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EAN : 9782374910741
152 pages
Quidam (01/02/2018)
3.31/5   8 notes
Résumé :
« Loin d’ici, voilà mon but ! » écrivait Kafka.
Otto, le médecin qui a les pieds sur terre, planifie un voyage sur les traces d’un bonheur évanoui. Il rêve de nature et de grands espaces. Sophie, mère divorcée, imagine parfois trouver la liberté dans la toundra. Therese, déjà un peu hors d’elle, s’éparpille et se répand pour combler le vide qui se creuse dans son esprit. Toutes deux sont amoureuses de Robert, alias Mischa Perm, auteur d’En route vers Okhotsk.... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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"Qui ne rêve pas de se construire une cabane dans la toundra et de devenir tchouktche chaque fois qu'il se sent à l'étroit dans son quotidien ? Et si ce n'est pour de vrai, ce qui n'irait on le sait sans quelque désagrément, alors dans un livre ?"

Partir... s'isoler du reste du monde... Vous je ne sais pas mais moi, ces envies prennent la forme de la Patagonie, ses grands espaces... Mais effectivement, c'est le plus souvent dans les livres que s'accomplissent mes envies d'ailleurs. "Récit de voyageurs sans voyage" nous dit la quatrième de couverture... En effet, les trois principaux protagonistes de cette histoire ne s'éloignent pas vraiment du centre-ville et d'un périmètre incluant leur appartement, une librairie et un café. Amplement suffisant pour voyager, non ? Leur point commun ? Un livre intitulé En route vers Okhotsk. Une région de Sibérie extrême orientale. Tout au bout de la Russie en fait... Son auteur, un certain Mischa Perm n'a jamais écrit d'autre livre et se cache sous le prénom De Robert, en quête d'anonymat. Dans la librairie, Sophie se laisse aller à lire et à rêver plutôt que de ranger les volumes sur les étagères et les tables... partir... laisser derrière elle son divorce et ses contraintes. Enfin Otto, le médecin, décide d'organiser son voyage vers Okhotsk après avoir acheté le livre qui le replonge dans des aspirations de sa jeunesse. Les trois se croisent régulièrement dans un café, lieu où, c'est bien connu, on refait le monde.

D'une intrigue apparemment toute simple, Eleonore Frey déroule la complexité des contradictions humaines dont la moindre n'est pas la percussion entre deux désirs profondément opposés : vouloir exister et vouloir disparaître. Partir oui... mais comment ? Ce n'est bien sûr pas anodin si un livre est au centre de l'histoire, creuset de l'imaginaire, vecteur d'évasion mais également de compréhension du monde et de soi-même au fil de ses lectures.

"Quelle destination pour ceux qui sont en chemin vers ? Qui ne cessent d'être en chemin à travers tout un livre et peut-être, qui sait, à travers toute leur vie ?"

Ce court roman est un régal dans lequel on se perd avec délices au fil des pérégrinations imaginaires de nos héros qui cherchent des réponses à la question même de leur existence. C'est subtil et délicieux. Et chacun y puisera son compte de questions, bien plus que des réponses, histoire de rester ouvert au monde et toujours en mouvement... Belle découverte en ce qui me concerne.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Disons que j'ignore si j'ai vu dans ce roman (en dehors des faits relatés) tout ce dont parle la quatrième de couverture (je ne connais pas Enrique Vila-Matas, mais au moins je savais en gros où se trouvait Okhotsk) (là-bas là-bas, à l'est, la Sibérie, bref) mais peu importe, pour moi l'essentiel est que j'ai pris un extrême plaisir à cette lecture, à découvrir une auteur inconnue, une écriture filée passant avec fluidité d'un personnage à l'autre, d'une réflexion intérieure à un dialogue et réciproquement, sans séparation et sans se perdre.

Les personnages? Peu nombreux, Sophie la libraire, divorcée de Jeff, resté aux Etats Unis, son patron et oncle, ses deux enfants; Robert, alias Mischa Perm, auteur de En route vers Okhotsk (en vente -le livre- dans la librairie de Sophie); Otto rêvant d'Okhotsk, Sophie on ne sait plus, quant à Thérèse, ma foi... En tout cas, tous sont sympathiques, flous et précis à la fois (si!), se croisent, se trouvent, se perdent. Et Okhotsk? En tout cas il est question d'y aller. D'y arriver, c'est un autre problème. Mais chacun va cheminer, c'est sûr.

