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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce livre est un enchantement. Pourquoi ? Parce qu'avec "nos dimanches soirs" Jérôme Garcin a su se renouveler après le très beau livre du cinquantième anniversaire de mon émission radiophonique préférée : le Masque et la Plume sur France Inter le dimanche à 20 heures. Car je fais partie de la famille de ceux qui ont été bercés par les joutes verbales de Jean-Louis Bory et Georges Charensol, quand nous écoutions la radio en famille dans les embouteillages en rentrant de week-end. Depuis ce temps, je partage les coups de coeur, coups de gueule, emportements, mauvaises fois, éclats de rire, émotions, déclarations d'amour des critiques du Masque et la Plume.

Pour le soixantième anniversaire de l'émission la plus ancienne de France Inter, Jérôme Garcin propose un livre-abécédaire où il alterne anecdotes, histoire de l'émission, souvenirs, portraits des protagonistes et lettres d'auditeurs souvent courtes mais poignantes. Même si je connaissais déjà certaines anecdotes je ne m'en lasse pas. Je peux écouter à l'infini Jean-Louis Bory dire « Comment ça va, mes cocos jolis ? » mais aussi Olivia de Lamberterie faire partager sa passion pour une romancière anglaise ou les mémoires de Gilles Jacob.
Et puis, cette émission culturelle qui fait partie du patrimoine radiophonique, n'est pas neutre et c'est là son intérêt. Les positions des critiques à certains moments clefs comme en mai 68 ou le soutien des auteurs du manifeste des 121 pendant la guerre d'Algérie ont d'ailleurs eu pour conséquence l'arrêt de l'émission soutenue par le public.

Ce qui est important aussi, c'est que ce livre m'a fait rire et pleurer ; rire avec certains portraits et pleurer avec la lettre poignante d'un auditeur, Jean-Paul Siegel. Les portraits sont incroyables. J'ai l'impression de connaitre tout le monde et Jérôme Garcin sait très bien parler des autres, de ceux qui l'entourent.
J'ai participé occasionnellement à l'émission enregistrée en direct de la maison de la radio le jeudi soir et j'ai toujours l'impression d'en sortir plus intelligente.
Alors, je ne sais pas s'il y a une faute d'orthographe dans le titre comme le dénonce Lilie10 dans sa critique sur Babelio mais même si c'est le cas je ne changerai pas d'opinion sur ce livre que j'adore.


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Jérôme Garcin Nos dimanches soirs Bernard Grasset France Inter
( pages 300 pages – 19€)

Commençons par féliciter Jeanne, l'initiatrice de ce livre-abécédaire qui lui est dédié.

A l'occasion du 60ème anniversaire, Jérôme Garcin remonte le temps, nous plonge dans les coulisses de cette émission culte qu'il définit comme un « moulin à paroles », son «  petit théâtre ». Vous saurez tout sur « l'hymne national de la critique» de Mendelssohn qui annonce et ferme «  le geyser de harangues ».

Vous ferez plus ample connaissance avec les trois «  bandes » de la trinité : cinéma, théâtre et littérature. Pour justifier les éclats de voix, les empoignades verbales, l'auteur se réfère à Oscar Wilde pour qui «  Une époque qui n'a pas de critique est une époque où l'art est immobile. »

Au fil des pages, l'autoportrait de l'auteur se tisse, par touches : depuis 1989 à la barre, au studio Charles -Trenet, avec le même enthousiasme renouvelé.
C'est à 15 ans qu'il eut le choc d'entendre « cette foire d'empoigne » qui orienta sa vie. Jérôme Garcin se remémore la première fois où il « monta à la tribune comme à l'échafaud », succédant à Pierre Bouteiller, soutenu par la bienveillance de Martine de Rabaudy et la « gentillesse paternelle de Régis Bastide ».
le Masque représentait pour le jeune « chef d'orchestre » une «  liberté d'expression, d'indignation, d'admiration sans limites ». Depuis, l'émission est devenue « une spécialité française » unique et reconnue, « une madeleine » pour François Morel.

Jérôme Garcin retrace son parcours, ses débuts à la télé, évoque l'époque où il faisait « le paon », mais aussi en parallèle l 'historique de l'émission. Il rappelle le choc de perdre un parent à dix-sept ans et un frère jumeau à six ans . A noter de nombreux hommages dans le chapitre consacré aux quarante ans : Charensol, Polac, Bastide.
Parmi les anecdotes roboratives, celle contée par un agriculteur qui avait baptisé ses vaches « les Garcinettes », après avoir constaté qu'elles étaient sensible au « ton velouté » de la voix du modérateur.
Comme Jérôme Garcin l'a confié dans le magazine « L'Arche » : «  J'écris car je ne supporte pas que les morts soient oubliés, partis pour toujours.Il faut encore et toujours parler d'eux, dire les cicatrices que leur absence a gravées en nous ».

