Lisière de l’œuvre
Par tranches d’âges, par coupes d’arbres, par socles de béton,
par touches inopinées de clavecins sauvages, par émancipation
de contrepoints hors de saisons et comme les fleuves se perdent
pour émigrer parmi les sables, voici que meurt mais s’enracine,
par fugues successives, l’amorce transfigurée d’un incurable
commencement.
CHIASMES SAUVAGES
Figuiers de barbarie assaillis de guêpes, qui abandonnent
leur suc aux insectes de saison, le temps, sans un regard,
peut-on dire qu’il passe et que les feuilles résistent aux
rafales de Novembre, dans l’attente millénaire des nou-
veaux rayons ?
Cela s’est dit, pour sûr. Il faut et j’en passe. Buissons d’écailles,
couteaux taillés à demi-chevaux. Ils vibrent dans le silence, tels
des spasmes. Réseaux entrecroisés sous l’ombre d’un talisman.
Sans rendez-vous
Ce sont des astres rémanents, des fontaines en cascades,
des porches aux lanternes magiques.
À suivre leurs parcours, dont nul n’a compris la raison ni
le cours, il semblerait qu’ils se consument dans les traverses
du désir, là, où les regards, dans l’infini, se croisent, sans fixer
à jamais une fin à leur tourment.
Sagesse
L'ouverture ne s'épuise, ni dans le tir des flèches, ni dans l'attente d'une cible.
Elle suspend un silence soudain creusé dans l'abîme, que comose la chute d'une écaille sous les serres d'un oiseau.
Récurrence d'un meurtre, qui multiplie ses passes en un jeu, qui scintille au revers d'une couleur.