclaré irresponsable en assises et interné dans une unité pour malades mentaux dangereux, tenue d'une main de fer par un professeur paternaliste et libidineux.
Comme une trouée au milieu des nuages, une jeune infirmière nouvelle dans le milieu psychiatrique va débarquer et s'attacher à Thiviers, d'abord à titre professionnel, avant que tout cela ne prenne une autre tournure. Pour elle, le doute n'est plus permis, une entité maligne a pris possession du corps de son prince charmant. En tout cas, elle veut y croire. Et peut-être bien qu'elle a raison !... ou pas.
Bien que très accessible, Soulier est un écrivain d'une certaine façon exigeant avec son lecteur. Ne comptez pas sur lui pour donner des réponses définitives aux questions que vous vous posez. Moi, ça ne m'a pas dérangé, bien au contraire, mais ça pourrait en décontenancer plus d'un, habitué aux dénouements spectaculaires et aux twists de dernière minute, quand c'est pas de dernière seconde. Suivez mon regard.
De mon point de vue, ce n'est pas le meilleur Soulier. Entendre par là que je me suis moins pris de "coups de poing dans la g..." que certaines autres fois. C'est injuste, mais c'est avec les meilleurs qu'on a tendance à devenir très exigeant.
Cela dit, même quand un chef trois étoiles a un coup de moins bon, il reste toujours incomparable avec le garagiste de métier reconverti en tenancier de pizzeria-crêperie.
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L'ambiance est aveuglante, depuis cette carrière de calcaire abandonnée dans laquelle tout a commencé. Un amphithéâtre dans lequel les cris viennent échouer leur écho. Les hurlements d'esprits dérangés, de fous, isolés dans un asile proche. Autant de patients équipés de détonateur, en cette fin des années cinquante, au fond de la campagne française.
Et parmi ces malades sous surveillance, un insensé s'illustre par sa douceur hypnotique et un visage angélique, Louis. Il s'illustre parce qu'il est jugé responsable du massacre de sa famille, dans des conditions atroces que je vous laisse découvrir. Aux antipodes, donc, de ce qu'il dégage face au sulfureux Dr Ducourret, et à la jeune infirmière fraîchement arrivée dans cet hôpital, Sophie Lachaux.
Si vous voulez comprendre ce qui ronge ce jeune patient, Louis Thiviers, vingt-quatre ans, vous devrez plonger dans une histoire qui vous brûlera de l'intérieur. Une chaleur suffoquante s'est dégagée le long des murs que je frôlais, le roman en mains. Une obsession indescriptible, de le reprendre, de le dévorer.
Et un Avant propos à lire avant de plonger dans cette noirceur absolue, mais à reprendre également pour aborder une fin qui rendra fou votre libre arbitre.

Des personnages aux arrêtes saillantes : un médecin chef d'hôpital psychiatrique adepte du droit de cuissage, puant de suffisance ; des hommes portant leur violence en bandoulière, des insensés que l'on mate par des moyens qui avaient encore cours il y a moins de dix ans en France ; une jeune infirmière qui cherche la Voix qui lui indiquera sa mission, et pense l'avoir trouvée. Et des flics en personnages plus que secondaires, moustachus et lents du bonnet, inutiles. Des personnages attachants (c'est un peu terrible d'écrire cela quand vous les connaîtrez) et idiots, tous à leur échelle.

Je n'aime pas ranger les romans que je lis dans une catégorie. Encore moins quand ils correspondent au roman noir, autant qu'au thriller doté d'une pointe d'ésotérisme, le tout sarclé d'un humour acide. Il y a du Stephen King dans cette conduite du lecteur, et du David Lynch sur cette fin. Il y a de l'horreur et de la grande Histoire. Les deux étant indissociables. Tout l'art de Frédéric Soulier est de vous alerter de la claque que vous allez prendre, et de vous laisser brûler d'impatience de la recevoir. Bref, un immense coup de coeur pour cet auteur !
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La sobriété du style est ce qui me frappe le plus dans ce roman. Fred fait le boulot avec rigueur, abandonnant presque totalement le geste de marquer l'écriture de sa signature si singulière. Parfois, avec beaucoup de discrétion, il imprime son sceau par une figure de son cru, typique de sa plume, histoire de dire je suis là, c'est bien moi :

