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sur 831 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Du jour où j'ai lu « Colline » (j'avais 18 ans) je n'ai plus vu les paysages de ma Provence avec le même oeil . Car ceux qui voit en Giono un gentil écolo un peu hippie se fourrent le doigt dans l'oeil jusqu'au coude ! Relisez Colline : ce qui s'y dit c'est la violence du rapport qu'entretient l'homme avec la nature , violence qui nait de sa peur . Ce n'est pas pour rien que dans la dernière phrase «..des larmes de sang noir pleurent dans l'herbe. »
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Tel un peintre exposant son talent, Giono nous dévoile une oeuvre poétique avec ce premier roman de la trilogie de Pan (Un de Baumugnes, Regain).

La beauté des mots est présente tout au long du texte, elle envoûte le lecteur pour le plonger dans cette ambiance paysanne où le dieu des bergers d'Arcadie est secrètement à l'oeuvre.

L'histoire est simple, la plume virtuose.

Gondran, Jaume, Maurras, Gagou et les autres vivent au Bastides blanches, "un débris de hameau où quatre maisons fleuries d'orchis émergent des blés drus et hauts". Un jour, le chat noir apparait et annonce une série de catastrophes qui menace leur survie. Mais qui est responsable? Ne serait-ce pas Janet, ce vieux fou à demi-mort dans son lit qui se délecte du sort que la Colline réserve aux Bastides. Il faut en finir.

Un grand moment de littérature, une écriture précise et un sens de la description digne d'un très grand écrivain.
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Ce livre est un grand poème. il est parfait. Il m'a longtemps habité.
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Les bastides blanches, à l'ombre des collines, à l'ombre froide des monts de Lure. "La terre du vent". "un débris de hameaux", distille Jean Giono, page 25, la terre aussi de la sauvagine : "la couleuvre émerge de la touffe d'aspic, l'esquirol à l'abri de sa queue en panache, court, un gland dans la main... Le renard lit dans l'herbe l'itinéraire des perdrix".
Par ces évocations commence la Trilogie de Pan. Colline le premier roman de cette trilogie est aussi le premier roman publié par Giono. La simplicité des décors et la simplicité de l'intrigue autour de 12 personnages, impriment une densité formelle pour chaque événement, le plus insignifiant fut-il.

Ce lieu si éloigné de tout, qui vit en autarcie, est attentif aux moindres vibrations de la nature. Sommes-nous dans les derniers jours de la vie de cette communauté, ou dans les dernières heures de la vie de Janet, ce vieillard, qui parle par grandes ruades de mots que tous écoutent sans le comprendre, ou par demis mots.

Janet croit voir sortir des serpents de ses doigts. Dans son délire Janet nous renvoie aux croyances les plus archaïques, à la race des géants (Jean comme géant devient Janet le petit géant). A travers cette symbolique Janet expie ses crimes contre la terre. le dieu Pan s'invite ainsi, le dieu des bergers d'Arcadie, est symboliquement à l’œuvre, comme il est présent dans les œuvres d'Eschile.
La nature, est au cœur des interrogations des gens de la bastide. Cette terre nourricière ou destructrice, les hommes l'humanise dans leurs représentations pour en écarter la peur.
A plusieurs moments, la tension palpable est proche du paroxysme, car tout est vu et analysé d'une façon démesurée. Par vagues, les assauts du vent créent la panique, tout autant que le silence devient assourdissant et intenable.
Les prédictions de Janet tombent alors...

" Ça saute encore et ça se roule, puis ça s'étend dans le soleil neuf, j'ai vu que c'était un chat. Un chat tout noir."
"Quand la foudre tua ton père, Maurras, dans la cahute des charbonniers, j'avais vu le chat deux jours avant.
Attention chaque fois qu'il paraît, c'est deux jours avant une colère de la terre.
Ces collines il ne faut pas s'y fier. Il y a du soufre sous les pierres.

La preuve cette source qui coule dans le vallon de la Mort d'Imbert et qui purge à chaque Goulée. C'est fait d'une chair et d'un sang que nous ne connaissons pas, mais ça vit. P 54"

L'air brûle comme une haleine de malade, et pas de vent, et toujours le silence.


Janet a toujours le regard fixé sur le calendaire des postes, depuis qu'il a fait son AVC. Ses énigmes flottent page 61, "Tu sais toi le malin ce qu'il y a derrière l'air".
La fontaine ne coule plus. C'est la peur qui monte et Janet, est seul à scruter une date, ça les rend fous aux bastides blanches.

