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sur 2707 notes
En 1999, Claude Giraud est victime un accident de moto. Son épouse Brigitte tente vingt ans plus tard de comprendre ce qui s'est passé, d'analyser le concours de circonstances qui a men au drame. Comme un exorcisme pour faire cesser les questions qui reviennent en boucle infernale. Si…Si chaque micro-événement n'avait pas eu lieu, permettant d'éviter ce décès tragique.

Tenter de comprendre , c'est à la fois revivre les instants, c'est analyser les phénomènes qui dépendent les uns des autres, c'est aussi bannir l'idée de fatalité. Tout était en place pour que la moto surpuissante éjecte son passager. Il s'agit de décomposer l'enchainement infernal


Ce texte intime est une sorte de testament, et un récit ultime, qui ne changera rien au passé mais permettra sans doute de le classer comme une affaire résolue comprise, le contraire d'un cold- case.

L'écriture est douce et empreinte d'empathie. Aucune récrimination, aucune tentative de trouver des coupables, au contraire. La démarche est assez psychanalytique et surtout pas judiciaire.

Ce bel hommage à un disparu trop tôt, laissant un vide immense dans la vie de l'auteur, outre le possible effet thérapeutique, est empreint de qualités littéraires qui ne sont plus a démontrer chez cette autrice reconnue.

208 pages Flammarion 24 août 2022
Jury FNAC 2022
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Aujourd'hui, elle a signé la vente de la maison qu'elle a achetée avec Claude il y a vingt ans et dans laquelle il n'a jamais vécu. Elle avait emménagé dans cette maison seule avec leur fils. Avec Claude, ils avaient rêvé d'y poser leurs valises, ils avaient des projets plein la tête. Tout se précipite, signature de l'acte de vente, accident, obsèques, déménagement. Cette maison devient le témoin de sa vie sans Claude, apprendre à dire « je » au lieu de « nous ». Vivre une solitude qu'elle n'a pas voulue. Une éclipse de sa vie. Elle va s'entêter à comprendre comment est arrivé cet accident et revenir sur les enchaînements, ces petits riens qui ont conduit à ce drame.

Il en est du prix Goncourt comme des vendanges, certaines années le raisin donne un bon cru, d'autres fois le vin est de qualité moyenne. le roman de Brigitte Giraud est un excellent cru qui me réconcilie avec le prix Goncourt après deux lauréats dont les livres ne m'avaient pas passionné.
J'ai particulièrement aimé la construction du récit, une bouleversante déclaration d'amour, un roman intime avec en toile de fond la musique et la belle ville de Lyon. Une époque presque insouciante, un peu bohème d'avant la révolution du numérique. Si certains passages paraissent un peu longs pour ceux qui n'aiment pas particulièrement la moto, c'est un livre sur les passions qui rendent la vie encore plus belle. Brigitte Giraud évoque avec beaucoup de pudeur l'absence, la culpabilité, la reconstruction, l'écriture est limpide et lumineuse.
Plus qu'une déclaration d'amour ce roman est un hymne à la vie. Un roman qui m'a littéralement happé, dans lequel je me suis tout de suite senti bien. Un récit court qui prouve qu'il n'est pas nécessaire de remplir des pages pour émouvoir le lecteur.




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Écrire, c'est être mené à ce lieu qu'on voudrait éviter. » Patrick Autréaux