« Il riait à gorge déployée, la luette apparente, ses dents plantées comme des piquets sur une dune instable. »
……
« Il était comme une glace appétissante, coulant sur le dos de sa main par un beau soleil de juillet, qu'on l'eût autorisée à tenir, mais pas à lécher. »

Mais à aucun moment il monopolise les feux de la rampe. À la façon d'un Maupassant halluciné, il s'efface comme jamais, pour laisser entièrement la place à la sensibilité du lecteur. Il consacre son talent de conteur à la dynamique du récit. ll fait en sorte qu'il file droit au but, que la vivacité de son débit, que la noirceur de ses flots, emportent le lecteur irrésistiblement.

Il reste que Frederic Soulier est l'un des rares auteurs capables de se lancer dans l'écriture de scènes diaboliquement sulfureuses et de les rendre si réalistes qu'elles flottent longtemps dans votre esprit. On le retrouve alors totalement, et au meilleur de son art, dans ces séquences de haute tension narrative.

Le jour du Seigneur est saturé par les effets dévastateurs que peut causer la religion dans un jeune esprit imaginatif dépourvu d'instruction, lorsqu'elle est assénée à coups de superstition et de terrorisme moral.

On pourrait tenir pour responsable des faits dramatiques qui se sont déroulés, tour à tour le cureton pédophile, la mère castratrice idolâtre de la sainte Vierge, l'instituteur inique et sadique, puis plus tard, la dureté des conditions de travail dans la carrière, et finalement, tout ça à la fois peut-être bien, une convergence de circonstances qui a contribué à contrarier la nature délicate du jeune Louis et à troubler sa psyché.
Mais gardons nous de juger à l'emporte-pièce. Car que savons-nous vraiment des forces surnaturelles qui gisent dans la pierre !

Ecoutons plutôt la sagesse de la mère Poulineau, une voisine portée sur le cognac certes, mais une brave femme, qui a bien connu le p'tit Louis Thiviers avant qu'il ne pète les plombs :
« Y a un démon en chaque homme, qu'est là depuis sa naissance, et qui gratte, et gratte, et d'mande qu'à sortir. Y en a qu'arrivent à le retenir toute une vie, d'autres qu'attendent pas d'avoir du poil où j'pense. »
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Par quel mot vais-je commencer ou quelle phrase, pour exprimer mes impressions après avoir terminé la lecture de ton livre, cher auteur. C'est tout frais et je garde en mémoire un tas de visions étranges. Je suis toujours autant admirative par ta façon bien à toi de décrire les choses, les gens, les sentiments de tes personnages. Ton écriture est si recherchée, aussi bien pour nous décrire les conditions de vie des ouvriers travaillant dans les carrières de pierre, que les dialogues que tu prêtes aux différents protagonistes. J'ai aimé lire, entres autres, les dialogues avec « la mère Poulineau ». J'ai souri, j'ai ri et j'ai été émue. Quelle imagination !
Tel un film, les images défilaient devant mes yeux et je pouvais, en même temps, regarder ce que j'imaginais et lire. La lecture était facile à effectuer de fait, pour moi.
Ainsi je voyais les pièces de la maison de la famille Thiviers. le visage de la mère de Louis. Les carrières où travaillaient les ouvriers et la découverte de « la chose ».

J'avais une image nette des attitudes de Sophie Lachaux, infirmière dans ce centre Psychiatrique et de son obsession ainsi que de son désir envers le jeune homme. L'image était limpide également pour le médecin-chef Ducourret (quel vil personnage celui-là d'ailleurs) et plus d'une fois j'ai admiré la répartie de la jeune femme à son égard.

Tu réussis, par ton livre, même si c'est romancé, à me persuader de ne pas changer de position envers certaines croyances.
Et j'ai aimé, au-delà de tout, tels des témoignages, les faits reprochés sur certains chefs religieux.

L'auteur utilise mille et une façons pour faire douter le lecteur. Et, jusqu'au bout, nous nous demandons : qui est ce jeune homme en fait ? Un jeune homme innocent ou quelqu'un qui faisait semblant, par moments, d'utiliser des stratagèmes pour cracher sa rage et sa moquerie envers ces bigots !

