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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Entre passé et présent, les héros de Christian Garcin tentent d'échapper à leur condition de vétérans, à leurs souvenirs corrosifs. Ils s'évadent par la pensée et l'auteur souligne d'une lumière poudrée le contraste entre le chic vulgaire de Las Vegas et les canalisations où son trio habite (plus d'infos : https://pamolico.wordpress.com/2020/08/23/oiseaux-morts-lamerique-christian-garcin/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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Ils sont l'Amérique des sous-sols face aux éclats de lumière qui scintillent sur Strip. Ils sont ceux dont la société ne sait que faire, ceux qui ont tout perdu après avoir connu les bombes. Ils sont la mémoire que l'Amérique tente d'effacer, eux qui ont combattu pour leur nation, eux qui ont enduré et vu l'horreur dissimulée. Ils sont les héros d'un temps et les oubliés d'aujourd'hui.


Publié par L'ivresse littéraire mars 13, 2018
LES OISEAUX MORTS DE L'AMÉRIQUE DE CHRISTIAN GARCIN : SOUS LES LUMIÈRES DE LAS VEGAS
Les oiseaux morts de l'Amérique
Paru aux éditions Actes Sud - 224 pages

Je ne suis pas une amatrice de romans américains. le peu que j'ai lu ne m'ont jamais trop séduite. Mais lorsqu'il s'agit d'un auteur français qui dépeint l'Amérique, là c'est autre chose. Thomas B. Reverdy m'avait conquise avec Il était une ville, Pierre Ducrozet aussi avec L'invention des corps. Au tour de Christian Garcin de prendre la relève. Autre roman, autre lieu pour un portrait peu reluisant également de l'Amérique.

“ Il se disait qu'il était vieux à présent, soixante-dix ans passés, et qu'il laisserait derrière lui des dizaines de pages de notes et histoires puisées dans ses voyages dans le futur, quelques poèmes qui ne disaient pas grand-chose d'autre que le mouvement des ombres autour et à l'intérieur de lui, et ces carnets de dessins, de bribes de lumières et de formes nettes, découpées, qui traçaient le cadre de ses déambulations diurnes. Alors quoi de mieux que le silence. ”

Hoyt Stapleton est un vétéran de la guerre du Vietnam, plus précisément un ancien « rat des tunnels ». Silencieux mais cultivé, il trouve refuge dans les livres qu'il récupère lorsqu'il se rend au « Blue Angel Motel ». Stapleton vit avec deux autres vétérans - McMulligan et Myers, pour eux c'était l'Irak - aux portes de Las Vegas. Là où les lumières brillent, où le pognon coule à flots, où la fête bat son plein nuit et jour. Peut-être vous direz-vous que c'est pas mal une vie de débauche. Oui mais eux c'est sous terre qu'ils vivent. Dans un collecteur d'eau de pluie, inondé en cas de crue. Loin des strass et des paillettes donc.
Ils sont des centaines à vivre reclus, en marge, dans ces immenses souterrains. Des centaines de SDF à vivre entassés comme des animaux en cage. Alors ils s'entraident le plus souvent, ils partagent, le café mais pas que. Ils sont les exclus d'une société et d'un système entier. Eux qui ont tant donné pour leur pays.
A eux trois, ils réinventent un monde pour contrer la fatalité d'une réalité impensable. A eux trois, ils partagent leurs souvenirs douloureux de ces guerres qui les auront marqués à jamais. Mais Hoyt, contrairement aux autres, a une autre manière de s'échapper de ce quotidien inhumain, il voyage dans l'espace-temps. Et ça fait marrer les gars. Mais passé ou futur, il choisit. le futur ne laissant pas franchement place à un meilleur avenir pour notre monde, il préfère remonter le temps. Revisiter son passé pour ne pas se laisser aller à l'angoisse et la grisaille du présent. Il retourne en enfance, dans la douceur des souvenirs d'une maison chichement entretenue par sa mère. La douceur des souvenirs d'un quartier où la jolie voisine était sa plus tendre amie. Mais remonter ainsi dans une vie passée, est-ce réellement sans conséquences ?