"Pour qu'il sache où il en est... Ne serait-ce qu'avec elle; lui qui n'a pas la moindre idée d'où il en est avec lui-même, ne sait pas vers quoi il va."

"Un rien de lichen jaune sur un rocher peut être aussi ancien qu'une forêt, et en le piétinant, tu détruis des années, des décennies, des siècles de croissance."

"Tourner rond: il n'a encore jamais réfléchi à ce que ça voulait dire; rien à voir avec le fait de tourner en rond, dans la vie, dans ses pensées ou sur un tour de potier. Au contraire, tourner rond signifierait plutôt filer droit, arrondir les angles et agir non pas selon ce qu'on estimera juste soi-même, mais selon ce que les autres estiment juste. Il y a donc avantage à ne pas tourner rond, si cela implique de refuser les compromis grâce auxquels chacun, chacune s'acoquine au monde."

Beaucoup aimé.
Lien : https://enlisantenvoyageant...
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A l'heure des vacances, je vous propose de partir pour Okhotsk, Sibérie. Enfin... pas vraiment....

« En route vers Okhotsk » est un livre qui ne se résume pas, qui ne s'explique pas. Il faut juste le lire pour embarquer et traverser les paysages intérieurs de personnages égarés en eux mêmes.
Eleonore Frey nous convie à un voyage immobile, un voyage subtil, poétique et délicieux, un brin absurde. Un voyage sans voyage.

Un livre sur le pouvoir d'évasion des livres et que l'on doit à Quidam Éditeur, maison que je ne connaissais absolument pas avant la lecture de « Taqawan » d'Eric Plamondon (coup de coeur absolu). Chaque lecture d'un titre de cet éditeur est une expérience insolite, singulière, la promesse d'un « jamais lu avant ». Moi, j'adore !
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un café comme centre du monde, où se croisent régulièrement Sophie, la libraire, Otto, le médecin, et Robert, alias Mischa Perm, auteur de « En route vers Okhotsk ». Un livre, une invitation au voyage à la réalisation de nos rêves de jeunesse. Être, disparaître, partir. le voyage ne se fera pas, sinon intérieurement, quelques part entre le café, la librairie, l'hôtel.

L'objet du fantasme, la ville de Okhotsk, à l'extrême orient russe, « un endroit […] qui n'a rien a offrir que le spectacle de son abandon. »

Le lecteur suit ces personnages qui cheminent sans aller nul part. L'écriture est limpide, passant de l'un à l'autre, d'une pensée à un dialogue, sans accoues.

Eleonore Frey, nous invite au voyage dans ce bout de ville, où le soucis du quotidien et les regrets se mêlent au désir de futur , qu'il soit de départ ou de disparition .

J'ai particulièrement apprécié le personnage de Otto, le médecin, qui organise son départ pour Okhotsk, après avoir acheté et lu le livre, faisant ressurgir ses rêves de jeunesse. Comme une certaine fidélité dû à soi-même.