L'autre personne incontournable et inquiétante c'est Cagou, l'innocent. Il bave, son visage est huilé de salive, ses bras son corps suivent une gestuelle qui les ébranlent, parfois quand il tape sur un bidon, ils lui lancent des pierres.
C'est le 13 ème homme.

La tragédie est lancée, mais le miracle des mots continue de nous alarmer et de nous transpercer par la puissance des images.
Peu de romans sont porteurs d'une telle grâce, d'une telle puissance d'évocation, pour nous enivrer d'émotions.
Il faut écouter, le bruissement de cette langue venue des terres et du ciel de Provence pour s'approcher de la magie de ces espaces lavandiers, écoutons page117  ; "Avec ses mots il soulevait des pays, des collines, des fleuves, des arbres et des bêtes ; ses mots, en marche soulevaient toute la poussière du monde... »
« De la force dans les branches vertes, de la force dans les plis roux de la terre,
de la haine qui montait dans les ruisseaux verts de la sève, de la haine qui palpitait dans la blessure des sillons".

A bientôt pour un de Baumugnes.
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Cet opus, premier roman édité de Jean Giono, ouvre « La trilogie de Pan » en 1929. Phénomène littéraire immédiat, cette tragédie poétique contient déjà toute la force tellurique de l'écriture gionienne.

Lire Colline, c'est plonger dans un tableau du vivant. L'écrivain qui rêva d'être peintre, nous offre, à la puissance charnelle de ses évocations, une vibrante allégorie de la Nature-mère vengeresse.

Loin des clichés d'une Provence touristique, bien que magnifié, le Haut pays de Giono est âpre, sans concession.

Paysages et portraits humains, façonnés au pétrin aiguisé de son imagination, en ressortent magnifiquement transfigurés.

Pousser la porte des "Bastides Blanches", c'est entrer de plain-pied dans un récit du merveilleux, au sein de l'univers panthéiste de cet écrivain homérique résolument moderne, et éminemment génial.

M.Roman
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De Giono, je connaissais surtout ses romans postérieurs à la seconde Guerre Mondiale, ces chefs d'oeuvre incontournables que sont Un roi sans divertissement ou le Hussard sur le toit. Et par un raccourci un peu rapide, je rangeais ses premiers livres aux côtés des films de Pagnol dans les années Trente (l'association était d'autant plus facile qu'Un de Baumugnes a en effet été adapté au cinéma par Pagnol). Pourtant, la Provence de Giono n'a pas tant de points communs avec celle du cinéaste, beaucoup plus débonnaire.
L'histoire est celle des calamités qui s'abattent soudainement sur un hameau des monts de Lure, les Bastides Blanches. le tarissement de la source, une enfant qui tombe malade, le feu... Des calamités qui faisaient alors partie du quotidien des paysans provençaux, mais dont Giono propose une vision assez symbolique : la nature est belle et puissante mais elle n'est pas bienveillante, et elle cherche peut-être à se venger de tout ce que les hommes lui ont infligé. Dans une langue aussi sèche que le paysage, Giono ramène l'être humain à sa petite place, et questionne sa prétention à se faire le maître de l'univers.
Bien sûr, lire ce texte près d'un siècle après sa parution (1929) renvoie un écho intéressant aux principes de l'écologie actuelle, et il se dégage du livre une évidente et respectueuse fascination pour la nature. Mais si les paysans des Bastides Blanches prennent conscience de sa force, c'est pour engager contre elle une lutte à mort. Alors c'est vrai, il ne se joue là qu'une petite escarmouche d'une vaste guerre. La conclusion du livre dit pourtant clairement que les hommes ne changeront pas, ni là ni sans doute ailleurs. Et si Giono rend admirablement la complexité rugueuse de ses personnages, sans jamais les juger, il ne leur donne pas raison pour autant. Avec Colline, on n'est pas dans l'idéologie niaise du Retour à la terre, telle que le régime de Vichy la développera quelques années plus tard (en essayant d'ailleurs d'utiliser l'écrivain). Chez Giono, la terre ne ment peut-être pas, mais il est bien possible que l'homme se trompe du tout au tout.
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Colline - Jean Giono

C'est le premier livre de Jean Giono que je lis, moi qui adore les films qui ont été tiré de ses livres.
Je regrette de ne pas l'avoir lu plus tôt.
C'est une merveille. C'est plein de poésie, c'est un chant une ode à la nature.
On est pris dans l'ambiance de cette Provence ensorcelante et ensorcelée.
On tend l'oreille et on écarquille les yeux pour voir et entendre des choses et des sons qui n'existent que la tête de ces braves paysans un peu superstitieux, mais comme eux on s'attend à voir surgir un monstre de cette colline.
Je n'ai mis que deux ou trois jours à lire ce roman, mais c'était un délice d'ouvrir ce livre, les mots chantaient dans ma tête et j'avais vraiment l'impression d'entendre les cigales et les oiseaux, d'entendre crépiter le feu de l'incendie et les respirations angoissée.

