Je remercie tout d'abord Babelio et les éditions Albin Michel pour m'avoir fait parvenir ce roman dans le cadre d'une Masse Critique.
Je n'avais encore jamais lu aucun roman de cet auteur, c'est donc sans a priori que j'ai abordé cette lecture.
On part en Sibérie avec Anna, qui, suite à un deuil difficile, s'est engagée comme journaliste dans une expédition scientifique avec pour but d'étudier la banquise. Mais bientôt, les conditions météo se dégradent, des relations malsaines et toxiques entre les membres de l'équipe se font jour et ce qui devait être une aventure en lien avec une nature sauvage et libératrice vire au cauchemar
Dès les premières lignes, j'ai eu l'impression d'être immergée: le noir, le froid, et surtout le sentiment d'une immense solitude...
L'auteur a su en quelques traits camper un décor, plus même, une atmosphère spectrale et angoissante. Mise en scène glaciale et, même si c'est paradoxal, complètement étouffante. A tel point que j'ai ressenti le besoin de faire des pauses dans ma lecture, pour reprendre mon souffle.
Au départ pourtant, c'était juste une fêlure, une légère dissonance et puis progressivement, tout s'est détraqué, inexorablement. Et c'est là tout le talent de l'auteur: créer un malaise progressif, jusqu'à l'insoutenable.
Patrice Gain nous livre ici un livre poignant, parfois dur à lire. Les paysages de Sibérie offrent un cadre parfait pour ce huis clos qui n'a pas été sans me rappeler l'ambiance ténébreuse de "Sukkwan Island" qui m'a tant marquée.
Paysages rudes que l'on découvre aussi vulnérables car l'auteur aborde également le sujet du réchauffement climatique qui fragile ce milieu, en le rendant désormais accessible aux appétits des grandes puissances.
Sombre et intense: une réussite parfaitement maîtrisée.