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EAN : 9782228910101
313 pages
Payot et Rivages (04/09/2013)
4.14/5   28 notes
Résumé :
Arrivé en Russie en pleine révolution de 1905 et reparti en pleine guerre civile, le Suisse Pierre Gilliard (1879-1962) vécut dans l'intimité de Nicolas II, de son épouse Alexandra, de leurs quatre filles et de leur fils hémophile, dont il devint officiellement le précepteur en 1913. Tout en déplorant les erreurs de l'autocratie et l'influence de Raspoutine, il redoutait que la chute du tsarisme ne précipite le pays dans une sanglante anarchie. La tourmente de l'his... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Evidemment, j'ai été amené à consulter ce livre pour mes propres recherches, mais je le connaissais depuis longtemps puisqu'il est sûrement le témoignage le plus accessible au lecteur francophone s'intéressant à la famille impériale de Russie.

C'est évidemment un ouvrage précieux et un témoignage très émouvant (et très pudique, à l'image du personnage d'ailleurs). Empli de jolies anecdotes et de réflexions sur la politique russe d'un témoin clairement républicain et néanmoins admiratif d'un homme (Nicolas II) qu'il suivra jusque dans son exil, je ne mettrai pas la note maximale à cause d'une frustration : Pierre Gilliard saute plusieurs années de son contact avec la famille impériale (en l'occurrence toutes les années entre 1905 et 1910 et il y a de gros trous jusqu'en 1914). C'est dommage, car le livre est finalement assez court alors que j'imagine qu'il y avait énormément à dire de la vie à la Cour, de l'existence d'un Suisse à Saint-Pétersbourg et du quotidien de la famille impériale qu'il a côtoyée dans son intimité. Il manque d'ailleurs certaines anecdotes qu'il racontera plus tard, notamment, si je ne m'abuse, celle du livre d'images avec la grande-duchesse Anastasia (présente dans son témoignage dans L'Enigme Anastasia d'Alain Decaux).

Mais les souvenirs de Pierre Gilliard sont indispensables et ils sont pleins de la sensibilité de l'auteur, dont je ne partage cependant pas certains avis tranchés (en particulier sur Raspoutine). Mais enfin, ce sont les mémoires d'un homme avec ce qu'ils ont de subjectif, et c'est ce qui fait leur valeur.

Pour les non-anglophones et non-russophones qui voudraient découvrir un témoignage bien plus détaillé après cette lecture, je conseille les deux volumes d'Alexandre Spiridovitch: Les Dernières années de la Cour de Tsarskoie Selo. Plus arides, notamment car Spiridovitch était un policier habitué à l'écriture rigoureuse des rapports, ils sont néanmoins une autre mine méconnue sur les Romanov.
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Pierre Gilliard a vingt-cinq ans en 1904 lorsque venu de Suisse, il est engagé comme professeur de français par le prince Serge Romanovski, duc de Leuchtenberg pour enseigner le français son fils.
Il séjourne alors à Livadia, en Crimée, mais lorsque les parents de son élève se séparent, il est contacté par la famille impériale russe, pour enseigner le français aux quatre filles du Tsar Nicolas II, puis au fils de celui-ci le tsarévitch Alexei auquel il va se consacrer exclusivement par la suite.

Il tiendra alors un journal durant treize ans, qui reprendra ses observations et ses réflexions. Témoin privilégié, il gagnera la confiance et l'estime de la famille Romanov qu'il accompagnera jusqu'au mois qui précèdera leur exécution dans les sous-sols de la villa Ipatiev à Ekaterinbourg en Juillet 1918.

Bien qu'il ne soit pas monarchiste, et encore moins partisan de l'absolutisme, Pierre Gilliard éprouvera un grand respect pour le Tsar, et beaucoup d'affection pour ses cinq enfants, manifestant une plus grande réserve pour la Tsarine dont il déplore l'influence sur Nicolas II bien qu'il ne reste pas insensible à sa détresse devant la maladie de son fils Alexei auquel elle a transmis le gène de l'hémophilie.