Et comme Colline est le premier d'une trilogie je vais lire les deux autres qui dorment paisiblement au fin fond de ma bibliothèque très rapidement

Gros coup de coeur . A lire absolument
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"Un débris de hameau, à mi-chemin entre la plaine ou ronfle la vie tumultueuse des batteuses à vapeur et le grand désert lavandier, le pays du vent, à l'ombre froide des monts de Lure.Ce sont les Bastides Blanches."
Un village des Alpes-de-Hautes-Provence ou le mauvais-oeil s'immisce.
En l'espace de quelques jours, la fontaine se tarit, un chat noir se montre, une jeune enfant se meurt et un violent incendie menace le village.
Janet, l'aîné du village, le sage, celui qui connait les dessous de la Nature vit ses dernières heures.
C'est pourtant lui -tout le monde en est convaincu- qui peut remettre les choses en ordre .
Mais le discours de Janet est incohérent, volontairement provocateur (? )

Une oeuvre incroyable qui mêle Nature, croyances, Fantastique et mythologie.
La Nature est un personnage à part entière,sensible, violent.
Un style simple, fluide et poétique.
UN chef d'oeuvre intemporel !
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Giono, que c'est beau !
Ses descriptions de la nature, des chemins, des fontaines, des pierres et de la terre, des arbres et du vent, mais surtout du feu, sont sublimes. Chaque élément a sa propre vie, son propre sang, son propre souffle. La nature est plus forte que les pauvres hommes sur laquelle ils survivent chaque jour. Quand elle se défend elle est la plus forte.
La description de ces femmes et de ces hommes est terriblement belle.
Giono est beaucoup plus que le chantre de la Provence âpre, il est celui du respect que l'être humain doit à Dame Nature.
Suprerbe !
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Au pied de la Lure, chaîne des Alpes françaises du Sud au S-O de Sisteron, chef lieu d'arrondissement Forcalquier.
Les Bastides Blanches, 4 maisons, 4 familles :
Gondran le médéric marié à Marguerite Ricard. le beau-père Janet vit avec eux.
Aphrodis Arbaud, son épouse et leurs 2 fillettes.
César Mauraas, sa mère et le petit valet de l'assistance publique.
Alexandre Jaume et s fille Ulalie.
Sans oublier Cagou le simple d'esprit
L'ambiance est bonne entre les 4 maisons, la vie suit son cours, les saisons passent et chacun vit au mieux .Tout cela jusqu'à l'attaque du père Jamet. Paralysé, immobilisé dans un lit à côté de la cuisine, lui si actif avant le voilà qui se met à « déparler ».et à partir de là les problèmes commencent aux Bastides.
Sauront-ils tous ensemble faire face à l'adversité ? feront ils bloc contre les forces d'une nature déchaînée ? Comment vont ils affronter cette ambiance délétère où plane le danger ?La peur s‘insinue….
Mêlant à la fois la vie de ces campagnes qu'il connaît très bien, les anciennes croyances et superstitions Giono nous livre ici un roman puissant. Il y prône le respect mutuel homme/nature chacun devant vivre le plus en harmonie avec l'autre. Difficile de faire ployer dame nature à l'homme de trouver le compromis !
Une écriture très imagée un vocabulaire « local » (merci au Petit Larousse ! )
A travers toutes ces pages Giono nous parle de SON PAYS un pays qu'il aime et il n'a de cesse de le faire chanter avec une écriture somptueuse.
Si je devais retenir les grandes lignes :
Gondran n'ose plus toucher à sa terre par peur de lui faire du mal
La petite Marie tombe brusquement malade
La fontaine est tarie
L'incendie qui détruit tout et s'arrête par miracle aux portes des Bastides grâce à l'énergie des hommes
Solidarité et entraide sont les maitres mots de cette histoire
Tout rentre dans l'ordre quand Jamet se décide à mourir !
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