C'est par cette très belle citation que la romancière Brigitte Giraud nous entraîne dans son dernier livre, Vivre vite.
C'est la figure de l'homme disparu, l'être aimé, qui surgit dans ces pages, une vie broyée dans l'espace infime d'un instant, Claude, celui qui était son compagnon, s'est tué dans un accident de la route en moto un 22 juin 1999.
Il y a toujours un avant et un après, cette frontière qui se pose dans nos existences, qui trace un trait comme une lame de feu, tranche, coupe en deux la vie et balaie d'un geste ses folles illusions.
Un instant qui creuse une béance pour y poser des pourquoi. Errer dans cette erreur...
Brigitte Giraud connaît ce chemin de l'errance depuis vingt ans, sans larmes, avec l'acceptation du désespoir qu'on porte en silence, en retenue plutôt, détachée désormais de la tristesse qui ferait s'effondrer les digues, seul le chagrin est demeuré entier dans ce trou béant au milieu du ventre. On voudrait l'enterrer, le couvrir de terre pour de bon.
Mais à la faveur de la vente d'une maison, - une maison qui sera détruite pour tracer une route à la place, quelle ironie ! elle revient sur les pas de cette errance, refaire le chemin en sens inverse. Car c'est cette maison achetée il y a vingt ans qui est peut-être l'élément déclencheur...
Et si...
Elle questionne alors le destin, l'irréparable enchaînement des faits qui sont venus s'agréger comme un jeu de dominos jusqu'à cette moto lancée inexorablement dans sa dernière trajectoire sur cette avenue de Lyon...
Alors, sans tristesse, avec parfois même une ironie tendre, elle réécrit une autre tragédie, celle plus douloureuse peut-être encore qu'un deuil, la succession des petits événements qui ont tracé un chemin souterrain dans ce destin sournois...
Cette seconde tragédie, c'est pour moi cette inconsolable révolte devant la mort qui ne peut trouver de voix pour réparer le malheur.
« Si je n'avais pas voulu vendre l'appartement », « si nous n'avions pas demandé les clefs de la maison à l'avance », « si mon frère n'y avait pas garé sa moto pendant ses vacances », «si je n'avais pas téléphoné à ma mère ?», si…, si…
Hasard ou déterminisme ?
L'autrice remonte à rebours le cours des choses depuis cette avenue de Lyon jusqu'au jour où ils ont eu tous deux un coup de coeur pour cette maison à vendre... Tordre la réalité, modifier le cours des choses avec cela à chaque croisée des chemins qu'elle rencontre. Se dire, si...
Comment réparer cela, après coup...?
Comment arrêter la course de l'homme à la moto ? Inexorablement...
Comment effacer du paysage de l'amour cette horrible moto qui n'a rien à faire ici, pourtant elle est là, une Honda 900 CBR Fireblade surpuissante, conçue pour la compétition en circuit et non pour circuler sur une avenue lyonnaise en cette fin d'après-midi du 22 juin 1999 ? Si dangereuse que même les Japonais l'avaient interdite sur leurs routes...
Remonter le fil du temps dans cette musicalité des si...
Derrière ce procédé rhétorique qu'on pourrait trouver froid et absurde, -mécanique même, Brigitte Giraud enchaîne les kilomètres elle aussi, Vivre vite c'est aussi ce chemin à l'envers comme pour se faire du mal une dernière fois à chaque intersection, guetter l'effet papillon...
Dans ces microévénements cueillis dans la mémoire encore vive, Brigitte Giraud tente une dernière fois de les assembler comme une toile d'araignée capable de piéger le sort inéluctable survenu ce 22 juin 1999... Mais au final, c'est un fil invisible tendu en travers d'une route qui aura sectionné la vie...
Elle aussi va de plus en plus vite dans le chaos de la douleur souterraine, sur cette trajectoire vertigineuse lancée à folle allure...
C'est une lutte vaine bien sûr, quoique ce travail n'aura peut-être pas été vain dans le processus du deuil.
On voudrait parfois nous aussi fatiguer le destin... Combien de si ne nous sommes-nous pas posé ?
Je me souviens de mon père évoquant cet accident de la route où un chauffard ivre avait percuté notre véhicule à la sortie d'un virage... J'avais onze ans. Nous avions eu la vie sauve et j'ai toujours une cicatrice en travers du visage qui me rappelle ce souvenir comme si c'était hier. « Et si je ne m'étais pas arrêté un quart d'heure auparavant pour enlever mon pull parce qu'il faisait chaud », disait souvent mon père... Ma mère un brin plus philosophe disait que nos existences étaient peuplées de plein de petits événements comme cela et qui nous avaient sauvé la vie plusieurs fois et on ne le saurait jamais...
Par-delà l'idée de relier cette histoire intime au thème universel de la mort, le travail romanesque de Brigitte Giraud aura permis de fouiller tous les interstices de sa douleur et de son chagrin, ne rien laisser en suspens. Et c'est une écriture délicate, pudique, sans pathos, qui nous est délivrée ici et qui m'aura touché en définitive, pour différentes raisons...
Ironie du sort, je découvre un des chapitres du récit qui s'intitule : « Si Stephen King était mort dans le terrible accident qu'il avait eu trois jours avant Claude. » Car Claude était passionné par les livres du grand auteur américain... Alors j'ai souri car je venais de terminer quelques jours plus tôt une lecture prodigieuse, immense, 22/11/63, où un des personnages du livre s'immerge dans une faille spatio temporelle pour venir dans le passé, cinquante ans plus tôt afin de tenter d'inverser le cours des choses... Bien sûr dans ce chapitre Brigitte Giraud demeure toujours sur la frange épaisse de la réalité, mais je l'ai imaginée alors rêvant d'ouvrir dans la béance de son chagrin une de ses failles où elle aurait pu s'engouffrer, revenir au 22 juin 1999 ou peut-être un peu plus tôt d'ailleurs, quelques jours auparavant, se saisir de ce maudit compromis de vente posé sur le bord d'un bureau et le déchirer d'un geste sec, d'un coup, comme cela, comme on tranche une vie en deux...
Et puis il y a aussi la bande-son des années 90. Et cette chanson que j'ai follement aimé, le courage des oiseaux de Dominique A., - que j'ai eu le plaisir de voir en concert à Brest, elle était leur hymne à eux deux. Cette chanson ressemble un peu à ce récit, avec une émotion souterraine, je n'écouterai plus jamais cette chanson de la même manière...
Ce livre ne sera peut-être pas une grosse cylindrée du Prix Goncourt. Qu'importe, la douleur intime d'un deuil n'est d'aucun prix.
Et n'en déplaise à quelque sotte critique misogyne dérapant et se vautrant en sortie de route, je me suis alors demandé : « Et si Brigitte Giraud avait été un homme... » Ce récit est grand parce qu'il touche au coeur dans nos parcours intimes...
En cela, il y a un côté presque intouchable qui protège ce livre des bruits dérisoires du monde.
Pourquoi ceux qu'on aime traversent parfois nos existences comme des comètes ou des bolides ?
Si on pouvait les arrêter dans leurs courses, qu'adviendrait-il de nos propres vies ?

