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4,22

sur 914 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
J'ai bien envie de vous présenter Nord et Sud le roman d'Elizabeth Gaskell d'une manière un peu particulière. D'une manière qui s'impose naturellement après la lecture d'un tel livre.

Pour commencer, ne vous y trompez pas. Si le titre vous évoque l'histoire de deux familles en pleine guerre de Sécession, sachez qu'il ne s'agit pas du tout de cela.
Oubliez les tuniques bleues et les champs de coton et revenez de suite sur le Vieux Continent.

Nous sommes en Angleterre, à l'ère victorienne.
Voilà, vous y êtes ?
Visualisez maintenant un tableau ceint d'épaisses moulures dorées, un tableau qui pourrait être une oeuvre du peintre James Tissot, réputé pour ses mises en scène de l'époque victorienne.
Approchez-vous un peu...
Face à vous, un intérieur bourgeois aux couleurs sombres et chaudes.
Au premier plan, votre regard est tout d'abord attiré par un immense tapis fleuri, d'un savant mélange d'ocre, de brique, de grenat et de bleu roi. Autour de ce tapis, quelques fauteuils garnis d'épais coussins, un guéridon sur lequel gisent quelques livres. Un peu plus loin, une table semble attendre les convives. Elle est dressée pour le thé.
En arrière-plan, des cadres et des miroirs ornent les murs, et les rideaux de dentelle pendant aux fenêtres ont bien du mal à cacher la sinistre et noire fumée qui s'échappe des hautes cheminées des usines massives. Lointaines mais si présentes.
La mousseline blanche, les rubans et les boucles soyeuses des dames figurant dans la pièce ont bien du mal à rivaliser avec ces nuages d'un gris plombé pour maintenir un semblant de gaieté, une étincelle de légèreté.
Atmosphère lourde et oppressante.
D'où viendra le salut ?
De cette femme âgée, assise près de la cheminée, au teint pâle et aux traits tirés ? Ou de cet homme qui pose un regard doux et tendre sur elle ?
Ou bien encore de cette jeune femme à la lourde chevelure aile de corbeau au regard inquiet mais fier, brodant dans un coin du salon ? A moins que ce ne soit de cet homme à la stature altière et au regard franc qui se tient debout dans l'embrasure de la porte ?
A bien y regarder, il semble bien que ce dernier observe la jeune fille à la dérobée et qu'elle même a bien du mal à fixer son regard sur son ouvrage. Il est certain qu'entre ces deux-là se trame une histoire d'amour... mais rien n'est dit encore. On sent comme une gêne, comme un malaise.Pour sûr, il ne s'agit pas d'une simple bleuette.
Le tableau n'en dit pas plus.
Je ne tiens pas non plus à vous le dire. Je peux juste vous révéler que Margaret Hale, fille de pasteur, originaire du sud rural et John Thornton, patron d'une grande filature du nord industriel auront bien du mal à s'entendre et qu'il faudra en tourner des pages et des pages avant de connaître le dénouement de leur histoire.
Des pages plus ou moins pesantes comme l'atmosphère de ce tableau.
Des pages empreintes à la fois d'une certaine ironie à l'égard de la société bourgeoise victorienne mais aussi d'une certaine compassion et commisération à l'égard des conditions difficiles des ouvriers.
Des pages où se mêlent dédain et mépris, fierté et orgueil, révolte et misère.
Des pages fort intéressantes mais où, je l'avoue, mon regard s'est parfois perdu, mon esprit envolé vers d'autres tergiversations que celles de Margaret.


Devant un tel tableau, je n'aurais sans doute pas fui, mais plutôt jeté des coups d'oeil aux oeuvres alentour, histoire de voir si l'herbe y était plus verte ou franchement plus sombre.
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J'avais beaucoup aimé "Cranford" du même auteur, j'avais trouvé que ça rappelait les romans de Jane Austen où des dames passaient leurs journées à boire du thé en mangeant des sandwiches au concombre tout en échangeant des potins, le tout raconté avec ironie.
Là, l'histoire est bien moins légère puisqu'avec l'héroïne, Margaret, une jeune fille de dix neuf ans, nous découvrons la vie dans une ville industrielle anglaise et les conditions de vie des ouvriers notamment. Elle y perd ses illusions et acquiert une conscience politique et sociale.

