J'ai rencontré l'auteur lors du salon de Nemours 2017.
Rencontre passionnante avec un romancier de littérature Blanche, qui se dévoie en basculant avec délectation dans le Noir.
Il le fait avec talent et humour. Ce roman est jubilatoire en diable, un comble pour une histoire de curé (peu orthodoxe il est vrai).
L'histoire :
Le père Jean, pas très catholique, hors norme, car s'il croit en Dieu, il ne croit pas en ses semblables ; trop conscient des failles et des perversions des hommes, même de ceux censés représenter une religion et servir de guide aux autres.
Extrait page 113
« Mon petit criminel a baissé la tête. On jurerait qu'il prie. Peut-être prie-t-il. Moi non. Je n'y arrive pas. Je n'y arrive plus dans une église. Et pourtant, certains moments de la messe me touchent de près. Mais ce sont les faux-culs qui me bloquent, les faux-culs bénits, mes faux-frères. »
Le voilà qui enseigne à St Sigismond, qu'il rebaptise Ste Nitouche. Voilà qui pose le ton de ce roman. Il est vrai que le père Jean est un touche à tout :
Vie maritale, un enfant, puis séparation avant que le quotidien ne vienne tout abîmer.
Il part et se consacre à Dieu. Traficote un peu pour assurer le quotidien de sa famille délaissée.
Un homme tout en contradictions. Qui aime les voitures, rentre en
Franc-Maçonnerie et en ressort aussitôt…
Un prêtre de l'établissement est retrouvé égorgé. Une enquête débute pour trouver le ou les coupables.Dans l'absolu le père Forgerit ne sera guère regretté. Un pédophile reconnu.
La justice Divine serait-elle rendue ?
Cette enquête va permettre la rencontre entre le père Jean et le commissaire Fatty, de son vrai nom Marcel Durand. Une amitié, improbable mais sincère, va lier ces deux hommes. Univers différents, mais une vision humaine commune.
Comme des justiciers des temps modernes.
Et voilà ce tandem improbable qui enquête de concert. Les pistes sont trompeuses. La vérité aussi. Sur ce meurtre, puis d'autres. Et toujours cette vision commune de ce que doit être la justice. Et ça fonctionne !
Le récit se déroule de 1967 à 1969.
Le texte a des relents des films d'Audiard.
On retrouve cette période avec bonheur. D'autant que l'auteur y prend lui-même un plaisir communicatif. Comme une douce nostalgie partagée avec lui et qui ravive nos propres souvenirs (enfin pour les plus de 20 ans comme moi).
Puis il y a tous ces personnages, en particulier « la bande » du père Jean, famille et amis réunis. Une vision de la famille au sens large. Comme j'aime.
Un fils de sang et un fils de coeur. Sans différence.
Je retrouverai avec plaisir Jean et Marcel. Ce duo d'enquêteurs de choc dont les prochaines aventures ne devraient pas tarder.