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EAN : 9782070453160
144 pages
Gallimard (19/09/2013)
3.77/5   53 notes
Résumé :
Albert Camus est allé aux Etats-Unis de mars à mai 1946, puis en Amérique du Sud de juin à août 1949. Ses "Carnets" dont deux tomes ont déjà été publiés, contenaient une relation de ces boyages, qu'il a semblé légitime de publier à part, Camus lui-même avait isolé, dans un dossier, le Voyage en Amérique du Sud.
On retrouvera avec intérêt, dans ces pages, la source d'oeuvres élaborées : Les Pluies de New-York, La Mer au plus près, L'Eté, La Pierre qui pousse.<... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Les 24 et 25 mars prochain, se tiendra à Lourmarin (84) le premier Salon international des Carnets de voyage (https://www.carnetdevoyage-provence.fr).
L'Association Rencontres Méditerranéennes Albert Camus (http://www.rencontres-camus.com/journees) a été conviée à animer une table ronde « Camus, ses carnets, ses journaux de voyage). J'y participerai et prendrai, évidemment , part aux débats.
J'ai relu très attentivement » (entre autres ouvrages !) Les « Journaux de voyage » de Camus , le premier rédigé à l'occasion de son voyage en Amérique du Nord (intégré au cahier V), mars- mai 1946 . C'est alors un « journaliste de renom », un auteur « qui n'a pas encore atteint sa pleine consécration » qui se déplace, pour donner une série de conférences, le second, à trois ans d'intervalle, (juin - août 1949) relate son voyage en Amérique du Sud, c'est, maintenant, une vedette qu'on accueille.
Ces déplacements vont permettre de mieux faire connaitre Camus sur ces deux continents, son renom ne cessera de grandir. le 28 mars 1946 Camus doit intervenir au Mc-Millin Theater de l'université de Columbia, à New York. Les organisateurs s'attendent à accueillir tout au plus 600 personnes, Ils seront, au final, plus du double à assister à la conférence de « l'écrivain le plus audacieux de la France d'aujourd'hui » Ce sont les propos que tient Justin O'Brien, grand reporter au New York Herald Tribune. On aperçoit dans le public d'anciens GI qui ont participé à la libération de la France, Entre leurs mains, un exemplaire de « Combat ».
Aujourd'hui, dans de nombreuses librairies des EU, on peut voir des têtes de gondoles offrant un riche assortiment de l'oeuvre camusienne.

Dans ces journaux, j'ai retrouvé un Camus poète (la mer, toujours la mer « … Je regarde (…) les dessins que l'écume et le sillage font sur la surface des eaux, cette dentelle faite et défaite, ce marbre liquide… » « J'aurai toujours aimé la mer. Elle aura toujours tout apaisé en moi »), satirique, caustique, humoristique, à la fois effaré et plein d'admiration pour ce Nouveau Monde (« Mon voyage en Amérique, écrira t-il plus tard, à Monsieur Germain son instituteur , m'a appris beaucoup de choses (…) C'est un grand pays, fort et discipliné dans la liberté, mais qui ignore beaucoup de choses et d'abord l'Europe). Durant ce voyage des notes émaillent son journal, elles seront source d'inspiration pour la rédaction de la Peste .
La tournée en Amérique du Sud , un périple à travers l'Argentine, le Brésil (principalement) le Chili, l'Uruguay, est difficile : déprime, idées morbides, et surtout de nouvelles attaques de la phtisie assaillent Camus et rendent le séjour cauchemardesque, mais elle enrichira aussi son oeuvre ( La mer au plus près, La Pierre qui pousse…)
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Une lecture comme un préambule à la découverte des "Carnets" d'Albert Camus.

"Journaux de voyage" est le regard de l'homme sur deux séjours effectués l'un aux Etats-Unis, l'autre en Amérique du Sud. le premier en 1946, au lendemain de la guerre et le second, un peu plus tard, en 1949 pour y donner des conférences littéraires.
Il y raconte son quotidien et y note ses sentiments, ses observations, tout autant que des idées de récits, des apartés de conversations, des descriptions somptueuses de la nature qu'il découvre.

Albert Camus , décidément, plein d'humanité à mes yeux : cet homme qui s'embarque sur un cargo pour traverser l'Atlantique, qui partage une cabine avec quatre autres voyageurs est le même que celui qui, pour l'Amérique du Sud, est conscient de la chance de posséder une cabine individuelle quand il voit tant de familles embarquer en quatrième classe pour ce long voyage. Toujours cette mémoire de l'enfance, il n'oublie pas sa pauvreté d'alors et son regard semble toujours se tourner vers ceux qui possèdent peu.