Mais qu'est ce que c'est long....et mièvre surtout.
Pendant près de 700 pages, notre héroïne et l'homme qui lui fait battre le coeur s'évitent, se cherchent, se rejettent, s'attirent, mais sans qu'il ne se passe finalement grand chose entre eux.
La mièvrerie est comme une grosse couche de confiture, étalée tout au long du roman, comme sur une belle tartine, au point que ça en est totalement indigeste.
Je ne nie pas que l'aspect social du roman est sacrément intéressant, surtout compte tenu de l'époque à laquelle le roman a été écrit, mais la fausse intrigue sentimentale m'a vraiment ennuyée et agacée.
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« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, partons au début de l'ère industrielle avec Nord et Sud, d'Elizabeth Gaskell.

Or donc Margaret Hale, jeune fille accomplie, retourne chez ses parents à Helstone. Elle y coule des jours paisibles. Hélas, son père abandonne sa charge de pasteur : la famille est contrainte de déménager à Milton, une ville industrielle. Margaret va découvrir l'âpreté des conflits sociaux en faisant la connaissance de Mr Higgins, un ouvrier déterminé, et de Mr Thornton, patron d'usine. Ce dernier n'est pas insensible au charme de la jeune femme…

-Laisse-moi deviner ! Ils vont commencer par ne pas s'entendre avant de comprendre qu'ils s'aiment, c'est ça ? Oooooh, comme c'est surprenant !

-Oui, bon, en effet, l'intrigue ne réserve guère de surprise. Ce n'est pas grave ! Les portraits psychologiques restent intéressants et bien brossés.

Margaret représente un modèle de vertu et de courage que ses parents ne reconnaissent pas à sa juste valeur. J'aime beaucoup aussi comment le langage trompe sans cesse ses interlocuteurs : elle essaie de se montrer digne, fière et réservée, mais elle passe pour orgueilleuse.

Cependant, le roman ne se focalise pas que sur elle : de longues pages sont consacrées aux personnages secondaires, à leur passé qui les a façonnés tels qu'ils sont au moment de l'intrigue. Ce travail est très intéressant, il donne du corps aux protagonistes, de la crédibilité : j'en suis ravie.

-Mouais. Hé bien moi, je suis pas aussi enthousiaste que toi, Déidamie ! Tout le roman baigne dans une atmosphère religieuse qui me déplaît au plus haut point. Qu'ai-je à faire des lectures rassérénantes de la Bible, du réconfort qu'on y trouve ? Toute cette morale sur ce qu'il faut faire pour agir en bon chrétien… tu crois que ça m'amuse de lire autant de blasphèmes ?

-Hein ? Blasphèmes ?

-Oui, blasphèmes, Déidamie ! Je te rappelle qu'on est pastafaristes* et qu'il n'y a de Monstre que le Monstre en spaghettis volants ! Tu crois que j'ai déjà pas assez à faire avec les idolâtres de la licorne rose invisible ?

-Oui, bon…

-J'ai horreur qu'on me fasse la leçon ! Et puis Margaret, elle est gentille et courageuse, mais elle aussi, elle donne des cours à Thornton sur comment s'occuper de ses ouvriers et son discours est d'une niaiserie consternante !

Je ne comprends pas non plus pourquoi son père abandonne sa charge, ce n'est pas du tout expliqué clairement, comme s'il fallait montrer cette défection pour honteuse et ne surtout pas la développer. Pas de bol, je voulais savoir, moi !

-Je te l'accorde !

-Ah bon ?

-Mais oui, c'est vrai.

-Ha-HA ! J'ai raison et tu as tort !

-C'est plus compliqué que ça… mais si ça t'amuse… Quoi qu'il en soit, ce que je trouve toujours d'actualité, c'est la peinture du conflit patrons/ouvriers.

-Hélas, elle est gâchée par les réflexions « Vous vous aidez mutuellement alors soyez gentils les uns avec les autres ». Bref, du gnan-gnan !