Dans ses mémoires il évoque ses efforts pour mettre en place pour le Tsarévitch une éducation différente, nouvelle, éloignée de celle traditionnelle des princes, qu'il juge artificielle, tendancieuse, faite de flagorneries et dogmatique.
Pierre Gilliard s'efforcera, dans ce monde rigidifié par les traditions, et sans contact avec l'extérieur, de confronter autant que faire se peut, son élève au monde extérieur, en développant son esprit critique et le sens des réalités.
Tâche difficile mais pour laquelle il aura le soutien des parents de l'enfant dont il veut faire un homme juste et droit, sachant faire preuve de sentiments.
Après l'abdication du Tsar, Pierre Gilliard se portera volontaire pour partager la captivité de la famille impériale avec laquelle ses liens se resserreront.
Profondément choqué par le massacre de la famille Romanov, il restera encore quelques temps en Russie pour chercher à élucider le mystère des atrocités qui ont été commises, puis quittera la Russie et rejoindra la Suisse où il rédigera ses Mémoires.

Celles-ci constituent un témoignage exceptionnel et très émouvant sur le quotidien de la dernière famille impériale russe, accompagné d'une vision personnelle et intéressante sur les évènements politiques qui ont eu lieu durant le règne de Nicolas II. Il mettra en valeur l'honnêteté foncière et la loyauté envers ses alliés d'un souverain souvent décrié.
L'écriture est très agréable et fluide. Ce témoignage historique s'avère précieux et touchant
Pierre Gilliard partage les peines et les joies de la famille Romanov, enfants comme adultes, jusque dans les jours sombres et angoissants de l'exil après la Révolution.
Devenu au fil du temps un proche du Tsar, il critique cependant les erreurs de jugement et d'appréciation de celui-ci, et de son entourage dans le gouvernement de l'Etat.
Il pense que l'autocratie, arc-boutée sur des traditions ancestrales a conduit le tsarisme à sa chute, faute d'ouverture sur une société en pleine mutation.
Les effusions de sang qui en découleront seront la conséquence de mauvais choix politiques, et de la désinformation d'un monde replié sur lui-même.

Le récit de cette tragédie et de cette descente aux enfers se
lit avec cependant un grand intérêt. le style est dynamique et soutenu tout au long de l'ouvrage : l'amour profond et indéfectible qui régit les relations entre l'empereur, sa femme et leurs enfants ne s'éteindra qu'avec le massacre perpétré par les bolcheviks dans les caves de la maison Ipatiev.
Riche, documenté et très émouvant il ne peut laisser insensible le lecteur, les personnages révélant leur noblesse dans la tragédie qu'ils vont affronter. Il propose une nouvelle approche, et met en lumière des aspects de la réalité jusque là ignorés, et qui résonnent avec des accents de sincérité.


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Courant août, j'ai eu l'occasion de découvrir un témoignage (prêté par l'un de mes petits frères) signé Pierre Gilliard, précepteur des enfants de Nicolas II et d'Alexandra Fedorovna. Il vécut dans l'intimité des Romanov de 1905 à 1918, et leur resta fidèle jusqu'à la fin. Pierre Gilliard fut le dernier survivant de la suite impériale. Bien que je connaisse déjà l'issue tragique du destin de cette grande famille, il me tardait d'ouvrir ce livre. Comme vous le savez déjà, j'aime énormément l'Histoire. Mais plus encore lorsque l'occasion nous est donnée de découvrir des portraits intimes ou encore des récits de vie. Quoi de mieux que de comprendre l'histoire avec un grand H via les portes de la petite histoire ? Cela me la rend d'autant plus passionnante.

Pierre Gilliard a seulement vingt-cinq ans lorsqu'il se retrouve sélectionné pour instruire le tsarévitch et les grandes-duchesses (Olga, Tatiana, Maria et Anastasia). Pour ce qui est des grandes-duchesses, l'auteur nous décrit des élèves peu intéressées par les apprentissages. Olga, l'aînée, adorait pourtant la littérature. Plutôt effacée, c'était sans doute des quatre soeurs la plus intelligente. La plus jolie, Tatiana, était aussi la préférée de l'impératrice. Nous apprenons également que Maria était surnommée “le bon gros toutou” par ses soeurs, tandis qu'Anastasia était la plus espiègle (quelque peu enfant terrible) mais aussi la plus gaie. Très différentes de caractère mais extrêmement soudées, les quatre soeurs avaient crée un nom collectif (“OTMA”) reprenant les initiales de chacun de leurs prénoms.

