C'est ainsi qu'à Florence l'histoire, avec toutes ses duretés, ses violences, ses meurtres, se mêle à l'art le plus raffiné, le plus élégant. Je crois bien que de tous ceux qui ont écrit sur Florence, c'est Alfred de Musset, avec son air de fantaisie et de négligence, qui a le mieux exprimé ce caractère de la ville dont le drame de Lorenzaccio reste l'image multipliée en scènes vivantes.
Sur la rive gauche de l'Arno, l'ancienne église du Couvent des Carmes, dite Santa Maria del Carmine, consacrée en 1422, n'a gardé de sa construction première que la chapelle Brancacci, épargnée par l'incendie de 1771. Bien que le travail de reconstruction accompli pendant les dix années suivantes ait son intérêt, surtout par la voûte de style baroque de Stagi, ce sont les fresques de la chapelle Brancacci que l'on va voir pour connaître un chapitre important de l'art de Florence. Le premier chapitre est Giotto. Le second chapitre est Masaccio, et il est lisible sur ces murailles malgré l'usure et les dégradations du temps. Masaccio est présent, mais il n'est pas seul. Il est précédé de Masolino da Panicale, son maître, et suivi de Fra Filippino Lippi, son disciple.
SI l'on va de la Place du Dôme à la Place de la Seigneurie, par la via Calzaioli, qui est la rue des Bonnetiers, on arrive devant Or San Michele, édifice de forme régulière, cubique, orné de portes, de niches, d'armoiries. Les rues étroites qui l'entourent, le pont à fenêtres grillagées qui le relie à une maison d'en face, lui gardent un pittoresque ancien au milieu du quartier de commerce et de passage de la Florence moderne. C'est l'un des monuments vénérables de la ville. Il a été bâti et reconstruit au cours des siècles, avec des destinations successives.
"L'enfermé" de Gustave Geffroy.