-D'accord ! Mais il n'en reste pas moins que le roman est rempli de beauté et de relations complexes entre les personnages principaux !

-Mouaif… il n'atteint quand même pas la perfection d'un Orgueil et Préjugés.

-Je ne trouve pas cette comparaison judicieuse : Orgueil et Préjugés ne prétend pas dépeindre un conflit social, uniquement la condition des femmes d'un certain milieu, alors que Nord et Sud, lui, adopte un angle beaucoup plus politique, plus violent. Si ton patron te vire, tu meurs de faim. Et si tu travailles, tu meurs de labeur.

-Mmmff. Et puis, c'est long. C'est long, c'est long, mais que c'est long ! Quand le dénouement est arrivé, je n'y croyais plus. Je pensais qu'on en aurait encore pour deux ans de lecture. Je ne suis pas contente non plus des notes ! J'ai l'impression qu'elles sont fort mal attribuées.

-Ah tu as trouvé ça bizarre, toi aussi ? C'est vrai que j'ai souvent eu l'impression que les textes de note ne correspondaient pas au texte courant. Attends, je vais trouver un exemple…

-NON !

-Quoi, non ?

-Non ! S'il te plaît Déidamie, laisse béton ! passons à un autre bouquin, lisons autre chose ! J'en peux plus, du nord et du sud ! Un mois qu'on est dessus ! Bouhouhouhou ! T_T

-D'accord, d'accord, calme-toi ! Prends un mouchoir et mets ta passoire. Je fais une petite conclusion, on dit au revoir à notre façon et on passe à autre chose, d'accord ?

-Snif… d'accord.

-Malgré de nombreuses réserves, je suis ravie d'avoir lu Nord et Sud. Ce roman offre un éclairage intéressant de nos conflits actuels malgré son ancrage dans un siècle fini depuis longtemps. Hélas, je crains qu'il ne fasse preuve de naïveté sur la résolution desdits conflits. Je déplore également les longs discours sur la foi, la piété : je ne partage pas les mêmes croyances et ces passages m'ennuyèrent fort.

Toutefois Nord et Sud n'en reste pas moins un grand roman.

C'est la fin de cette critique, merci de nous avoir lues…

(toutes les deux ensemble) : … Et que la Pâte soit avec vous ! »

*Pastafarisme : religion-canular selon laquelle le monde a été créé par le Monstre en spaghettis volants en un seul jour (il est donc incontestablement supérieur aux autres divinités créatrices). Ce n'est pas qui l'ai inventée, allez donc voir sur Internet.
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J'avais tellement entendu de bien de ce livre que j'en attendais sûrement beaucoup. Trop même. Car j'espérais inconsciemment retrouver le même emballement que lors de ma découverte d'un Jane Austen, d'un Charlotte Brontë ou sa soeur Emily voire Ann, d'un Edith Wharton, d'un W.M. Thackeray. Or, il n'en fut rien, et je ressors mitigée de ma lecture, même si dans l'ensemble je suis heureuse de cette découverte.

Vu le sujet traité, je m'attendais à un mélange de Zola, pour la description du milieu ouvrier, et d'Austen pour celle de la vie sociale de l'héroïne, mais je n'ai retrouvé ni la profondeur du premier ni la causticité de la deuxième.

Alors que le thème des revendications ouvrières m'intéressaient, j'ai trouvé que le livre manquait de descriptions du milieu industriel de l'époque. J'aurais vraiment aimé que l'auteure développe davantage cet aspect-là. En plus, nous ne voyons les grévistes qu'à travers les yeux de Margaret Hale, l'héroïne, qui est certes animée de bons sentiments, mais un peu trop "paternalistes" à mon goût. Les explications sur les relations entre patrons et ouvriers semblaient vraiment un peu creuses par moment.