Comme Perec, Jérôme Garcin se souvient de ceux qui ont beaucoup compté pour lui, ses prédécesseurs :Bouteiller, Bory, Polac, et égrène une pléthore de réminiscences.
Quand l'émission se délocalise, les aléas sont à gérer ( grève des intermittents, vol, ville paralysée par la neige), mais « les vertus fédératrices » l'emportent.
Jérôme Garcin témoigne de son plaisir indicible de rencontrer « la foule de ses fidèles ». Il évoque les lieux impressionnants comme l'Opéra national de Lorraine, à Nancy. Si « Les livres ont un visage », les auditeurs aussi. Dans leurs sourires, il lit une « complicité inexprimée, de la gratitude ». Avec beaucoup de discrétion l'auteur évoque les tournées à travers la France de «  sa comédienne de femme », Anne-Marie Philippe pour véhiculer la voix de Claudel dans L'annonce faite à Marie.
Il revient sur le Jubilé, puis les 50 ans , célébrés « dans une ambiance électrique », « de prises de becs », «  à voler dans les plumes ». Pas toujours évident pour la « petite Comédie-Française » de se sentir décontracté, alors chacun a son remède.

L'animateur peut se targuer d'avoir fait naître des vocations, dont celle d'Ali Rebeihi.
Dans le chapitre Artisanat, on réalise le travail titanesque que demande « cette préparation de laborantin » pour chacune des séquences, sans compter la sélection du courrier qui sera lu. Jérôme Garcin, « à nul autre pareil » se définit à ce sujet comme «  maniaque et obsessionnel » et opiniâtre.

La Normandie, qui se révèle un vivier de sommités, occupe une place de choix dans cet ouvrage. L'auteur est admiratif du talent polymorphe de François Morel.

En survolant la table des matières , des titres de chapitres intriguent, comme :
« Élysée, justice, noyade ». Mais laissons le suspense.

Sidérant le feuilleton de l'inconnu japonisant ! On imagine la perplexité de Jérôme Garcin devant une telle assiduité jusqu'au jour où il découvre la véritable identité de cet usurpateur, poète, censeur ! On croise le fantôme du « spectateur absolu », « conteur et enlumineur » comparé à « un nouveau Facteur Cheval ».

Les gourmets testeront l'adresse de la « merveille » de Trouville , « baptisée le Masque et la Plume » qui fit fondre Jérôme Garcin. D'autres trouveront des remèdes pour chasser le spleen, car «  les vertus anxiolytiques » de l'émission culte sont démontrées. A l'ère du podcast, on n'a plus la crainte d'en manquer une.
Bien que son succès soit incontestable, cette émission draine parfois aussi son lot de mécontents , l'auteur soulignant que « La France du dimanche soir a vraiment l'oreille chatouilleuse, l'esprit séditieux et la répartie cinglante ».

L'ouvrage se termine par le chapitre des zeugmas. Si le mot vous est encore hermétique, une copieuse liste d'exemples vous permettra de briller en société.

Les miscellanées de Jérôme Garcin contiennent des souvenirs, des lettres ( bouleversantes , gratifiantes, ou parfois assassines) d'aficionados , de savoureuses ou insolites anecdotes, des hommages, des exercices d'admiration.
Last but not least, il exprime ses remerciements à ses deux collaborateurs et « complices » :Lysiane Sellan et Didier Lagarde, « au doigté de pianiste ».

Lire ce recueil qui transpire «  la jouissance » de l'animateur zélé, « à « officier à la tribune » depuis 26 ans, prolonge idéalement les dimanches soirs.
Le point d'orgue n'est-il pas d'avoir inspiré des poèmes qui déclinent les louanges du Masque ? Pour un certain Aloïs de Valloires« Tous les dimanches soirs, pour une heure seulement/La vie suspend son cours, elle s'arrête un moment./Les joutes et les combats des critiques habiles/Nous font croire un instant que rien n'est difficile ».
Pour Gérard Noiret, les chroniqueurs sont «  quelques dieux, moqueurs, pénétrants ».

Ce florilège nous plonge dans les coulisses d'une émission culte, qui perdure, plaît, de génération en génération, par sa qualité et sa vitalité et nous enrichit.
Rendez-vous sur les ondes de France inter le dimanche soir pour l'antidote du blues.
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Je suis une inconditionnelle de l'émission «  le masque et la
Plume » depuis que je l'ai découverte il y'a plusieurs années de cela. Je l'écoute le lundi matin, c'est mon plaisir de début de semaine qui me
Met en jambe. J'envoie parfois des mails et ai eu une fois la surprise d'entendre Jérôme Garcin lire l'un d'eux. Alors évidemment lorsque j'ai trouvé ce livre chez Emmaus, je l'ai acheté . le temps de la lecture achevée, j'écouterai lundi l'émission autrement car ce livre lève des voiles et nous raconte l'émission en son histoire et en ses effets. Simplement mais d'une écriture érudite , Jérôme Garcin nous conte l'histoire et les histoires du Masque comme un
Soir au coin du feu.
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Le plus touchant dans cet abécédaire, ce sont les témoignages d'auditeurs: de partout, ils écrivent pour dire combien cette émission de critique diffusée le dimanche soir, est inscrite dans leur emploi du temps, dans leur histoire familiale et amoureuse.
Comme c'est aussi mon cas, j'ai dévoré ce livre...
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