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Marie-France Girod (Traducteur)Alice Pétillot (Traducteur)Dominique Letellier (Traducteur)
EAN : 9782246739111
704 pages
Grasset (07/10/2009)
4.29/5   7 notes
Résumé :
Une vie est l'histoire d'une réussite, une histoire tout aussi fascinante et étrange que les œuvres de Gabriel García Márquez elles-mêmes. Le grand écrivain colombien, prix Nobel de littérature en 1982, incarne à la fois le réalisme magique et l'engagement révolutionnaire. Ses romans et nouvelles mêlent les grands tableaux de l'histoire sud-américaine à la fable, au folklore et aux mythes populaires. Son œuvre dénonce les inégalités sociales et les inextricable... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique


N°428– Mai 2010

GABRIEL GARCĺA MÁRQUES – UNE VIE- Gérald Martin -Grasset.



Cette chronique qui s'est si souvent fait l'écho des romans de García Márques ne pouvait rester muette à la sortie d'un livre sur sa biographie. C'est cependant un quasi-paradoxe d'écrire la biographie d'un auteur dont l'oeuvre est toute entière inspirée par sa propre vie autant d'ailleurs que par la réalité qui l'entoure.



Né en Colombie en 1927,(et non pas en 1917 comme on peut le lire dès la 1° ligne de l'avant-propos, mais cette coquille n'entache en rien le travail de cet universitaire britannique qui met en perspective la vie de l'auteur et son oeuvre ), il est l'ainé de onze enfants et porte l'espoir de toute sa famille. Prix Nobel de littérature en 1982, homme de gauche engagé, volontiers défenseur des grandes causes, il est le plus connu, le plus populaire et le plus emblématique romancier du continent sud américain et chacun des grands de ce monde recherche son amitié. Sa généalogie labyrinthique, largement évoquée dans « Cent ans de solitude »(son livre le plus important) et dans toute son oeuvre, irrigue son écriture tout comme son enfance dont gardera une durable nostalgie. Elle se déroule sur fond de guerre civile, de troubles sociaux, de corruption politique, de filiation illégitime, de bouleversements familiaux... Il sera fortement marqué par son grand-père maternel, le colonel Nicolas Ricardo Márques Mejila, sa grand-mère Tranquilina, ses parents, une mère effacée et un père volage et aventurier et son village d'enfance, Aracataca devenu Macondo ...

Le petit Gabito entame un chemin difficile avec en contre-point la maladie, des études parfois laborieuses, ses premiers émois amoureux, une ascension sociale nécessaire, un éveil à l'étude de la littérature, la manifestation d'un talent précoce, des aventures sentimentales souvent épiques... Gabriel se révèle cependant angoissé, hypersensible, hypocondriaque, bref kafkaïen...

Son père, avec qui il s'entendait assez mal, estimait que la littérature était une chose mineure, son fils fera donc du droit pour être avocat mais n'oubliera jamais son penchant pour l'écriture. Il poursuivra cependant ses études, mais avec une grande irrégularité et un grand amateurisme et l'assassinat de l'avocat libéral Gaitan sera pour lui révélateur. Il choisira de prendre ses distances avec le droit, et de gagner sa vie dans le journalisme. Il est à l'époque un garçon maigre timide et désargenté et affirme une vocation déjà connue d'écrivain mais aussi un engagement politique dans un contexte de luttes partisanes faites de violence et de corruption. Ses articles, notamment sur le glissement de terrain de Médellin et sur le naufrage d'un destroyer de la marine colombienne le mettent en position de délicatesse avec le pouvoir politique et c'est le départ pour l'Europe, vécu comme un exil volontaire et professionnel. A Rome, Paris, en Allemagne de l'Est, à Cuba, à New-York, à Mexico où il fut reporter et critique de film avec plus ou moins de bonheur, il connut des difficultés d'écriture mais surtout financières. Il devient « Gabo » et lui qui au départ ne gagnait pas sa vie même comme journaliste va crouler sous les honneurs et la reconnaissance, la fortune avec la consécration littéraire.



Ses romans sont certes inspirés par sa vie, par son enfance, mais il mêle toujours à la fiction, l'histoire, les superstitions, les tabous et le folklore de son pays et de tout le continent sud-américain. Il ne manque jamais de dénoncer les inégalité sociales et de prendre parti pour les plus démunis ce qui fait de son oeuvre non seulement un extraordinaire moment de lecture mais aussi le plaidoyer social d'un grand témoin de son temps. Son écriture flamboyante, son humour, son imagination débordante et cet extraordinaire talent de conteur et de narrateur révèlent l'âme de la Colombie. C'est véritablement son pays qui a fait de lui l'auteur que nous connaissons. Pourtant, il a fini par prendre ses distances avec lui!