Pour ce qui est de l'histoire d'amour entre les deux protagonistes, je l'ai trouvée vraiment très mal amenée. Il n'y a aucune progression narrative : Margaret et Thornton, affublés tous les deux d'un orgueil démesuré et mal placé qui les sépare un temps (ce thème vous rappelle un roman ? c'est normal mais j'ai le regret de vous informer qu'il est ici traité avec beaucoup moins de talent qu'Orgueil et Préjugés !!) se tournent autour pendant tout le roman sans arriver à susciter chez le lecteur qu'un intérêt poli. Les sentiments des deux protagonistes sont pourtant bien décrits, mais leur cheminement vers un amour partagé si peu approfondi que l'on ne comprend pas ce qui les amène finalement à se déclarer l'un à l'autre. En outre, l'auteure cède à certaines facilités narratives qui frôlent parfois le ridicule : la grande scène où Margaret vole à son corps défendant au secours de Thornton durant la grève n'aurait pas déparé dans un mauvais Harlequin ; de même, elle se dépêtre un peu trop facilement de l'enquête policière qui menace de la compromettre, pirouette cacahuète et hop, disparus les soupçons qui pèsent sur elle...

Concernant les personnages principaux, je n'ai pas réussi à m'attacher à eux ni à comprendre leurs réactions. Margaret et Thornton avaient beaucoup de potentiel que l'auteure a gâché selon moi. Margaret, malgré une tendance à la prétention assez agaçante, frôle un peu trop la perfection physique et morale pour nous toucher vraiment. Thornton, bien que profondément honnête et intègre, incarne trop les valeurs petites-bourgeoises, et c'est rédhibitoire pour moi, désolée...

Je n'ai jamais compris les raisons (dont la nature n'est jamais précisée) qui poussent le père de Margaret, le pasteur Hale, à abandonner sa charge ecclésiastique ni surtout à partir dans un endroit aussi peu attrayant. En outre, je l'ai trouvé faible, inconsistant et geignard, il m'a tapée sur les nerfs une bonne partie du roman.

Je passe sur la cousine de Margaret, parfaitement frivole et insipide, sur la mère de Margaret, qui a tendance à se plaindre, au début du roman, à propos de pacotilles.

Par contre, j'ai beaucoup aimé l'ouvrier Higgins et sa fille Bessy, ainsi que Frederick, le frère de Margaret et Mr Bell, l'ami bienfaiteur de la famille.