Une très belle découverte que ce livre. A lire
Lien : https://bonnesfeuillesetmauv..
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J'ai eu la chance de recevoir ce livre par son éditeur après lui avoir adressé un retour de lecture enthousiaste de Taqawan, livre d'un auteur de son catalogue. Je n'ai pas tout compris mais ai pu me laisser couler avec délice dans le voyage plus imaginaire que réel de trois personnages. Une belle écriture, un livre sur l'évasion, le voyage, la découverte de soi et la puissance pour se faire des livres. Une découverte...
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Alors que ses enfants admirent la mer de nuages en survolant l’océan, Sophie dans sa cuisine boit du thé et pense à Okhotsk. À l’endroit qui, depuis qu’elle a lu le livre de Mischa Perm, incarne à ses yeux la Sibérie quand bien même il n’est pour ceux qui y voyagent pour de vrai qu’un minuscule point dans un horizon en constante transformation, qui jamais ne s’éloigne ni ne se rapproche. Pour enfin s’ouvrir sur la mer d’Okhotsk. Où l’on trouve bel et bien un Okhotsk. C’est-à-dire un endroit, a constaté Sophie lors de ses recherches, qui n’a rien à offrir que le spectacle de son abandon.
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Sophie est assise à la table de sa cuisine. Qui est à la fois table à penser, à lire et à manger. Elle veut réfléchir à ce qu’elle doit faire. En matière Ithaca. En matière Sibérie. Y voyager maintenant avec Robert, c’est exclu, voilà au moins qui est clair. Et pourtant quelque chose continue de l’attirer là-bas ; alors en été ? Pour cela, il lui faudrait laisser partir ses enfants en Alaska. Où n’importe où, là où Jeff les voudra. Cela signifie aussi de devoir oui pour le Noël à Ithaca. Et pourquoi pas ? se dit-elle. Bien obligée de s’avouer que c’est la jalousie qui la retient, rien d’autre. La crainte que ses enfants chéris préfèrent décorer leur arbre de Noël chez Jeff. Et chez sa nouvelle femme. Les enfants chéris sont au lit. Elle les entend s’agiter. Chuchoter. Ils ne se calmeront pas de sitôt. Donc pas de bistro. Alors qu’elle aurait tant besoin de voir Robert, de discuter avec lui de… De quoi au fait ? Comment lui dire ce qu’elle devrait lui dire ? Quand pour elle-même ce n’est pas clair. Qu’elle ne sait en quelle langue lui parler. Un étranger. Elle ignore jusqu’à son nom. S’il est Mischa Perm ou Robert X. L’un comme l’autre ou ni l’un ni l’autre. S’il est vrai que Mischa Perm est mort… Ce qui bien sûr peut être vrai sans l’être. Par exemple si Robert, ou peu importe son nom, s’était séparé de l’auteur de En route vers Okhotsk en le déclarant mort, clôturant ainsi le chapitre. Une fois pour toutes, ou à son gré. De toute façon, il reste celui qui était à Okhotsk. Sous quelque nom que ce soit. Il était deux avec lui-même et d’un coup ça lui a fait trop, pense Sophie. Comme si on pouvait se séparer de son ombre. Surtout quand on ignore qui de qui est l’ombre.
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L’homme à l’imperméable reste un instant planté devant le bistro qu’il vient de quitter, il regarde à gauche et part à droite. Sans raison. Les feuilles tombent des arbres et s’élèvent dans le vent. Lui, autant que possible, va vers le bas. Comme l’eau. Ici, aucune pente pour l’emporter ; pas même un flot de passants, tous entraînés dans la même direction . Ne lui reste que son penchant qui, parce qu’à gauche un quelconque aspect lui déplaît, lui indique la droite. Il s’en va donc à droite où il ne veut pas aller. Comme il ne veut aller nulle part, ça n’a pas d’importance. À moins que Nulle part ne soit un lieu. Cette pensée ne traverse pas sa tête à lui qui va son chemin où qu’il mène, mais celle de la femme encore jeune qui a quitté le bistro juste derrière lui et se rend maintenant au travail. Elle s’appelle Sophie. Elle donne un coup de main dans une librairie. Dans la vitrine de laquelle on peut voir exposé un livre qui depuis des mois fait sensation. L’auteur s’appelle Mischa Perm. Ce n’est pas son nom. Seul l’éditeur connaît sa véritable identité. Est-ce le titre qui attire ainsi les lecteurs ? En route vers Okhotsk : qui peut bien vouloir aller à Okhotsk ? Le lieu n’est pas indiqué sur la carte aux couleurs pâles imprimée en couverture du livre, qui représente la région s’étendant de Vladivostok au détroit de Béring et de l’Oural au Pacifique. Au moins la couverture indique-t-elle qu’Okhotsk se trouve dans l’Extrême-Orient russe, en Sibérie. Et tout le monde veut aller en Sibérie. Presque tout le monde. Tant que personne ne doit.
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Quelle destination pour ceux qui sont en chemin vers ? Qui ne cessent d'être en chemin à travers tout un livre et peut-être, qui sait, à travers toute leur vie ?
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Il se pourrait que, pour Robert, la Sibérie ne soit pas seulement ce pays enregistré et dirigé ponctuellement d’une main de fer, mais également tout autre chose. Une région représentative de ce qu’il ne saurait dire à mots nus. D’une détresse peut-être, dans laquelle il aurait déjà émigré depuis des années, comme si c’était un autre pays. Comme si c’était pour toujours. Un désert, dont il ne s’échappe que très rarement.
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