Saga familiale québécoise du vingtième siècle.
Si le quatrième de couverture m'avait laissé croire à un roman historique, on s'en éloigne très rapidement. La narration suit les grands événements du siècle, mais c'est plutôt la famille et ses tiraillements qui prennent toute la place.
Une histoire de famille donc, avec des éléments de tradition québécoise. Malheureusement, les protagonistes m'ont semblé un peu caricaturaux. J'ai eu peine à comprendre leurs motivations et leurs actions m'ont parfois semblé bien peu probables, même si l'auteure y allait de quelques répétitions pour s'assurer de la compréhension du lecteur.
Cela dit, on peut se laisser porter par les mots, sans se poser de questions, et avoir du plaisir à imaginer ces grandes réunions de famille avec la nourriture généreuse et la grande tablée entourée d'enfants…
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J'avoue avoir été un peu effrayée par l'appellation "saga familiale" mise bien en évidence sur l'exemplaire que j'ai lu, mais j'ai été agréablement surprise par ce roman : j'en ai appris beaucoup sur l'histoire et les coutumes québécoises, et à aucun moment, je ne me suis lassée des déboires de cette belle et grande famille. le seul petit hic a été de me situer dans le temps, par manque de précisions : on sait que ça commence après la seconde guerre mondiale mais après, on se perd dans des ellipses (et parfois dans les débats politiques...)
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Le bébé mâle est porté à droite, le bébé femelle à gauche; le garçon commence à remuer dans le ventre de sa mère à partir de trois mois et demi; la fille, toujours en retard, pas avant quatre mois et demi. On m’a déjà dit que la femme qui s’incline du côté droit pour dormir, qui ouvre l’œil droit le premier au réveil, a la certitude d’avoir un garçon en son sein.
On se laissait percevoir sous des dehors coriaces, ça allait de pair avec la vie rude de tous les jours. C’était aussi une manière désinvolte de pouvoir toffer : endurer jusqu’au bout. C’était mieux que de gémir, se plaindre, s’apitoyer sur son sort. On n’était plus à l’école de la vie, on était devenus des hommes. Il n’était pas question de regimber, il fallait être stoïque, s’atteler à la tâche comme les chevaux au traîneau.
Imelda avait froid, sentait le poids des ans. Il est faux de croire que les personnes âgées ont atteint la sérénité à travers l'expérience ; la vérité est moins simple. Elles apprennent à se taire.
Elles se taisent car elle savent qu'on n'a ni le temps ni la patience de les écouter. Elles se taisent parce qu'on leur rappelle sans cesse qu'elles sont d'un autre siècle. Elles se taisent parce qu'on a besoin de la place qu'elles occupent ; elle se taisent pour faire oublier qu'elles sont là.
Parfois, il cherchait dans sa tête les mots qui auraient pu exister pour exprimer les mêmes choses, il ne parvenait pas à trouver l’équivalent. Il devait admettre que le langage doit s’ajuster aux besoins d’un pays et non l’inverse.
— Un enfant bien à soi, Yvonne, est une hypothèque de vingt-cinq ans et plus sur sa propre vie.
(p.343)