Pour conclure, un livre qui m'a un peu déçue malgré le thème prometteur du milieu industriel et ouvrier. Je m'attendais à un grand choc des cultures entre le nord et le sud de l'Angleterre mais cela reste vraiment trop anecdotique pour être vraiment marquant. J'aurais aimé que l'auteure aille plus loin dans sa réflexion sociale, qu'elle soit moins édulcorée. En outre, je n'ai pas du tout été convaincue par l'histoire d'amour dont les ressorts narratifs cèdent un peu trop à la facilité, la fin étant d'ailleurs un peu trop abrupte par rapport au reste du roman qui comporte beaucoup de longueurs sur des passages dispensables...
Lien : http://parthenia01.eklablog...
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Je viens de terminer Nord et sud, et je suis un peu perplexe. J'ai du mal à déterminer si je l'ai aimé ou non. Déjà, en lisant la 4ème de couverture, je ne m'attendais pas à une histoire d'amour. Une jeune fille quittant les vertes prairies de la campagne du sud de l'Angleterre pour une petite ville industrielle du nord et qui y vit une grande transformation, cela évoquait plutôt pour moi la rupture avec son milieu pour un certain militantisme.
Et puis une légère incompréhension m'a empêchée d'adhérer pleinement. La différence de mentalité entre les personnages de ce livre et les nôtres m'a paru plus grande qu'avec celle d'autres romans du 19ème siècle. Sans doute un excès de morale en est-elle la cause. Elizabeth Gaskell était fille et épouse de pasteur. Ainsi, je ne traite pas du tout les questions religieuses par le mépris, mais je dois reconnaître que la subtilité des scrupules de Mr Hale qui lui enjoignent de renoncer à sa vocation de pasteur m'ont échappé. Peu importe d'ailleurs, on peut ne considérer cela que comme un élément déclencheur dans l'histoire. Mais j'ai eu également un peu de mal à suivre toutes les délicatesses des réactions de Margaret.
Pourtant le personnage est très intéressant car si Margaret peut sembler très agaçante, particulièrement dans ses rapports avec les hommes amoureux d'elle, elle a une grande force de caractère. Elle ne se sent pas à l'aise dans le rôle traditionnel dévolu aux femmes de son milieu : ne se soucier que de chiffons et recevoir pour le thé, mais elle n'a pas vraiment d'autre modèle de conduite, d'autant qu'elle est très jeune. le point fort du roman est d'ailleurs pour moi la peinture des caractères. Que cela soit celui de Thornton, homme admirable de mon point de vue, s'étant élevé au-dessus de sa condition par un travail acharné et une grande simplicité de vie, ne méprisant pas pour autant la culture comme auraient pu le faire un autre self made man, ou celui de sa mère. Également les Higgins père et fille, sortes de passeurs de l'univers premier de Margaret vers celui de l'industrie naissante. Par ailleurs je me suis demandé comment des parents aussi inconsistants avaient pu procréer une fille d'une telle fermeté.
Le côté social du roman, la description des difficultés des travailleurs, du point de vue des patrons, de la grève et du syndicat m'a plu mais tout de même un peu laissée sur ma faim. Je croyais comme je l'ai dit plus haut que ce serait le centre du roman, or les atermoiements amoureux y ont une plus grande place.
En outre la fin ne m'a pas convaincue, outre que j'y ai trouvé des longueurs, le coté happy end, tant amoureux que social, patrons et ouvriers se comprenant parfaitement ne me parait pas vraisemblable.
En somme un avis mitigé. Mais je lirai d'autres romans d'Elizabeth Gaskell que j'ai découverte avec celui-ci. Il est d'ailleurs indéniable qu'elle devait être elle-même assez remarquable pour s'être penchée sur un sujet qui était sensé être hors de la sphère d'intérêt des dames. Il faut se rappeler que les femmes ne devaient pas lire n'importe quel ouvrage et surtout pas la presse. Et si elles avaient des contacts avec les pauvres, c'était seulement pour leur faire la charité.
A noter qu'outre les extraits en début de chaque chapitre, le livre est truffé de références culturelles.

Challenge pavés 2014-2015
Et challenge 19ème siècle.
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D'aucuns diront qu'Elisabeth Gaskell est proche de Dickens ou encore de Charlotte Brontë. En tout cas, c'est dans la même veine.

C'est sûr qu'à l'époque il était très difficile d'avouer ses sentiments, que l'on soit un homme ou une femme. Il est vrai que nous sommes en pleine période victorienne. Il faut savoir prendre des gants.

En tout cas, une très belle description entre le Sud et le Nord de l'Angleterre où les deux mondes s'affrontaient. Mais pas seulement. On découvre le monde ouvrier, les grèves et les affrontements entre patrons et ouvriers et l'impact que cela pouvait avoir sur la vie de chacun.

Elle dénonce également la grande pauvreté qui sévit au sein de cette Angleterre industrielle où les ouvriers ont à peine de quoi vivre. Ainsi que le mépris de la bourgeoisie pour cette couche de la société.