♫ Dieu que cette histoire finit mal
On imagine jamais très bien ♬
♫ Qu'une histoire puisse finir si mal
Quand elle a commence si bien ♩ ♩ ♩
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Brigitte Giraud revient sur l'affreux évènement de sa vie qui lui a enlevé son mari, Claude dans un accident de moto. Une moto trop puissante qu'il avait empruntée dans un coup de folie, de désir de liberté. Elle était à ce moment à Paris pour mettre au point l'édition de son futur livre, au mois de juin 1999. Il sortirait en automne.
Ce roman-ci sera une longue liste de SI..., une remise en question d'évènements qui auraient pu se passer et éviter le drame.
D'abord, elle se culpabilise en ayant entraîné son mari dans trop d'obligations pour la maison qu'ils avaient achetée , elle se culpabilise beaucoup trop pour d'autres raisons qui devraient rester anodines comme celle d'avoir laissé son frère emprunter son garage pour y ranger cette moto trop puissante.
Ensuite, elle enchaîne sur des motifs plus éloignés comme la responsabilité du constructeur de la moto, un industriel japonais.
Elle ira même jusqu'à évoquer l'accident de Stephen King survenu la veille. Elle cherchera tous les petits points minimes qui auraient pu éviter la perte de cet homme qu'elle aimait tant.
Le passage que j'ai le plus apprécié, c'est quand elle décrit la joie de vivre de celui-ci avec son fils, son métier à responsabilité mais sans prise de tête.
Oui, un personnage bien sympathique, Claude : mort comme s'il glissait sur une peau de banane. C'est une expression qu'elle emploie.
Elle termine son récit , pas plus sereinement mais plus réalistement, en se culpabilisant beaucoup moins, en voyant l'évènement comme il s'était passé.
Un motard qui voulait essayer une grosse machine dans un moment de sensation de liberté et même pas étant donné qu'il est mort sur un wheeling non voulu en démarrant à un feu rouge.
Ce qui m'a beaucoup plu dans le roman de Brigitte Giraud, c'est qu'on peut s'approprier la lecture à notre façon, suivant ce qu'on ressent.
Une histoire simple à lire mais bien difficile à vivre.
Personne ne mérite de vivre un tel arrachement et si elle en parle encore aujourd'hui, c'est certainement qu'elle le voit d'une autre façon, que le mal évolue avec elle.
Guérit-on jamais d'un tel choc ?
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L'auteure se trouve dans l'obligation de vendre sa maison. Obligée de changer de lieu, de tourner la page, elle souhaite revenir une dernière fois sur la mort de son compagnon Claude, il y a vingt ans. Ils venaient d'acheter la maison qui devait être celle du bonheur, leur offrant un bout de campagne en pleine ville. Une maison restée longtemps inhabitée qu'il fallait rénover. Claude a eu un accident de moto en allant chercher leur fils à l'école. Brigitte et leur fils ont emménagé sans lui. Elle nous explique le chaos d'après mais aussi le bonheur d'avant, leur vie simple mais savoureuse, leurs origines sociales. Brigitte explore, dissèque cette journée fatale. A coups de “si” elle tente de savoir si cette journée aurait pu être différente.