C'est donc un destin d'écrivain qui est présenté ici mais aussi l'illustration d'un paradoxe: comment concilier une vie littéraire, politique et personnelle avec tant de notoriété? C'est que, avec le temps, il s'est largement impliqué dans la politique, est devenu thuriféraire des gouvernants qui avaient sa sympathie, jusqu'à être sans doute dépassé par cet engagement. Mais cet homme au « réalisme magique » cache cependant un sentiment de solitude qui irriguera sans aucun doute son écriture, tout comme l'amour et le sexe d'ailleurs! A ce propos, malgré cette société dont il fait évidemment partie où les hommes ont volontiers des relations avec les prostituées ou des aventures avec des femmes mariées, il ne cessera, malgré sa vie privée mouvementée, de penser à Mercedes, pourtant plus jeune que lui, qu'il a demandée en mariage quand elle avait 9 ans, et qu'il épousera!

Il est maintenant un vieil homme luttant contre la maladie qui devient de plus en plus amnésique, un paradoxe de plus pour un écrivain qui a fait de la mémoire le thème central de son oeuvre. Même s'il attend la mort, se perd un peu dans son propre labyrinthe, il a déjà l'acquit l'immortalité.



C'est, sous un titre sobre, un travail monumental, qui n'est cependant pas une hagiographie, et qui est présenté pédagogiquement sous une forme chronologique par son biographe « officiel ». C'est aussi une bonne idée d'avoir enrichi le livre de cartes de géographie, d'arbres généalogiques et de notes.



Je ne peux que saluer la sortie de ce livre, fruit de dix-sept années de travail assidu et constant, une version cependant courte selon Martin (Ce livre comporte plus de 650 pages avec les notes alors que l'autre, « longue », sera publiée plus tard en compte 2000!), qui nous montre un être à plusieurs faces, à la fois narcissique et tourmenté, mystérieux et parfois empêtré dans ses contradictions, à l'occasion flagorneur et manipulateur, mais conscient de sa notoriété... L'auteur fait un analyse pertinente de l'oeuvre de Márques et replace sa vie dans le contexte des événements politiques auxquels il n'est pas resté indifférent.

Mais, prenons garde, Márques a avoué à son biographe, sans doute en guise d'avertissement, « Tout le monde a trois vies, une vie publique, une vie privée et une vie secrète! ». Cet ouvrage nous aide un peu à comprendre cette dernière!



C'est en tout cas un hommage majeur à un homme et à un écrivain exceptionnel.













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Voilà probablement à l'heure actuelle, la bible en tant que bio sur Gabo ....
C'est passionnant de lire ainsi la vie d'un de ses auteurs préférés et toujours vivant .... Et en même temps , ça brasse un peu. ça le rend tellement humain et parfois déroutant. Son engagement aveugle pour Castro presque amoureux....
Mais ce livre reste vraiment indispensable pour avoir une idée de tout ce qu'il peut y avoir derrière l'oeuvre de Gabo. On s'en doute bien un peu mais là, on touche vraiment du doigt toute la complexité de cet auteur, les affres aussi de la création, les enjeux personnels, sa volonté de fer, ses années de galères et de pauvreté, tout y est même l'amour comme au temps du choléra. Gabo reste très pudique sur certains asepcts de sa vie et dit clairement qu'ils appartiennent à son jardin secret, il fait en sorte que certains papiers ne trainent pas derrière lui donc reste à écrire la biblio des secrets de Gabo....
Je le relirais certainement car c'est un véritable pavé qui me tombait des mains moi qui lis au lit mais je l'ai lu jusqu'au bout malgrè les douleurs au poignet que ce bouquin m'a infligé....j'attends qu'il sorte en poche, ce sera un vrai plaisir de m'y replonger.
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critiques presse (1)
LesEchos
22 avril 2014
La biographie de référence de Gabriel Garcia Marquez est signée de l’Américain Gerald Martin. En 700 pages, « les vies », l’art et la sensibilité du génie colombien aujourd’hui disparu sont passés au crible. Nous re-publions ici la chronique de cet ouvrage indispensable, publié en français en 2009.
Lire la critique sur le site : LesEchos

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