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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
"Ruth" se situe exactement entre le roman social et le roman de moeurs. le récit se consacre en effet au parcours particulier de Ruth, jeune orpheline dont les charmes attireront un temps l'intérêt et le goût d'un gentleman qui l'abandonnera ensuite, enceinte.

Etre mère célibataire - ou plutôt "fille-mère" pour reprendre les termes de l'époque - constituait, en ces années 1850, la pire honte et le plus lourd péché qu'une femme puisse porter. Ainsi en est-il pour Ruth à qui son destin, déjà guère prometteur, échappera complètement et l'obligera à vivre sous la dépendance des autres toute sa vie.

Elizabeth Gaskell exploite le cas de Ruth pour traiter plus largement de la place de la femme dans la société puritaine qui était la sienne. Comme toujours dans ses grands romans, l'auteure s'attache aux personnalités féminines et si elle expose à la face de tous le péché de Ruth, c'est pour mieux valoriser la charité, l'attachement sincère, et dénoncer la faute tout en indiquant le chemin du repentir et de la rédemption.

Fille d'un ancien pasteur, Elizabeth Gaskell connaît à fond la morale et sait l'illustrer par ses fictions. "Ruth" est un roman fort et âpre mais non dépourvu de sensibilité. de mon point de vue, le bât blesse uniquement au niveau du rythme, trop poussif à mon goût. Pour ce qui est de la plume, elle est conforme au style classique et pour qui aime le beau langage, source inépuisable de plaisir.


Challenge XIXème siècle 2019
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Avec Ruth ou l'innocence bafouée, je poursuis l'exploration des romans anglais du 19e qui ont, jusqu'alors, échappés à mon attention.
Ruth est une jeune fille modeste, orpheline, vertueuse, couturière dans un atelier et totalement ignorante des aléas de la vie amoureuse. Séduite, elle répond avec candeur aux avances d'un jeune homme de bonne famille "Elle était si peu habituée à s'opposer aux voeux de quiconque, obéissante et docile par nature, trop innocente pour soupçonner quelque conséquence nocive". Abandonnée et tombée en disgrâce à la naissance de son enfant, elle est rejetée par son entourage, perd son emploi et trouve refuge dans le foyer d'un pasteur et de sa soeur, tous deux célibataires et profondément charitables .A ce stade du roman, l'ambiance, le ton, tout devient profondément religieux :
esprit de charité chrétienne, dévotion certes mais surtout notion de la faute, peur du péché et du châtiment divin deviennent obsessionnels. le mensonge qui couvre le passé de Ruth devient le noyau des tourments de chacun des personnages.
En ce sens et comparé aux autres romans d'Elizabeth Gaskell( fille et épouse de pasteur),, "Ruth" est le plus mystique et le plus révélateur de l'esprit de bigoterie de l'époque victorienne, alors que "Cranford" apparaît comme une chronique bourgeoise et "Nord et Sud", plus ambitieux, une prise de conscience sociale.
Ruth me rappelle Tess, l'héroïne de Thomas Hardy et Katarina Maslova la domestique de "Resurrection" dans l'oeuvre de Tolstoï.
Sur ce sujet des "filles perdues" qui peut tomber dans la mièvrerie, l'auteure a évité l'écueil de la caricature. Son personnage du séducteur , bien que lâche et égoïste, se révélera un brave bougre prêt à racheter sa faute lorsqu'il aura pris conscience des conséquences de sa légèreté.
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Au début, on se croirait dans un conte de fées : Ruth, jeune orpheline d'une grande beauté, exerce son apprentissage de cousette en s'attirant de temps à autre les foudres de sa sévère patronne à la moindre bévue. Un bal est donné dans leur ville et Ruth s'y rend pour recoudre sur place les petits accrocs aux robes des danseuses.