Un pavé qui se lit lentement, comme la vie devait se dérouler à l'époque. Un peu lent, mais très belle lecture, à découvrir pour ceux qui ne connaissent pas.
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Consistant et généreux, cet ouvrage me fait penser à une pinte de Guinness.
Dix-neuvième siècle, une jeune fille orpheline de père va construire son destin.La nostalgie des paysages riants du sud de l'Angleterre, l'enfance perdue, le deuil, la découverte d'un autre monde, celui du nord minier, la civilisation industrielle naissante, les tensions sociales, le paternalisme, l'hygiénisme naissant, les manigances financières au détriment de l'économie réelle (déjà!); les grèves, la famine, la mort. L'accusation de désertion du frère engagé dans la marine. La romance difficile avec un notable de la ville. Tout cela peut paraître lourd et long à ingurgiter, mais comme pour la bière anglaise, quand la pinte est vidée, on en redemande.
Je vais donc continuer à m'immerger dans l'univers littéraire de Mrs Gaskell.
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Après des années à Londres, Margaret Hale retrouve la douceur du foyer familial dans le Hampshire. Mais son père, en proie à des doutes spirituels, décide de quitter sa charge de révérend. La famille doit alors s'installer à Milton-Northern, ville industrielle du Darkshire. Les premiers temps, Margaret ne peut s'empêcher d'opposer la beauté de la paroisse et de son écrin de nature à la noirceur de la cité ouvrière. Elle est convaincue que l'homme ne peut pas être heureux dans cette atmosphère poussiéreuse. « Certes, dans le Sud, nous avons nos pauvres, mais leur visage ne porte pas cette terrible expression que je vois ici, et où se lit un morne sentiment d'injustice. » (p. 126) Mais surtout, elle nourrit une aversion et des préjugés tenaces envers les commerçants et les boutiquiers. Pourtant généreuse et dévouée, Margaret fait parfois montre d'orgueil et de froideur, surtout envers John Thornton, patron d'une usine textile qui devient l'élève favori et l'ami de son père. Elle reproche au jeune homme d'exploiter les masses industrieuses qui se tuent à la tâche pour lui. Cependant, à mesure qu'elle apprend à connaître le nord et son environnement industriel, ses yeux se dessillent et la magie du sud lui apparaît artificielle et vaine. Découvrira-t-elle la beauté de ce pays de labeur et accordera-t-elle enfin du crédit au pauvre John, désespérément épris d'elle ? Évidemment, oui.

Nord et Sud est un roman social, voire socialiste. « Je constate qu'il y a deux es dépendant étroitement l'une de l'autre et qui, pourtant, considèrent chacune les intérêts de l'autre comme opposés aux siens. Jamais encore je n'ai vécu dans un endroit où deux groupent ne cessent de se dénigrer. » (p. 183) Il y est question des premières grèves et de la naissance des mouvements ouvriers. La révolution industrielle, si glorieuse de notre point de vue, était un bouleversement terrible pour les populations de l'époque. « Est-ce que vous donnez à vos domestiques des justifications pour vos dépenses et vos économies ? Nous autres, qui possédons le capital, avons le droit de décider de quelle façon nous l'utilisons. » (p. 183) La peinture de ces changements est loin d'être inintéressante, mais dans le genre, j'ai préféré la description qu'en a faite Charlotte Brontë dans Shirley. Quant à la relation et à l'histoire d'amour entre Margaret et John, faites d'affrontements de deux orgueils et deux conceptions du monde, elles m'ont largement moins plu que celles développées par Jane Austen dans Orgueil et préjugés. Elizabeth Gaskell a écrit un roman victorien de très bonne facture, mais pour l'avoir lu après d'autres monuments littéraires, je l'ai trouvé un peu fade. Il me reste à voir la minisérie produite par la BBC.
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J'ai vu que ce livre rassemblait de très bonnes notes de la part des babeliens, et je me suis dit qu'à l'instar de Jane Austen, lue grâce à sa bonne presse du même vivier de lecteurs, je ne serai pas déçu.
Elizabeth Gaskell n'arrive toutefois pas à la hauteur de Jane pour ce qui est de la comédie humaine, dans des relations interpersonnelles. Tout est plus superficiel, voire maladroit, chez Elizabeth.
Certains personnages sont à la fois inintéressants, geignards et insipides. le seul intérêt de la mère de l'héroine, par exemple, est qu'elle se meure sans apporter toutefois l'émotion dramatique que l'on aurait pu espérer. Même son pasteur de mari, dont le rôle est pourtant central, parait falot alors que la décision qu'il prend est courageuse.
Des personnages secondaires… sont très secondaire,… tertiaires ? comme la soeur de Mr Thorton et même le frère de l'héroine.
Mais le livre tire heureusement son épingle du jeu, dans la description de la révolution industrielle en marche, de la confrontation entre les ouvriers et les syndicats d'une part et le patronat d'autres part. L'équilibre instable des relations qui génère des grèves périodiquement, la pauvreté des ouvriers, rendent compte de la dureté de la vie à cette époque et rappellent que certains conflits et attitudes n'ont que peu variés jusqu'à aujourd'hui.
J'ai lu ce livre avec plaisir, en levant les yeux au ciel parfois, en me disant que j'allais plutôt approfondir ma lecture de Jane Austen que celle de Elizabeth Gaskel.






