Depuis mon coup de coeur pour le roman La balade des pavés grâce auquel j'ai découvert Sylvie Godefroid, je suis attentivement les publications de l'autrice. Un an après, elle m'avait surprise avec son roman coup de poing Hope, j'étais donc assez curieuse de la découvrir à travers un recueil de poésie et je n'ai pas été déçue : j'ai eu un nouveau coup de coeur !
Ce que j'aime chez l'autrice, c'est le doute qu'elle laisse planer sur la part autobiographique et fictive de ses oeuvres. Ce voile de mystère révèle tout en pudeur des fragments de la femme qu'elle est sans l'exposer trop. Nous plongeons ici dans un recueil de vers libres sous forme de quatrains entrecoupés de photographies de Mélanie Patris, qui alimentent les fantasmes du lecteur sur l'intimité qui lui est donnée à lire. Une femme vient de rencontrer un homme dont elle tombe amoureuse. Elle nous emmène dans la danse des corps à coeurs qui s'efforcent de palper et apprivoiser les peurs, les chagrins et les blessures de l'autre.
Les Longs Couloirs: repoétiser le territoire de l'amour et du corps
Par Julien-Paul Remy
Je t'ai trouvé sous le caillou
Un dimanche sans étincelles
Je tricotais une dentelle
De solitude en satin doux.
Du "Je" le jeu devenait "nous"
Désir tissant sa ritournelle
L'inconnu contant l'hirondelle
Du printemps qui court à nos cous.
Tu es de là-bas, moi d'ici
À ton soleil je suis brûlée
Je ne refuse pas l'entrée
Du rêve que tu as décrit.
Ce n’est pas rien l’écriture. Écrire, ce n’est pas anodin. C’est livrer mille batailles et délivrer des secrets. C’est pleurer des étoiles et découper des voiles. Monter des projets et démonter des certitudes. Ce n’est pas rien l’écriture. […] On ne revient jamais indemne du pays des mots. C’est pour ça qu’il ne faut pas y aller habillé de solitude. Il faut une main pour accompagner chaque plume.
Et si tu tombes sous le vent
Si tes genoux pleurent la vie
Je saurai transformer ta pluie
Je saurai consoler l'enfant.
Et si tu tombes où je survis
Si tes orages se caressent
Je saurai unir la tendresse
Aux cailloux qui feront ton lit.
Et si tu tombes sous l'armure
Si tu as peur de l'homme en toi
Douceur au pays des ratures
Je serai ta femme de soie.
Tu es beau comme un secret
Grand comme un cristal de verbes
Sous le bouquet de ta verve
Beau comme un homme imparfait.
Tu es fort comme un enfant
Puissant comme des humeurs
J'ai deviné dans tes peurs
Le parfum d'un ouragan.
J'ai mis ma main dans la tienne
Elle pose dans ton printemps
Refrain d'une bohémienne
Couplet d'un amour troublant.
Je viens sur la pointe des pieds
Parler de magie à tes verbes
Étrenner la voie de nos gerbes
Semer des fleurs et des baisers.
Je n'attends rien que nos élans
Rien que la danse de nos lèvres
Dans ta nuit, fais-moi une trêve
Je te ferai l'amour en grand.
Demain aujourd'hui se conjugue
Caressons seulement l'instant
Ton intelligence subjugue
Mes phrases qui jouent en rêvant.
En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.