En Russie, il était alors courant de recourir aux services de gouvernantes ou de précepteurs d'origine suisse. Ceci semblait être un gage de sérieux et de rigueur. Photographe amateur, Pierre Gilliard rapporte de cette expérience un certain nombre de clichés. Certains nous sont d'ailleurs présentés dans cette édition, détail que j'ai grandement apprécié. Toutes ces photos sont en effet bien loin des portraits officiels : celles-ci révèlent une famille extrêmement soudée (même dans la douleur de leur captivité à Tsarskoïe Selo, puis à Tobolsk). Suite à l'assassinat des Romanov dans les caves de la maison Ipatiev, Pierre Gilliard vit deux années très confuses en Sibérie. La guerre civile fait rage, mais l'ancien précepteur réussira à rentrer en Suisse.

La maladie D Alexis. L'influence grandissante de Raspoutine sur le couple impérial (tout particulièrement sur la tsarine). Dans cet ouvrage, l'auteur nous livre ses ressentis et par là même nous offre un aperçu du quotidien des Romanov. J'ai ainsi pu apprendre que la famille n'affectionnait pas particulièrement les fastes de la cour, préférant se retrouver en vase clos et instaurer un protocole très allégé. Hémophile, Alexis inquiète beaucoup : la moindre bosse peut provoquer une hémorragie interne, et donc de fortes douleurs obligeant le petit garçon à s'aliter. Jusqu'au bout, le couple impérial fera tout pour cacher la maladie de l'héritier au peuple. Extrêmement inquiète et prête à tout pour stopper les douleurs de son fils, Alexandra Fedorovna fera confiance à un imposteur : Raspoutine. Dès lors, l'engrenage est en marche… Si le peuple commence à se révolter, le couple impérial semble être mis à l'écart des évènements et reste fixé sur la maladie du tsarévitch. En 1917, Nicolas II est arrêté. La tsarine, ses enfants et sa suite partagent sa captivité au palais de Tsarskoïe Selo, résidence d'hiver. Pierre Gilliard les suit, par loyauté et affection. La vie continue : un potager est organisé dans un coin du parc, on récolte des légumes, on arrache les mauvaises herbes. Nicolas II se retrouve au rang de “citoyen Romanov”. La famille est ensuite transférée à Tobolsk (en Sibérie) où elle vit coupée du monde, puis à Iekaterinbourg. La maison Ipatiev sera leur dernière demeure.

Autant vous l'avouer tout de go, j'ai parfois eu du mal à venir à bout de certains chapitres. Si certains restent grandement centrés sur la politique (je suis passée totalement à côté des détails relatifs à la Grande Guerre), d'autres ne sont pas évidents à lire. Je pense au passage où Pierre Gilliard se retrouve séparé, malgré lui, des enfants. L'auteur relate alors les voir s'éloigner, impuissant, d'une fenêtre du wagon. Les grandes-duchesses descendent du train, portant de lourds bagages dans la boue, tandis qu'Alexis (souffrant d'une crise d'hémophilie) est porté par un garde. En vue d'une prochaine échappée, des pierres précieuses ont été cousues dans la doublure de leurs vêtements. Au moment de l'exécution par les bolcheviks, les balles auraient ricoché contre celles-ci…

Malgré ma difficulté de lecture pour ce qui est de certains passages, je ne regrette aucunement ma découverte. Pierre Gilliard brosse un portrait de chacun des membres de cette illustre famille, dont le destin fascine toujours autant. Son témoignage reste extrêmement intéressant pour en apprendre davantage sur le quotidien des derniers Romanov, ou encore pour saisir les ressorts et la complexité de cette période historique touchant la Russie.
Lien : https://labibliothequedebene..
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C'est un véritable petit bijou que ce journal de Pierre Gilliard, instituteur suisse amené à devenir le précepteur des enfants de Nicolas II dont il ne sera séparé qu'à leur mort peu après la Révolution de 1917.

