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EAN : 9782917112007
416 pages
Editions Demi-Lune (30/08/2011)
3.5/5   6 notes
Résumé :
Ce livre raconte comment, après la seconde guerre mondiale, la CIA et le MI-6 britannique mirent en place des armées secrètes anti-communistes dans tous les pays d’Europe de l’Ouest, et par quels processus ces réseaux Stay-Behind de l’OTAN s’allièrent dans certains pays à des groupes terroristes d’extrême droite, avec des conséquences particulièrement tragiques.

L’existence de "Gladio", l’armée secrète italienne, fut révélée par le Premier ministre Gi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
5 mars 1946 Winston Churchill déclare : "From Stettin in the Baltic to Trieste in the Adriatic, an iron curtain has descended across the Continent."
4 avril 1949 : création de l'OTAN
7 octobre 1949
1953 : grande grève en RDA
1956 : Soulèvement des Hongrois contre la présence soviétique et pour un socialisme à visage humain
12/13 août 1961 : construction du Mur de Berlin
On pourrait continuer la liste des dates marquantes qui jalonnent la Guerre Froide.
Daniele Ganser est un historien suisse qui a étudié dans le cadre de sa thèse les réseaux stay-behind (ceux qui restent à l'arrière). Que sont-ce les stay-behind ? Ce sont des cellules mise en place en Europe de l'Ouest sous l'égide des USA via l'OTAN, soutenu par le Royaume-Unin (UK) constituées d'Hommes et de Femmes formées à la lutte armée, au renseignement,à la stratégie de désinformation contre l'URSS en cas d'invasion du bloc de l'Ouest de cette dernière pendant la Guerre froide et plus largement contre l'idéologie communiste au profit de la démocratie libérale et sociale.

Ces cellules ont effectivement existé. Auraient-elles été activées et surtout activées efficacement si une invasion soviétique en Europe de l'Ouest ? Personne ne pourra répondre à cette question. En revanche, les travaux menés par D. Ganser mais d'autres historiens sur la Guerre froide et les stratégies de sous-main mise en place tant pas les USA que l'URSS révèlent que ces cellules ont été réelles et ont été connues de la majorité des services de renseignements, que certains pays auraient connu des connexions entraînant des dérives graves. C'est le cas du réseau Gladio en Italie (mais on pourrait aussi y associer la Loge P2). Ce réseau, de tendance d'extrême-droite, travaillant avec une partie du grand banditisme italien et des réseaux mafieux sous l'oeil de la démocratie chrétienne italienne au pouvoir après la IIème guerre, serait à l'origine d'une pratique de la stratégie de la tension en Italie qui aurait conduit à des actes terroristes, actes imputés aux Brigades rouges (beaucoup de questions sur l'attentat de la gare de Bologne en 1980 par exemple). D'autres cellules ont été implantées en Europe avec ce même soupçon dans certains pays (connivences extrême-droite-Etat- banditisme) comme en Belgique (faits divers des tueurs fous du Brabant wallon) ou encore en Allemagne (l'attentat de l'Oktober Feist).

D. Ganser a travaillé sur ce réseau. Il montre comment la lutte contre le développement et l'ancrage du communisme faisait l'objet d'une véritable politique de gouvernance internationale. Et comme nous avons oublié cette époque et ses soubresauts assez terribles par moments. Par ailleurs, il explique comment les USA ont su recycler très tôt d'anciens nazis et ont su pour certains les ressortir au bon moment dans cette lutte USA/URSS.

Le livre de D.Ganser se lit très bien, comme une enquête, une chronique d'un monde qui nous paraît loin aujourd'hui alors que le Mur de Berlin est tombé en 1989 et l'URSS s'est écroulée en 1991 soit 30 ans et 28 ans, ce qui représente presque rien à l'échelle de l'Histoire.Mieux qu'un roman d'espionnage !

D.Ganser pose des questions, avancent des concepts intéressants : la stratégie de la tension, les politiques sécuritaires, la défense du citoyen à l'insu de son plein gré , la protection avant tout des intérêts américains etc...etc...Alors certes ce n'est pas nouveau mais en l'étudiant sous l'angle des réseaux stay-behind, D. Ganser développe une approche nouvelle qui mêlent gouvernements, diplomates, personnages troubles, réseaux souterrains mais aussi Monsieur et Madame Tout le Monde. Il met en avant sur la scène des pays plutôt peu habitués à jouer un rôle d'une grande importance .