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Le Sud, ici, est celui de l'Angleterre - un sud rural, paisible, ensoleillé, avec des cottages endormis dans des jardins pleins de roses et des tapis de fougères embaumant les promenades en forêt. le Sud, c'est Margaret Hale, fille de pasteur élevée à Londres chez des cousins plus riches, mais amoureuse corps et âme du modeste coin de paradis de sa petite enfance, qu'elle retrouve au début du roman.
Hélas, ces retrouvailles ne sont pas faites pour durer. Papa a un peu trop cogité durant les longues soirées campagnardes et ses doutes - sur de purs points de doctrine, n'abusons pas, la Foi est toujours là - lui donnent d'insurmontables scrupules à rester au service de l'Eglise anglicane.
C'est alors que le Nord entre en scène, le Nord industriel et gris, le Nord avec ses cheminées, ses fumées étouffantes et son brouillard sinistre, où Mr Hale s'exile en compagnie des siens pour un emploi de précepteur.
Inutile de souligner que le contraste est rude, et les a prioris gros comme un pâté de maison que Margaret entretient au sujet du monde du commerce et de l'industrie n'arrangent pas vraiment la situation. D'autant que le Nord, c'est aussi John Thornton, le plus cher élève de papa, jeune patron d'usine parti de rien et résolu à se cultiver une fois fortune faite. John Thornton qui n'est pas mauvais bougre, en dépit de quelques apparences, et que la belle et fière Margaret ne laisse pas indifférent.
Entre Nord et Sud, les rapports promettent d'être aussi complexes que conflictuels... mais n'oublions pas que c'est de l'Autre qu'on apprend le mieux, pour peu qu'on soit capable de dépasser ses préjugés.

Préjugés et orgueil - orgueil et préjugés - sont au centre de cette histoire qui n'est pas sans rappeler l'orageux duo Elizabeth Benett / Fitzwilliam Darcy. En moins subtil et moins brillant, surtout vers la fin, mais dans un contexte social plus intéressant.

Le regard offert sur le monde des usines, un regard extérieur naïf, capable de sympathies et même d'affections du côté des ouvriers autant que du côté des patrons, sait souligner les injustices du système capitaliste sans pour autant tomber dans le misérabilisme. Original et nuancé, il préfère l'esquisse de dialogue à la dénonciation... mais avec plus de bon sens et de bons sentiments que de réelle finesse. Revers de la médaille où figure le bienheureux regard naïf : l'analyse reste succincte, manque de profondeur autant que de précisions, et bien souvent on aimerait des détails concrets où l'auteur ne propose que d'assez vagues allusions.

Quant à l'intrigue sentimentale, elle s'engage assez bien et a réussi à m'accrocher pendant deux bons tiers du récit. Sans enthousiasme débordant, mais avec une curiosité et même un plaisir indéniables, en accord avec mon goût pour les relations marquées par un mélange d'attirance et de répulsion, souvent les plus intéressantes en littérature. Cela jusqu'à ce que les malheurs s'accumulent un peu trop sur la tête de la pauvre Margaret - une emmerdeuse pareille, hein, il fallait bien la mater, mais autant sa version incisive, aussi agaçante soit-elle, m'amusait, autant sa version larmoyante devient franchement insipide, et guère moins agaçante. Au bout du cinquième décès, on est définitivement tombés dans ce que la littérature victorienne peut commettre de plus mièvre et mon intérêt pour l'affaire, lui, s'est définitivement envolé.

Il faut reconnaître que le contraste avec le Seigneur des Porcheries, lu juste avant, était un peu rude, mais même en remontant de quelques livres vers une comparaison plus juste, Elizabeth Gaskell n'a ni la vaste culture, ni la finesse psychologique, ni la puissance d'une George Eliot, et peine à donner la même valeur intemporelle aux préoccupations de ses personnages.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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