Réel témoignage de ce que fut les dernières années des Romanov, Treize années à la cour de Russie s'attarde sur cette famille dont l'auteur parvient à percer l'intimité, sans pour autant perdre sa lucidité sur les évènements du début du siècle.
Ce journal, écrit d'une plume simple et perspicace, décrit les voyages de la famille impériale aux différents confins du royaume, les liens qui unissent le couple impérial, mais aussi ceux qui les unissent aux autres familles royales d'Europe. Pierre Gilliard décrit l'évolution de sa relation avec le tsarévitch Alexis, hémophile et surprotégé par sa mère, à laquelle il parvient peu à peu à le soustraire ; il s'attarde aussi sur l'influence croissante de Raspoutine sur l'impératrice, tandis que le tsar, isolé, demeure confus face à la grogne populaire.
Alternant entre scènes quotidiennes et discussions avec le tsar, l'auteur nous livre également sa propre vision des enjeux politiques et géopolitiques de ces années troublées par la guerre de 14-18 : la loyauté totale du tsar envers la triple-Entente, mais aussi l'autocratie dont il fait preuve envers le peuple russe, souvent décrit comme trop "immature" pour voir la figure quasi divine du tsar remplacée par une démocratie.

Son amour pour une famille impériale finalement simple et humble est plus que touchant, et sa lucidité sur les erreurs qu'ils commettent rendent la lecture passionnante, tout comme sa soif de justice pour éclaircir la mort des Romanov. A lire pour tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à la Grande Russie et à la Grande Guerre, vue de l'Est !
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Aimant l'Histoire, je me suis longtemps intéressée à la vie et au destin tragique des Romanov, la dernière famille impériale de Russie. Dès que j'ai pu, j'ai donc acheté ce livre. D'origine suisse, le précepteur Pierre Gilliard gagna la confiance des derniers Romanov et partagea leur quotidien pendant 13 ans, de 1905 à 1918, jusqu'à l'assassinat de ces derniers. A travers ce livre sous forme de témoignage, Pierre Gilliard dépeint sa vie au quotidien de la famille impériale, ses relations avec eux, leur entourage, les événements politiques de l'époque, leur captivité, ses propres ressentis.

Un des points que j'ai aimé particulièrement est lorsqu'il dresse le portrait de chaque enfant Romanov. Je vais être brève, nous découvrons Olga : pleine de charme et d'intelligence. Tatiana : la plus jolie et volontaire. Maria : douce et pleine de sagesse. Anastasia : espiègle et rayonnante, et enfin le tsarévitch Alexis : l'héritier qui fut tant attendu, mais atteint d'hémophilie. C'est d'ailleurs sur lui que la plupart des angoisses de la famille se tournent. L'enfant, alors seul garçon de la fratrie, voit son destin de futur tsar entravé. En effet, à cause de sa maladie, la moindre petite chute ou égratignure lui provoque des hémorragies internes et de fortes fièvres, suivies par des douleurs insoutenables, et il doit parfois rester des mois alité. L'enfant requiert alors une vigilance constante et est surprotégé par sa famille. Les passages où Gilliard décrit l'agonie d'Alexis lors de ses crises sont assez difficiles à lire, et on ne peut qu'éprouver de l'empathie pour lui. Nous découvrons les inquiétudes du couple impérial et la culpabilité de la tsarine d'avoir transmis cette maladie à son fils. Gilliard révèle également que le couple impérial faisait tout pour cacher la maladie de leur fils au peuple. Désespérés, ils vont faire appel aux services de Grigori Raspoutine, que Gilliard ne verra pas d'un très bon oeil.

Malgré les difficultés auxquelles ils font face, nous constatons que la famille impériale est incroyablement soudée. Nicolas et Alexandra sont des parents aimants et forment un couple solide, et leurs cinq enfants sont très complices. Nous découvrons également leur simplicité malgré leur sang royal : Nicolas et Alexis refusent que l'on s'agenouille devant eux, Alexandra et ses filles rendent visite et s'occupent des soldats blessés de la Première Guerre Mondiale, et elles font don de leur travail en broderie. La famille tend également à vivre assez isolée et à suivre un protocole simple.