Mais nous ne sommes pas tout à fait dans un conte de Perrault et Ruth ne sera pas sauvée par un prince charmant. Non, dépourvue de toute expérience et toute connaissance de la vie, sans aucun parent ou ami pour la protéger, la jeune fille de 16 ans tombe, sans même s'en rendre compte, sous l'emprise d'un homme qui en fait sa maîtresse pour quelques semaines, le temps d'apprécier son caprice puis de s'en lasser aussi vite. La chute est brutale pour Ruth : la honte, le déshonneur s'abattent sans pitié sur elle. Mais, et c'est là que le conte de fées revient, un homme au corps « contrefait » la prend en pitié et entreprend de l'aider à retrouver sa respectabilité. Ruth entame alors un long chemin de croix vers la rédemption.

Je n'aurais sans doute pas dû lire Ruth juste après le moulin de la Floss de George Eliot que j'ai trouvé sublime, car tout au long de ma lecture, je n'ai pu m'empêcher de comparer les deux oeuvres et ce fût toujours au détriment du roman d'Elizabeth Gaskell.

Sur le thème éternel de la belle, pure, pauvre jeune fille séduite, enceinte et abandonnée par un homme riche, plus âgé et sans scrupules, l'auteur a brodé une intrigue sans trop de surprises, guidée à la fois par la morale et les conventions mais aussi par l'envie de dénoncer l'absolu manque de charité dont faisait preuve la société victorienne envers les femmes perdues.
Mais j'ai regretté son traitement assez manichéen et fortement contrasté où la religion tient une très – trop – grande part à mon goût. Les analyses psychologiques des personnages m'ont aussi semblé beaucoup moins riches et nuancées que celles de George Eliot.

Bref, un grand mélodrame qui m'a un petit peu déçue pour cette première découverte de l'oeuvre d'Elizabeth Gaskell, ce qui ne m'empêchera pas d'en lire d'autres plus tard, à distance de celles de George Eliot afin qu'elles n'en ternissent pas l'éclat.