Albert Camus, l'homme passionné mais dont l'une des compagnes préférées est la solitude : celui qui revendique l'isolement durant la traversée vers New York, préférant regarder les étoiles, seul sur le pont que participer aux conversations mondaines. Celui qui regrette au Brésil, d'avoir toujours a être entouré, écouté, transporté, d'être celui dont on s'occupe finalement trop à son goût.

Albert Camus, admiratif de la mer, ces étendues d'eau capricieuses comme un remède à la lenteur du voyage, comme un réconfort à l'exil provisoire : ne dit-il pas qu'il a supporté New York quand il a pris conscience que la grande cité n'était en fait qu'une île ou quand il entendait la corne de brume des navires à l'approche ?

Une découverte des lieux par les les yeux de l'écrivain : le gigantisme d'une cité de fer et de béton et plus tard d'une autre ville où se côtoient richesse et favelas. Une quête comme un besoin d'air, comme une sortie d'apnée en déambulant dans les allées des parcs citadins, quand il suffoque dans l'air chaud et moite de cette Amérique du Sud où la beauté des paysages est contrebalancée par une atmosphère étouffante de chaleur et d'humidité.

Ces pages nous parlent tantôt d'un écrivain qui fait chanter la langue, écrit poétiquement ce qu'il voit, tantôt d'un homme qui cherche un isolement bienfaiteur pour temporiser l'envahissement des autres, tantôt nous parlent d'un homme dont la santé physique malmenée par tous les déplacements rejaillit sur la santé morale faisant de lui un être enveloppé de pensées sombres et d'idées noires.


Une lecture qui attise la curiosité, l'envie de cheminer encore aux côtés de cet homme qui observe et sait si bien révéler ses semblables et les paysages qui l'entourent.
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Le livre lu, intitulé " Journaux de voyage" , comprend les journaux de voyage d' Albert Camus aux Etats-Unis de mars à mai 1946 , puis en Amérique du Sud de juin à août 1949 .
Le but du voyage aux Etats-Unis répond à une invitation et où l' auteur de " l'' Etranger" devait faire des conférences littéraires . Camus est frappé par le gigantisme de ce pays qu' il découvre . Il nous dit ce qu' il a aimé et ce qui lui a déplu .
A la lecture du récit sur les USA , on peut dire que Camus n' est pas très emballé par ce voyage car il lui a
manqué le soleil d' Algérie , la grande bleue et , surtout, le contact humain simple et chaleureux .
Je conclus en laissant Camus qui confie à son ancien instituteur, M. Germain :" Mon voyage en Amérique m'a appris beaucoup de choses qu' il serait trop long de détailler ici . C' est un grand pays , fort et discipliné
dans la liberté , mais qui ignore beaucoup de choses et d' abord l ' Europe" .
On doit considérer, aussi, le contexte de l' époque : le monde divisé en Est et Ouest , la Guerre froide entre les deux blocs . Le voyage en Amérique du Sud est d' autre nature : Camus l' aborde dans une forme précaire car ce n' est que progressivement qu' il soupçonne un nouvel accès de phtisie .
Un ouvrage intéressant à lire et à méditer .
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« Homme libre, toujours tu chériras la mer ». J'invoque ici Baudelaire car dans « journaux de voyage », Albert Camus chante son attachement à la mer lors de deux voyages aux Amériques. de mars à mai 1946 vers les Etats-Unis et de juin à août 1949 vers l'Amérique du Sud. La mer l'apaise.
Pour entrer dans une oeuvre littéraire, j'ai besoin de découvrir l'auteur, sa vie dans le monde. Les journaux, la correspondance sont une bonne façon d'approcher quelqu'un. Albert Camus est né en 1913 en Algérie. Il perd son père très jeune et est élevé par sa mère, d'origine espagnole. Avant de se consacrer à sa carrière d'écrivain, il est journaliste. Il devient rédacteur en chef du journal Combat, créé pendant la seconde guerre mondiale. Albert Camus est un homme engagé, lucide sur son époque. Il décède prématurément dans un accident de voiture en 1960.
Dans ces pages, on peut sentir que l'instant est fondamental. Lors de ses deux voyages, on perçoit son intérêt pour les autres. Il explore ses compagnons de voyage avec un esprit aiguisé. Ce milieu clos qu'est le bateau où ressurgit la fièvre, la fatigue, les bavardages aux dîners, le roulis, la mer. Il y a de très belles pages sur la mer. C'est le symbole de la liberté, de l'espérance. L'Amérique. le rêve américain. Fuir la misère après les affres de deux guerres mondiales en moins de trente ans et qui a mis à terre l'Europe. Il se dégage un sentiment de curiosité pour ce nouvel eldorado, ce continent d'immigration, une curiosité clairvoyante. Les conférences aux Etats-Unis drainent les intellectuels alors que trois ans plus tard, il déplace des foules en Amérique latine, surtout au Brésil, où la population noire est visible. Intéressant.
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Ces journaux de voyage contiennent les notes et pensées sur un voyage en Amérique du Nord de mars à mai 1946 et un deuxième, plus abouti, en Amérique du Sud, de juin à août 1949.

