Cette quatrième intégrale se révèle aussi sombre et captivante que les précédentes. J'ai retrouvé tous les éléments qui me font à chaque fois vibrer :
- Une atmosphère parfois bien glauque avec étripage et crevaison d'yeux au programme ;
- Des réponses aux questions nées dans les premiers volumes (par exemple, nous apprenons enfin l'identité de ce fils prodigue, cet Infini qui a abandonné sa charge) ;
- de nouvelles questions (notamment autour du Désespoir) ;
- Des références historiques, bibliques et mythologiques (les femmes d'Adam, le mythe d'Orphée…) ;
- Des dieux déchus (Bast, Pharamont, Astarté…) qui ne sont pas sans rappeler ceux d'
American Gods.
Et évidemment, on retrouve les Infinis, toujours aussi mystérieux, puissants, fascinants. Dans « Vies brèves », la longue histoire qui compose la majeure partie du volume, Délire se lance dans une quête à la recherche de son frère disparu. L'occasion de passer un peu plus de temps avec ce personnage. Enfantine, touchante, naïve, drôle, Délire est, en dépit de ses incohérences, une Infinie bien plus ouverte, plus facile d'accès, plus aisément appréciable que son grand frère Morphée. Dans ce tome cependant, Délire nous surprendra parfois : on découvre de nouveaux aspects de sa personnalité – pas toujours si folle – ainsi que quelques bribes, intrigantes, de son passé.
A propos des Infinis, Jill Thompson a introduit dans « le Parlement des Freux » les P'tits Infinis qui sont bien trop adorables pour être honnêtes. J'en veux plus ! Et ça tombe bien : elle a publié deux tomes de The Little Endless Storybook et j'ai très hâte de les découvrir. Ce sera probablement une lecture parfaite pour prolonger le plaisir lorsque j'aurai fini les Sandman (et que je ne serai plus que tristesse et désolation) (sans exagération aucune, non).
Les dessins, assurés dans ce volume par Jill Thompson notamment, sont incroyablement riches et évocateurs. La représentation des Infinis est juste parfaite, j'aurais bien du mal à donner ma préférence à l'un ou à l'autre. Je pense notamment à Désespoir qui semble traîner avec elle une aura grisâtre de malheur. Difficile de ne pas avoir un petit mouvement de recul face à elle, Infinie bien difficile à aimer, mais justement, en cela, je trouve que les dessinateurs et dessinatrices ont fait un boulot fantastique. C'est le Désespoir après tout, elle ne peut pas inspirer la joie de vivre (pas plus au lecteur qu'à ses « victimes »).
Dans ce livre, les bonus nous offrent, en plus des enrichissantes explications habituelles, une chouette galerie familiale, c'est-à-dire de nombreuses illustrations des différents Infinis. Les styles sont variés et c'est un régal pour les yeux.
Je vais commencer à manquer de superlatifs pour qualifier cette histoire dont chaque tome me transporte, me touche, m'horrifie et me fascine. Je reste sans voix devant une telle imagination.
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