Le premier ressenti est la culpabilité que porte cette femme depuis des décennies. Elle voulait le meilleur pour les siens, gérant, maîtrisant, aidant. Rendre service aux uns et provoquer une peine de mort pour l'autre ?

J'ai aimé l'écriture fluide d'une bonne moitié de ce récit, même avec les hypothèses d'un destin différent. J'ai eu l'impression d'assister à une longue agonie quand l'auteure essaie de retracer la dernière journée de son compagnon. Les mots, l'histoire sont posés. La nuit est profonde.
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"Nous avions oublié que vivre était dangereux". Certes. Voici un livre qui m'a profondément ennuyé et surtout, ne m'a procuré aucun plaisir émotionnel ou intellectuel et n'a provoqué aucune réflexion. La narratrice réfléchit à la mort accidentelle de son mari et se demande, durant tout le roman la cause de ce décès, interrogeant sa propre responsabilité à travers plusieurs chapitres portant la condition "SI" : "Si je n'avais pas visité cette maison" ; "Si mon frère n'avait pas garé sa nouvelle moto dans le garage" ; "Si l'heure des mamans n'avait pas aussi été celle des papas"... La mort d'un proche provoque le plus souvent un profond chagrin et bouleverse les vies mais si Annie Ernaux a su écrire, à travers l'ensemble de son oeuvre, les difficultés de la vie de façon factuelle, favorisant en cela un écho chez le lecteur par la place qu'elle lui laisse, Brigitte Giraud nous raconte sa vie (ou celle d'une narratrice) sans laisser cette place si nécessaire à la réflexion du lecteur ; au bout de 200 pages, j'ai trouvé tout cela fort ennuyant.
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Vingt ans après l'accident de la route qui lui a ravi son mari, Brigitte Giraud ne parvient pas à cesser de ressasser l'enchaînement de circonstances à l'origine du drame. Son enquête rembobine inlassablement le fil des événements, en sonde les rouages les plus imperceptibles, décortique, une à une, chacune des séquences qui ont contribué à placer Claude sur la route au mauvais moment et sur la mauvaise machine. Les chapitres composent un récit hypnotique, tendu comme un compte à rebours. Car on sait d'emblée que l'histoire se termine mal.

J'ai été touchée par le désarroi de Brigitte Giraud, son obsession des scénarios alternatifs dont la réalité a bifurqué, son impuissance à conjurer l'engrenage tragique en réécrivant l'histoire. La méthode, la précision compulsive avec laquelle procède l'autrice a quelque chose de poignant.