Challenge plumes féminines 2021
Challenge XIXème siècle 2021
Challenge multi-défis 2021
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Ruth, une jeune fille de seize ans innocente, se retrouve enceinte d'un jeune homme de bonne famille qui l'abandonne sans vergogne. Recueillie par un pasteur et sa soeur, devenue aux yeux de tous une veuve, elle regagne le respect et essaie de trouver sa place dans la société. L'histoire était intéressante mais le livre m'a un peu déçu. le rythme est très lent et l'auteur s'enlise dans des longues descriptions et des discours plein de religion et de morale... la fin est un brin étonnante. rien à voir avec l'action et le rythme plus soutenu de Nord et Sud que j'avais beaucoup aimé de cette auteure.
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Il faut relire les romans victoriens du 19ème siècle pour apprécier pleinement le changement de paradigme en ce qui concerne la condition féminine et le regard de la société porté sur les "filles-mères".
L'histoire de Ruth est celle de tant de jeunes filles innocentes qui se laissent avoir par un beau parleur , un aristocrate séducteur qui ne craint pas ensuite d'abandonner mère et enfant , les exposant tous les deux à l'opprobre de la société.
L'héroïne est tellement gentille et naïve qu'elle ne voit pas le danger et comme elle n'a personne autour d'elle pour la protéger, elle "tombe dans le péché" .
Certes son séducteur n'est pas le pire des hommes mais sa faiblesse coupable lui permet de se sortir d'un mauvais pas en laissant son dragon de mère décider pour lui.
La sympathique famille puritaine qui accueille charitablement la pauvre jeune fille ne pourra lui procurer qu'une protection dérisoire car il faudra mentir à tous pour éviter qu'elle soit mise à l'index.
Et son fils le jeune Leonard grandira dans le mensonge jusqu'à ce que la vérité éclate... Ruth reste un personnage féminin bien idéalisé qui jamais ne se révolte et au contraire accepte son triste sort en intégrant sa culpabilité au point qu'elle refusera la réparation (certes tardive ) offerte par son séducteur mais acceptera néanmoins pour lui l'ultime sacrifice.
Des filles comme cela, on n'en fait plus ....Et c'est tant mieux !
Il n'en demeure pas moins que passé le fossé culturel qui sépare la lectrice du 21ème siècle de l'auteur du 19ème, on apprécie à sa juste valeur la prose élégante dans laquelle le roman est rédigé, les descriptions précises de la nature sauvage toujours vue avec un regard quasi amoureux, la construction élaborée des personnages qui laisse bien sûr à mon sens trop de place aux "bons sentiments" mais prend quand même en compte les contradictions internes.
Je dirais que le roman m'a quand même paru un peu long car il ne se passe pas grand chose et on finit par trépigner quand on voit au fil des pages, les gentils bafoués et les méchants triompher. Certes je ne partage pas l'évangélisme du pasteur Benson qui dépouillé de ses rares biens par un garçon sans scrupules, s'inquiète du devenir de l'escroc sans même penser à réclamer le remboursement de ce qui lui a été volé.
On est vraiment à une autre époque et dans un autre monde ! L'auteur, fille de pasteur elle même, a manifestement envie de mettre en scène des personnages dont la foi dirige l'existence. En ce qui me concerne, la perfection m'agace et je dirai en plus qu'elle n'est pas de ce monde ..
On reste donc dans un roman à savourer lentement en mettant de côté son esprit critique...
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J'aime découvrir les oeuvres moins connues des auteurs et autrices que j'affectionne ! J'avais beaucoup aimé North and South, je me suis jetée sur Ruth. Ici le thème est dans la plus pure ligne féministe. Elle est jeune, elle est belle, elle est pure et elle se laisse ensorcelée par le mâle. Ou plutôt le Mal, si j'en crois la pesante atmosphère religieuse qui écrase tout le roman. Il ne se passe rien mais c'est cela qu'on recherche chez Gaskell, les personnages sont minutieusement travaillés et ils évoluent au gré des pages.La transformation de Ruth est spécialement intéressante. Mais aussi celle de Mr. Bradshaw qui alterne entre admiration, dégoût et humanité pour la jeune fille. le début est particulièrement accrocheur, la fin est particulièrement ciselée, tout le milieu est trop long, on souhaiterait que ça pleurniche un peu moins. Une belle lecture mais sans plus.
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Ruth, jeune orpheline de 16 ans, est apprentie chez une couturière. Un soir, à un bal où elle est employée à raccommoder les robes maltraitées par la danse, elle est remarquée par le riche, jeune et beau M. Bellingham. Remis en présence de Ruth quelques jours plus tard, il cherche bientôt toutes les occasions de la voir et de passer du temps avec elle. La naïve Ruth ne se rend pas compte de l'inconvenance de la situation jusqu'à ce que sa patronne les surprenne ensemble et la renvoie sans autre forme de procès. Ruth est emmenée à Londres par M. Bellingham qui fait d'elle sa maîtresse. Mais la mère du jeune homme, scandalisée par cette situation, profite d'une maladie qui terrasse M. Bellingham pour le séparer de Ruth. Abandonnée, déshonorée, Ruth trouvera heureusement des âmes charitables pour l'aider mais son péché de jeunesse pourrait la rattraper et la faire mettre au ban de la société.

