Karakuri Circus - Perfect Edition, tome 26

Que de chemin parcouru pour cette histoire, ces personnages, cette aventure éditoriale ! Commencée puis abandonnée par Delcourt. Reprise et menée à son terme de la plus belle des façons par Meian. Merci à eux ❤

C'est avec une petite boule dans la gorge que j'ai entamé la lecture de cet ultime volume où je savais devoir dire au revoir à des personnages que j'ai aimé voir grandir et devenir humains sous mes yeux au fil des rencontres. Cependant, l'auteur ayant très vite misé plus sur l'action que sur l'émotion, celle-ci s'est dissipée avant de ne revenir que pour les ultimes pages. Un peu dommage.

En effet, si j'ai aimé ce final en forme de requiem où nos héros sont en pleine course contre la montre dans un train à la Galaxy Express pour rattraper leur ennemi tout en subissant attaque sur attaque, quelque chose m'a manqué. Je n'ai pas eu la même émotion que lors des révélations sur Francine, Eleonore et les frangins. J'ai senti trop de testostérone peut-être, trop d'action et j'ai cherché l'émotion autre, non suscité par la perte violente de quelqu'un au cours d'un combat ou d'un sacrifice… J'ai eu le sentiment d'un auteur allant trop vite et tombant parfois un peu dans la facilité sur cette partie, pourtant touchante avec les membres du cirque qui se sacrifient à tour de rôle pour permettre aux autres d'avancer.

Non, c'est dans la dernière partie, celle où les dernières confrontations se jouent que là, j'ai retrouvé un peu cette puissance avec laquelle la série avait su m'emporter. J'ai cru un temps que Narumi serait le héros, l'auteur remet les pendules à l'heure, ce sera Masaru. Et il nous offre des pages simples mais splendides pour nous le décrire. En retrouvant son mentor, en lui démontrant la personne forte et fiable qu'il est devenu, Masaru achève sa mue et c'est superbe ! Il y a ainsi THE planche dans ce tome quand ils se mettent à combattre dos à dos. Puis il y a THE scène quand Masaru prend le leader ship de l'assaut final. L'auteur concrétise à merveille cette évolution et parachève même cela sur une dernière planche concluant l'histoire juste parfaite pour ce personnage. Emotion ❤

Je serai plus critique en revanche concernant le grand méchant de l'histoire et le dénouement de tout cela. J'ai eu l'impression d'un gros pied de nez d'une certaine façon. Il y a une écriture intéressante de Faceless pour réaliser grâce à notre héros les failles de son raisonnement, mais c'est également un peu facile. Il est allé tellement loin que le revirement arrive trop vite, trop simplement, et je n'y ai pas cru. J'ai eu le même souci avec Narumi et sa haine envers Eleonore trop rapidement et facilement évacuée. L'auteur est plus doué pour noué les noeuds de tension que les défaire, ça ne prend pas. Alors certes, on a le dénouement attendu, tout mignon et gentil, plein d'émotion avec des héros enfin humains, ayant compris leurs erreurs et cherchant à les racheter. C'est touchant, même poignant car on s'est attaché à eux, mais il n'y a pas la claque psychologique attendue. C'est un peu trop simple.

Je referme cette saga avec le plaisir d'avoir découvert un très bel univers, un auteur dont la science de la mise en scène circassienne m'a souvent retourné les yeux et une belle émotion due à l'attachement que j'ai eu à voir grandir tout ce monde. J'attendais cependant plus de ce final que je trouve assez simple et consensuel alors que l'auteur nous avait habitué à plus de disruption. Ce dernier requiem est moins amer que prévu. Il a su me toucher mais j'ai fini dorloté ou au lieu d'en larmes.
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