Si le journal de voyage aux U.S.A. est plus elliptique, on découvre tout de même un Camus poète, qui découvre le gigantisme de cet immense pays. Il ne semble pas séduit, bien au contraire, plane toujours la nostalgie de son Algérie natale.

Les notes concernant son voyage en Amérique du Sud sont plus profondes, et permettent de découvrir un Camus plus personnel, miné par la dépression et les envies de suicide. Les découvertes sont nombreuses dans ces journaux : Camus était un écrivain très connu dans ces pays, et il était peu enclin aux mondanités. La justesse de ses observations sur les choses et les êtres témoignent de son intense sensibilité.

Bien qu'extrêmement court, le livre permet de découvrir un Camus plus secret, plus personnel, mais pour tous les admirateurs de l'écrivain, c'est un ouvrage indispensable.
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Citations et extraits (33) Voir plus Ajouter une citation
Et je regarde une fois de plus, pendant des heures, cette nature monotone et ces espaces immenses, dont on ne peut dire qu'ils sont beaux, mais qui collent à l'âme d'une insistante manière. Pays où les saisons se confondent les unes avec les autres, où la végétation inextricable en devient uniforme, où les sangs se sont mélangés à tel point que l'âme en a perdu ses limites.
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Merveilleuse nuit sur l'Atlantique. Cette heure qui va du soleil disparu à la lune à peine naissante, de l'ouest encore lumineux à l'est déjà sombre. Oui, j'ai beaucoup aimé la mer - cette immensité calme - ces sillages recouverts - ces routes liquides. Pour la première fois un horizon à la mesure d'une respiration d'homme, un espace aussi grand que son audace. J'ai toujours été déchiré entre mon appétit des êtres, la vanité de l'agitation et le désir de me rendre égal à ces mers d'oubli, à ces silences démesurés qui sont comme l'enchantement de la mort. J'ai le goût des vanités du monde, de mes semblables, des visages, mais à côté du siècle, j'ai une règle à moi qui est la mer et tout ce qui dans ce monde lui ressemble. O douceur des nuits où toutes les étoiles oscillent et glissent au-dessus des mâts, et ce silence en moi, ce silence enfin qui me délivre de tout.
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Le soir après dîner comme nous devons passer au large des Açores, je vais sur le pont et, dans un coin abrité du grand vent qui souffle depuis le départ, je peux jouir d'une nuit pure, avec de rares mais très grosses étoiles qui filent au-dessus du navire du même mouvement rectiligne. Une lune menue met dans le ciel une lumière sans éclat qui éclaire l'eau turbulente dun reflet égal. Une fois de plus je regarde, comme je le fais depuis des années, les dessins que l'écume et le sillage font sur la surface des eaux, cette dentelle faite et défaite, ce marbre liquide... et une fois de plus je cherche la comparaison exacte qui fixera un peu pour moi cette merveilleuse éclosion de mer, d'eau et de lumière qui m'échappe depuis si longtemps. Encore en vain. Pour moi, c'est un symbole qui continue.
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Une fois de plus je regarde , comme je le fais depuis des années , les dessins que l' écume et le sillage font sur la surface des eaux , cette dentelle faite et défaite, ce marbre
liquide ...et une fois de plus je cherche la comparaison
exacte qui fixera un peu pour moi cette merveilleuse éclosion de mer, d' eau et de lumière qui m' échappe depuis
si longtemps . Encore en vain . Pour moi, c' est un symbole
qui continue . .
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J'ai toujours tout apaisé sur la mer et cette solitude infinie me fait du bien pour un moment, bien que j'aie l'impression que cette mer roule aujourd'hui toutes les larmes du monde.
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Vidéo de Albert Camus
Rencontre avec Denis Salas autour de le déni du viol. Essai de justice narrative paru aux éditions Michalon.
-- avec l'Université Toulouse Capitole


Denis Salas, ancien juge, enseigne à l'École nationale de la magistrature et dirige la revue Les Cahiers de la Justice. Il préside l'Association française pour l'histoire de la justice. Il a publié aux éditions Michalon Albert Camus. La justice révolte, Kafka. le combat avec la loi et, avec Antoine Garapon, Imaginer la loi. le droit dans la littérature.


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02/02/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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