J'ai lu Ruth très peu de temps après un autre texte d'Elizabeth Gaskell : Lisette Leigh. J'ai tout de suite été frappée par les nombreux points communs entre les deux histoires. Il semble que la question des filles-mères, séduites puis abandonnées touchait vivement l'auteure de Nord et Sud. Surtout, ce qui semble préoccuper le plus Elizabeth Gaskell, c'est l'attitude des “bonnes gens” à l'égard de ces très jeunes femmes, considérées comme perdues, corrompues et à l'influence potentiellement pernicieuse pour la vertu des autres jeunes filles. Elizabeth Gaskell se positionne clairement dans le camp de la compassion et pointe la cruauté des gens qui, sous prétexte de vertu, jettent ces pauvres filles et leurs enfants dans la misère et l'abandon avec toute la déchéance que cela entraîne. Ruth a heureusement plus de chance que la malheureuse Lisette Leigh. La générosité et la bienveillance de M. Benson, un pasteur, vont lui permettre de reprendre pied et de mener une vie vertueuse et honorable jusqu'à ce que son secret soit découvert. Malheureusement, beaucoup de chrétiens semblent avoir oublié que, si elle condamne le péché, la Bible lui oppose non le rejet mais le pardon et la grâce.
Le contexte dans lequel se déroule cette histoire et le rôle central qu'y joue un pasteur dissident font que ce roman accorde une grande place à des réflexions d'ordre “religieux”, ce qui pourrait froisser certains lecteurs ou, au moins, leur passer un peu au-dessus de la tête. En ce qui me concerne, c'est ce qui m'a le plus intéressée dans ce roman. Son propos devait sembler très révolutionnaire à son époque. Ces préoccupations peuvent paraître complètement démodées à notre époque où l'on envisage d'autoriser la PMA pour toutes. Cependant, le fond de sa réflexion sur l'attitude que l'on peut avoir envers ceux qui ont “fauté” une fois, parfois malgré eux, et sur les conséquences que notre intransigeance peut avoir reste toujours d'actualité.
Si l'intrigue s'avère un peu molle, pas très prenante et captivante, en revanche, la galerie de personnages que nous présente Elizabeth Gaskell est vraiment intéressante par sa richesse, ses nuances... Elle sait très bien décortiquer l'égoïsme de M. Bellingham, l'intransigeance de M. Bradshaw, le tempérament épidermique de Gemima, la fausse dureté de Miss Benson, etc. Elizabeth Gaskell fait preuve d'une acuité digne de Jane Austen, l'acidité en moins. L'inconvénient, c'est qu'au milieu de tous ces personnages si divers, Ruth a un peu de mal à ressortir vraiment. Finalement, ce roman éponyme ne s'intéresse pas tant au personnage féminin principal qu'à l'attitude de tous ceux qui gravitent autour d'elle.

En résumé : le fond “philosophique” de l'histoire m'a bien plu mais l'intrigue elle-même manque un peu de souffle, ce qui donne un roman intéressant mais pas inoubliable.

Challenge solidaire 2021
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Après Nord et Sud que j'avais adoré, j'ai eu envie de découvrir une des premières oeuvres de l'autrice. Si le style est toujours très agréable, j'ai cependant un avis assez mitigé de ma lecture.
La religion est très, très présente dans ce livre. Habituée des classiques, je m'y attendais, et même, je trouve ça assez normal pour l'époque. J'ai beaucoup aimé les 100 premières pages du roman (environ), mais à partir du moment où notre héroine est abandonnée, l'aspect religieux devient si prégnant, que l'autrice en oublie d'avancer dans son intrigue! Sur quasi 80 pages, on trouve Dieu à toutes les lignes, ou presque.. j'ai vraiment failli abandonner le roman à ce moment là! le coté 'femme et fille de pasteur" de l'autrice, est un peu trop présent à mon gout !
Je suis heureuse de ne pas l'avoir abandonné pourtant, car l'intérêt revient par la suite, malgré des longueurs. L'ensemble du livre reste tout de même très lent, et l'intrigue (notamment le regard sur notre héroine ) est très marquée par l'époque. Il est primordial d'avoir ca en tête avant de se lancer dans cette lecture, si l'on veut l'apprécier!
Au final, une lecture correcte donc, pas un coup de coeur comme pour Nord et Sud, mais j'ai bien envie de lire d'autres livres de l'autrice tout de même .
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Pour être honnête ce n'est pas mon roman préféré. La religion et la morale (qui inspirent cette femme de pasteur) sont presque un peu trop pesantes contrairement à ses autres romans. En même temps, le sujet s'y prête. Quelle voie de secours pour une femme "déchue" (bref qui a eu une aventure et un enfant hors mariage) dans cette société victorienne pleine de préjugés...? Ruth trouvera son salut à travers sa foi et son dévouement à son fils et aux plus démunis. Ruth, par son jeune âge et sa "faute", rappelle Tess (l'héroine de Hardy) mais la comparaison s'arrête là. E. Gaskell croit à la rédemption mais pas Th. Hardy.
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