Puis il y a le moment fatidique où la famille impériale est arrêtée, lors de la révolution russe en 1917. Refusant de les abandonner, Pierre Gilliard va les accompagner dans leur captivité à Tsarkoie Selo, puis à Tobolk, avant d'être séparés de force à Ekaterinbourg. Gilliard va faire un récit détaillé de leur captivité qui fut longue et pénible. Et lorsqu'il apprendra plus tard le sort qui fut réservé au couple impérial, et particulièrement aux enfants, il en restera profondément bouleversé. Pierre Gillard nous fait part de son indignation face à ce complot contre la famille impériale, qui fut assassinée de sang froid et sans aucune forme de procès.

Le seul point négatif que j'ai trouvé c'est lorsque Gilliard s'attarde sur les événements politiques du pays, il faut vraiment avoir le coeur à suivre, mais hormis cela ce livre est un témoignage passionnant et émouvant. On s'attache à cette famille dont le destin tragique a mit fin à toute une dynastie. Et quoi de mieux qu'une personne ayant partager l'intimité du dernier Tsar et de sa famille pour nous raconter en détails cette période complexe ?

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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Sauf Olga Nicolaïevna, les grandes-duchesses étaient des élèves assez médiocres. Cela provenait en grande partie du fait que, malgré mes demandes réitérées, l’impératrice ne voulut jamais prendre une gouvernante française, craignant sans doute de voir quelqu’un s’interposer entre elle et ses filles. Le résultat, c’est que, lisant le français et l’aimant, elles n’ont jamais su le parler avec facilité.
L’état de santé de l’impératrice explique que l’instruction de ses filles ait été un peu négligée. La maladie d’Alexis Nicolaïevitch avait usé peu à peu sa force de résistance.
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Je pénétrai avec une émotion intense dans la chambre qui peut-être (j’avais encore un doute) avait été le lieu de leur mort. L’aspect en était sinistre au-delà de toute expression […] Les parois et le plancher portaient de nombreuses traces de balles et de coups de baïonnette. On comprenait à première vue qu’un crime odieux avait été commis là et que plusieurs personnes y avaient trouvé la mort. Mais qui ? Combien ?
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Un matin, je trouvai la mère au chevet filial. la nuit avait été très mauvaise ; le docteur Derevenko était inquiet, car l'hémorragie n'avait pas encore pu être arrêtée et la température montait. L'enflure avait fait de nouveaux progrès et les douleurs étaient encore plus intolérables que la veille. Le tsarévicth étendu dans son lit, gémissait douloureusement ; sa tête était appuyée contre le bras de sa mère et sa mince figure exsangue était devenue méconnaissable. De temps en temps, il arrêtait son gémissement et murmurait ce seul mot : "Maman !" dans lequel il exprimait toute sa souffrance et sa détresse. Et la mère baisait ses cheveux, son front, ses yeux, comme si cette caresse de ses lèvres eût pu soulager ses douleurs et lui rendre un peu de la vie qui l'abandonnait.
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On oublia que la Russie n'était pas seulement composée de quinze à vingt millions d'hommes mûrs pour le régime parlementaire mais qu'elle comprenait aussi cent vingt à cent trente millions de paysans, la plupart incultes et inconscients, pour lesquels le tsar restait l'oint du Seigneur, celui que Dieu avait choisi pour diriger les destinées de la grande Russie.
Habitué dès sa plus tendre enfance à entendre le prêtre invoquer l'empereur à l'offertoire, l'un des moments les plus solennels du culte liturgique, le moujik dans son exaltation mystique devait lui attribuer un caractère quasi divin.
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Dans le vide causé par l'écroulement du tsarisme, la révolution russe - avec le besoin d'absolu et la recherche des extrêmes inhérents à la nature slave - devait se précipiter avec une violence telle qu'aucune forme de gouvernement ne pourrait l'arrêter ; elle risquait fatalement d'aboutir au néant politique et religieux, à l'anarchie.
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