Ils sont l'Amérique des sous-sols face aux éclats de lumière qui scintillent sur Strip. Ils sont ceux dont la société ne sait que faire, ceux qui ont tout perdu après avoir connu les bombes. Ils sont la mémoire que l'Amérique tente d'effacer, eux qui ont combattu pour leur nation, eux qui ont enduré et vu l'horreur dissimulée. Ils sont les héros d'un temps et les oubliés d'aujourd'hui.

“ Lorsque Myers et McMulligan parlaient de leur expérience de marines en Irak, Stapleton constatait que rien n'avait changé. C'était toujours la même merde : des jeunes types utilisés, transformés en assassins bouffés de trouille, traumatisés à vie, qui avaient eu la chance de s'en sortir en un seul morceau et qu'on avait pour certains d'entre eux laissé tomber, sans pension, sans rien. Il se sentait proche d'eux mais depuis quelques temps ne leur parlait plus, ou presque plus. [...] parler reviendrait inévitablement à remettre sur le tapis toujours les mêmes horreurs, les mêmes rancoeurs, à comparer leurs expériences, à aggraver amertume et dépit. A quoi bon. A cela il préférait les vertus du silence, ou de la parole rare. ”

Mais sous la plume sensible de Christian Garcin, ils prennent vie et témoignent de ce qu'ils ont vu, des combats menés et des conséquences sur l'homme. Ceux qui étaient sur le front, ceux qui pilotaient des drones à des milliers de kilomètres de la zone de combat. Ils sont tous là, avec leurs démons, leur violence parfois. le martèlement des idées transmises ancrées au plus profond.
L'auteur nous dépeint une Amérique bien peu reluisante et pourtant il ne juge pas, il constate. Il retranscrit, sans tomber dans le pathos ni même dans l'éloge. Il façonne ses personnages d'une douce mélancolie teintée d'humour. Des personnages d'une tendresse bienveillante à commencer par le vieux Stapleton qui voue un amour à la poésie de William Blake ou John Keats et se prend à redécouvrir les musiques qui ont bercé son enfance.
Et puis dans cette réalité douloureuse, Christian Garcin y incorpore une dimension fantastique en jouant avec ces passerelles temporelles pour adoucir la dure cruauté d'un monde invisible.

Les oiseaux mort de l'Amérique était pour moi le premier roman que je découvrais de l'auteur et je ne regrette absolument pas d'avoir emprunté ces tunnels pour aller à la rencontre de ces laissés pour compte qui furent de très émouvants compagnons de route car derrière les fêlures, au creux de ces lieux sombres, se cachent des coeurs tendres.
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Je ne sais plus comment j'ai récupéré ce livre… en tout cas, il m'était destiné et je viens de vivre une rencontre avec un auteur que je découvre mais dont j'avais entendu le nom à plusieurs reprises.. une grande claque en tout, le style, le schéma narratif, le propos, la présence si douce des animaux. Et des personnages subtils et touchants… outre cette idée de voyage dans le temps dont l'auteur en tire une révision du passé et une conscience des choses. Une restauration de la vérité dans toute son âpreté et sa complexité. Une grande claque…
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Les tunnels des canalisations de la ville de Las Vegas abritent une communauté de sans-abri. Parmi eux un groupe de trois hommes, amis qui ne se sont pas choisis mais qui se respectent, se protègent les uns les autres.
Hoyt Stapleton est le plus âgé d'entre eux. Il parle très peu, lit, dessine, écrit mais surtout voyage dans le temps, loin de son quotidien. Ses pensées qui, dans un premier le conduisent à imaginer un futur forcément sombre, vont petit à petit lui faire revivre son passé... D'une guerre à l'autre, celle de Corée, puis celle du Vietnam et enfin celle d'Irak, d'un traumatisme à l'autre, ses survivants tentent de se reconstruire ou au moins de ne pas complètement sombrer. C'est un roman court et un texte à part. Comme le dit la 4ieme de couverture , il y a quelque chose de Russel Banks dans ce livre, et ce n'est pas faux. Une belle écriture onirique, poétique, pour évoquer le sujet de ces anciens combattants, perdus d'avoir mener des combats qu'ils ne comprenaient pas.
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