Le premier tome du Monde d'Edena était en fait une BD promotionnelle pour Citroën. On y suit deux mécaniciens de l'espace bien heureux de trouver une vieille Citroën pour se rendre jusqu'à un vaisseau géant qui les mènera jusqu'au paradis (Edena).
Mais voilà, le succès inattendu appelait à une plus large distribution et, surtout, une suite.
Les deux se retrouvent donc sur Edena, où ils découvrent la nourriture non-synthétique, la nature. Ils découvrent que l'un d'eux est une femme, suite à quoi ils découvrent le sexe et le viol.
C'est donc un retour à la terre qu'appelle la BD. (
Moebius vivait dans une commune à Tahiti pendant une partie de la rédaction, et puis c'est un thème classique de la SF de l'époque.) On pourrait critiquer l'évolution des protagonistes, de non-binaires à homme-femme. Mais vu la présence fréquente de personnages non-binaires dans les oeuvres de
Moebius, il faudrait regarder ailleurs. Il s'agit plutôt, à mon avis, d'une critique d'un capitalisme exploiteur au point de forcer les gens à oublier des éléments de leur humanité.
Je crois qu'il s'agit de mon
Moebius préféré jusqu'à maintenant. (Mais j'ai terminé tout ce que ma bibliothèque a sur lui.) C'est ce qui s'approche le plus d'une histoire, avec un début et une fin reliés d'un fil conducteur relativement cohérent (bon, ça s'embrouille vers la fin). C'est une narration plus classique mais qui ne sacrifie rien à l'expérimentation et l'onirisme cher à l'auteur.