AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Un paquebot dans les arbres (118)

Elle se demande qui se souviendra d'eux, ces tubards des années 1960 ,en marge des Trente Glorieuses, de la Sécurité sociale et des antibiotiques. Cinquante ans jour pour jour que Paulot est mort. Elle voudrait raconter. elle voudrait qu'on l'écrive, cette histoire. (p. 265)
Commenter  J’apprécie          40
Ca lui fera monter les larmes, Mathilde, à l'automne prochain, l'automne de ses dix-huit ans, quand elle recevra sa première fiche de paie avec ces mots inscrits à la plume, Sécurité sociale, tandis que son père crachera ses bacilles, ruiné. Elle bénéficiaire dès le premier salaire et son père jamais depuis trente-trois ans qu'il trime et depuis quinze ans que la Sécurité sociale existe, commerçant, puis pleurétique, puis vendeur de frites à cause de la maladie qui l'empêche de faire cafetier, la maladie cause la ruine qui prive de soins, aggravant la maladie ; ni pour lui, la Sécurité sociale, ni pour Odile, commerçante, épicière, vendeuse ambulante, éleveuse de souris, professions indépendantes ils disent, débrouille-toi comme tu peux, le rêve c'est pour les salariés. À l'automne prochain, Mathilde lira le montant inscrit dans la petite case sur sa fiche de paie, le chiffre qui aurait changé leur vie, la grande conquête du Conseil national de la Résistance comme elle l'apprendra un jour. Elle apprendra aussi à dater le miracle des Trente glorieuses et la révolution antibiotique, découvrant qu'ils étaient en plein dedans les Blanc, à Limay, à La Roche, en pleine gloire sans le savoir. Ça fait belle lurette qu'on ne payait plus l'assurance privée, avouera Odile. En 1952, pour le sana, ils l’avaient, l'assurance privée. Après ils n'ont plus d'argent pour la cotisation. Ils ont cessé de payer, ont attendu des jours meilleurs. Il n'y a pas eu de jours meilleurs, elle le sait bien Mathilde, de toute façon qu'est-ce que tu crois, ils font des examens avant de t'accepter à l'assurance, pour Paulot après c'est pleurésie il n'avait aucune chance, ils n'en auraient jamais voulu.
Commenter  J’apprécie          42
Il n'y avait aucun aménagement possible : on acceptait les directives en bloc, protection contre docilité, ou on vous reprenait tout.
Commenter  J’apprécie          30
Tout pèse maintenant. Des jours, des semaines, des mois de lutte pour se nourrir, pour étudier, s'occuper des parents, soutenir Jacques, mériter l'indépendance et un chez-soi. Des mois de volonté pour se hisser au-dessus du sort à défaut de le vaincre, pour tenir. Et maintenant un voeu d'immobilité. Ou plutôt, un non-vouloir. Mathilde accomplit toutes les tâches à distance d'elle-même, corps qui écrit, qui chiffre, qui casse des oeufs, qui prend le car, qui fait du stop, qui achète des paillettes, qui lave ses chaussettes, qui dort, prend le car à nouveau, additionne, soustrait, marche, prend le car, lave une chemise, ouvre une boîte de corned-beef, écrit une lettre, fait du stop, qui dort, sans autre but que l'accomplissement des gestes eux-mêmes, sans perspective, un pas à pas aveugle, sans fin.
Commenter  J’apprécie          30
Mieux vaut la liberté dans la pauvreté que la richesse dans l'esclavage. Est-ce qu'on peut être libre sans argent ? Mathilde le sait, la pauvreté est une prison. N'empêche, elle a voulu son émancipation..
Commenter  J’apprécie          30
La mémoire est une somme d’images vivantes et de fenêtres murées.
Commenter  J’apprécie          30
p.229 "J'ai un truc à te dire. Je suis amoché, toi aussi. Pas moins que moi. Il y a autant de haine en toi qu'en moi je crois bien. C'est pas ta faute. C'est pas la mienne. On a été trahis, voilà."
Commenter  J’apprécie          30
p.151 Laissez-vous faire dit la directrice. La vie est dure avec vous, vous n'y êtes pour rien, avec moi, elle est douce et je n'y suis pour rien non plus. La seule chose possible, c'est de confier la malchance à la chance, compter sur la contagion vertueuse, vous comprenez ? ça plait à Mathilde ces mots-là, contagion vertueuse. La chance aujourd'hui c'est moi, je peux vous aider.
Commenter  J’apprécie          30
Parce que, contrairement à la mièvre métaphore bucolique d’un romancier que Mathilde lira un jour, la tuberculose n’a pas la grâce, la fragilité, la délicatesse du nénuphar, nulle fleur d’eau ne pousse dans le poumon de Paulot comme celui de Chloé chez Boris Vian.

Commenter  J’apprécie          30
« Qu'est-ce que c'est que ça, la tuberculose ? Le mot résonne dans le silence de la classe et personne ne l'attrape, ne pose la question. Mathilde se concentre, tord les syllabes dans tous les sens, repasse le mot dans sa tête jusqu'à en faire une bouillie de sons. Ce doit être plus grave que la bacille puisqu'on ne le chuchote même pas au Balto. Elle a chaud, assise devant son pupitre, elle pense à toute vitesse, tuberculose comme tubercule, la page du manuel de sciences lui revient en mémoire, les patates, les carottes, les navets, les betteraves dessinés en coupe sous la surface de la terre, mais quel rapport avec son père ? Toutes les images se superposent, bacilles bondissant, légumes du livre, poumon qui pleure. Muettement elle appelle le maître à l'aide, ses yeux cherchent les siens, dites que c'est pas vrai, s'il vous plaît. »
Commenter  J’apprécie          30






    Lecteurs (1331) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Une preuve d'amour

    Pourquoi les éleves croient-ils que Fantine est une mère horrible ?

    Parce que elle se vend au homme
    Parce que elle pas sa fille

    8 questions
    14 lecteurs ont répondu
    Thème : Une preuve d'amour de Valentine GobyCréer un quiz sur ce livre

    {* *}