Je me suis attendue à ce que cet acharnement contrefactuel donne un sens aux choses, contribue à décanter des causalités, voire des responsabilités. Pourquoi est-on aussi pressé de vivre, d'acheter une maison, de déménager, de céder aux demandes de son éditeur ou de son amie ? Comment une moto jugée trop dangereuse pour être commercialisée au Japon a-t-elle pu être exportée vers l'Europe ? En réalité, les spirales de pensée qui se referment inexorablement sur Claude dessinent moins un fil conducteur qu'un entremêlement chaotique de hasards, de décisions apparemment anodines, de choix de vie et de société.

Les mots de Vivre vite retiennent aussi et surtout un temps révolu, ravivent un homme mélomane et passionné, un amour dont l'autrice peine à faire le deuil.
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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« Je n'étais obsédée que par une chose que je tenais secrète pour ne pas effrayer mon entourage. Je n'en parlais pas, ou plutôt je n'en parlais plus, parce qu'au-delà de deux ou trois ans, cela aurait semblé suspect que je m'entête à vouloir comprendre comment était arrivé l'accident. Un accident dont on n'a jamais expliqué la cause, ce qui fait que mon cerveau n'en a jamais fini de galoper. « (p. 18)

Si Brigitte Giraud n'avait pas eu le Goncourt, je n'aurais probablement pas lu son livre. Je l'avais eu en main plusieurs fois à la médiathèque, et à chaque fois je l'avais reposé. Il me paraissait trop sombre, trop douloureux, trop dans le deuil.
Si mes amis babéliotes ne m'en avaient pas dit beaucoup de bien, j'en serais restée là.
Si j'ai fini par me décider à sauter le pas, c'est aussi en entendant une chronique radiophonique disant que c'était un hymne à la vie. Alors effectivement, ma crainte était infondée, pas de pathos ni de ton larmoyant dans ce récit. Beaucoup de patience, de douceur, de délicatesse dans cette incroyable histoire d'amour entre Brigitte et Claude. Une histoire d'amour telle qu'il semble que l'accident de moto qui a tué Claude s'est déroulé quelques jours avant à peine, tant sa présence est encore vivante dans le coeur de l'autrice. Pourtant, cet accident a eu lieu il y a maintenant plus de vingt ans.
Si, discrètement, à la fin du livre, Brigitte Giraud indique avoir rencontré un nouvel amour, on peine à la croire, tant sa déclaration d'amour à Claude est belle, et son amour intact.
Si ce récit m'a parlé, c'est que ce texte simple porte en lui, fort malheureusement, une part d'universel. Combien de familles dévastées tous les ans par un accident de la route ? Ces familles nous en avons toutes en tête, parfois tout simplement la nôtre… La scie des si, chacun a fait de même avec des phrases pas tellement différentes et beaucoup moins d'imagination quand l'accident survient sans crier gare.
Si j'ai apprécié ce livre dont la lecture a été facile, ça ne sera pas cependant un coup de coeur, il m'a manqué de l'émotion, des mots marquants, il s'oubliera je pense assez vite …
Si vous le permettez, je dédicace ce billet à tous les fantômes auxquels je pense très régulièrement. Avec des si, …. iIs seraient encore là.
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♫ Y a quelqu'un qui m a dit ♫ :
- "Lis-le ; tu verras, c'est magnifique ! A partir d'un drame personnel ( la mort en moto, de son mari , il y a vingt ans), elle en fait un truc universel."

L'appartement qu'on achéte, parce que la pierre , c'est un bon investissement.
Puis l'appartement qu'on revend parce qu'il est trop petit, qu'on veut un jardin, qu'on s'embourgeoise. ♫Madame rêve♫, de travaux d'embellissement, de déco, de murs à repeindre, de trucs à décaper. Mais madame culpabilise encore vingt ans après et nous livre l'enchainement des circonstances qui ont causées la mort de son époux bien-aimé , en égrainant les "si" et en déroulant les faits chronologiquement , implacablement , dans toute leur horrible banalité.