Néanmoins, le travail de D. Ganser souffre de pas mal de carences. Quelques-unes en exemple :
- toutes les cellules stay-behind et tous les pays ayant participé à ce mouvement ne l'ont pas fait de façon harmonisée, uniforme et égale. En effet, derrière une convergence commune, la lutte contre le communisme, il y a des disparités, des attributions de rôles et des degrés d'intervention différentes. Ainsi, l'Italie est un exemple très étayé avec le réseau Gladio et la loge P2. Gladio a fait l'objet au début des 90's d'un rapport devant les parlementaires italiens et donc d'une enquête. Il y a eu un travail similaire en Suisse et en Belgique mais le degré d'implication, d'organisation et d'action entre l'Italie, la Belgique et la Suisse n'est pas de mesure égale. L'Italie est vraiment un cas très particulier des stay-behind en Europe. Cela va même au-delà de ce réseau. La Suisse n'a pas hésité à reconnaître la constitution d'un tel réseau mais n'avait jamais voulu divulguer le nom des agents stay-behind. Certains ont fait le choix de se montrer publiquement dans une émission de la RTS sur le sujet. Pourquoi le gouvernement suisse n'a pas lâché ses agents ? Car en Suisse, il n'y a pas eu de soupçons d'actions graves et très controversées comme en Italie. La Suisse a considéré ses agents comme des patriotes pris dans une époque historique mais avec les mains propres. Pour la Belgique on retrouve la même démarche, seule la question des tueurs fous du Brabant wallon reste une épine très douloureuse dans les pieds de la Belgique que certains analysent sous l'angle stay-behind. Si on prend un pays comme la France, celle-ci a participé au réseau stay-behind mais selon ses intérêts et ses règles. Cette position se fonde sur la vision de la politique intérieure et extérieure de Ch. De Gaulle et de l'héritage des alliances intérieures et extérieures de fait ou d'affinités qui se sont liées pendant la IIème Guerre et la Résistance. Aussi, la France a bien participé mais pas de la même façon que l'Italie ou UK qui lui en revanche était le bras droit de l'OTAN dans l'affaire. Si on prend l'Espagne franquiste et le Portugal salazariste et leurs transitions vers la démocratie, ces 2 pays étaient intégrés dans les stay-behind non pas pour une lutte active et sur le terrain mais plus comme pays de logistique à savoir pays qui permettrait le repli d'agents.

- D. Ganser charge à mort les USA sans faire aucun contrepoids, aucune contrepartie sur les agissements de l'URSS à la même époque et pour le combat symétrique à savoir faire reculer l'idée capitaliste. Or, on sait que l'URSS a très bien su monter des opérations de désinformation, de déstabilisation, a su armer en temps et en heures certaines parties du globes de façon massive et avec de l'envergure etc...etc... et a aussi su récupérer d'anciens nazis pour les faire travailler à leur profit (cf. les 1ers romans de J. le Carré).

- Les travaux sont un peu un méli-mélo aboutissant à un anti-américanisme souvent primaire. Et surtout d'autres historiens, politologues, sociologues etc...s'ils ne remettent pas en cause les réseaux stay-behind et l'implication américaine suivie par le bloc occidental, il reproche à D. Ganser un goût pour le complotisme et des rapprochements quelques peu douteux. Les stay-behind seraient notamment le creusot de la lutte contre le terrorisme de l'islam politique radicalisé.

Donc Un livre très intéressant sur un phénomène peu connu, digne de romans d'espionnage mais fut une réalité qui s'est jouée parfois crûment. Cependant à lire avec précaution et recul. et ne pas hésiter à se renseigner.
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« Quand il s'agit de faire la lumière sur le réseau Gladio, l'autoroute de l'information se transforme soudain en véritable parcours du combattant. À notre époque où le terrorisme est une préoccupation mondiale, il est particulièrement dérangeant de découvrir que l'Europe de l'Ouest et les États-Unis se sont alliés pour créer des organisations qui se sont par la suite converties au terrorisme. En Amérique, de tels pays sont qualifiés de "sponsors du terrorisme" et sont la cible d'hostilité et de sanctions. Est-il possible que les USA eux-mêmes, la Grande-Bretagne, la France, l'Italie et d'autres méritent tous de figurer sur la liste des États finançant le terrorisme ? Avant d'en décider, il convient de connaître l'histoire de Gladio dans son intégralité. Avec cette enquête critique, Daniele Ganser a ouvert la voie. Il est important de lire ce livre pour découvrir les grandes lignes du réseau Gladio et entrevoir l'importance des interrogations qui restent sans réponse. »
- Professeur John PRADOS, auteur de très nombreux livres dont un seul est pour l'instant disponible en français Les Guerres secrètes de la CIA : La Démocratie clandestine ,
historien et analyste aux archives de la Sécurité nationale à Washington, DC.
Lien : http://www.editionsdemilune...
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Video de Danièle Ganser (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Danièle Ganser
Paris, le 14 mars 2008 : l'historien Daniele GANSER, professeur à l'université de Bâle, livre avec pédagogie et humour le fruit de ses recherches sur le pic pétrolier et la prétendue « guerre contre la terreur », ainsi que sur le terrorisme d'Etat.
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