Tout était tellement bien décrit que je pourrais réciter le livre par coeur. Mais je ne peux pas.
Les 146 pages vous devrez vous aussi les lire et vous rendre compte du pouvoir des mots, quand ils sont bien utilisés.
N'oubliez pas que cet auteur a écrit moult ouvrages déjà, plusieurs nouvelles et romans et il n'a presque plus rien à prouver selon moi.
Ce ne sont pas des paroles en l'air, non !

Alors « mes bien chers frères et soeurs … ! Là, je plaisante, je voulais rester dans le thème 😃.
Chers lecteurs, allez-y les yeux fermés et croyez-le si vous voulez, cette histoire vous perturbera peut-être un peu ? Beaucoup ?
Qui peut savoir !
Bonne lecture que la sienne 🙏😉
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Bonjour les babeliophiles petit retour sur ma dernière lecture de 142 pages sur ma liseuse.
2eme livre que je lis de F.Soulier et je peux vous dire que j'ai adoré autant que le 1er (la chambre des lactations).
Une écriture soignée, recherchée pour être au plus près de la vérité.
Un livre rempli d'affect, d'infect, une pointe de d'humour en fait ce livre m'a possédé car travaillant en psy je me suis dit heureusement qu'il y a eu de l'évolution depuis.et que dire de tous les personnnages de ce livre on edt la avec eux a cote d'eux.Malheureusement j'ai vu venir la fin dommage mais cette lecture a été un vrai plaisir. Et rassurez vous Mr Soulier je vais continuer à vous suivre.
Mais comme je dis toujours ceci n'est que personnel
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Les carrières d'Envaux étaient si proches du village qie l'on ne distinguait pas bien la limite entre l'une et l'autre. Il arrivait qu'un trou béant apparût dans un jardin après des pluies torrentielles ou que les murs d'une maison se fissurassent. La zone était aussi trouée que de l'emmental. Depuis près de mille ans que les carrières de Croizons, Pierrebourg et Envaux étaient exploitées, les hommes avaient creusé toujours plus loin, plus profond, arrachant ses os à la terre pour bâtir des cathédrales, des mausolées, de majestueux châteaux, des édifices publics ou de pauvres masures de paysans.
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La vérité telle qu'on l'entend n'est que trop souvent une question de point de vue. Elle ne se situe pas dans les extrêmes, mais quelque part au milieu. Les faits sont les faits. Encore faut-il s'accorder sur les faits. Pour certains, l'Homme est le produit de l'Evolution, tandis que pour d'autres, il est une création divine Qui faut-il croire ? Darwin et sa théorie de la sélection naturelle ou le prêtre et son Jardin d'Eden ? Votre éducation, votre environnement, votre culture vous inclineront à préférer I'une ou l'autre de ces deux versions.
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Couché sur son lit, Louis Thiviers tentait de déchiffrer dans la bible de sa mère les messages qui avaient pu échapper à la docte femme. Sophie lui avait expliqué les concepts de métaphore et d'allégorie. Selon elle, un bon texte se devait d'être interprété, pelé comme un oignon, couche après couche. Il ne disait pas toujours ce qu'il semblait dire.
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J'aimerais que vous abordiez les évènements - évidemment fictifs - décrits dans ce livre, avec le même esprit critique que vous mettez à profit, je l'espère, à l'écoute des discours politiques vibrants et des diatribes des gourous de tous poils. (...)
La vérité telle qu'on l'entend n'est que trop souvent une question de point de vue. Elle ne se situe pas dans les extrêmes, mais quelque part au milieu. (...)
Votre éducation, votre environnement, votre culture vous inclineront à préférer l'une ou l'autre de ces deux versions.
(...)
A la fin de ce livre, vous vous serez forgé votre opinion, une vérité qui ne sera peut-être pas la même que celle d'un autre lecteur. Et personne n'aura tort, personne n'aura raison.
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Petite putain. Sale traînée, grogna-t-il en se relevant.
- Si j'étais une traînée, je vous laisserais me grimper dessus contre une augmentation de salaire, gros porc que vous êtes. Vous n'avez sans doute pas l'habitude que l'on vous dise non, mais moi je vous le dis : non, ne me touchez pas.
Vous n’arriverez à rien dans la vie sans faire de concessions, ma pauvre fille.
- Je ne suis pas votre pauvre fille. Et je crois que vous confondez concession et compromission.
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