Ne concrétisant pas son concept tel que je l'avais imaginé, Fujita part dans un délire plus bourrin et brutal dans ce second tome qui m'a moins plu.
J'avais en effet pris plaisir à découvrir ce mélange d'Histoire et de fantastique dans le premier tome avec pour focus le personnage de Florence et son dévouement pour son métier de coeur. C'était enrichissant de voir même de manière fictionnelle le portrait établi sur l'état de délabrement de la société anglaise et européenne en matière d'hygiène et de médecine. Il y avait aussi une dimension féministe dans sa quête d'émancipation. Tout cela m'a charmée.
Cela reste présent dans ce second tome, tout comme charpenté que le premier, mais j'ai eu l'impression au bout d'un moment de trouver cela noyé sous la surenchère de combats pétaradants imaginés par l'auteur pour rendre son récit vif et dynamique. Ce fut trop pour moi, trop de mélodrame autour de Ghost, trop de noirceur autour de la guerre à laquelle participe Florence, trop de violence dans les échanges visant à éliminer ce personnage gênant. Je ne peux pas nier que dans un premier, j'ai trouvé intéressant son arrivée avec ses collègues et la façon dont elles prennent tout en main, secouant les vieux barbons installés depuis longtemps. Ce sont d'hygiénisme et de modernité fut salvateur et jouissif. C'est après qu'on s'enlise dans des querelles de personnes et que ça devient moins intéressant.
On garde cependant la touche Fujita, avec ce fantastique horrifique poignant qui vient toucher notre corde sensible. Il approfondit pour cela, à sa façon, la relation Florence – Ghost, nous dépeignant le passé tragique de ce dernier et nous montrant la femme derrière la figure historique en ce qui concerne notre infirmière. C'est bien joué, ils semblent plus palpables et moins lointains. On est touché par la force de caractère de Florence qui, particulièrement ici, surmonte bien des obstacles qui se mettent devant elle. Elle ne lâche rien et mène à bien son projet d'aider son projet, de transmettre ses notions d'hygiène et d'améliorer la société, dépensant et se dépensant sans compter. L'auteur met parfaitement en exergue ainsi LE personnage public qu'elle devient, les campagne qu'elle mène et la reconnaissance qu'elle obtient. Avec Ghost, nous sommes sur quelque chose de plus ténu et lointain, avec une histoire qui favorise la naissance de sentiment, surtout face au portrait d'un homme ayant subi un tel drame. Fujita est fort.
Il nous promet et nous offre aussi des combats explosifs, reflets de l'époque, dans lesquels il insère aussi sa patte. Ici, ça lutte de tous les côtés. C'est même un peu trop pour moi même si la mise en scène est bonne. J'attendais une série plus tournée vers les pratiques et les apports de Florence et moins vers ce délire intérieur qui va peu à peu cannibaliser le récit, ce qui m'a laissée sur un sentiment partagé, même si l'ensemble est bien mené.
Série très bavarde, parfois trop, Ghost & Lady revisite de façon originale un personnage historique clé du féminisme et de la médecine moderne. Il est dommage que ceci soit un peu oublié dans un second tome très shonen, très nekketsu, avec ses combats et son sens du sacrifice poussé à l'extrême. J'aurais voulu plus de nuances, de finesse et moins d'explosivité. On sait que Fujita est plein d'imagination, pas la peine d'en faire autant, concentrons-nous sur le scénario qui, là, est partie un peu en roue libre. J'espère que les prochains titres du Black Museum éviteront cet écueil.
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