SI, elle n'avait pas voulu déménager, si elle n'avait pas réussi à avoir les clefs plus tôt. Si son frère n'avait pas mis la moto dans leur garage. Si la France avait interdit ce modèle de moto... Si son mari n'avait pas enfourché la moto...
( Là, j'avoue, Brigitte, sur le chapitre de la "moto -interdite- mais-pas-chez-nous", j'ai sauté des lignes.
(Vois -tu , aux motos, je préfére Babelio...)

Mais bon, je continue, Brigitte, vaillamment. Ton mari , ça avait l'air de quelqu'un de bien. Toi aussi. On a les mêmes références, tu sais et ça aide à entrer en empathie...
Ta douleur (vingt après...) est palpable. Tu es touchante Brigitte.
Très .
( Chez moi, on dirait que "tu me fends le coeur." ).
Et tous tes " SI", dans les dernières pages m'ont mis de l'eau plein les yeux...
Tu avais déjà écrit un roman sur la mort de ton mari, mais tu as éprouvé le besoin, de recommencer.
Parce que " La Maison" est encore une fois d'actualité.
Un promoteur gourmand menace de grignoter le soleil de ton jardin, alors le roman commence avec la vente de cette fameuse maison, celle que vous aviez acheté à deux, mais que tu as habité seule avec votre fils, la faute au destin, ou à pas de chance.

Et du coup , cela donne une construction remarquable au roman : la boucle est bouclée. le roman commence là où tout s' était fini... Une p... de bonne idée de plan !
La maison sera détruite, comme si ces vingt ans n'avaient pas existé. Pffffft... C'est dérisoire, parfois, le matériel...

Presque un journal, presque un portrait du disparu, presque un cadeau pour ce fils qui ne grandira pas avec son père. Un roman, presque comme un héritage, un album photo. Ce roman est un roman sur un disparu. Un roman, dont tu ne savais pas en le commençant, qu'il t'apporterait le Goncourt, la reconnaissance, une visibilité.

Car l'histoire des "SI" n'est pas finie, Brigitte...
SI ton Claude n'était pas mort, tu ne l'aurais pas écrit, tu n'aurais peut-être pas eu ce prix.( Mais tu aurais sûrement préféré...)
Mais s'il n'était pas mort, tu aurais écrit autre chose, tu aurais peut-être eu un prix etc...
SI, si , si...
On ne saura jamais.


Est-ce que ça méritait le Goncourt ? Je ne sais pas. C'est dur de juger, j'ai l'impression de juger ton chagrin...
Certains passages sont "chiants", certains sont plats, factuels, d'autres sont pleins de grace...

Certains lecteurs préféreront des auteurs capables de bâtir un monde imaginaire, trouveront que cela nécessite davantage de travail, d'imagination, de talent. Je crois que je fais partie de ceux-là. Mais après tout ce chagrin étalé ( palpable encore 20 ans après, même s'il est si digne), je me sens un peu minable de penser ça...









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L'expropriation que va subir l'auteure va l'amener à se souvenir des conditions de l'achat de la maison , 20 ans plus tôt et des circonstances qui ont coïncidé à la mort de son mari.
Dans une quête intime , elle va égrainer tous les faits qui eurent lieu et qui auraient pu changer la face du destin si au moins l'un d'eux ne s'était pas déroulé.

Vivre vite , lire vite et sans doute oublier vite. L'idée est intéressante, la quête attendrissante et comme tous les individus qui ont été frappés par l'injustice de la mort autour d'eux , se demander si quelque chose aurait pu dévier la course du malheur est légitime.
Voilà, il y a de bons moments , notamment cette analyse d'une chanson de Death in Vegas (ah, s'il ne l'avait pas écouté) qui est vraiment rayonnante. Quelques souvenirs aussi qui sont remontés , comme ce groupe Marc Seberg qui a bercé mes 20 ans et dont je ne me souvenais plus.Rien que pour ça , j'ai eu raison d'ouvrir ce livre.
Après c'est bien écrit mais tous ces si n'ont aucune raison d'être, un accident est un accident. Il s sont sans doute plus prétexte à une thérapie de l'auteur, phénomène qui me semble récurrent dans cette sélection du Goncourt. Devers écrit peut être mal mais au moins il a de l'imagination.
Voilà lecture facile , agréable et oubliable.
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